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JEREZ : LE COMBLE DE L’ENNUI… ET DU RIDICULE





La dernière corrida de la Féria del Caballo dans une arène comble a offert des sommets dans la médiocrité.

Médiocrité des six pensionnaires de JANDILLA  de poids et de présentation disparates aux cornes plus que commodes tous indigents de force et décastés. Médiocrité du public qui pour motif festif réclame des trophées à corps et à cris au bord de l’émeute alors qu’un silence respectueux s’imposait.

Au bilan on retrouve:

El JULI Gris plomb et noir, couleurs de circonstance, une oreille et une oreille

José Mari MANZANARES Aubergine bien mure et noir, silence après avis et silence

Andrés ROCA REY blanc et argent deux oreilles et deux oreilles

Un petit mot du tercio de piques évidemment nous sommes aujourd’hui revenus à la monopique avec la puya andalouse. Hier pour la corrida concours et pour la première fois en ESPAGNE a été testée la pique BONIJOL, vu nombre des piques et même si il faudra en parler avec les professionnels, ce fut un franc succès, des toros pas très glorieux ont pris sans en souffrir trois ou quatre piques sans que cela ne porte préjudice la suite du combat. Comme quoi avec un peu de bonne volonté on peut réhabiliter le premier tiers.

Revenons à notre corrida du jour et à son affiche de luxe qui est restée sur le papier sans atteindre le sable.
Julian Lopez EL JULI  joue à domicile à JEREZ. Le plus jerezano des madrilènes accueille son premier par véronique gagnant un peu de terrain, en fait juste la deuxième ligne des piques. Le Jandilla pousse mollement au cheval Julian le met en suerte pour une deuxième rencontre puis se ravise et donne un joli quite par chicuelinas.
La faena débute par trois bonnes statuaires et un derechazo puis une passe de poitrine Une forte rafale de vent perturbe les débats. Eole calmé Le Juli reprend à droite puis à gauche, comme souvent chez ce type de toro il y a un petit fond de noblesse qui permet de faire une petite faena. En fait à la troisième série le rythme ralentit pour totalement s’éteindre. El Juli, malin donne ses passes sans peser sur le toro sur la rectitude de la charge. Il trompe son monde et sert les fameuses circulaires inversées qu’un public peu averti adore. Le julipié entre au premier essai et alors s’ensuit une drôle d’affaire le toro ne tombe pas mais au contraire se dirige vers le centre accompagné par le torero qui laisse  faire et en profite même pour mettre de son côté le public Le populaire réclame et obtient la première oreille la présidence à juste titre ne cède pas sur la seconde.

A son second un scénario semblable se déroule le toro est insipide et semble toutefois se réveiller sous le fer, réveil bien furtif le tercio de banderilles est un calvaire et la présidence abrège à la deuxième paire. La faena d’infirmier se déroule entre chutes et relevages du cornu. Julian tore de loin sans s’exposer et encore moins peser sur l’animal qui ne le supporterait pas, mais le public une fois de plus se laisse berner et le julipie de gala emporte l’adhésion populaire une oreille et là encore la présidence résiste à la pétition majuscule et totalement injustifiée de seconde.

José Mari MANZANARES touche un premier exemplaire aussi mauvais que ceux des copains mais  a-t-il encore envie de toréer ? Le sourire de mannequin est resté à Alicante et c’est avec triste mine qu’il entame au capote vite mis en difficulté par son adversaire qui ne prendra qu’une mauvaise pique. La faena est insipide et sans saveur par la faute des deux protagonistes dont on se demande ce qu’ils font là à part couvrir le convenio pour le torero du moins. Manzanares qui fut un bon tueur a perdu le sitio et la mise à mort est laborieuse. Le toro tombe dans un lourd silence seulement perturbé par la sonnerie de l’avis.
Pour son deuxième passage, rebelote , la faena est soporifique à souhait donnée a un animal totalement endormi qui plie les genoux à tout bout de champ le public demande d’abréger l’épreuve ce que Manzanares finira par faire non sans nous avoir endormi un peu plus par  une vilaine épée provocant une forte hémorragie buccale. 
Andres ROCA REY  est certainement le torero qui attire le plus de gens aux arènes: Des gens qui viennent pour le voir triompher à tout prix même au prix de l’absurde et la corrida de ce soir nous en a donné l’exemple.
Son premier toro fuit le capote il est impossible de le fixer. Il va portant bien au cheval la pique est bonne mais elle restera unique pour garder un peu de force à l’animal pour la suite. Le toro est faible et plie plusieurs fois au quite par chicuelinas et à la brega. Commence alors une faena indigente par la faute du toro les passes s’enchaînant une à une le public réclame la musique on ne sait pourquoi et ROCA REY en profite pour lui donner ce qu’il aime un toreo pueblerino qui porte sur le conclave venu pour ça. Pour un aficionado un peu averti c’est un désastre mais cela plait à la masse. Le tremendisme facile fait monter la température, on sait bien que les jambes juste devant les cornes dans l’angle mort des yeux du toro le risque est minime,  surtout devant un toro affaibli, mais la plus part l’ignorent et ça marche. Le volapié bien fait est efficace et la folie prend les tendidos. Les mouchoirs blancs fleurissent dans une clameur assourdissante. Cette fois la présidence cède et accorde deux oreilles totalement injustifiées. 

