Bilbao 3ème de la Semana Grande. Moins d’un tiers de plaza. Mano a Mano entre
Daniel LUQUE et Borja Jimenez.
Daniel Luque obispo et or: Silence, silence et silence
Borja Jimenez : Ivoire et or: Oreille, oreille et oreille
Toros de Ricardo Gallardo, FUENTE-YMBRO entre 528 et 615 Kg nés entre décembre 2019 et décembre 2018.
Vista Alegre sonnait creux, vous aviez toutes les bonnes raisons d’arriver en retard, la place de rêve vous attendait
Pour la 31 éme année consécutive Matias Gonzales présidait (aujourd’hui sans peine ni gloire).
Dès le paseo, la musique était funèbre et de « mano a mano « il n’y eut point.
Daniel LUQUE torero jusqu’au bout des ongles est un être sensible et fragile, malgré les apparences. Il a passé sa soirée à ne pas se trouver en phase avec son toro, certes le second avait un problème de vue très handicapant pour le maestro, mais pas pour le président Matias ! Certes le premier était compliqué et ne baissait pas beaucoup la tête, mais Daniel LUQUE en a vu d’autres… En définitive il a passé sa soirée et trois faenas à attendre LE TORO. C’était trop tard . Il est ressorti de ces arènes livide et la mâchoire serrée.
Borja JIMENEZ a été tel que nous le voyons depuis le début de la temporada, malgré la cornada sévère qu’il semble avoir oubliée. Il a occupé toute la soirée tout l’espace, venant faire des quites (inutiles sur les toros de ce pauvre LUQUE qui n’avait pas besoin de ça !), excellent capeador avec un registre intéressant et un sens du sitio extraordinaire. Il a accueilli ses trois bichos a PORTA GAYOLA (le premier, un peu compliqué, les deux autres parfaits), à la muleta son premier ne lui donna aucune chance de s’exprimer vraiment , un peu faible . Mais les deux autres lui offrirent leur bravoure et leur force, son second, franc comme l’or et qui répétait autant que le maestro le lui demandait et des deux cotés fut un digne exemplaire de la maison GALLARDO. Une épée extraordinaire (un peu chanceuse ?) et une mort instantanée, la deuxième oreille tombait. Le dernier fut une apothéose, nouvelle PORTA-GAYOLA et une faena d’école à un toro exemplaire, avec , peu d’aspérités, mais Borja avait décidé de triompher, il toréa remarquablement sur les deux bords et tua avec, certes une petite hésitation vite oubliée, d’une épée volontaire et décisive.
La soirée était douce, le « sable » de Vista Alegre était gris et Borja JIMENEZ a montré qu’il était un grand torero.
Depuis quelques années la mode est venue de faire jouer à des orphéons d’arènes des airs classiques , ou des musiques de films, Carmen, le concerto d’Aranjuez… plus ou moins bien , dans un tempo qui s’accorde le plus souvent mal au lieu, ou à la faena en cours de développement.
Ce fut le cas par deux fois hier à Béziers oùl’ami Bizet dut endurer l’interprétation de l’air du toreador de Carmen soutenu ou plutôt exécuté par l’orchestre des arènes, avant l’envoi d’une Marseillaise de plus, comme aux jeux olympiques , Et durant la faena du premier toro de Clemente, l’assassinat d’une belle musique de film.
La seule musique qui convienne dans une arène c’est le paso-doble et encore si le chef d’orchestre sait choisir la partition adaptée au style de ce qui se déroule en piste: solennité, combat, douceur, rythme lent ou rapide, tout dans le répertoire des paso-dobles taurin est à la disposition de l’orchestre.
Ajoutons que très souvent « ça » joue trop fort, ou faux.
La solution la meilleure ne réside- t- elle pas dans la méthode Sévillane ? L’orchestre ne joue que si son chef apprécie ce qui se passe en piste, et libre à lui de choisir le morceau.
Ou bien, solution extrême, calviniste en diable, comme à Madrid, pas de musique du tout pendant la faena!
Et puisqu »il faut bien ne rien prendre au sérieux, rappelons- nous le mot du grand aficionado qu’etait Yvan Audouard, à qui son voisin d’arène demandait un jour ce qu’il pensait de la corrida en cours, répondit avec un sourire: » oh, vous savez, je n’y connais rien, je ne viens que pour la musique ».
