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Dax : novillada sans picadors: Julio Norte triomphe

Dax. Novillada sans picadors, très belle entrée, au moins un quart d’arène, temps couvert, température agréable, deux heures dix de spectacle. Six erales novillos de Alma Serena. Deuxième, troisième, quatrième et cinquième applaudis à l’arrastre. Armés sans excès et toréables avec un peu de courage.

Julio Mendez, Badajoz (bleu ciel et or) au premier, un entière, une oreille.

Rafael de la Cueva, Madrid (rouge et or), au deuxième, six pinchazos, un quart de lame, deux descabellos, avis, silence.

Jorge Hurtado, Badajoz (rose pâle et or), au troisième, deux pinchazos, trois-quart de lame, silence, toro applaudi à l’arrastre.

Pedro Rufo, Tolède, (bleu céleste et or), au quatrième, un pinchazon une entière, silence, toro applaudo à l’arrastre.

Julio Norte, Salamanque, (vert très pâle et or), au dernier, une entière, deux oreilles, toro applaudi à l’arrastre.

Pour la finale des novillada sans picadors qui se déroulera le 17 août, à partir de 11 heures, la commision taurine de Dax a retenu Julio Norte et Julio Mendes. Mais hier la lutte fut dure entre les cinq prétendants face à des novillo de Alma Serena, Philippe Bats. Un lot bien présenté, toujours mobile et avec trois novillos applaudis à l’arrastre.

C’est Julio Mendes de Badajoz qui ouvrit le bal avec un toro trop travaillé au quite par Rafael de La Cueva. Julio Mendes parvint à le rétablir et signer une faena très acceptable. Rafael de La Cueva (Madrid) interessa son adversaire à la cape, par chicuelinas. A la muleta il signa de beaux ayudados por alto et réalisa un toreo très classique. Malheureusement il tua mal. Jorge Hurtado (Badajoz) après quelques belles véroniques s’affronta à un animal très mobile qu’il parvint à dominer après avoir longuement cherché et trouvé le sitio. Très à l’aise à droite il fut parfois débordé sur l’autre main. De beaux gestes illustrèrent ces instants.

Pedro Rufo, le frère de qui vous savez (Tomas), récent vainqueur du bolsin de Bougue, se montra à son avantage à la cape. Puis il commença une faena par de classiques passes de châtiments. Une faena très complète sur les deux mains et servie par un excellent temple. La matinée se terminait avec Julio Norte, qui voulut aussitôt impressionner le public par quelques véronique à genoux. Il commençait sa faena, toujours en pénitent, avec des passes changées dans le dos. Puis il devait dérouler une grande série de derechazos et changeant plusieurs fois de main, terminait par des manoletinas à genoux.

Dans ce style de novillada on peut regrettet que le public réagisse uniquement à la mise à mort. Un coup d’épée parfait et fulgurant c’est l’oreille assurée… par contre les Dacquois n’ont pas été très chaleureux vis a vis d’autres acteurs notamment Jorge Hurtado et Pedro Rufo qu’ils auraient pu inviter à saluer.

Jean-Michel Dussol

Photos B. Caritey

Béziers: Castella et Roca Rey en triomphe

Plaza de toros de Beziers. Première corrida de toros de la Feria de Beziers 2024. Lleno. 

Toros de Jandilla y Vegahermosa (3º),

• SEBASTIÁN CASTELLA, orejille après avis et oreille après avis.

• ANDRÉS ROCA REY, silence et deux oreilles. 

• CHRISTIAN PAREJO, ovation et oreille. 

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Sortie a hombros de Sébastien Castella et Andrés Roca Rey à l’issue d’une tarde humide dans sa première partie…Arènes quasiment pleines, temps changeant avec pluie au début avant que les choses ne s’arrangeant côté ciel lors de la deuxième mi-temps. Paseo retardé de dix minutes afin de pouvoir accueillir les retardataires.L’air du toréador chantée par le baryton Pierre Cornille, Marseillaise entonnée par le public. Après l’arrastre du cinquième, traditionnel Se Canto.Cinq toros de Jandilla et un troisième de Vegahermosa, même maison, inégaux de présence, la plupart nobles à divers degrés malgré un fonds de faiblesse.Sébastien Castella : oreille et oreille.Andrés Roca Rey : silence et deux oreilles.Christian Parejo : saluts avec pétition puis oreille.La coïncidence a voulu que les premières gouttes soient arrivées lorsque le paseo a démarré ! Dès lors, la pluie n’a pas cessé avant le troisième toro.