ROCA REY a bien compris qu’il tenait le triomphe maximal à portée de main. Son deuxième adversaire sorti correctement des torils, montre après quelques passes de cape un défaut de locomotion des postérieur. Le public proteste sa vedette ne va pas pouvoir s’exprimer. Qu’a cela ne tienne le toro est sorti normal il doit continuer et la présidence sort le mouchoir blanc du changement de tercio après deux picotazos. Roca Rey vient brinder au centre et la ferveur est comble. La faena est populiste à souhait les mêmes trucs sont de nouveau sortis cela à fonctionné au premier toro et le film est toujours aussi bon Les spectateurs en ont pour leur argent leur vedette préférée leur donne ce qu’ils sont venus chercher : le triomphe. L’entière est concluante et au bord de l’émeute le respectable réclame et obtient deux oreilles supplémentaires aussi injustifiées que les précédentes.
La liesse est à son comble lors de la vuelta à hombros des deux héros du jour. Alors bien sûr le public reviendra aux arènes pour revoir des triomphes bien sûr la fiesta a aussi besoin de ça, mais nous étions quand même certains d’entre nous un peu tristes de voir ce que nous vivions et surtout de nous dire que l’ouvrage est immense et la responsabilité plus grande encore, pour nous aficionados d’éduquer ce public de lui faire comprendre la réalité et la grandeur du combat du toro brave. Allez haut les cœurs nous nous retrouverons dans les arènes de JEREZ pour la féria 2024!!!

Jean Dupin

Madrid: une salade mixte appréciée

Plaza de toros de Las Ventas (Madrid). Quatrième de la Feria de San Isidro. Casi lleno de entrada.

Toros de María Guiomar Cortés de Moura (1º et 4º) et Montalvo, 

DIEGO VENTURA, ovation et salut et oreille.

PACO UREÑA, palmas et silence. 

GINÉS MARÍN, silence et oreille après avis.

Sobresaliente Jeremy Banty

La présence de cavalier en plaza au sein d’un cartel de toreros à pieds est souvent mal vue des aficionados qui se veulent purs et durs. On notera que cette tradition est ancienne et que la mode des corridas est, elle, plus récente. On aura noté aussi qu’à Madrid capitale du toero ce mélange ne détone pas. Il faut dire qu’était invité la crème des cavaliers, mais même le très exigeant tendido sept a fait une ovation de gala à Diego Ventura et il est probable que ces corridas dites à tort mixtes, se répéteront un peu partout. On le dit avec certitude le public de la corrida va à màs ; on retrouve de nombreux jeunes assis sur les tendidos. Il est donc logique que les goûts changent : la “salade mixte” cela a du bon quand on y met de bons ingrédients.

Les deux toros de Cortés de Moura ont fait le job avec noblesse et sans vice, le second durant plus longtemps avait une transmission qui permit le succès du cavalier de La Puebla. Belle présentation des quatre toros de Montalvo dédiés à la lidia à pied. Le premier brave a laissé trop de force sous le cheval, le second maniable mais sans relief, le troisième arrêté d’emblée, le dernier noble mais juste de force.

Diego Ventura est sans aucun doute un des plus grands rejoneadors de l’histoire de cet art qui ne cesse de progresser. Il se situe dans la lignée de Pablo Hermoso de Mendoza, lui-même coaché par le portugais Jao Moura. C’est-à-dire que l’on assiste avec lui à une tauromachie véritable : le cheval s’imposant comme une sorte de muleta. Temple et adresse sont les piliers de cette tauromachie équestre classique et adroite et c’est sans doute pour cela qu’elle a séduit Madrid. Lors de son premier passage on aura remarqué Lio pour mettre les roses et Guadania exécutant la Hermosina et par la suite Bronce son cheval étoile a brillé aux banderilles courtes posé de face à l’étrier. Nomada, sorti à deux reprises fut la grande révélation du jour. 

Paco de frente por detras

Paco Ureña toucha un lot médiocre. Il avait brillé de frente por detras dans son quite répondant à Ginés, il était donc disposé. Il débuta donc ses deux trasteos au bas du sept qui apprécie son engagement. Il exigea sans doute trop du premier en voulant malgré son manque de force obliger l’animal par le bas. Faena de détails et anodine dans son ensemble conclue par une entière basse. Il n’insista pas face au cinquième ce que le public apprécia. Au total un passage « sin pena ni gloria ».

Arrucina de Ginés

Ginés Marin avait montré ses intentions dès le début dans un quite somptueux par chicuelinas ajustées terminées par une luxueuse serpentina. Le Jerezano sait tout faire et il manie parfaitement la cape, c’est un atavisme dans la ville de Rafaël où il est né… Il se fit discret au premier qui permettait peu concluant en deux temps. Il se livra entièrement afce au dernier noble mais juste de force. Il compensa le manque de race de l’animal par la beauté de son toreo devenu très personnel et varié. Il sut embarquer le public dès le début de son travail enchaînant les molinetes, pechos, trincherillas et pases del desprecio. Ce cocktail inattendu eut un effet explosif et le public suivit avec passion le reste de son travail exécuté avec brio, des deux côtés avec de la douceur et un grand sens de la cadence. Un estoconazo dans les règles de l’art et un gros succès. La relève est là.

Pierre Vidal

CORRIDA CONCOURS DE JEREZ : l’art de MORANTE et la bravoure d’EL TORERO

Photo JD

On attendait avec impatience le retour de la corrida concours de JEREZ de la FRONTERA d’autant plus d’impatience que ce type de spectacle inventé à JEREZ en 1955 en avait totalement disparu depuis huit après vingt ans de vicissitudes. On doit à MORANTE d’avoir restauré l’exercice. Avant tout un point important du règlement a été modifié cette année: l’ordre de sortie des toros ne se fait plus par ordre d’ancienneté mais par sorteo.

Juste avant la pandémie lorsque l’on avait reparlé de la corrida concours de Jerez, Marciano BRENA GALAN  chroniqueur taurin d’El Mira.es avait suggéré cette modification de règlement pour éviter le risque de manipulation des éleveurs par les toreros, exactement comme le sorteo avait été imposé au début du siècle précédent et pour les mêmes raisons. La JUNTA  d’ ANDALUCIA  a suivi les recommandations de notre excellent confrère et ami, et le sorteo a été appliqué cette année. Le vieux coso jerezano était plein au quatre cinquième cet après-midi pour voir concourir six ganadérias d’encaste DOMECQ pour les diestros

José Antonio MORANTE DE LA PUEBLA (silence et une oreille)

Sébastien CASTELLA (silence et silence) et

Pablo AGUADO (silence et salut au tier).


