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Saint-Martin de Crau: oreille pour Lamelas

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L’unique oreille pour Alberto Lamelas, mais le Prix à la Combativité à partager par les trois diestros pour leur aptitude à traguer les fortes rafales…

Trois quarts environ, vent violent. Six toros de Saltillo bien présentés, charpentés, avec de la présence et un comportement inégal, plus incertains les trois derniers.

Alberto Lamelas : saluts et oreille.

Damián Castaño : applaudissements et silence.

Tibo Garcia : silence et palmitas.

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Avec ce qu’il s’est passé aujourd’hui dans les arènes Louis Thiers, et outre le résultat comptable, il convient, me semble-t-il, de préciser que les acteurs ont évolué dans des conditions météorologiques épouvantables, à savoir  des rafales très violentes qui leur ont s‌ingulièrement compliqué la tâche. Bravo à eux pour avoir tout de même tenté de donner le maximum…

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Alberto Lamelas ouvrit la séance en se signalant au capote et après deux piques sous forme d’exercice d’équilibre, il brinda à l’assistance un premier trasteo marqué par un bel arrimón, surtout à tribord, avant entière tombée au troisième coup. Son deuxième alla au cheval par trois fois,  la seconde de loin et la troisième en étant long à se décider. Brindant au public, sa faena a été celle d’un valiente manifestant une haute dose de volonté dans des conditions difficiles, ce qui lui valut d’empocher après espadazo l’unique oreille de cette tarde. 

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Damián Castaño  a écouté les premiers olés dès la réception de son premier au capote, ponctuée par une superbe demie. Après deux piques, il brinda au conclave une faena relevée par plusieurs passages ambidextres appliqués, affichant une conviction qui malheureusement n’a pu être valorisée à cause du maniement discutable des aciers. Ensuite, face à un quinto qui n’avait rien de bueno, le Saltillo allait passablement compliquer la tâche du Salmantinoà la muleta  qui s’accrocha autant qu’il le pouvait dans la tourmente. Le Saltillo finit par le contraindre à faire profil bas à l’heure de conclure où Damián multiplia les échecs avec la ferraille jusqu’à entendre le troisième avis fatidique…

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Tibo avec le capote de paseo de Tom Garcia

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Tibo Garcia se fit applaudir pour servir à son premier plusieurs capotazos dynamiques avant deux puyas suivies d’une belle performance de Thomas Ubeda avec les palos qui s’attira une belle ovation.

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Brindis à l’auditoire d’un premier trasteo appliqué sur les deux bords, malheusement conclu sans éclat. Face à l’ultime, les choses ne se sont pas arrangées, son adversaire n’ayant pas les qualités requises pour donner plus de brillant à l’effort consenti, Tibo s’évertuant à tirer du sang d’une pierre avant une conclusion en trois fois.

Mais j’insiste, enhorabuena à la terna pour son abnégation dans la bourrasque…

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Matin. Demi-arène. Après le lever du jour, on a assisté à celui de la tempête qui n’allait plus nous lâcher de la journée ! Quatre novillos de Valverde irréprochables de présentation, de tamaño conséquent, exigeants mais toréables, la palme allant au troisième qui eut les honneurs de la vuelta posthume. 

Clemente Jaume : saluts et vuelta.

Nino Julián : saluts et vuelta.

Sobresaliente : Pablo Jaramillo.

En préalable, une minute d’applaussiments a été dédiée aux personnalités taurines décédées dans l’année, notamment Pierre Doumenc qui pendant une dizaine d’années avait été président de la Unica.

Les deux compères eurent eux aussi à combattre la trosième corne des toros, ce qui évidemment a compliqué d’autant leur prestation. Les deux ont tout de même relevé le défi du mieux qu’ils le pouvaient et rien que pour ça, ils doivent en être félicités.

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Clemente Jaume tira quelques belles véroniques de son premier avant une faena appliquée, mais de portée inégale. Il se fit ensuite ouvrir la taleguilla en s’engageant sur le premier assaut. Son second était celui qui permettait le plus et Clément, qui le reçut a portagayola, se montra entreprenant après deux piques poussées. Faena en demi-teinte, les aciers laissant encore à désirer.

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Nino débuta avec un novillo avec lequel il afficha dès l’entame une belle décision, banderillant lui-même avec succès après deux piques, puis brindant aux gradins une faena au cours de laquelle est ressortie son entrega, se faisant lui aussi secouer au moment de porter l’épée. Avec son second, bien piqué en trois fois par Gabin, Nino fit preuve une nouvelle fois de vaillance et de volonté,  tout au long d’une faena où il a transmis. Entière trasera avant d’entamer une vuelta applaudie après pétition…

Paul Hermé http://torofiesta.com

(Photos : Daniel Chicot)

Séville: Roca Rey impérial sort par la Porte du Prince.


