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Madrid: MORANTE DE LA PUEBLA SEUL AU MONDE DES TOROS.


MADRID. 28 MAI 2025. TRADITIONNELLE CORRIDA DE LA PRESSE.
Arène comble, 28 degrés,
6 toros de GRACIGRANDE, bien présentés, tous de plus de cinq ans, s’employant souvent très bien à la pique, ceci expliquant peut-être cela, le premier extra, tous les autres trop désordonnés pour la tauromachie moderne faite d’immobilité du torero.


MORANTE DE LA PUBLA : ovation après pétition majoritaire et bronca.
TALAVANTE : silence et silence.
TOMAS RUFO : silence et silence.


Quelle chance nous avons de faire partie de cette génération qui voit toréer Morante de la Puebla. Dans quelques décennies, si la corrida existe toujours, les jeunes générations nous envierons, comme nous envions celle qui a vu toréer Joselito el Gallo. Car maintenant il faut
se rendre à cette évidence, Morante, 45 ans et 28 ans d’alternative à ce jour, est l’un des plus grands toreros de l’histoire de la tauromachie.
Un excellent toro noir de 582 kg, de cinq ans passés, et un génie en face, du début à la fin de son travail, telle fut l’après-midi madrilène à las Ventas.


Pour commencer des véroniques de réception liées, sans perdre un pouce de terrain, réduisant progressivement la charge. Morante arrive à faire des passes esthétiques tout en dominant son adversaire et en corrigeant ses défauts. Marque du génie.


Que dire de ce quite a cuerpo limpio pour sauver son banderillero poursuivi par le toro après une bonne paire de banderilles ? Du jamais vu à ce niveau. Marque du génie. Et que dire du travail de muleta ? Des doblones initiaux aux naturelles finales en passant par les passes de la droite liées dans le terrain choisi par le torero et non par le toro, avec un
sitio parfait. Et quoi ces trincherillas à faire palir Curro Romero lui-même ? marque du génie. L’estocade également fut quasi parfaite, en bonne place mais légèrement traversante et donc d’effet trop lente, nécessitant le recours au descabello, par trois fois utilisé mais
n’empêchant pas une demande d’oreille majoritaire, demande niée par le Président de la course. Et pourtant les bons aficionados savent que seule compte l’épée, le descabello n’étant qu’un outil pour hâter la mort du toro…

Après une telle œuvre mal récompensée Morante n’a rien tenté avec son deuxième adversaire intoréable, déclenchant la bronca du grand public.
TALAVANTE nous a semblé un peu sans envie avec ses deux toros, il est vrai eux aussi peu torérables.
TOMAS RUFO s’est efforcé à son second opposant mais sans succès.
Nous sommes là devant les difficultés crées pas les exigences de Madrid : sortir des toros de cinq ans passés pour avoir le poids et les armures voulues. A cet âge avancé les toros n’ont souvent plus envie de toréer, mais plutôt de cogner, tous les toreros le savent.

Mais parfois un de ces toros tombe sur un génie….
EXIR

NIMES: HOMMAGE AUX PIONNIERS

AFAP : à Nîmes, hommage aux « Pionniers de la Tauromachie Française » au Lavoir du Puits Couchoux le jeudi 5 juin à 11h…

Avec comme Parrain d’honneur de cette manifestation Alain MONTCOUQUIOL, l’Association Française des Aficionados Prácticos s rendra hommage cette année au Maire de Nîmes Jean Paul FOURNIER pour son soutien inconditionnel à la tauromachie et décernera la médaille de l’association française des aficionados prácticos à MARC SERRANO, matador de Toros Nîmois, à l’occasion de ses 25 ans d’alternative.

En outre, l’A.F.A.P. célébrera également les 150 ans de la création de l’Opéra CARMENT, de BIZET.

Exposition des muletas des enfants réalisées dans le cadre des actions de quartiers 2025.

A l’issue de la cérémonie, apéritif au Lavoir du Puits Couchoux (rue du Puits Couchoux, au-dessous du réservoir du Mont Margarot).

Madrid, Viva Colombia !

Plaza de toros de Las Ventas (Madrid). 16 ème de la Feria de San Isidro 2025. Plus de trois quart.