Des six toros seul celui de Firmin BOHORQUEZ (500 kg) présentait un trapio digne d’une corrida concours les autre étaient légers voire parfois légers (455kg ) le sobrero de Juan p Pedro DOMECQ lidiè en quatrième bis.

A noter que pour une fois nous avons pu assister à un tercio de piques digne de ce nom BARBERO , le toro d’el TORERO prenant quatre piques avec beaucoup de classe se voyait primé du catavino des oro à l’issue de la course.

Noctambulo
de SANTIAGO DOMECQ ouvre les débats aux mains de MORANTE; il trébuche à la deuxième pique et met ainsi fin au premier tiers. La faena est intéressante, MORANTE  veut bien montrer son partenaire dont on apprécie la noblesse surtout à droite la faena est agréable malgré la faiblesse de l’animal Le torero de La Puebla est suffisamment habile pour permettre de poursuivre la rencontre mais les passes s’enchaînent une a une ornées de beaux détails entre autre les trincheras dans lesquelles il excelle ; aux aciers les chosent se compliquent le pinchazo hondo est insuffisant l’épée est longue à retirer s’ensuit une demi et plusieurs descabellos.

MORISCO 
de CARLOS NUNEZ sort en deuxième lieu pour Sébastien CASTELLA . Le tercio de piques est intéressant : trois piques, peu appuyées certes, mais prises de plus en plus loin en s’élançant au galop. Sébastien ne parait pas au mieux de sa forme flottant dans son costume. Est-il remis de sa grave blessure? de toutes façons un retour après deux ans d’absence est toujours difficile. Sa tauromachie est épurée son adversaire est noble et ne lui pose pas de problème majeur sinon qu’il manque cette étincelle qui peut tout enflammer la faena est propre mais trop lente trop de temps perdu et surtout trop longue le toro s’éteint peu à peu et vient chercher refuge vers les planches sa noblesse se transforme en lassitude. Même la suerte  suprême un volapie bien exécuté ne suffit pas à réveiller le public.

JUSTIFICADO  de Firmin BORQUEZ parait énorme à coté de ses congénères, c’est le seul cinqueño du lot mais si il a la forme il n’a pas le fond il s’échappe seul du capote d’AGUADO, mauvais signe pour la suite, Aguado lui donne toutefois une belle série de véroniques en avançant. Le toro prendra ses trois piques réglementaires mais le cite est long le toro gratte longuement avant de se décider à aller au cheval en trottinant. La faena malgré les efforts d’AGUADO est vite ennuyeuse: les passes s’enchaînent d’une en une tant à droite qu’à gauche. Une entière au deuxième essai longue à agir met un terme à la prestation.

Le quatrième de Juan Pedro DOMECQ est un invalide notoire fort mal encorné qui plus est J.P.  a dû garder ses meilleurs exemplaires pour MADRID. Apres une tentative de première pique l’infirme est renvoyé se faire pendre ailleurs. Sort alors un sobrero du même fer encore plus petit qui prendra deux piques en manso faisant le tour du cheval. Pourtant MORANTE qui sort d’une bien mauvaise tarde à « la capitale » a bien l’intention de briller dans ces arènes qu’il affectionne et un public entièrement dévoué à sa cause. Quand l’orchestre entame “Concha flamenca” le maestro se transforme en maitre  de ballet et il entame une faena époustouflante toute d’art et d’ornements dont il a le secret un magnifique toreo de salon donné à un toro à roulette entièrement inventé par le maître de la Puebla. Le public se laisse prendre au jeu et toute l’allégresse jerezana se diffuse dans les tendidos. A l’issue de ce grand numéro après un pinchazo et une entière habile la foule se déchaîne: les tendidos blanchissent et la première oreille tombe. La présidence résiste à juste tire à la pétition de seconde et MORANTE radieux entame sa vuelta.
BARBECHEO  d’EL TORERO sort en cinquième il pèse 470 kilos et est né en décembre 2018. c’est un beau petit toro bien fait malgré une esquille à sa corne gauche. Il galope dans le capote de Castella répondant à la moindre sollicitation, on entrevoit un bon tercio de pique et l’on ne sera pas déçu. Quatre rencontres la charge est allègre et se déclenche au premier appel du picador le toro met les reins et pousse en brave. Apres la troisième pique le président veut changer le tiers mais une partie du public réclame le régaton, Sébastien CASTELLA remet en suerte presque au centre et la quatrième charge est aussi belle que les précédente, Barbecheo se précipite au galop pour une quatrième véritable pique. Castella nous gratifie même d’un bon quite par chicuelinas, qu’il est agréable de voir : enfin un vrai premier tiers! Tres beau tercio de banderilles à l’issue duquel les banderilleros du français saluent.  La faena débute par statuaires au centre sans bouger d’un millimètre le toro est aussi noble que brave. Malheureusement CASTELLA semble endormi aucune étincelle le toro veutmais le torero ne demande pas et là aussi la lumière s’éteint des séries longues mais trop molles et surtout trop de séries et le toro finit par partir aux planches Lorsque Castella pinche pour la première fois, retentit le premier avis et second retentira avant que l’animal ne rende les armes après une entière desprendida. On ne peut que regretter que ce bon toro ne soit tombé en d’autres mains.

HALCON  d’Alvaro NUNEZ est lui aussi un petit modèle au cornes refermées Il se double d’un manso redoutable Le toro n’est quasiment pas piqué refusant tout châtiment le piquero est quasiment obligé de le charger avant que l’animal ne s’enfuit au contact du fer, un couard doublé d’une peste. Tout le mérite de Pablo AGUADO  sera d’essayer de lui inventer une faena et, ma fois, il y parvient, faisant de l’art avec le néant. Le toro comprend vite et sur la défensive il se retourne comme un serpent parvenant à bousculer le diestro sans trop de dommages apparents sauf pour le costume bien sûr. L’épée rentre au troisième essai et après un premier avis. Aguado avec cette faena méritoire est invité à venir saluer.