Puerta del Principe Andrés Roca Rey Séville 20 avril 2024 © Ferdinand De Marchi

Samedi 20 avril 2024, Real Maestranza de Sevilla.

12eme corrida de la Feria d’Avril. Corrida de Victoriano del rio et Toros de Cortes.

Juan Ortega, de vert céladon et or, ovation et silence.

Andrès Roca Rey de Grana et or: deux oreilles et une oreille, Porte du Prince

Pablo Aguado : de noir et argent, Salut au tiers et une oreille.

Un lot de toros noirs  tous de 4ans et demi , bien présentés armés finement, de peu de charge le 1, et le 4 ( le lot de Juan Ortega), mobiles et forts bien que diversement piqués le 2, le 3, le 5 et le 6ème, le meilleur.

Pour ce qui est de Juan Ortega , son premier toro  entre très bellement, armé haut, piqué trop en arrière ce qui ne permettra pas de le toréer en humiliant, dès la première pique le bicho part a tablas  et sa seconde pique sera un picotazo dont il sort seul.

Ph. JY Blouin

Le maestro ne pourra pas faire grand chose, a droite la tête du toro est flottante, assez vite réglée par le maestro qui donne deux séries de derechazos par le bas , mais le toro s’affaiblit, à gauche il n’a pas de charge et estoqué il va mourir aux planches. Ovation sans salut au tiers.

Photo J.Y Blouin

Au quatrième on se dit qu’Ortega fera le maximum et c’est bien dans son intention … mais le toro accroche la cape deux fois, et n’est pas clair.

Mais Juan Ortega brinde au public, entraine le toro avec sa muleta très basse jusqu’au centre , le toro s’entrave, Ortega ne sait que faire, le toro manque de force, va a menos et reçoit une entière contraire. Le toro est sifflé à l’arrastre.

Ortega écoute le silence de Séville.

Photo JY Blouin

Grand jour pour Roca Rey dont ce peut être considéré comme la revanche.  Luque est parti au Mexique, il va pouvoir régler ses comptes ! je plaisante?  oui un peu, mais pas tant que ça. Il reçoit son Toro de Cortes par quatre veronicas et  une larga cordobesa de grand style.  On commence à espérer. Deux piques bravement reçues bien que pas très appuyées, surtout la seconde, une égratignure tout au plus. 

Mais le toro a du coffre , Andrès le sait le sent et n’hésite pas il va brinder au public. A genoux il attend la charge qui tarde  de ce toro installé aux tablas, le cite l’interpelle et finit par obtenir ce qu’il veut : une charge rapide et forte, le génial péruvien lui refile 6 muletazos vertigineux rematés par deux pechos de chaque côté.  Pas le temps de finir, la musique joue, et chacun sait qu’a Séville elle ne joue pas pour rien, le chef de musique est aficionado et à tous les droits.

Photo J.Y Blouin

A gauche , plus tard dans cette faena impressionnante les naturelles sont données en arrondissant le passage du leurre jusque presque dans le dos.  On déguste, et tout cela est fait aux medios, pas pénard dans la querencia d’un petit toro sans danger. Estoconazo , et les deux oreilles tombent du palco.

Andrés Roca Rey Victoriano del Rio Séville 20 avril 2024 © Ferdinand De Marchi

Au 5eme toro, autres temps autres moeurs le toro, de Cortes lui aussi, le danger rôde, et cependant Roca rey sait qu’il doit prouver son statut de figura numero 1. Piques moyennes, le torero se poste à la première raie , droit comme un i, muleta en main pour offrir sans prudence , mais Roca rey est il jamais prudent, au mauvais sens du terme? le toro passe six fois dans cette statue immobile rematr par un pecho. trop confiant, main trop basse le toro voit l’homme et lui fonce dessus, accroc habilement évité. a gauche il faut garder l’animal avec soi, il a tendance a filer droit loin du matador.  Alors que faire d’autre que faire frémir l’assemblée?  corne sur la cuisse , ou sur le ventre, choisissez monsieur le toro je vous domine tellement que vous n’oserez pas! et effectivement tout fonctionne et le tremendisme  emporte l’adhésion. Là tout se joue, la précision du geste qui ouvrira ou non la Porte duPrince.

Photo J.Y Blouin

Photo J.Y Blouin

Roca Rey se jette dans les cornes. Matar o Morir. Et il tue. Un avis. Une Oreille de grand poids!