Le vent mauvais, un ganadero qui avait hier de bonnes raisons d’être heureux mais qui aurait pu se passer de faire de grands gestes vers la présidence qui venait de refuser l’oreille à Juan Leal, la pétition étant visiblement minoritaire, un indulto pour le toro Neptuno probablement un peu généreux avec pétition vigoureuse de l’éleveur, une double vuelta de Juan Leal exigée par le ganadero avec force gestes…
On attend désormais le troisième indulto obtenu par Clemente, jamais deux sans trois dit le proverbe, mais alors… avec quel toro?
Un Santi Domecq de grande classe, un Margé très solide armé et noble, un….,?
En tout cas Clemente ne cesse de nous convaincre, le chemin reste long cependant.
Je suis encore sous le choc des grâces de toro dont j’ai été spectateur depuis quelques jours : Azpeitia, Dax, Béziers. C’est comme si dorénavant une féria réussie devait comporter la grâce d’un toro, même si celle-ci est un peu tirée par les cheveux, pour ne pas dire par les cornes. A tel point qu’il va falloir bientôt ouvrir une catégorie de plus dans les statistiques des temporadas : nombre de toros graciés par matador, par arène, … Que deviennent tous ces toros graciés en France et en Espagne ( on en compte déjà plus de quinze depuis le début de la saison, dont trois le même jour en trois arènes espagnoles différentes ) ? Est-on sûr qu’ils font tous la joie des éleveurs qui doivent les soigner et les rapatrier chez eux alors même qu’ils ne répondent pas tous aux critères d’une « vraie grâce » ? Il faut d’abord rappeler que la grâce d’un toro était il y a encore peu de temps accordée pour un toro bravo ( sauvage ) dont le comportement à la pique était exceptionnel : trois piques minimum en partant de plus en plus loin et en poussant avec les deux cornes en mettant les reins. Il s’agissait de gracier un toro pour qu’il devienne un bon reproducteur de sa sauvagerie, de sa force, de sa caste et de son » trapio ». Temps révolu. Maintenant on gracie le toro qui est un parfait collaborateur du matador qui le torée : charges fixes et infinies, noblesse, endurance. Peu importe son comportement à la pique, qui est, rappelons le, le principal tercio permettant de juger les qualités de sauvagerie et de force du toro. Partant de là le matador se voit octroyer oreilles et queue d’un toro qu’il n’a pas tué. Ainsi Clemente sort des férias de Dax et Béziers avec un total de 4 oreilles et 1 queue sans avoir tué ses toros, ce qui est extrême pour un « matador de toros ». Et s’il avait « pinché ? » Idem pour Colombo à Azpeitia. Faire en plus la vuelta avec des trophées provenant d’un autre toro précédemment tué a quelque chose de ridicule. Maintenant que la grâce du toro devient un standard des férias Il y a là sans doute quelque chose à revoir dans le règlement taurin. Une vuelta très fêtée en compagnie du mayoral serait bien suffisante. Et puis il faut arrêter de dire et d’écrire que tel ou tel matador a grâcié son toro. C’est le président de la course qui gracie à la demande du public, et non à la demande du matador, ni à celle de l’éleveur comme on a pu le voir à Béziers. Pour manier le paradoxe on peut également penser que c’est l’excellence du toro à la muleta qui offre au matador la possibilité de ne pas avoir à faire son métier de tueur de toro. C’est en ce sens le toro qui gracie le matador.
Certes on dit que la grâce n’a été possible que parce que le torero, par sa faena, a su mettre en lumière toute la bravoure et la caste du toro. Mais tous les matadors actuels savent toréer et ils ne laissent jamais passer un « grand toro de muleta ». Il n’y a qu’à voir la diversité des différents toreros qui ont gracier cette année pour s’en convaincre. Mais là n’est pas l’essentiel de mon propos. L’essentiel est ma crainte de voir ces grâces incessantes finirent par donner des arguments aux « animalistes ». Car elles présentent les toros comme des collaborateurs du matador et accréditent l’idée que les éleveurs arrivent maintenant à façonner des bêtes, non plus sauvages, mais dociles. Et alors l’essence même de la corrida, c’est-à-dire l’intelligence humaine dominant et tuant ne bête fauve lâchée en piste avec toute sa fureur, s’effondre, et par la même l’éthique de la corrida. Il n’y aurait alors plus de justification à faire souffrir des bêtes façonnées par l’homme pour le seul plaisir de l’homme. Croire que gracier un toro c’est donner des gages aux animalistes est faux. L’homme n’est pas l’égal de la bête fauve, et gracier les toros parce qu’ils se sont bien comportés en piste pourra un jour prochain se retourner contre nous. Attention ! EXIR
C’est un torero heureux que nous avons rencontré avant la corrida de Sanlucar de Barameda ce Dimanche. Tout auréolé de son triomphe en terres madrilène et radieux, le jeune torero de Jerez nous a confié ses impressions sur cette corrida et son été péruvien.