La corrida aura duré trois heures EL TORERO est primé du « catavino de oro » le prix au meilleur picador n’est pas attribué. Attendons l’an prochain pour voir si l’expérience sera renouvelée, espérons que oui mais avec un meilleur effort des ganaderos dans la présentation de leur bétail.

Jean Dupin

Madrid: DU FROID ET DU VENT


Arènes de Las Ventas. Troisième de la feria de San Isidro. Plus de trois quarts d’arènes. Température très fraîche et surtout beaucoup de vent.


Toros de Juan Pedro Domecq, très bien présentés, astifinos et imposants, aux comportements variés, réactifs au cheval et intéressants à la muleta.


Daniel Luque saluts après pétition et un avis et silence.

Angel Tellez silence après avis et silence.

Francisco de Manuel silence après deux avis et silence après avis.


Les toros correspondant à Angel Tellez sont sortis quatrième et sixième suite à un accrochage du matador qui reçut un coup à un quite au premier qui l’amena à l’infirmerie.

Dans d’autres conditions, les toreros auraient sans doute pu profiter davantage des toros de Juan Pedro Domecq. Una corrida toute cinqueña, extrêmement sérieuse, avec quelques toros propices au triomphe. Mais le vent, comme souvent à Las Ventas, empêcha les toreros de maîtriser capes et muletas et rendit impossible toute subtilité dans la lidia. Le courage des trois matadors fut indéniable et relativise ou nuance les critiques à leur encontre.


Le banderillero Juan Navazo a salué après d’excellentes banderilles au sixième et une belle prestation à la cape au troisième.

Tellez, accroché au premier et sans doute marqué par ce coup, ne fut pas à la hauteur de la bravoure du sixième toro qui chargea avec allégresse et sans discontinuité. Un toro de puerta grande. Il y en eut d’autres très intéressants comme le premier de Francisco Manuel qui tardait un peu mais se livrait
ensuite avec fougue à la muleta. Le torero madrilène parvint à enchaîner les passes mais ne canalisa pas ces charges pour parvenir à plus de temple. Une fois encore, ne soyons pas trop exigeants, vu le contexte. Il y eut quand même quelques geste, mais guère plus. Comme au cinquième, un toro vibrant et encasté où Francisco n’arriva pas à être au diapason.

Angel Tellez lidia son premier toro au quatrième après être sorti de l’infirmerie. Prestation discrète devant un Juan Pedro au trapio impressionnant et qui aurait requis une lidia plus déterminée.

Daniel Luque, dont on attend la consécration définitive à Madrid, fut lui aussi handicapé par le vent, mais sa prestation au premier sera in fine le moment le plus abouti de la corrida. On a pu à peine l’apprécier à la cape mais par contre à la muleta son emprise sur le toro, en particulier en début de faena, avec des statuaires effarants puis des enchaînements de passes courtes, très esthétiques, présageaient d’une faena
difficile mais pouvant aller crescendo. Cependant le toro, qui avait des qualités, s’éteignit trop vite. Malgré une bonne estocade, la pétition fut minoritaire. Son second, sorti en troisième, fut le plus mauvais toro de la course, il ne baissait pas la tête et le pire c’est qu’il ne procurait aucune émotion.
Les trois matadors, qui jouent gros dans cette feria, ont chacun à un autre rendez-vous à ne pas louper.

Par Antonio Arévalo

JEREZ : VENTURA AU SOMMET

     

Photo mundotoro.com

                                                        
JEREZ DE LA FRONTERA  a retrouvé cette après-midi ses galons de capitale du cheval torero. Il y a plus de cinquante ans Alvaro DOMECQ et les frères PERALTA inventaient à JEREZ la corrida de rejon six toros pour trois cavaliers cela ne s’était jamais fait avant. Aujourd’hui DIEGO VENTURA a repris la formule à sa façon: six toros d’élevages différents pour un seul cavalier. Certes le rejoneador de la PUEBLA DEL RIO est au sommet de son art mais on pouvait craindre la lassitude, il n’en fut rien un spectacle époustouflant où tauromachie et art équestre sont mêlés pour le plus grand bonheur des aficionados qui remplissaient les quatre cinquième de la plaza de la calle Circo.

Photo mundotoro.com

Le bilan comptable tout d’abord toro par toro :
toro de : LAGUANAJANDA : silence 
              
              NUNEZ DEl CUVILLO : une oreille

               FUENTE YMBRO : une oreille avec pétition de la deuxième 

              TORRESTRELLA : ovation

              LOS ESPARTALES : deux oreilles

               FIRMIN BOHORQUEZ  : deux oreilles et la queue

Photo Diario de Jerez




   Les sobresalientes DUARTE FERNANDEZ  et  MARTIN FERRER ont banderillé de concert avec le titulaire le toro de TORRESTRELLA et les forcados de ALCOCHETE  ont arrêté le troisième toro.


 La corrida a commencé par un paseo unique, en effet après que la musiquait joué l’hymne national, Diego VENTURA  a fait défiler les vingt chevaux qu’il allait  monter dans l’après-midi, un défilé somptueux, feria del caballo oblige.

 Les six toros dont le poids allait de 450 kg pour celui de Torrestrella à 540 pour le Bohorquez, épointés comme il est de mise en course de rejon présentaient bien et donnaient du jeu le meilleur le dernier ovationné à l’arrastre le moins bon le cinquième sifflé à l’arrastre.


Le toro de LAGUNAJANDA a une charge courte il ne subira qu’un seul rejon de châtiment  par la suite à chaque banderille, Ventura arrive à rallonger la charge. Les banderilles sont posées avec une précision chirurgicale et chacune permet de voir une tauromachie pure au plus près des cornes. Un pinchazo et deux tiers contraires obligent Ventura à mettre pied à terre pour descabeller dans le silence.