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Sébastien Castella a donc ouvert les hostilités loin des meilleures conditions et dans ce contexte, il a tenu tout de même à afficher ses ganas en démarrant son premier trasteo à genoux puis poursuivant sur les deux rives par mouvements templés, conclus par entière. Même résultat avec le cuarto, le Biterrois ayant pu s’exprimer au capote avant une spectaculaire vuelta de campana puis une faena ambidextre brindée à Jacques Roustan comprenant quelques séquences ajustées qui lui valurent de doubler la mise après avoir conclu par entière au second envoi.

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Andrés Roca Rey a brindé sa première faena à Robert Margé. On connait les points forts du Péruvien, mais pour les exprimer, il faut être deux et avec ce premier client, il eut quelques difficultés à harmoniser l’accouplement, malgré des gestes méritoires. Entière au troisième coup. Le quinto a déboulé du toril en signant un coup de barrières et plus tard, Andrés fit l’effort pour rejoindre Sébastien sur les épaules des costaleros sans que ça ne lui coûte trop, s’accordant bien par enchainements bien conçus avec un animal qu’il tomba d’un coup de canon.

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Christian Parejo n’a pas été en reste, allant recevoir son premier adversaire a portagayola, histoire de donner le ton et en dire long sur ses ambitions. Plus tard, il se fit remarquer sur des cambios puis quelques mouvements bien léchés avant que tout ne se dilue dès lors que son opposant se soit mis à étaler sa faiblesse, allant même jusqu’à se coucher avant l’estoc ! Entière au second envoi suivie d’une pétition sans écho du côté de l’autorité. Avec l’ultime, Christian allait jouer son va-tout pour tenter de rejoindre ses deux compañeros dans leur sortie par la grande porte. Il en fut à deux doigts, mais malgré ses efforts et un final encimista portant sur les gradins, il n’obtint qu’une oreille après une entière tombée d’effet rapide.  Quoi qu’il en soit, le plus Chiclanero des Biterrois, ou l’inverse, se retira sous l’ovation d’un auditoire qui un an après son alternative dans le même lieu, lui avait montré une bien belle empathie… bien méritée. Pour le peu qu’il torée, son comportement a été exemplaire, qui plus est devant deux cadors dans la catégorie. De quoi laisser supposer des lendemains qui chantent.  Allez, Christian, on y croit…
Paul Hermé

Dax, la novillada: Navalon en triomphe

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Dax. Novillada de Feria, petite entrée, température agréable, deux heures de spectacle. Quatre novillos de Montealto. De 465 à 480 kilos chez l’éleveur, tous deux piques, braves pour certains, tous toréables, même si parfois compliqués.

Jarocho (violet foncé et or), au premier, deux pinchazos, une entière, deux descabellos, avis, silence.

Samuel Navalon (rose foncé et or), au deuxième, une entière, quatre descabellos, avis une oreille, toro applaudi, au quatrième, une entière, avis, un oreille.

Aaron Palacio (rose foncé et or), au troisième, une entière, avis, une oreille.

La blessure de chicharro, à Malaga a perturbé le déroulement de la novillada de Dax. Devant l’indisponibilité du torero, les organisateurs ont transformé la course en décidant de récompenser le meilleur des trois restant par le quatrième novillo. A ce jeu c’est Samuel Navalon qui s’est montré le plus opportuniste. Il attaqua son entrée à Dax par une porta gayola qu’il enchaîna aussitôt sur une série d’excellentes véroniques… Quand il prend la muleta, c’est au centre et à genoux. En véritable magicien il se promènera d’une main à l’autre, une véritable balade pour une faena sans reproche, si ce n’est de faire trop durer et de se retrouver à la fin avec un toro totalement aplomado auquel il faut arracher les dernières passes… Heureusement il lui reste cette main droite ensorceleuse… Normalement choisi comme le meilleur il revient face au quatrième, « Barrabas », le plus lourd du lot. Là aussi une porta gayola et il termine sur une bonne série de véroniques. Un souffle d’air frais que de le retrouver, à genoux, au centre dessinant une série d’ayudados por alto. Il essaiera d’être complet, mais rapidement son adversaire se figera et il lui faudra arracher les dernières passes, la leçon servi par son premier n’avait servi à rien… dommage car on peut ainsi perdre des oreilles.