Cela faisait cinquante ans qu’un torero n’avait pas coupé deux oreilles à un toro de Saltillo. On comprend la fierté toute justifiée de Cristobal à la suite de cet exploit qui lui vaut d’être le triomphateur de cette féria qui est l’une des plus dures du circuit.
Le jeune torero vient de passer deux mois au Pérou où il a toréé six corridas et un festival, sans compter les cinquante vaches au moins qu’il a tienté. Ce séjour l’a mûri et les conditions terribles dans lesquelles il a exercé son art, Des arènes sans aucun service médical à plusieurs heures du premier hôpital l’on confronté aux très dures réalités de la profession. Loin de se décourager, c’est remonté à bloc qu’il a abordé sa corrida de Saltillo.
Pour son avenir , il espère beaucoup des contacts qu’il a eu avec l’empresa de Madrid pour une prochaine confirmation d’alternative, c’est de coutume pour le triomphateur de Cenicientos. Cristobal aimerait aussi sortir en France et à déjà des contacts avec Céret pour l’an Prochain, et pourquoi pas Vic Fezensac pour ce torero courageux qui aime bien les encastes difficiles.
Novillada trop longue, près de trois heures et public restreint, ce qui interroge une nouvelle fois sur l’aficion de Bilbao. Malgré cela, de bonnes notes, des novilleros avec peu de bagages et de belles intentions.
En particulier Aaron Palacio, novillero d’Aragon qui n’a même pas une dizaine de novilladas au compteur mais qui a plû par sa personnalité. Il torée avec du goût à la cape et même s’il s’était fait blesser d’un coup à la cheville lors d’un quite au premier novillo de l’après-midi, ce qui l’a parfois handicapé, il a prouvé qu’il a un large répertoire et le sens du temple. En particulier à la muleta où il a pu, surtout face au noble premier de José Cruz, se distinguer dans de très belles naturelles qui ont séduit les aficionados. Il prolongea en excès sa faena, ce qui rendit plus difficile la réalisation de la mise à mort et l’empêcha de couper une oreille, ce qu’il obtint du cinquième. Un novillo qu’il reçut à genoux à la porte des torils puis lui endiguer juste après des farols à genoux. Son toro était compliqué, gardait la tête haute et le meilleur moment de sa prestation fut la série de manoletinas finales, avec beaucoup de personnalité. Un torero intéressant et dont il faudra suivre l’évolution.
Tout comme Javier Zulueta, novillero sévillan apodéré par la casa Pagés, fils de l’alguazil de la Maestranza et dont le maestro n’est autre que Luis de Pauloba. On a pu le voir toréer à son premier très lentement et avec ce goût exquis des toreros des rives du Guadalquivir. Des détails, des instants qui lui auraient peut-être permis de couper l’oreille s’il avait été plus habile à l’épée, ce qui est son point faible. Il faudra vraiment qu’il trouve une solution car cela pourrait lui porter préjudice dans l’avenir.
Jarocho coupa une oreille au premier de José Cruz, un sobrero avec de la noblesse et de la mobilité des deux cornes. Le torero de Burgos profita de ses qualités pour enchaîner les passes, les séries, mais sans être vraiment transcendant et toujours un peu froid. Il lui manque un peu plus de rage, de hargne, il torée bien, il a le métier, il est prêt pour l’alternative, qu’il prendra dans une dizaine de jours, mais l’émotion est rarement au rendez-vous. Peut-être que le toro de quatre ans le motivera davantage. Bilbao, 19 août. 6 novillos de José Cruz bien présentés, homogènes, dont un sobrero sorti en premier de grande qualité, tout comme le second. Le reste fut dans l’ensemble noble à l’exception du sixième, vite éteint à la muleta.