Le toro de NUNEZ DEL CUVILLO présente les mêmes défauts que son prédécesseur une charge courte au rejon de châtiment  mais Ventura l’amène en deux banderilles à se déclencher. A la première il poursuit sur un quart d’arène à la seconde sur la moitié et par la suite il montre toute sa noblesse. Ventura posera par la suite deux paires à deux mains absolument époustouflantes suivies de trois bandérilles courtes. C’en était un peu trop et le toro est arrêté rendant la mise à mort compliquée un seul réjon en arrière sera toutefois suffisant . La pétition est forte et trés bruyante le président finit par céder alors que le toro est déjà au désoladero. 

Photo JD


 Diego Ventura attend l’exemplaire de FUNTE YMBRO à la porte du toril garrocha à l’épaule. C’est certainement la suerte la plus campera du rejoneo et probablement celle que je préfère. Elle rappelle le travail des cavaliers au campo et les accosos y deribo. Diego Ventura fait une superbe démonstration de son art de diriges les toros. C’est alors que s’élève le premier fandango des tribunes cette manifestation si particulière à JEREZ de glorifier par un chant flamenco le torero. Le toro est noble, part de loin et les poses de banderilles sont magnifiques toujours de face bien sûr. La fena a un rythme extraordinaire. Pour terminer Ventura pose trois courtes al violin. C’est alors qu’entre en jeu les forcados. Ici le toro n’est pas emboulé et les 500 kilos du Fuente Ymbro s’élancent de lin sur l’homme de tête qui subit le choc et se cramponne mais le toro a encore beaucoup de forces et les jeunes portugais se font éjecter, pourtant avec courage ils reviennent et au deuxième essai parviennent à arrêter l’animal dans les règles de l’art. Il ne reste plus à Ventura qu’ à porter le point final par un rejon de mort en arrière et de traves mais d’une efficacité redoutable. La présidence octroie la première oreille sans trop de difficulté mais se refuse à concéder la seconde pourtant fortement demandée.

Photo Diario de Jerez


 Le toro de TORESTRELLA  est le plus léger mais il a du punch et il supportera deux rejon de châtiment l’équivalent de deux piques pour un toro à pied. Aux banderilles Martin FERRER  et le portugais Duarte FERNANDEZ prêteront main forte à Diego VENTURA et c’est une actuation inédite à trois rejoneadors qui nous est offerte, posant en mettant seul en suerte ou al relance le spectacle est des plus agréables d’autant plus le  toro se prête bien au jeu. En final Ventura exécute un magnifique violin. L’exercice a cependant été dur pour le toro qui baisse un peu de régime. Avant de tuer Ventura pose une rose. Le rejon de mort est en place mais nécessite l’emploi du descabello suerte que le cavalier maîtrise fort bien. En traversant la place pour aller chercher son cheval suivant il écoute une forte ovation


 Le toro de los ESPARTALES sorti en cinquième est certainement le moins bon de tous mais Ventura va faire montre de ses qualités de torero et lui inventer une faena. Le public proteste l’animal distrait et mansote mais le cavalier va l’intéresser au jeu et faire preuve d’un poder impressionnant. Il va clouer ses banderilles dans des terrains impossibles provoquant la charge de l’animal il s’approche au plus près des cornes et pose en reculant il faut le voir pour le croire les trois dernières banderilles courtes sont posées au vol Le rejon de mort est fulgurant et les deux oreilles sont accordées dans l’allégresse générale.

ON pensait avoir tout vu, la grande porte était assurée, mais il n’en était rien, et le toro de FIRMIN BOHORQUEZ allait permettre d’atteindre des sommets. Les mots manquent pour décrire le combat entre le centaure et le toro. Ne faisant qu’un avec son animal, l’un la tête l’autre les jambes on est parfois à la limite du recortador le cheval est un capote majestueux qui vient templer la charge de l’animal les poses de banderilles ne sont qu’une décoration dans le ballet entre l’homme-cheval et le toro. C’est certainement l’un des plus beaux exemples de tauromachie équestre qu’il m’ait été donné de voir Depuis le premier rejon posé à la sortie du toril au rejon de mort qui fait rouler le toro au sol sans puntilla tout n’est qu’enchantement. Deux oreilles et la queue indiscutables. Décidément la puebla del Rio a deux génies l’un à pied MORANTE, l’autre à cheval VENTURA.

JEREZ DE LA FRONTERA a superbement commencé sa féria espérons que la corrida concours qui revient après vingt-cinq ans d’absence atteindra les mêmes sommets vendredi prochain.

Jean Dupin

Bolsin de Bougue (40) Samuel Navalón, s’offre la 27e édition

Photo Dussol


Bougue. Novillada finale du bolsin, Cinq novillos du Camino de Santiago, bien présentés et mobiles.

Andoni Verdejo, au premier, un pinchazo, une entière, vuelta ; au quatrième, un pinchazo, une entière, avis, salut.

Samuel Navalon (bleu et or), au deuxième, une entière, un descabello, avis, une oreille, au cinquième, une entière, deux oreilles.

Julio Mendez (rioja et azabache), au troisième, deux pinchazos, une entière, avis, silence.

Dans la phase finale du concours, en coupant une oreille, puis deux oreilles, Samuel Navalón de l’école taurine d’Albacete remporte le vingt septième bolsin de Bougue. Il avait déjà accroché son nom aux palmarès de Villaseca, Valencia, Albacete etc. Dès le matin, lors des éliminatoires il était apparu, très posé et technique conduisant une tauromachie sans geste inutile, appliquant toujours le premier temps «mandar ». Jamais une passe sur le voyage, toujours gestes et figures efficaces pour imposer sa domination sur ses adversaires. Une excellente vache le matin et l’après-midi, un premier novillo, également du fer du Camino de Santiago, auquel il allait servir des figures très lentes sur les deux mains. On retiendra également, des naturelles, très basses à la limite de l’équilibre pour le garçon.(Une entière, un descabello, avis, une oreille)

Mais c’est avec le second, plus lourd, bien armé et très mobile qu’il parvenait à convaincre une deuxième fois. Il ouvrait son répertoire par quelque passes aidées par le haut, mettant particulièrement le novillo en valeur. Il poursuivait sur la droite de longues séries commencées par un cite à mi distance. Il arrivait à une parfait maîtrise sur la gauche, dessinant de longues séries, immobile, les pieds rivés dans le sable. Une mise à mort parfaite (une entière) apportait un point d’orgue a la faena. Deux oreilles tombaient du palco présidé par Hugo Lavigne. Une victoire incontestable rehaussée par une sortie en triomphe.