La matinée s’était ouverte avec le courageux Jarocho, la tête entourée d’un bandeau protégeant un oreille. Il a démontré une volonté de gagneur tout en étant très classique ouvrant le ban avec des passes de châtiment. Il poursuit de manière classique, avec prudence et finalement à trop faire durer l’animal s’éteint.

Troisième larron, du trio, Aaraon Palacio paraît encore un peu vert. Certes il veut approcher la cour des grands par un farol à genoux et quelques quite par « tafalleras ». On appréciera ses passes aidées par le haut dont certaines données à genoux. Par la suite on le verra sur les deux mains, mais se croisant fort peu. Il lui manquait cd soupçon d’émotion pour convaincre.

Un novillada de Montealto, bien faite de présentation, parfois dure et souvent compliquée… qui s’est terminée par la sortie en triomphe de Samuel Navalon.

Jean-Michel Dussol

Photos B. Caritey

Bizet à Béziers, indultez la musique, de grâce!

Depuis quelques années la mode est venue de faire jouer à des orphéons d’arènes des airs classiques , ou des musiques de films, Carmen, le concerto d’Aranjuez… plus ou moins bien , dans un tempo qui s’accorde le plus souvent mal au lieu, ou à la faena en cours de développement.

Ce fut le cas par deux fois hier  à Béziers oùl’ami Bizet dut endurer l’interprétation de l’air du toreador de Carmen soutenu ou plutôt exécuté par l’orchestre des arènes, avant l’envoi d’une Marseillaise de plus, comme aux jeux olympiques , Et durant la faena du premier toro de Clemente, l’assassinat d’une belle musique de film.

La seule musique qui convienne dans une arène c’est le paso- doble et encore si le chef d’orchestre sait choisir la partition adaptée au style de ce qui se déroule en piste: solennité, combat, douceur, rythme lent ou rapide, tout dans le répertoire des paso- dobles taurin est à la disposition de l’orchestre.

Ajoutons que très souvent « ça » joue trop fort, ou faux.

La solution la meilleure ne réside- t- elle pas dans la méthode Sévillane ?  L’orchestre ne joue que si son chef apprécie ce qui se passe en piste, et libre à lui de choisir le morceau.

Ou bien, solution extrême, calviniste en diable, comme à Madrid, pas de musique du tout pendant la faena!

Et puisqu »il faut bien ne rien prendre au sérieux, rappelons- nous le mot du grand aficionado qu’etait Yvan Audouard, à qui son voisin d’arène  demandait un jour ce qu’il pensait de la corrida en cours, répondit avec un sourire: » oh, vous savez, je n’y connais rien, je ne viens que pour la musique ».

Le vent mauvais, un ganadero qui avait hier de bonnes raisons d’être heureux mais qui aurait pu se passer de faire de grands gestes vers la présidence qui venait de refuser l’oreille à Juan Leal, la pétition étant visiblement minoritaire, un indulto pour le toro Neptuno  probablement un peu généreux avec pétition vigoureuse de l’éleveur, une double vuelta de Juan Leal exigée par le ganadero avec force gestes… 

On attend désormais le troisième indulto obtenu par Clemente, jamais deux sans trois dit le proverbe, mais alors… avec quel toro? 

Un Santi Domecq  de grande classe, un Margé très solide armé et noble, un….,?

En tout cas Clemente ne cesse de nous convaincre, le chemin reste long cependant.

Jean François Nevière-

SOUSTONS : UNE NOVILLADA FLAMENCA CALIENTE

SOUSTONS le 11 AOUT 2024. Corrida flamenca. Température andalouse d’été. 41°. Paseo à 19h, retardé d’une heure à la demande de la préfecture. Arène remplie à l’ombre et vide au soleil. A noter un accompagnement du paseo et des faenas de muleta par une guitare et un chant flamenco du meilleur gout. Le paseo flamenco nous évita la Marseillaise qui s’impose de plus en plus dans nos arènes sans aucune justification, le stock de Marseillaises ayant sans doute été heureusement épuisé aux JO de Paris.

A noter également une Présidence technique entièrement assurée par un trio féminin.