Photo J.Y blouin
Photo J.Y Blouin

Pablo Aguado dont on dit souvent qu’il est un torero de cape mais pas grand muletero nous prouvé le contraire ce soir, certes moins flamboyant et coruscant que notre Roca rey mais tout de même..

A son premier, le troisème toro de Cortes, bien joli bébé de 530kg Aguado est excellent au capote, Ortega vient au quite par delanteras et une belle media. Aguado lui répond par chicuelinas.. ouais…

Grand début à la muleta, grande série à droite , changement de main de grande valeur, coulé fluide , la musique ne joue pas , et ici cela manque. Le toro bien fixé,  Aguado fait un desplante entre les cornes près des tablas. Entière sans puntilla, cela valait probablement une oreille, mais pas de pétition. Salut au tiers.

Le sixième, ah le sixième, le meilleur toro de la soirée, et de très loin, du nerf de la noblesse du caractère de la force jusqu’au bout… Aguado a su en profiter certes puisqu’il lui a coupé une oreille, mais le toro méritait mieux, le vent s’est levé, il pleut, il faut quitter la piste et voir partir le rayonnant Roca Rey sur les épaules d’une jeunesse aficionada qui a trouvé son idole, et qui a bien raison.

Juan Sierra a salué pour une très bonne paire de banderilles et d’une façon générale les hommes de plata ont tous bien rempli leur office.

Jean François Nevière

COPA CHENEL : CHRISTIAN PEREZ S’IMPOSE DEVANT LE MEILLEUR DU LOT

ALGETE province de Madrid, arènes quasi combles pour cette première demie finale de la Copa CHENEL qui réunit trois toreros ayant moins d’un an d’alternative.

Un lot de toros d’élevages disparate, biens présentés en général dans l’ordre de sortie : un exemplaire de MONTEALTO encasté brave et noble, trois de MONTE LA ERMITA le premier manso perdido avec du genio, le second bravito et encasté, le troisième parfait de vuelta al ruedo, un de LOS EULOGIOS imbuvable et enfin un exemplaire de MANUEL SANZ mansito et manœuvrable pour :
Christian PEREZ une oreille après avis et deux oreilles après avis
Christian PAREJO salut et salut
Alejandro MORA vuelta et silence après deux avis


Sans aucun doute Christian PEREZ était le chanceux du jour, touchant deux toros de luxe. Si le premier est passé à côté de la vuelta al ruedo le second y eut, en toute logique, droit. PEREZ attend son premier à genoux à la porte des toriles pour une grande larga cambiada suivie de bonnes chicuelinas. Suivant la pique unique il donnera un très beau quite par saltilleras.


C’est encore à genoux qu’il entamera la faena dans le premier tiers avec entre autre une passe dans le dos osée. La faena se poursuit d’abord à droite puis à gauche PEREZ pèse peu sur son toro et les trajectoires sont souvent rectilignes mais il profite de la classe de son opposant. L’animal est encasté et il paraît difficile de canaliser et de templer son ardeur et c’est peut-être ce qui me manque dans cet ouvrage. L’estocade est très engagée et en sort contraire et peu efficace deux descabellos seront nécessaires pour en terminer.


Son second est beau et parfait, il l’accueille par une larga à genoux au fil des planches puis une belle série de delantales. La pique malheureusement unique sera prise en brave. L’entame de muleta sera par doblones enchaînant immédiatement par naturelles sur une très bonne corne gauche. L’animal a de la caste et sur le final PEREZ se fait avertir, ici encore le temple fit défaut. Le final sera par manoletinas ultra serrées Deux tiers de lame longues à agir, quoiqu’en place feront sonner un avis ce qui n’empêchera pas l’octroi de deux oreilles et la vuelta al ruedo bien mérité au toro.


Christian PAREJO lui touchera le pire du lot son premier est manso il cherche le refuge des planches et aimerait bien revenir d’où il est sorti pourtant le plus bitterois des chiclanero, ou inversement, fera tout pour essayer de lui tirer une faena prenant beaucoup de risques il arrivera à construire malgré les protestations permanentes de l’animal dont les coups de tête en aurait refroidi plus d’un. L’estocade portée avec sincérité est desprendida mais efficace. Il semble que le public n’ait pas saisi l’effort et reste froid. Pourtant PAREJO n’avait rien vu encore, son dernier toro est pire que tout, manso et faible ne pensant qu’à se défendre en derrotant le cul aux planches. Ici encore avec beaucoup de courage, Christian tentera l’impossible en prenant tous les risques. Mais, las, le courage ne suffit pas quand l’adversité s’en mêle L’entière tombée nécessitera l’usage du verdugo.