Les organisateurs et le jury (Ph. Dussol)

Voilà de quoi séduire les organisateurs de novilladas sans picadors, pariciapeint, entre autres au jury, Olivier Baratchar (Bayonne), André Cabannes (Vic), Christophe Andiné (Mont-de-Marsan) etc.

Andoni Verdejo s’était hissé dans le trio des finalistes, mais comme le matin, on n’a pas reconnu le talent habituel de ce jeune torero, probablement trop de pression pour une première participation à ce bolsin. Matin comme soiril donna l’impression de ne pas finir ses passes. Dommage qu’il ne soit pas parvenu à nous montrer ses belles qualités.

N’oublions pas Julio Mendez qui manque encore de technique, surtout lors de la mise à mort mais qui a tout de même, livré, peut-être à l’instinct, quelques séries sur les deux mains, joliment exécuté, les pieds rivés à la piste.

De cette journée suivie par quelques centaine d’aficionados, retenons le bétail apporté par Jean-Louis et Romain Darré « Sur les dix vaches du matin, trois ont été extraordinaires et je vais les garder… A part les deux dernières, les autres avaient aussi de belles qualités », analysait le ganadero gersois. Ajoutons que les novillos de l’après-midi étaient à la hauteur du concours

Jean-Michel Dussol.

VILLACARILLO: demie-finale triomphale du circuit des novilladas andalouses

Photo FTL
Demie- finale à six du circuit des novilladas piquées de la Fondation Toro de Lidia, demi entrée pour les arène de VILLACARRILLO (Jaen) novillos de Torrehandilla, bien présentés dans  l’ensemble, vuelta al ruedo du cinquième, pour :

EL MELLI : vuelta 

Marcos LINARES : deux oreilles

Victor BARROSO : deux oreilles

Ismael MARTIN : deux oreilles

Mario SANCHEZ une oreille

Javier LOPEZ PEREGRINO : une oreille


C’est une très interessante novillada piquée qui nous était proposée ce soir le bétail de Torrehandilla présentait certes de notables différences de trapio imposant le premier et le quatrième léger le  second et le quatrième. Côté jeu les cinq premiers étaient utilisables excellent le cinquième, le sixième était lui sans options compliqué et dangereux.

EL MELLI accueille son premier à puerta gayola  et le mène au cheval par des chicuelinas marchées de bonne facture. La pique est légère. Le novillero de Sanlucar qui est certainement celui qui a le plus fort bagage entame sa faena au centre par une série de naturelles. Son adversaire répond bien avec noblesse et cela permet une bonne faena bien dans le style du jeune sanluqueno des deux côtés malgré un désarmé à droite. La première partie de faena se conclut par deux circulaires inversées. Estoc en main EL MELLI nous offre trois superbes molinete genoux en terre. C’est juste après que les choses se compliquent deux pinchazos et un pinchazo profond et une longue agonie du toro qu’un judicieux descabello aurait abrégé. Quelques applaudissements suffisent pour que le novillero s’octroie une vuelta que bien peu demandaient.


Marco LINARES entreprend son adversaire par véroniques en avançant vers le centre. Il exécute la mise en suerte de piques par delantales mais son toro échappe au capote enfin la rencontre avec le cheval est intéressante, le châtiment est mesuré mais le novillo met les reins. La faena débute par doblones puis par des séries de passes droitières de bon goût. La main gauche est moins sure et les naturelles sont souvent donnée du pico de la muleta. les nombreux desplantes n’empêchent de voir une faena de peu de relief. La mise en suerte de mort est longue et se conclut par un pinchazo et une entière tombée. Cela n’empêche pas l’octroi de deux oreilles la seconde généreuse.


Victor BARROSO  qui a rejoint la demi-finale suite à la blessure du qualifié veut tirer son épingle du jeu. le novillero du Puerto de Santa Maria entame le débat par de belles véronique main basses, il n’est pas l’élève du maestro Galloso pour rien, Le novillo sort la tête haute de sa rencontre avec la pièce montée. Après avoir brindé au maestro Ruiz Miguel Victor se place au centre et ouvre sa faena par de bonne statuaires pieds joints et sans céder un pouce de terrain. Le novillo est un peu collant  à droite et Barroso se fait désarmer à sa première naturelle. La faena se déroule par la suite dans une succession de passes données une à une surtout à droite après avoir pris l’épée il donne une série de manoletinas de face qui sont certainement les meilleures. La suerte suprême se conclut par un pinchazo et une entière longue à agir et c’est descabello en main qu’il voit son novillo plier. Ici aussi la deuxième oreille peut paraître généreuse.

Le salmantino Ismael MARTIN n’est pas venu pour rien dans le circuit andalou. Depuis le début de la compétition il fait preuve de beaucoup de volonté de d’excellentes dispositions. Son travail au capote consiste avant tout à apprendre à son novillo à charger bien, la rencontre au cheval est bonne. Son entame de faena par doblonés genou en terre se fait sur les chapeux de roues on sent le jeune homme un peu fébrile, mais peut être que son adversaire le requiert. peu à peu la faena ralentit et gagne en profondeur les derners derechazos sont superbes. Pour terminer Ismael nous fait grâce de quatre circulaires inversées magnifiques. L’estocade est entière, certes desprendida mais efficace. Ce coup ci les deux oreilles accordées par la présidence sont justifiées.