Novillos de MONTALVO . Bien présentés et bien défendus à l’exception du 5°, cornes trop rentrantes ( brocho ). Le 6° de trapio plus toro que novillo. Tous faibles, mais pas trop, 1 pique symbolique, et nobles, et donc un peu ennuyeux, ne permettant pas l’émergence de l’émotion.

NINO JULIAN, Vuelta et Une oreille.

MANUEL ROMAN, Vuelta et une oreille.

CRISTIANO TORRES, Vuelta et deux oreilles.

Peu de passes de cape intéressantes, dû à la mono pique.

Rien de notable non plus au tercio de banderilles.

Au début de la novillada le public était froid de chaleur excessive,( !) littéralement assommé quoi que fassent les novillos et les toreros, eux-mêmes sans doute accablés. Un peu réveillé cependant par les banderilles de NINO JULIAN dont un quiebro aux planches très risqué. Mais quel contraste lorsque l’on rentre d’une féria espagnole : Pas un olé pour accompagner et stimuler les toreros, de la réserve, rien que de la réserve. Dommage pour l’ambiance.

Les toros étant nobles les novilleros firent étalage de tout ce qu’ils savaient faire, c’est-à-dire beaucoup, mais avec des toros sans personnalité et donc sans transmission. Ces novilleros modernes ont tous suivi les cours d’écoles de taureaumachie donc ils maitrisent « l’art de Cuchares », mais auront-ils la personnalité suffisante pour faire carrière à l’étage supérieur ?

NINO JULIAN dans un registre dominateur, MANUEL ROMAN faisant le « toreo bueno » par des séries droites et gauches appropriées, et CRISTIANO TORRES finissant ses faenas « Roca Rey style et Luque style » portant plus sur le public.

Malheureusement aucun des trois novilleros ne s’étant appliqué pour effectuer une mise à mort correcte à leur trois premiers novillos aucune récompense autre qu’une vuelta ne pouvait être accordée. Heureusement pour eux ils réussirent les épées à leur second opposant respectif, ce qui leur permit de couper chacun une oreille, deux mêmes dont une excessive à notre gout pour Cristiano Torres.

Avec toutes ces vueltas, oreillées ou pas, le spectacle dura trois heures, trois heures calientes qui nous firent presque rater la cérémonie de clôture des JO….

EXIR

Photos Roland Costedoat

Au Puerto de Santa Maria : Manzanares sur les sommets , Morante dans la tourmente.

Les arènes du Puerto étaient presque pleines pour cette dernière d’abono, Trois toros d’El Freixo, la ganaderia d’El Juli et trois de Jandilla bien présentés (505 à 570 kg.) plutôt décastés mais pouvant donner du jeu, noblissime le cinquième pour :

Jose Antonio Morante de la Puebla: salut et bronca de gala

Jose Mari Manzanares: une oreille et deux oreilles

Pablo Aguado: oreille et oreille

La corrida de toros réserve bien des surprises, dans la voiture en allant de Jerez au Puerto nous faisions des plans sur la comète à propos de la tarde qui nous attendait: Morante allait il servir Manzanares ? passerait il une autre soirée tranquille au coin du burladero sinon du feu ? Aguado nous ferait-il rêver ? Rien de cela et pourtant, des surprises il y eut.

Morante n’est pas dans un grand moment, à son premier de Freixo, le plus lourd du lot qui frappe fort dans les planches et renverse la pièce montée, il se contentera d’un quite par véroniques et de quelques passes templées mais d’une en une sur les deux bords. L’estocade défectueuse ne lui permettra que de saluer un public tout acquis à sa cause. Mais la ferveur populaire peut être versatile et la roche Tarpéienne est bien proche du Capitole. Morante refuse de voir son second et s’en débarrasse de la pire manière après deux simulacres de passe. La fureur est à son comble et le Lévante a du faire retentir la bronca dans toute la province et au-delà.

Ce même Lévante qui a soufflé fort toute la soirée et copieusement gêné les toreros, oblige Manzanares à baisser la main et le toro le suit dans l’exercice donnant de longues et bonnes passes à droite du moins. A gauche l’animal ne se livre pas et sort la tête haute. Revenant à droite pour le final, l’alicantino lie une superbe série de circulaires très profondes. L’estocade est concluante et permet l’octroi du premier trophée de la soirée.