Jarocho oreille et silence après avis. Aaron Palacio salut après avis et oreille. Javier Zulueta palmas et silence
Le coso del Pino était quasi plein, quelques trous sous le soleil de plomb, malgré la présence des caméras de Canal Sur. Une fois de plus pour cette sixième édition de corrida magellanesque, Carmelo Garcia avait contracté avec le frères Miura. C’est un lot digne d’une place de première catégorie que les ganaderos de Zahariche avaient envoyé pour cette tarde les plus légers pesaient 580 et 590 kilos puis 600, 610, 630, et enfin un monstre de 670 kilos long comme un jour sans pain et armé comme ses frères dans le type de la maison large et pointu. Le premier et le dernier, les plus lourds s’avèrent faibles les autres donnèrent du jeu avec toutes les difficultés inhérentes à la caste Miura.
Jesus Manuel « el Cid » palmas et deux oreilles
Manuel Escribano salut et deux oreilles
Esau Fernandez deux oreilles après avis et palmitas après avis
Le premier du Cid tient plus du Charolais que du bravo, il perd toutes ses forces en défonçant en sortie et passera par la suite son temps à se rouler par terre. Le Cid abrège promptement.
A son second un beau salpicado qui pourrait faire la couverture d’un livre taurin, le Cid nous offre le premier capotazo de la soirée ; De belles véroniques finement ourlées préparent une double rencontre au cheval initiée du centre. Suit une bonne faena sur les deux bords en baissant la main et en liant. Le toro tient caste et noblesse, El Cid s’engage et l’accord se fait. Même si la corne gauche est plus compliquée, les passes s’enchaînent avec beaucoup de douceur. Retour à droite pour un final fleuri rehaussé d’un superbe farol précédent une immense passe de poitrine la conclusion se fera par des passes de l’abanico de bon goût. Certes l’estocade est desprendida et en arrière mais portée entière au premier essai le public réclamera les deux oreilles.
Le premier de Manuel Escribano refuse tout combat au capote ne rentrant jamais dans la passe. La première pique est mal portée, la second prise depuis le centre est meilleure mais le toro ne s’engage pas vraiment. Le meilleur sera certainement le tercio de bandérille exécuté avec sincérité par le maestro. La faena sera entièrement à mi hauteur sans transmission et sur le voyage. Ni l’un ni l’autre des deux protagonistes ne donne vraiment l’impression de vouloir s’engager. L’estocade entière, desprendida et en arrière après un pinchazos est suffisante .
Escribano donne à son second une bonne larga de rodillas au fil des planches il limite la partie équestre à une rencontre. Si ses deux premières paires de banderilles sont à corne passées , la troisième al violin est superbe. La faena débute au centre par une inversée dans le dos et il faut reconnaître que le torero n’a pas dévié le toro mais a fait un grand pas en avant pour éviter le choc. La seconde est correcte. La première série droitière est à mi hauteur est de peu de qualité, lorsque enfin Escribano se décide à baisser la mai la faena monte en intensité le toro s’avère noble et suit bien la muleta mais c’est un Miura et il faut le surveiller comme le lait sur le feu Escribano connaît bien ce sang et il utilise bien les qualités de l’animal. Le final est haut en couleur bien dans le style du torero de Gerena. On notera en particulier les quatre très bonnes manoletinas finales. L’estocade est entière certes, mais en arrière tombée et tendue, les deux oreilles me paraissent très généreuses mais comme me le dit ma voisine cela permet la photo des trois en triomphe à la porte des arènes, on donne les explications que l’on peut !