Le cinquième novillo qui échoit à Mario SANCHEZ  est superbe un vrai toro le morillo bien sorti, bien armé un régal des yeux. Mario l’entraine dans son capote jusqu’au centre. Le novillo prend une bonne pique en poussant avec les reins la tête basse, les deux cornes dans le peto. La faena débute par de bonnes séries à droite. le novillo hésite un peu à s’élancer mais dés qu’il a la tête dans la flanelle il n’en sort plus et permet de lier les passes. Les deux cornes sont aussi bonnes l’une que l’autre. Mario Sanchez termine sa faena par les maintenant trop classiques circulaires inversées, mais ce sont ses luquessinas qui seront à retenir. En entrant à matar le jeune d’Ubrique oublie de se croiser et subit une voltereta heureusement sans gravité. L’épée est tendida et le recours au descabello est indispensable et c’est alors que commence le calvaire du jeune homme.

Un grand toro peut en cacher un mauvais et c’est une vraie peste qui sort en dernier des chiqueors. Javier LOPEZ PEREGRINO est venu s’agenouiller à la porte de la peur et l’on voit l’animal au fond du couloir qui n’a aucune envie de sortir enfin il jaillit, violent d’entrée de jeu, Jaivi arrive toutes fois à lui donner quelques véroniques. La mise en suerte de pique est compliquée le novillo échappe et se précipite sur l’ensemble équestre  l’envoyant au tapis. PEREGRINO  Brinde au ganadero Sancho DAVILA “je suis ingénieur mais je veux être torero” lui dit-il avant de partir au combat, car c’est un vrai combat qui faut liver. Le toro se retourne comme un chat et cherche l’homme il finit même par le trouver infligeant au jeune jerezano une forte voltereta heureusement sans conséquences. Ses compagnons de cartel se précipitent Javier rassure tout le monde et avec calme reprend les armes il ne peut que préparer pour la mise à mort le novillo ne permet rien d’autre. Un pinchazo et un estoconazo fulgurant, l’animal s’écroule sans puntilla. C’est certainement le plus beau coup d’épée de la soirée et à lui seul il vaut l’oreille octroyée par le président.

Il nous faut maintenant attendre demain soir pour savoir qui seront les trois élus pour fouler le sable de real Maestranza de Séville dimanche prochain pour la finale.
Jean Dupin

MADRID : le bal des mansos




Madrid, mardi 2 mai. Trois quarts à quatre cinquième d’arène, corrida goyesque.

Cinq toros de VALDEFRESNO bien présentés en général de mansote à manso perdido, le deux bis de Jose Luis PEREDA guère mieux  sifflés à l’arastre pour la plus part, pour:


UCEDA LEAL  : ovation, silence et silence



Fernando ROBLENO silence, après avis, ovation et silence


Triste bilan pour une triste après-midi de toros dans la plus importante arène du monde.

En ce “dos de mayo”, jour férié à MADRID en souvenir de la révolte des madrilènes contre l’occupant français je pourrais vous parler des deux œuvres monumentales de GOYA exposées au Prado illustrant cette journée et celle du lendemain évoquant la féroce répression de l’armée française, je pourrais vous parler de Francisco GOYA le grand maître obligé de s’exiler comme afrancesado. Cela pourrait être bienvenu puisque l’on nous proposait en ce jour une corrida goyesque en souvenir de l’œuvre taurine du grand peintre. Mais il parait que je suis là pour parler de toros, les grands absents de jour.

Je ne ferais pas un compte rendu toro à toro pour quoi faire, disserter de la minute trente de la faena d’UCEDA LEAL à son dernier, de la course folle de Robleño derrière son dernier pour lui arracher trois passes à la porte du toril.

ROBLENO est certainement celui qui aura le mieux toréé cette tarde : A son premier le remplaçant d’un invalide Valdefresno, un toro sérieux de Jose Luis PEREDA  il donna une faena qui eut le mérite d’exister avant une mise à mort laborieuse. La faena à son second, peut être un peu moins manso, il eut le mérite d’intéresser peu à peu l’animal à la flanelle et nous offrit de tres belles séries de naturelles que personne n’espérait plus. Reprenant la main droite Robleño termine sur deux grandes séries liées terminées d’un grand trincherazo  une faena de” mucho menos à mucho mas”. Malheureusement pour le madrilène, les aciers le trahirent le privant de tout grand succès.

UCEDA LEAL  fit ce qu’il put donnant quelques détails dans le terrain de la querencia le seul endroit où ses opposants acceptèrent de se confier un petit peu. A son premier de bons détails conclus difficilement sont salués par un public bon enfant. Son second refusa tout combat malgré les efforts du toreros le manso de gala fut copieusement sifflé à l’arrastre.

Triste début pour LAS VENTAS avant la féria de San Isidro qui commence demain. On pouvait remarquer en callejon la présence d’Isabel DIAS AYUSO  la présidente de la communauté de MADRID qui ne cache pas son attachement  et son appui à la fiesta nacional. 

Jean Dupin

SEVILLE, LES RENDEZ-VOUS DE MANUEL

Photo Jy Blouin

Séville, Maestranza. Dimanche dernière de féria. toujours sous un terrible soleil. Trois quarts d’arène. 

6 toros de MIURA très différents mais tous du tempérament né entre Février 2018 et Mars 2019.

Les trois dévolus à Antonio FERRERA de 590 à 625 Kg

Les trois de Manuel Escribano de 505 à 550 Kg.

Antonio FERRERA : Rouge et Or rématé de noir . Applaudissements, Applaudissements,  Applaudissements

Manuel ESCRIBANO : Académicien : le Vert et l’épée. Applaudissements, Oreille, Applaudissements

Les banderilleros Ángel Otero et Alberto Carrero ont salué après avoir banderillé le premier. Salut de Joao Ferreira et à nouveau d’Alberto Carrero au troisième. 

Fernandez Piñeda : Sobresaliente

El Fandi s’était fait excuser et « l’homme qui slalome entre toutes les grandes portes » (ainsi le définissait en 2001 l’immense Jacques DURAND, se référant à son passé de skieur) avait laissé les clés de la Maestranza à ces deux Maestros.

Qu’il en soit remercié chacun avec trois toros a pu s’exprimer très clairement.

photo JY Blouin

FERRERA a reçu chacun avec sa cape aussi bleue que baroque avec la prudence d’un chat. Des Miuras il en a vu d’autres ! 