Au second les choses commencent mal. Certes le salut au capote par véronique est beau, mais le toros de Jandilla prend deux piques en grand manso qu’il est. A la muleta la sortie du premier doblon se termine par un galopade jusqu’à la porte du toril dont les banderilleros on le plus grand mal à le sortir. Certainement piqué au vif, Manzanares baisse la main et embarque le toro dans une grande série droitière et là, miracle, le toro joue le jeu, il baisse la tête et sort en fin de série dans une immense passe de poitrine. La musique joue Concha Flamenca, le paso-doble préféré de Jose Mari, le vent souffle à décorner les bœufs, la muleta à l’horizontale Manzanares s’arrime. Il continue de baisser la main et le manso se révèle d’une noblesse infinie. Il charge à l’envie dans cette muleta qui l’hypnotise. La faena atteint des sommets de lenteur et de profondeur dans un ballet parfait. Jose Mari Manzanares signe là l’une de ses meilleures faena de l’année sinon la meilleure et nous rappelle qu’il est toujours ce grand torero. L’estocade est parfaite et la pétition aux cris de torero torero se conclut par l’octroi des deux oreilles.

Pablo Aguado qui n’est pas le mieux servi au sorteo passe une soirée en demi teinte avec de très bons détails au capote et à la muleta, meilleur à son second qu’à son premier. Le fait notable et la très bonne surprise de la soirée sont ses deux estocades qui, si elles ne sont pas exceptionnelles, ont le mérite d’être efficaces et au premier essai. C’est si rare chez le sévillan que l’on ne peut que s’en réjouir et espérer que ce soit la fin d’une longue série d’oreilles perdues par la faute des aciers.

En conclusion de ce cycle portuense il est surprenant de constater que les deux meilleures faena auront été à deux mansos celle de Luque l’autre jour et celle de Manzanares ce soir. Dimanche prochain nouveau grand rendez vous taurin dans la province de Cadiz : la corrida de Miura à Sanlucar de Barameda pour El Cid, Manuel Escribano et Esau Fernandez.

Jean Dupin

Rejon en demi-teinte au Puerto de Santa Maria

Les tendidos de soleil étaient combles à dix heures du soir et l’ombre quasi vide pour cette course de rejon du Puerto de Santa Maria. Six toros portugais de Guiomarcortes de Moura bien présentés (495 à 600 kg. MOYENNE 580) modestement épointés justes de caste mais donnant du jeu pour :

Andy Cartagena salut et une oreille

Diego Ventura oreille et salut

Lea Vincens salut après avis et silence après deux avis

Nous avons assisté hier soir, avant tout à une formidable démonstration de talent équestre et à un show de dressage. Chacun des acteurs n’a présenté pas moins de huit chevaux soit vingt quatre au total, tous remarquablement dressés dans un grand concours alliant dressage classique et doma vaquera. Le spectacle n’aurait pas été complet sans la formidable prestation de la banda de musica du Puerto quatre vingt dix musiciens la plupart professionnels qui ont offert un concert phénoménal pour accompagner les chevaux. Le tout avait commencé au paseo par une interprétation magistrale de « Carmen » qui restera dans les mémoires.

Ceci étant dit, il va être difficile du faire du toro à toro tant le spectacle fut avant tout équestre, ce qu’en temps qu’ancien professionnel de la partie je n’ai pu qu’apprécier. Les cavaiers ont failli aux aciers ce qui explique le score final. Lea Vincens ne doit qu’à l’immense mansuétude présidentielle de ne pas avoir entendu le troisième avis. Le plus torero de la soirée fût sans conteste Diego Ventura le seul à avoir réellement torée ses adversaires. Restera dans les mémoires les quatre tours d’arènes consécutifs effectués les cornes du toro à quelques centimètres des flancs de son cheval, changeant de main « por dentro » avec une exposition maximale. Je retiendrais aussi ses poses en ayant retiré la bride, même si pour ce, il utilise adroitement un fin lien autour de l’encolure ce qui avec un cheval très dressé permet d’avoir un effet de renne d’appui et permet de ralentir le cheval par cette simple pression, les bons cavaliers me comprendront, par-contre, son reculer droit sur tout le diamètre de la plaza pour passer la porte de sortie, réellement sans les mains doit être un exemple pour tout dresseur.