Alejandro MORA était le plus jeune et paraît aussi le moins expérimenté des trois toreros. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne fut guère convaincant devant ses deux opposants. Le premier bravito dans ses deux rencontres avec les chevaux paraissait manœuvrable, pourtant la faena fut peu aboutie et vide de toute émotion. L’estocade fut elle bonne et très efficace mais si cela est nécessaire ce n’est toute fois pas suffisant pour triompher. Son second est un peu plus compliqué et jamais Alejandro ne ce hissera à son niveau souvent débordé par la caste de l’animal. La mise à mort fut laborieuse et ne se conclut qu’après le deuxième avis le pire a été évité.

Jean Dupin

Seville, des Alcurrucen sans fond ni bravoure, mais un grand Castella

Photo JY Blouin

Seville, 19 avril, Real Maestranza, lleno de no hay billetes. Temps clair et un peu de vent.

pour: J A Morante de la Puebla, de Havane et or, Silence et silence.
Sébastien Castella, de Grana et argent, Grande ovation au tiers après pétition, et grande ovation au tiers après un avis.
Tomas Rufo, de lilas et or, silence et silence.

Les toros d’Alcurrucen de souche Carlos Nuénez ont tout fait pour faire échouer cette corrida. Présentation variée, armures astifinas tantôt vers le haut tantôt en avant, poids moyen 530 kg et 4 ans.
Nuls , fuyards, parados et mansos le 1er le 3, noble mais faible le 2, manso con genio le 5, manso arrêté le 6.
Avec cela que vouliez vous qu’ils fissent ?

Morante , cela devient une habitude, après 5 contrats signés dans cette feria d’avril de Seville, a fait du Morante ; et du meilleur, mais sur trois , voire quatre véroniques de réception à ses deux adversaires. Le premier se lassa avant tout le monde et Morante n’insista pas, une petite moue de désappointement et hop, on va chercher l’épée.


A son deuxième, le plus encasté du lot mais trop piqué par un picador zélé, beaucoup de choses à mon sens étaient possibles mais la mansedumbre ressortit durant la faena et comme de bien entendu le maestro de la Puebla pensa que cela suffisait. Il lui avait pourtant offert une réception à mi hauteur à la cape par veronicas absolument superbes. A la fin de la faena une belle série à gauche, arrachée à ce toro parado, puis, misère de misère, trois pinchazos un pinchazo hondo… Morante est sifflé, mais il s’en fout, les sifflets peuvent aller au toro …

Sébastien Castella a sauvé la tarde , et je dis bien sauvé , car avec un poil de plus d’aficion l’oreille de son premier serait tombée, par son seul mérite. Que dis je? non , précisément il eût fallu que le toro y mette un peu plus du sien..Mais Castella a livré une faena très méritante à un toro noir astifino, veletto avec un énorme début par veronicas très lentes et profondes.

Ruffo est allé au quite par chicuelinas, et José Chacon après deux paires de banderilles plus que risquées a été appelé à saluer. Cela démarrait bien, brindis au centre, dès les premières passes le toro derrote en fin de passage mais Castella règle les pendules et tout s’enroule , charge bien réglée à droite puis à gauche avec intensité et harmonie. A ce moment de la faena l’oreille doit tomber, mais l’épée bien qu’entière est trop longue d’effet, la pétition non majoritaire, le matador ira à la deuxième ligne saluer l’assistance.


Ce qui est extraordinaire avec Sébastien Castella c’est cette pureté du geste cette façon de refuser la facilité, cette profonde élégance, il sait marcher , attendre le toro, une fois les talons plantés dans le sable. C’est plus que de l’aguante, c’est une sorte d’invitation à une danse possiblement macabre, assurance et risques confondus.

Le cinquième toro, un colorado oeil de perdrix de 4ans lui aussi commence en chargeant dans le capote en zigzag, freins sur les pattes arrières, écart brutal des antérieurs et coups de tête mal intentionnés. Le public hurle, réclame le changement. Sébastien Castella qui lui sait ce qu’il pourra tenter de faire, fait signe d’une main: “calmez vous, attendez…”
Le toro part au cheval mais ne s’y attarde pas plus d’une seconde à chaque passage, au total 6 , ce qui, d’après le maestro vaut bien deux piques réglementaires et que le palco accepte. Bravo mr le président, et double bravo au maestro qui va faire une démonstration superbe de toreria et de dominio, le toro va suivre la muleta de mieux en mieux, les cornes à ras des chevilles : Castella dit et démontre: chaque toro a sa lidia!
Et là, croyez le, ce n’etait pas commode.
Une demie , un descabello, moi j’aurais agité mon mouchoir mais , en rélaité c’est sans importance: ce fut un grand Castella, transformateur de toro.