Les trois prirent deux piques sans faiblir, Ferrera s’appliqua à sortir lui-même ses toros du cheval, avec des toros de Miura qui souvent « mettent la tête » ceci peut être un jeu dangereux, mais cela convient bien à son tempérament.

Antonio a définitivement oublié qu’il fut un très bon (mais là aussi baroque) banderillero et peut être a-t-il bien fait car Alberto CARRERO et Angel Otero saluèrent au premier et au troisième. On pourra retenir une paire de CARRERO placée en plein galop et vraiment entre les cornes.

Photo JY Blouin

Il brinda le premier au ciel, un genou en terre (baroque vous dis-je), il eut beaucoup de difficultés à le centrer puis à le maitriser, sans trouver la moindre passe possible à gauche, Triguero restait la tête très haute et menaçait à chaque sortie. Antonio réussit une estocade méritoire et efficace.

Avec son deuxième s’engagea une pelea violente et sans solution, le toro était dangereux et ne transmettait rien. Un pinchazo (le seul de la soirée) et une épée concluante.

Antonio brinda son dernier au public. Toro lourd (625 KG) et qui rapidement devint peu mobile. Colosse aux pieds d’argile. L’entrée à matar fut simplement époustouflante d’engagement de sincérité, de puissance sur ce toro très haut. Ce sont ces gestes qui font notre admiration , un engagement absolu pour une cause perdue.

Photo JY Blouin

Manuel tout en sourire et en concentration n’a pas failli à sa réputation d’homme de savoir et de devoir . . Il a su prendre ce qu’il y avait de mieux dans chacun de ses trois adversaires. Deux portas gayolas ébouriffantes de sang froid et de technique firent lever les arènes. Il banderilla les trois . Pas une seule tricherie, au premier un quiebro al violin EXTRAORDINAIRE.. Au dernier un quiebro contre les planches . Bon il vaut mieux avoir un peu de réussite, et beaucoup de signes de croix .Et toujours cet immense sourire.

Photo JY blouin

Les faenas furent menées avec goût et courage. On retiendra quatre statuaires devant son premier et une cambiada citée du centre pour entamer sa faena devant Choricero, le plus maniable du lot, brave et qui fut seul à consentir à baisser la tète. Une mise à mort efficace avec une épée notoirement basse qui le priva de deux trophées. Un seul suffit à son bonheur.`

Une bien belle tarde de toros Sévillane.  

Nous reviendrons.

Ch FIGINI

Aire-sur-l’Adour: Solalito consacré

Aire sur l’Adour (France). Dimanche. Novillada des « Arsouillos ». Plus de ½ arène.

Six novillos de Flor de Jara. 

Solalito, oreille et deux oreilles; 

Sergio Rodríguez, silence et saluts du burladero après avis; 

Ismael Martín, silence et silence après avis.

Le prix de la meilleure pique est allé à Vicente González, picador de la cuadrilla de Solalito, pour le quatrième.

En entrant dans ces arènes Maurice Lauche, on ne peut oublier d’avoir une pensée pour Ivan Fandiño qui tomba sur ce sable landais le 17 juin 2017. La pensée, les paroles, les écrits font vivre les disparus d’une autre manière, ils sont donc nécessaires. Le paso-doble écrit en l’honneur du torero d’Ermua résonna donc à l’arrastre du troisième toro, parfaitement interprété par la peña Los Arsouillos, dans un silence émouvant chacun ayant au cœur le souvenir de ce grand torero.

Ce préambule clôt, le public aturin nettement plus nombreux que d’habitude -c’est à mettre au crédit des organisateurs-, a vécu une après-midi entretenida qui a consacré Solalito. L’ensemble de Flor de Jara est allé de menos à màs dans sa présentation dans le type avec de sacrés gaillards pour terminer. Chaque novillo est allé deux fois au cheval sauf le cinquième, souvent en partant de loin. Par la suite ils ont fait preuve de cette noblesse caractéristique de l’encaste : avec lenteur surtout et en humiliant. Il y en eut deux plus retors : le second et le sixième.

Solal sévèrement accroché aux banderilles

Le toreo largo de Solalito qui est tombé sur un bon lot a conquis le public par son entrega et sa volonté de faire les choses comme elles le doivent. Le jeune homme a banderillé avec classe en s’engageant un maximum ses deux adversaires. Il se fit prendre durement par son second adversaire en exécutant la suerte por dentro : l’animal l’envoyant bouler sèchement sur les planches. Solal revint en piste avec courage et sut, comme il l’avait fait à son premier passage assujettir le Flor de Jara assurant ainsi de bonnes séries des deux bords. Une entière légèrement tombée, d’effet rapide lui assura une double récompense et une grosse ovation d’un public jeune avec lequel il a une réelle capacité à connecter. Il avait pris la mesure du premier noble conduit avec allure et sobriété, sans se faire toucher la muleta. Il le tua d’une entière desprendida.

Sergio Rodriguez eut un lot lus amère et ne put s’imposer devant son premier adversaire, tobillero qui le mit sur le recul. On vit pourtant la facette intéressante du Salmantino auquel il administra une faena faite de séries bien dans le rythme particulier de l’animal et cela des deux côtés. Il ajoute à cette vision claire de l’adversaire une dimension esthétique qui lui donne une réelle personnalité. Calamiteux avec l’acier, il perdit le bénéfice de cet effort.

De l’enthousiasme chez Ismael Martin mais aussi beaucoup de déchets dans ses manières ; on l’a vu aux banderilles souvent trop approximatives comme à la muleta où le solide dernier de la course lui posa des problèmes qu’il ne put résoudre. A l’épée lui aussi connut des misères mais on tempérera ce jugement quelque peu radical  par la volonté dont il a fait preuve et aussi quelques moments de qualité trop brefs qui montrent qu’il avait lui aussi sa place dans ce trio relevé.

Pierre Vidal

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