Esau Fernandez attend son premier à genoux, quasiment au centre du ruedo face à la porte du toril. L’animal met un peu de temps avent de voir le torero et de charger. Cette larga sera la seule chose du travail capotero le toro refusant de mettre la tête dans la percale. Il ne s’emploie guère dans la première pique mais charge avec allegria depuis le centre pour la seconde. D’entrée de jeu à la muleta Esau Fernandez baisse la main muleta au sable et le toro le suit en baissant la tête permettant de lier. Comme souvent avec les miuras, les séries sont courtes mais bien liées et templées. Même si la faena n’atteint pas les sommets l’impression est plus qu’agréable et le danger permanent fait croître l’émotion. La corne est dangereuse et le pantalon du torero déchiré de haut en bas laissant apparaître un refilon sur la peau est là pour en témoigner. La mise à mort est hésitante : un pinchazo hondo desprendido, le tor se relève deux fois à la puntilla et un descabello. Pourtant de manière assez injustifiée Esau Fernadez coupe deux oreilles il sera par la suite déclaré triomphateur de la soirée. Passons…
A son dernier un mastodonte tout droit sorti des grottes d’Altamira mais trop faible pour son poids, Esau laissera une impression d’inachevé sans compter une mise à mort compliquée.
Le ciel des nuits andalouses n’est jamais noir… il s’illumine d’un bleu profond, vertigineux, symbole de calme et quiétude. Au dessus de Grenade, en bordure d’une route de montagne entre Viznar et Alfacar, diverses détonations déchirent le calme en ces première heures du 19 août 1936 (1)… plusieurs homme s’écroulent. Il y a là un instituteur, deux banderilleros anarchistes (2), et un poète passionné de tauromachie qui avait crié à tous, « les toros sont la fête la plus cultivée au monde. »
Il y a aujourd’hui quatre vingt huit ans que Fédérico Garcia Lorca est tombé, entouré de deux toreros, tel un christ entre deux larrons. Quatre vingt huit ans que nous sommes orphelins de cette grande voix qui mêlait l’une des poésies européennes les plus importantes à la tauromachie. Ses amis descendaient dans l’arène, certain y sont morts comme Ignacio Sanchez Mejias. lui arrachant les pleurs les plus terribles de la littérature. Aujourd’hui des voix, bien frêles à coté du souffle parfois épique de Lorca voudraient nous faire croire que les toros ne portent avec eux que bêtise, décadence et cruauté. Ils sont la vie en incarnant la mort. Ils font l’héroïsme de l’homme. Mais s’inclinent toujours devant l’intelligence.
Longtemps dans sa Granada, natale, là aussi où il semble venu être chercher la mort, le souvenir de Fédérico Garcia Lorca, ses œuvres, son évocation étaient interdits comme dans tout le pays… L’Espagne franquiste, la bourgeoisie andalouse, si souvent critiquée dans ses pièces de théâtre ou ses poésie, ne pardonnaient pas à ce génial créateur. La raison est revenue… et dans les arènes de Granada au moment de la feria les banderoles portant ses plus célèbres vers taurin envahissent les barreras.
Est-ce une revanche, de l’intelligence et de la raison ou une justice envers un homme et ses passions… Une revanche et une justice qui nous font soudain penser que la tauromachie est sûrement aussi fragile que la poésie car elle est un souffle toujours inspiré, rare et donné à seulement quelques uns., les Initiés de notre monde. La poésie de Fédérico Garcia Lorca est à jamais éternelle souhaitons que dans son sillage elle entraîne pour toujours cette fête la plus cultivée au monde.
Jean-Michel Dussol
(1) 19 ou 18 août les historiens et chercheurs n’ont toujours pas tranché. Le 19 a, désormais, été retenu comme date officielle.
(2) Il s’agit de Francisco Galadi et Joaquin Arcollas Cabezas.
Triomphe de Clemente qui a obtenu deux oreilles symboliques du toro « Neptune », de Margé, qui a été indulté. Le matin, sortie par la grande porte de Lalo, auteur d’un faenón avec « Intrepido », un novillo de Malaga crédité de la vuelta…
Beau temps, mais avec vent parfois gênant. 2/3 environ.
Paseo avec le Carmen de Frédéric Cornille puis vibrante Marseillaise entonnée par le public.
Six toros de la ganadería Margé qui par leur gabarit, bien qu’un peu inégal, leurs armures impressionnantes et leur caomportement, ont assez souvent maintenu l’intérêt, malgré la gêne de rafales qui par moments balayaient le ruedo. Mention au troisième et surtout à « Neptune », N°86, 510 kg, né en mai 20219, le second de Clemente, qui a eu l’autorisation d’aller retrouver ses copines dans les pâturages des Monteilles… avec son nouveau statut de reproducteur !
Juan Leal : salut depuis la barrière puis deux vueltas.
Clemente : silence et deux oreilles symboliques.