Photo JY Blouin

Deux mots sur Tomas Ruffo. Le toledano est bon torero mais froid et il ne transmet rien, même quand il est bon comme ce soir avec son deuxième toro.

A son premier lourd et noir et blanc comme une descente de lit qui se poste dès l’entrée dans sa querencia attendant qu’on aille l’y chercher, la mise en suerte pour aller au cheval est pénible et le toro sort très vite de cet endroit. Il est tardo, a une charge désordonnée ; enfin un manso de plus.

Au sixième qui se présente physiquement mieux, plus lourd, tout noir, mobile on a un bon début à la muleta, mais tout cela bien que précis, reste froid et .. et rien.

Sebastien Castella a tout montré, extrayant des pépites du vide sidéral des Alcurrucen.
Encore une tarde sans toros.

Jean François Nevière

Seville. El Cid et De Justo surpassent la corrida de La Quinta.


Après le désastre ganadero des trois jours précédents on attendait beaucoup, et peut être trop, des Santa Coloma de LA QUINTA. La plaza de toros de la Maestranza de Séville avait quasiment fait le plein pour cette corrida donc. Six toros de quatre ans de la QUINTA bien présentés, très bon le premier (vuelta al ruedo), en dessous les autres ; compliqué le dernier pour :

EL CID une oreille avec pétition de la deuxième et salut.
Daniel LUQUE salut et salut.
Emilio de JUSTO oreille et oreille

Le premier QUINTA sort des chiqueros comme un missile avant de rencontrer le capote du CID qui le temple et le domine par véroniques et chicuelinas jusqu’au centre de la piste. Le tercio de piques sera en demi-teinte, le toro poussant peu et gardant la tête très haute. Au banderilles l’animal poursuit les hommes d’argent jusqu’aux planches.

Photo JY Blouin


Jesus Manuel prend la muleta et brinde au public. Le vétéran récemment revenu aux affaires presse l’adversaire à la hauteur de son art. Les premières passes bien liées en rond sont tout de douceur et de longueur. Homme et animal s’entendent à merveille dans un ballet parfaitement réglé par la musique de la banda. Les séries ne sont qu’une passe surtout sur le bord droit bien meilleur que le gauche. Le CID se contentera d’une série de naturelle de bonne qualité certes, mais plus incertaines. Il revient à droite pour un final tout empreint de vérité et de sincérité tant de la part du torero que du toro. L’estocade est portée dans les canons quoique desprendida. Ce défaut coûtera certainement la seconde oreille au CID malgré la pétition très forte. On pourra toujours discuter de la vuelta al ruedo au regard du premier tiers mais la noblesse du toro fit oublier cela et, après tout, ce fut quand même un grand toro. Il faut le reconnaître : ce fut le seul de l’après-midi à ce niveau.

Le second du CID est insignifiant à la pique et s’avère rapidement faible. Si les deux premières séries sont bonnes, les suivantes sont de deux passes et une passe de poitrine. Le Le toro ne transmet pas malgré sa réelle noblesse. La faena dure et le toro va à menos. L’estocade est en deux temps : pinchazo et pinchazo profond puis descabello après avis.

Photo JY Blouin

Le premier de LUQUE s’agenouillera après la première pique. Daniel qui a déjà triomphé ici cette année aimerait bien renouveler mais son toro ne lui permet pas malgré tous ses efforts. Noble certes mais sans force ; la faena ne passe pas : ni émotion ni transmission et le torero n’y est pour rien. Le public le reconnaîtra l’appelant à saluer après une entière « traserita » et « tendidita ».
A son second les mêmes effets ayant les mêmes causes – je ne me répéterai pas.

Photo JY Blouin

Emilio de JUSTO est dans un grand moment il nous avait montré l’autre jour devant les « Garcichicos » qu’il avait parfaitement récupéré de sa grave blessure. Son premier prendra une première pique inexistante quittant la pièce montée avant même de la toucher, eh oui il y a des mansos chez les Santa Coloma ! Les deux rencontres suivantes sont de peu de classe. Emilio a pourtant décelé un fond de noblesse chez l’animal et il entend l’exploiter. Il entame par doblones genou fléchi puis suit une série à droite qui suffit à déclencher la musique par sa profondeur et sa lenteur. La suite de bon niveau ne sera que par la qualité et la volonté du torero et l’estocade en décomposant les temps et parfaitement située valait à elle seule cette première oreille.
Le second est bien différent. Il sort comme un furieux des torils et d’entrée Emilio lui sert une larga de rodillas au fil des planches, puis il entreprend de lui apprendre à charger. A la muleta Emilio de JUSTO s’arrime devant un animal qui rechigne à se soumettre. Bien difficile d’enchaîner des passes devant les protestations violentes du fauve Là où beaucoup auraient jeté l’éponge, DE JUSTO s’entête et torée mettant un point d’honneur à soumettre l’animal.