Désolé pour ce compte rendu plus équestre et musical que taurin mais c’est bien dans cet état d’esprit que nous avons quitté la Plaza Real en ce samedi déjà bien entamé. Ce soir retour du toréo à pied avec Morante (des bruits courraient sur son absence potentielle), Manzanarez et Pablo Aguado pour la dernière de ce cycle estival.

J.D.

DE « PREGONERO » A « ALMIRANTE », LA GRACE D’UN TORO.

« Almirante » rejoint les corrals d’Azpeitia. Photo Gil Mir

Le 9 mai 1986 au cours de la corrida concours annuelle de Jerez de la Frontera le toro PREGONERO de la ganaderia de CEBADA GAGO fut gracié. j’ai assisté à cet événement extraordinaire en compagnie du fondateur de CORRIDA SI, mon ami Pierre VIDAL, qui pourra témoigner. Une plaque a été scellée à l’extérieur des arènes pour commémorer cette grâce, à l’époque pendant laquelle la grâce des toros était prohibée en Espagne, sauf précisément à la corrida concours de ganaderias de Jerez qui avait lieu une fois par an au printemps.
La grâce précédente avait été celle d’un toro de Domecq en 1955 et il n’y a plus jamais eu de grâce à Jerez depuis celle de PREGONERO. Sur la plaque on peut lire : « Toro brave et noble au cours des trois tiers de la lidia, gracié à la demande du public, lidié par le Diestro Juan Antonio Ruiz ESPARTACO auquel la présidence accorda deux oreilles symboliques ».
Mes souvenirs : « PREGONERO » prit une première pique placé à distance réglementaire du cheval du picador. Poussant fort en mettant les reins il fut sorti du cheval pour être placé à mi-distance et il chargea alors à nouveau sans sollicitation et sans retenue ne quittant le cheval qu’à l’appel de la cape..
Après ce quite il fut placé au centre de l’arène pour une troisième pique. Les arènes de Jerez ont un ruedo parmi les plus grands d’Espagne. Et là, moment inoubliable, PREGONERO gratta deux fois le sol de sa patte droite, signe de mansuétude, ce qui provoqua un « ah » de déception du public. Oui mais immédiatement après ce grattage PREGONERO s’élança pour prendre une troisième pique, toujours aussi engagée. Et le « ah » de déception se transforma en une clameur et des vivas pour l’éternité. La suite fut celle d’un tercio de banderilles brillant et d’une faena courte comme savait le faire ESPARTACO, dans son style à la fois dominateur et animateur. ESPARTACO était le seul torero que j’ai connu capable de varier complétement son style en fonction de l’arène où il toréait. A genoux à Pampelune, sérieux à Madrid,
esthétique à Séville, il sut comprendre que ce ne serait pas lui la vedette du combat et abrégea donc rapidement son travail de mise en valeur du toro. Mais là n’est pas le sujet.
Le sujet est qu’il y eut dans les tertulias qui suivirent la corrida une polémique pour savoir si ce toro aurait dû être gracié alors qu’il avait gratté le sol avant de s’élancer prendre sa troisième pique, à plus de 20 mètres du cheval. Ceci explique peut-être que sur la plaque commémorative il est précisé que la grâce
fut accordée «  à la demande du public », comme si la Présidence s’était désolidarisée de cette grâce.
Avec l’ami Pierre nous rentrons maintenant de la feria d’Azpeitia et avons donc assisté à la grâce d’ALMIRANTE, toro de Murteira Grave, un vrai toro de 520 Kg, bien présenté et bien encorné, un beau toro de quatre ans et demi, véritable cocktail de luxe des sangs JP Domecq, Jandilla, Carlos Nuñez,
Mais quel changement !
Une mono pique précédant un tercio de banderilles sensationnel de COLOMBO et une faena vibrante d’une centaine de passes, « ALMIRANTE » tournant et retournant inlassablement autour du torero, chargeant la tête basse avec une noblesse permanente, ce qui lui attira la grandissante sympathie du public, la nôtre comprise, puis celle de la Présidence qui ne se fit pas prier outre mesure pour accorder la
grâce à ce toro portugais combattu ( ? ) par un Vénézuélien. Quelle différence en une quarantaine d’années !
Plus de tercio de pique. Zéro tercio de pique, mais une faena n’en finissant pas. Et pourtant ’enthousiasme du public et le nôtre fut la même car la taureaumachie évolue sans cesse. Faut-il le regretter ? Certainement pas, car elle évolue en parallèle avec la société, et nous-mêmes avons changé en quarante ans….
Supporterions nous aujourd’hui de voir les chevaux des picadors se faire embrocher et mourir éventrés en piste, recouverts d’une simple bâche ? A « l’invention du peto » les puristes dirent que la corrida était rentrée en décadence., et puis à « l’innovation de la taureaumachie immobile », par Juan Belmonte, dit-on, les mêmes puristes dirent que seul comptait un grand coup d’épée dans la croix, que le travail avec la muleta avait pour objet de préparer le toro à la mort, et non de faire des jolies passes. Regrette-t-on les progrès de la pharmacopée et de la chirurgie qui permettent aux toreros de prendre des risques, impensables dans le passé ?
Les toros de maintenant ont évolué également, à force de croisements ils sont moins forts, moins sauvages sans doute que ceux du début de la taureaumachie dans des arènes. Mais ils sont en tout cas « mieux présentés » que ceux des années 40 à 70 qui furent combattus par les figuras de l’époque aux noms illustres, de Manolete à Bienvenida en passant par El Cordobes, Ordoñez et bien d’autres. Il suffit de regarder les vidéos de leurs exploits pour s’en rendre compte. Et pourtant les aficionados les ont consacrés. Bien souvent ils ne supportent plus qu’une seule pique mais ils permettent aux matadors d’exprimer au mieux leur art. Ce qui compte c’est que de Jerez 1986 à Azpeitia 2024 l’enthousiasme du public reste le même pour demander et obtenir la grâce d’un toro.
« Panta rhei » écrivait le père de la philosophie Héraclite. Tout s’écoule, rien n’est immuable écrivait-il.
Ce qui compte c’est la vérité et l’émotion, à chaque époque les siennes. Et si « PREGONERO » reste gravé dans notre mémoire comme le dernier toro gracié « à l’ancienne », « ALMIRANTE » le restera sans doute comme un vrai toro gracié « à la moderne ».