Carlos Olsina : oreille et silence.
A l’issue de la course, le picador José María Díaz a reçu en piste le trophée au meilleur piquero (avec le premier de Clemente).
Juan Leal a débuté par un toro qui comme ses frères avait un portemanteau de fort belle taille, mais par la suite, contrariée par le vent, Juan se faisant au passage une belle frayeur au sol, la faena brindée au respectable est restée en deçà de ce que l’on aurait pu en attendre si… Quoi qu’il en soit, Juan a su se montrer opiniâtre et sans pouvoir totalement se distinguer compte tenu des circonstances, il était à créditer d’une prestation méritoire après entière au second envoi. Avec le cuarto, en retrait question tamaño, l’Arlésien brinda encore une faena aux tendidos. Et une nouvelle fois, le vent n’arrangea pas vraiment ses affaires, Juan profitant des quelques accalmies pour connecter avec les gradins jusqu’à un final de cercanía qui a poussé bon nombre d’aficionados à sortir un mouchoir blanc après une entière tombée. Le palco resta alors inflexible, essuyant une bronca tombée des étagères alors que Juan effectuait deux vueltas majoritairement applaudies…
*
Clemente arrivait fraichement auréolé de son triomphe dacquois acquis dans la semaine et pour lui, les planètes allaient progressivement s’aligner. Pourtant, ce n’était pas très bien parti avec son premier car après en avoir tiré le maximum malgré le contexte, il sécha dans les grandes largeurs avec la ferraille.
Mais il allait se rattraper avec le quinto, « Neptune » qui après deux bonnes piques se révéla excellent, chargeant avec classe jusqu’à plus soif. Bien sûr, cet indulto n’a pas failli à la règle de la division d’opinion dans la plupart des cas. Disons que Neptune était incontestablement un très bon toro, après pour la grâce, tout dépend où l’on place le curseur…
En tout cas, il ne faut tout de même pas oublier la performance de Clemente qui en seulement quatre jours a tutoyé deux fois les anges. Olé !!!
Salut de Vincent Chaptal, mayoral et gendre de Robert Margé…
Carlos Olsina jouait sur son terrain où il prit en premier lieu un tío, « Hera », avec lequel il fit preuve de patience pour progressivement imposer sa loi, ce qui n’était pas évident. Charles trouva tout de même le moyen d’esquisser quelques gestes aux contours remarquables qui portèrent sur les travées avant une conclusion par entière tendida al encuentro libérant un trophée. Las, alors qu’on aurait bien aimé le voir doubler la mise au regard de son entrega, il pincha sa deuxième faena exécutée face à un manso, se faisant même sérieusement accrocher en descabellant. Malgré tout, le Biterrois a montré des dispositions encourageantes pour la suite…
MATIN
Triomphe de Lalo de María qui a remporté le Tastevin d’Argent…
Un tiers environ, beau temps. Trois novillos de Camino de Santiago (JL Darré – 1, 2 et 6), les troiss autres de Malaga (Callet). Le quatrième, « Intrepido », de Malaga, a été crédité de la vuelta posthume.
Lalo de María : silence puis deux oreilles.
Nino Julián : oreille et vuelta.
Javier Zulueta : saluts et silence (trois avis).
Novillada entretenue, d’abord grâce au sérieux du bétail et aussi à l’implication de la terna, malgré quelques carences compréhensibles à cet échelon.
Lalo de María a démarré par un Camino peu évident à canaliser, accusant une certaine faiblesse et finissant par se révéler parado. Le Nîmois n’insista pas plus que de mesure, tombant ce premier opposant par deux lames. Mais c’est avec son second, de Malaga, que Lalo allait afficher de bien rassurantes dispositions à un mois de son alternative. Après deux rencontres, il brinda la faena à l’assemblée et s’engagea dans des échanges relevés par son envie et une gestuelle soignée, s’attirant les faveurs du conclave jusqu’au point final sous la forme d’un cañonazo. Deux oreilles et mouchoir bleu pour l’utrero dans l’alegría générale.