Photo J.Y Blouin

Les choses s’avèrent compliquées mais le maestro s’acharne dans une faena sans musique mais de poids. Le public sévillan reconnaît l’effort et comme l’estocade est ici aussi parfaite c’est une deuxième oreille bien méritée qui récompense l’extremeño.

Jean Dupin

IIe Festival du Film Espagnol de Nîmes: réception de Victoria Abril à la Macarena…

Vous commencez à nous connaitre : nous ne manquons pas une occasion pour élargir les horizons tauromachiques de notre Peña…

Nous avons déjà abordé des thèmes techniques, artistiques, littéraires, mais pas encore cinématographiques.

Le second Festival du Film Espagnol de Nimes dont ci-joint l’affiche, nous en donne l’occasion.

C’est avec un immense plaisir que nous invitons ce 26 avril, après la projection du film au cinéma CGR, en nos locaux de la MACARENA

                 Madame Victoria ABRIL , Marraine du Festival

                   pour une soirée dont le thème sera  Les femmes, le cinéma et la tauromachie…

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Pour cette occasion, elle sera accompagnée de Madame Miriam DIAZ AROCA, qui elle aussi a tourné dans le film « Talons Aiguilles », et qui est très connue en Espagne pour ses parutions dans des séries télévisées.

La soirée démarrera à partir de 20h00.

Comme à l’accoutumée, la soirée se poursuivra dans le plus pur esprit « Sevillanas » de la Macarena qui vous proposera un service de tapas et boissons...

(Communiqué de la Peña Rufo)

Séville : un bon Emilio de Justo

Mardi 16 avril. 10em corrida de la feria de Séville. Presque deux tiers d’arènes, temps estival, un peu de vent à partir du cinquième. 

6 toros de Garcigrande à la présentation inégale, décevants dans l’ensemble, faibles en général, nobles mais à la fois fades. 

Cayetano palmas et silence. 

Emilio de Justo oreille et salut. 

Ginés Marín salut et vuelta. 

La corrida de Garcigrande a manqué de piquant, plus docile que noble, sans transmission, avec plusieurs toros faibles. Comme le toro auquel coupa l’oreille Emilio, protesté jusqu’après la pique, car il « perdait les mains », trébuchait et semblait tenir avec difficulté sur ses pattes.

Mais il avait un fond de noblesse et la présidence, inspirée cette fois-ci, permit au matador de construire avec lui une faena « a mas ».

En mettant en confiance le toro, en le toréant à mi-hauteur, tout en caresses, essentiellement sur la corne droite. Petit à petit les muletazos devinrent plus exigeants, plus profonds, avec des séries enchaînées et conclues avec de superbes passes de poitrine avec le sceau de la maison. Faena convaincante, de bon gôut, intelligente, bien construite, à laquelle manqua probablement l’émotion du toro avec plus de caste, et superbement conclue à l’épée. Grosse oreille pour De Justo. 

Photo J.Y Blouin
Photo J.Y Blouin

Il a été bien aussi au suivant, où le matador aurait pu une nouvelle fois couper une oreille après une faena avec un bon debut par le bas, genou fléchi, comme aime tant le faire Emilio, de nouveau privilégiant la corne droite, car sur la gauche l’animal ne voulait rien savoir.

Le matador enchaîna avec aisance les passes droitières et conclut sa prestation avec relâchement. Mais l’épée, avec l’engagement qui caractérise ce matador à l’estocade, tomba un peu en arrière et ce qui aurait pu être une oreille et une sortie en triomphe, se transforma en salut. En tout cas, ce fut un plaisir de retrouver Emilio avec cette assurance et bien moins tendu que ces derniers temps. 