EXIR.

PS : Une regret cependant : que la mono pique prive le spectateur des passes de cape, parfois sublimes car à toro ralenti, des matadors rivalisant aux quites après chaque pique. Autre regret : Que l’on dise que tel ou tel matador a gracié le toro. C’est le Président qui gracie à la demande du public, ce n’est pas le torero. Et pourquoi aller chercher une queue et des oreilles d’un autre toro tué pour les donner au torero ? Une vuelta fleurie avec le mayoral

« Pregonero » de Cebada Gago gracié en 1986 à Jerez de la Frontera; lidié par JA Espartaco (Azulejo posé sur les arènes de Jerez).

Hugo Alquié entre Cauna et Madrid à découvrir à Maurrin vendredi soir

Un nouveau nom venant de l’école taurine d’Adour Aficion va s’ajouter à la liste des novilleros. La peña Toro Cardeño dans les Landes vendredi va présenter Hugo Alquié que l’on croise depuis quelques années lors des capéas publiques. Il mène une vie entre le sud-ouest et l’école de Richard Milian et Madrid.

Hugo Alquié au centre de la photo

Un entretien avec lui pour le mieux le connaitre avant de le découvrir devant les becerros de la Ganaderia Alma Serena ce vendredi soir à Maurrin.

 » Bonjour Hugo, tu vas faire dans quelques jours ta présentation en public. Peux-tu te présenter ?