Nino Julián n’a pas mis trois heures pour s’assurer du soutien de l’auditoire, deux largas de rodillas et la suite à l’avenant venant à point nommé, son tercio de banderilles étayant ensuite la bonne impression laissée. A la muleta, les choses prirent un contour agréable surtout sur la rive droite, le tout se soldant par une oreille après entière au second coup. Plus tard, avec le Malaga, un superbe castaño oscuro, il jeta toutes ses forces dans la bataille après deux bon puyazos de Mathias. Au second tercio, deux bonnes paires suivies d’un quiebro moins ajusté. Plus tard, faena dynamique, d’amplitude inégale, mais restant méritoire, avant un violent accrochage en portant l’épée, quatre coups de verdugo limitant le tout à une vuelta chaleureusement fêtée.
Javier Zulueta, précédé d’une flatteuse réputation, n’aura pas trouvé sur le Plateau de Valras de quoi se mettre en évidence. On ne l’a vu à son avantage qu’en de trop rares moments sa première faena comprenant quelques passages convenables pour d’autres soporifiques. Pire, à son second, il laissa rentrer vivant son Camino de Santiago après la sonnerie des trois avis…
A l’issue de la course, Lalo de María a été déclaré vainqueur du Tastevin d’Argent qui lui a été remis dans la foulée à la Bodega Circus par la présidente de l’Union Taurine Biterroise, Mme Marie-François Rouzier…
Dax. Finale novillada sans picador, grosse entrée, un tiers d’arène, température agréable, une heure cinquante de spectacle. Quatre novillos-erales de La Espera, bien présentés, nobles et mobiles, parfaits pour ce spectacle, le troisième et le dernier applaudi à l’arrastre.
Julio Mendes (blanc et or), au premier, un pinchazo, et une entière, salut ; au troisième, un pinchazo, deux demi lames, deux descabellos, avis, salut.
Julio Norte (bleu ciel et or), au deuxième, un mete y saca, un pinchazo, une entière, un descabello, avis, salut ; au dernier, trois pinchazos et une entière, salut.
Julio Mendes inscrit son nom au palmarès du concours des Novilladas sans picadors de Dax. On peut penser qu’il gagne ce titre de quelques points face à Julio Norte. Les deux garçons sur leur deux novillos ont été très égaux avec des tauromachies assez proches. Il fallait un vainqueur c’est l’Extremeño qui a été désigné.
Mendes qui avait brindé son deuxième novillo à Luque a été remarquable dans ses naturelles et ses changements de main. Chez Julio Norte on retiendra une bonne poprta gayola enchaînée sur des véroniques et des chicuelinas. N’oublions pas non plus ses passes changées dans le dos et une grande douceur dans ses naturelles.
Les deux novilleros ont été récompensés par Eric Darrière, président de la commission taurine de Dax, le maire de la ville, et par Bernard Langlade, représentant de l’Accoso. Une agréable finale.
Triomphe de Victor lors de la première novillada non piquée…
Un quart d’arène environ, soleil. Quatre erales de la ganadería Margé donnant la plupart du jeu. A l’issue de la course, Vincent Chaptal, mayoral et gendre de Robert Margé, a accompagné un temps Nicolas Cortijo dans sa vuelta.
José María Rosado : oreille.
Abel Rodríguez : vuelta.
Victor : deux oreilles.
Nicolas Cortijo : vuelta.
Matinée entretenue grâce au bon comportement d’ensemble des becerros des Monteilles et la détermination de la terna de laquelle est ressorti Victor Clauzel qui au terme de sa prestation a logiquement été récompensé avec deux oreilles.
Avec un toreo aux contours artistiques déjà bien affirmés, le Saintois a réalisé un trasteo prometteur à la hauteur des progrès étalés avec les trastos. Dans une arène importante, c’est très encourageant pour la suite de son apprentissage…
Auparavant, José Mari Rosado, de Ronda, avait brindé au public une faena classique qui lui valut d’obtenir le premier trophée de la matinée.
Ensuite, Abel Rodríguez, de Castellón, se distingua au capote par une réception a portagayola suivie de vibrants capotazos puis à la muleta, il s’engagea dans un trasteo dynamique ne lui valant qu’une vuelta.
Enfin, autre vuelta pour Nicolás Cortijo, d’Albacete, qui ferma la marche en laissant lui aussi le souvenir d’une prestation honorable, soignant le geste avant de conclure d’une demie suffisante.
Plus tard, Victor a reçu un trophée à la Bodega Circus de la Peña Christian Parejo. Olé !!!