Photo J.Y Blouin
Photo J.Y Blouin

Ginés Marín eut lui aussi une bonne prestation devant deux toros peu reluisants. Le premier, noble mais faible et sans transmission, permit quand même au matador de dessiner de belles passes mais sans écho. Il y en eut au sixième, un toro compliqué, incertain, en particulier à la cape, où Ginés s’imposa à la muleta alors que le toro humiliait peu : il avait souvent la tête haute et rechignait à se livrer. Faena de torero puissant mais le toro ne tarda pas à refuser le combat, surtout du côté gauche. Malgré tout, le torero fut recompensé d’un tour de piste. 

Photo JY Blouin

Cayetano eut un après-midi discret devant un premier toro faible et un autre sans charge. Il n’en ressort que ses deux très bonnes estocades. 

Antonio Arevalo

Séville : L’esthétique ne nuit pas à l’efficacité.

SEVILLE- 15 avril 2024. 7° Corrida de la feria d’avril. 30°. Ciel bleu azur. Arènes combles.
6 toros de Domingo Hernandez et Garcigrande pour :
Morante de la Puebla, gris tourterelle et or, silence et silence.
Daniel LUQUE, chocolat andalou et or, salut au tiers et une oreille.
Juan ORTEGA, jaune vénitien et or, silence et deux oreilles.
Salut des banderilleros Joao Ferreira et Alberto Zayas au premier toro.

Nous l’attendions ce torero… tant nous le voyons monter au firmament de la tauromachie éternelle à chacune de ses sorties. C’est chose faite depuis cette fin d’après midi qui a vu Juan Ortega donner une faena de muleta au niveau de celles, mythiques, des toreros sévillans que furent Juan Belmonte, Pepe Luis Vasquez, Curro Romero, et..Morante de la Puebla.
Une faena commencée, après le brindis à Pepe Luis Vasquez fils, par des aidés par le haut d’un temple absolu, puis des aidés par le bas d’une esthétique parfaite. Tout le reste fut d’une pureté intégrale, taillé comme un diamant. Les derechazos, les naturelles, les passes de poitrine un genou en terre, le toro suivant parfaitement la muleta car ne voulant pas gâcher une telle beauté.

Photo J.Y Blouin


Aucune ligne droite, tout en rondeur, tout harmonieux. Une faena courte précédant une grande épée concluante d’une sincérité parfaite. Deux oreilles qui auraient pu être plus si l’on compare à la faena de Morante de l’année dernière, qui lui valut la queue. Mais quelle chance nous avons en ce moment de pouvoir voir dans la même corrida sévillane Morante et Ortega.

Photo J.Y Blouin
Photo J.Y Blouin


« L’esthétique ne nuit pas à l’efficacité » disait souvent André Boniface qui a été conduit en terre cet après-midi. Dédé n’aimait pas la corrida, on le sait, mais lui qui avait su porter au très haut la pureté du style adjointe au jeu d’attaque, s’il avait vu toréer aujourd’hui Juan Ortega, peut-être serait-il tombé comme nous en profonde joie.

Photo J.Y Blouin


Pour en revenir à la corrida de ce jour il faut souligner l’excellent travail de Daniel Luque qui a réussi à « inventer », à force de travail de mise de la muleta sous le mufle du toro, une faena à un toro, le 5°, qui n’en voulait pas. Une oreille après une épée tombée. Deux auraient été possibles avec une bonne épée. No hay quinto malo dit un fameux dicton, aujourd’hui le quinto était malo, mais le torero était bueno.

Photo J.Y Blouin
Photo J.Y Blouin
Photo J.Y Blouin

Pour le reste on s’était franchement ennuyé aux deux toros de Morante, et aux premiers de Luque et Ortega, des toros ne permettant pas aux toreros d’exprimer leur art, soit trop mansos, soit sans charge franche. Quelques passes « sui generis » de Morante à son premier, un duel à la cape entre Ortega par tafalleras et Luque par chicuelinas au second toro nous avaient servi de salle d’attente, mais sans plus. Et le changement du quatrième toro n’avait pas amélioré l’affaire.. Et puis heureusement Luque est venu nous sortir de notre torpeur.

Mais qui savait ce qui allait suivre au sixième toro ?

EXIR

Séville: Toreo de salon musical vu par JY Blouin

Carlos Olsina en toréo de salon sur les rives du Guadalquivir, Séville le 15 avril 2024. ©JYB

Comme il est de tradition, quand on vient à Séville, on visite élevages et assiste aux tientas dans les placitas des ganaderias. Pour Cactus Event (cactus-event.com) qui accueille des aficionados français avec beaucoup d’efficacité, l’occasion est surtout de leur faire rencontrer un torero, le faire toréer de salon devant eux et permettre le contact.