  • Hugo Alquié : Je vais débuter en costume de lumières à Maurrin, ce 9 août. Je suis originaire de Gavarnie, un petit village de montagne des Hautes-Pyrénées. J’ai donc grandi loin des Toros, ce qui m’a amené a débuter un peu tard, mais le Toro ne demande pas la carte d’identité. J’ai également suivi des études de langue espagnole, que je poursuis toujours en rédigeant une thèse sur la naissance de la presse taurine en Espagne et en France. Cela me permet de lier mes recherches au reste de ma vie, c’est passionnant d’explorer la tauromachie des XIXes et XXes siècles au fil des revues et des ouvrages d’époque, finalement il n’y a pas tant de différence avec ce que l’on peut vivre aujourd’hui dans les arènes.
    En parallèle, j’ai rejoint l’école Taurine du Maestro Milian, et c’est ce parcours et cet apprentissage qui nous permettent aujourd’hui de débuter en sans picador, à Maurrin.
  • N.C : Depuis quand tu as le « gusanillo » ? Quel est ton cheminement ton aficion pourquoi vouloir mettre l’habit de lumière ?
  • Hugo Alquié : J’ai beaucoup d’afición depuis petit, cela me vient de ma grand-mère avec qui j’ai une relation très forte, et qui sera là à Maurrin.
    J’ai toujours eu énormément d’admiration et de respect pour les hommes que je voyais dans l’arène, et finalement j’ai ressenti le besoin de vivre ces émotions à la première personne. Ce n’est pas une décision que l’on prend à la légère, car celà implique beaucoup, ce n’est pas un métier, ou une activité, mais un véritable mode de vie, un état permanent, et au final, ce n’est même pas un choix, mais une évidence, c’était là avant même de le savoir.
    C’est à la fois un honneur et une grande responsabilité que de pouvoir revêtir l’habit de lumière, ce n’est pas quelque chose d’anodin, il faut être à la hauteur de ce qu’il représente.
  • N.C : Une partie de ta vie est à Madrid, tu viens régulièrement chez le maestro Richard Milian pour te former à ton éventuelle carrière de torero ? Que t’apporte t’il alors que tu pourrais aller au Batan à Madrid ?
  • Hugo Alquié : Oui, pour mes études j’ai du passer quelques années à Madrid, mais j’ai toujours tenu à maintenir mes entraînements chez le « Maestro », ce qui a donné lieu a certaines anecdotes dont on se rappelle avec le sourire maintenant, surtout des pannes automobiles au beau milieu de nulle part. Chez le Maestro, c’est une véritable famille, c’était naturel pour moi de ne pas rompre ça malgré les difficultés que peuvent représenter l’éloignement et le temps de trajet.
    Le « Maestro », il nous connaît parfaitement, et sait quels sont nos points forts ou faibles, comment travailler avec chacun, etc… Il y a toujours une grande exigence, ce qui est pour moi, une des raisons du choix de cette école, une recherche permanente d’amélioration technique, mais aussi un travail plus personnel de recherche artistique, toujours accompagné par le « Maestro ».
    Finalement, c’est beaucoup de travail mais surtout beaucoup d’affection, il se construit une vraie relation
    .
  • N.C : Décris-nous l’habit de lumière que tu souhaiterais enfiler ?
  • Hugo Alquié : Depuis petit ,je suis tombé amoureux des trajes sangre de toro y oro, mais j’aime aussi beaucoup les costumes azul marino ou tabaco y oro.

Et maintenant avec Hugo, un portrait chinois :

Ton pasodoble préféré ?  » Suspiros de España « 
Ton arène de coeur ? « La Real Maestranza de Sevilla« 
Ton élevage ou encaste que tu apprécie ? « Santiago Domecq, surtout depuis Séville cette année« 
Ton ou tes maestros préférés ? « Rafael el Gallo et Curro Romero, en activité, Pablo Aguado et Juan Ortega »
Préfères-tu la cape ou la muleta ? « J’aimerais beaucoup dire capote, mais je me sens plus à l’aise avec la muleta »

Merci Hugo d’avoir pris quelques minute à répondre et qu’il y aura beaucoup de monde pour venir te découvrir cette fois devant les becerros « 

Texte et photos Nicolas Couffignal

XVI éme. Édition du toreo de salon estival de San Jose Del Valle

San Jose del Valle est une petite commune située au pied de la sierra de Cadiz dont l’attachement à la culture taurine n’est plus à démontrer. Hier soir donc, nous nous sommes retrouvés, à la fraîche, sur la place du village pour initer les enfants au toreo de salon. Le matériel : capotes , muletas et carreton est fourni par la Fondation Cultura Taurina de Jerez dont le président Rafael Valenzuela dirige la séance.

Quel bonheur de voir tous ces enfants, dont certains savent à peine marcher, se précipiter sur les outils et commencer à les manipuler sous les yeux émus des parents et grands parents assis sur les bancs de la place . Les gestes issus de l’inconscient collectif reviennent dans une région où l’aficion est fortement enracinée. Jouer au toro fait partie de la vie de ces enfants.

JD

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