Carlos Olsina invité par Cactus -Event à toréer de salon sur les rives du Guadalquivir. Séville le 15 avril 2024. ©JYB

Cette année, l’invité du jour était Carlos Olsina qui s’est distingué en graciant un toro de Margé à la dernière féria de Béziers, où on le reverra après Alès et Istres ses principales comparutions signées à ce jour.

Carlos Olsina en toréo de salon sur les rives du Guadalquivir, Séville le 15 avril 2024. ©JYB

Aidé par Quentin Revilla, peintre connu et aficionado practico, qui avait pris gracieusement le rôle du toro, Carlos a montré et expliqué avec beaucoup de simplicité et de sincérité les différentes passes, principalement les classiques, ses préférées, à la cape et à la muleta. Sous les questions pointues de Zocato, Carlos a pu s’exprimer sur son concept du toreo et son aficion.

Carlos Olsina en toréo de salon sur les rives du Guadalquivir, Séville le 15 avril 2024. ©JYB
Carlos Olsina en toréo de salon sur les rives du Guadalquivir, Séville le 15 avril 2024. ©JYB

Il est entré dans des détails pratiques passionnant son auditoire (nombreux car les promeneurs espagnols s’arrêtaient aussi pour l’admirer) par exemple en expliquant la manière de tenir la « béquille » de la muleta du bout des doigts, avant d’en faire la démonstration.

Manière de tenir la muleta

Mais la surprise est venue quand sont arrivés sur le quai les musiciens des Armagnacs d’Eauze, un des meilleurs orchestres taurins de la planète. Les armagnacs viennent à Séville depuis 51 ans excusez du peu ! Ils jouent à la féria et à certaines occasions comme cette invitation de Cécile de Cactus-Event, mais toujours avec un énorme succès!

Carlos Olsina toréant en musique accompagné par les Armagnacs, à Séville le 15 avril 2024. ©JYB

Et c’est au son de Puerta Grande, un des morceaux qu’il aime le plus que Carlos Olsina a poursuivi sa séance de toréo de salon, la musique lui donnant une inspiration supplémentaire.

Passage de trastos entre Carlos Olsina et Mathieu, le chef de musique des Armagnacs d’Eauze. ©JYB

Mais les surprises n’étaient pas terminées: apprenant que Mathieu, le chef de musique des Armagnacs avait pratiqué le toréo de salon, Carlos Olsina l’invitait à prendre les instruments et à s’exprimer devant des aficionados ravis. Ayant passé les commandes à un de ses compagnons, celui-ci s’exécutait avec quelque qualité et visiblement beaucoup de plaisir.

Toréo de salon en musique par le chef des Armagnacs, à Séville le 15 avril 2024. ©JYB

In facealacorne.fr

Dans les ruedos ce week-end

Puebla de Sancho Pérez, Badajoz – Festival avec picadors avec novillos de Talavante. Pour les rejoneadores : Fermín Bohórquez et Paco Ojeda, deux oreilles ; et les toreros Morante de la Puebla, deux oreilles et une queue ; Alejandro Talavante, deux oreilles et une queue ; et Miguel Ángel Silva, deux oreilles et une queue.

Montoro, Cordoue – Novillos de Ángel et Juan Antonio Sampedro pour Manolo Vázquez, silence et blessé ; Pablo Páez, oreille, oreille et deux oreilles à celui qu’il a tué pour Manolo Vázquez. Fuentes Bocanegra, deux oreilles et retour sur le ring avec une pétition d’oreille.

Arènes d’Almería – Festival. Taureau de Murube, pour le rejon, et de La Palmosilla pour le combat à pied. La rejoneadora Léa Vicens , ovation ; Les matadors El Fandi, deux oreilles ; Cajetan, deux oreilles ; Miguel Ángel Perera, deux oreilles ; Jorge Martínez, ovation ; et les novilleros Fran Lupión, ovation et Blas Márquez, deux oreilles.

Talamanca del Jarama demie-finale du circuit de Madrid. Novillos de Ángel Luis Peña Sánchez (1º, 5º, 6º) et Flor de jara (2º de vuelta,3º et 4º) para Juan Herrero ovation et ovation. JAROCHO 2 oreilles et vuelta. Cid de Maria oreille et silence.

Tomelloso, Ciudad Real. Corrida de toros. Toros de Martín Lorca para Andrés Palacios oreille après avis et oreille; José Fernando Molina; ovation et deux oreilles; Sergio Felipe, oreille et oreille.

El Molar. Madrid. Corrida de toros. Toros de Iñigo Garzón. Sánchez Vara; ovation et deux oreilles, Francisco Montero; silence après deux avis et oreille; José Antonio Valencia, ovation et ovation

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