Toros de Dolores Aguirre, 

• FERNANDO ROBLEÑO, silence et pitos. 

• DAMIÁN CASTAÑO, silence et ovation 

 JUAN DE CASTILLA, vuelta al ruedo et ovation. 

Fernando Robleño a reçu une ovation pour ses adieux madrilènes à l’issue du paseo.

Blessure de Juan de Castilla au 3ème : 14 centimètres dans le dos et 4 points dans le pénis. Soigné à l’infirmerie il est sorti pour tuer le dernier.

La corrida de Dolorés Aguirre était présentée comme il se doit, harmonieuse, haute et longue, armée jusqu’au dent. Le sixième pesait 660 kilos. Au moral, sans l’accabler, nous dirons qu’elle aura déçu au cheval d’abord -où elle était très attendue-, aucun animal ne s’employant véritablement, tous accusant la puya, faisant sonner les étriers, sortant seuls après avoir contourné l’équidé. A la muleta il n’y eut guère que le lot de Castaño qui se livra un peu, sans beaucoup de transmission. Les autres développant le sentido habituel de la maison et développant ce peligro sordo qui est le cauchemar des toreros car il ne touche pas les asientos.

Professionnel, Robleño voyant la cause perdue d’avance, choisit la lidia sans chercher à briller. Il tua avec difficultés ses deux adversaires. Ce grand (par le courage) et admirable guerrier aurait mérité une autre despedida et les ultimes sifflets à l’égard de sa deuxième prestation certes décevante, sont irrespectueux et dénote de l’état d’esprit malsain d’une partie du public madrilène, celle qui se prétend éclairée…

Damian Castaño a touché le bon lot, en tout cas la meilleure paire. Il montra qu’il était à l’aise face à ce genre d’opposition administrant des séries courtes à son second passage de la droite surtout, isolées cependant et sans connexion réelle avec les tendidos. Il tua en deux fois et sa bonne volonté fut ovationnée.

C’est Juan de Castilla qui donna l’émotion que demande ce genre de rencontre amère le plus souvent. Sa jeunesse, sa détermination portèrent sur le public. Le troisième toro se jeta sur lui dès le première passe de muleta. Il le projeta par terre une première fois avant de revenir lui infliger une sévère correction. Le jeune colombien revint en short, passé dans le callejon, avec détermination et finit par imposer sa loi. Il tua en deux fois d’un estoconazo. Malgré l’émotion il y eut trop peu de mouchoirs pour une oreille qui aurait été pourtant une prime méritée au courage. Avec beaucoup de cran, sorti de l’infirmerie, Juan ira à porta gayola face à un animal de 640 kilos, pour son deuxième passage. Le pupille de Dolorés se réfugiant aux planches, il abrégea.

Il faut le dire: Juan de Castilla que l’on verra à Vic et Mimizan notamment a fait honneur à la Colombie un pays merveilleux, qui a une histoire tauromachique remarquable avec des toreros illustres comme César Rincon, Luis Bolivar ou Pepe Caceres qui ont inspiré des artistes universels comme Botero ou Garcia Marquez. Une histoire que la dictature actuelle veut éradiquer sans vergogne.

Face à ces mesures liberticides, Juan de Castilla a montré la vitalité de la tauromachie colombienne faite de courage et d’entrega.

Viva Colombia !

Pierre Vidal

Séville: Juan Carlos Tirado gagne la finale des novilladas du Circuit andalou

Plaza de toros de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla, Séville. Finale du circuit de Novilladas de Andalucía 2025. Plus d’un tiers. Novillos de José Luis Pereda.

• CID DE MARÍA, silence et silence.

• MARTÍN MORILLA, silence et vuelta al ruedo après avis

 CARLOS TIRADO, oreille et oreille.

Le banderillero Raúl Francisco Martín a salué au second

Le cyclone de Jerez au quite pour tirer son torero Martin Morilla d’un mauvais pas.

Cordoue: Grande après midi de toros

Plaza de toros de Cordoue. Troisième et dernière de la Feria de la Salud 2025. Lleno. 

Toros de Domingo Hernández,

JUAN ORTEGA, deux oreilles et ovation.

• ANDRÉS ROCA REY, deux oreilles après avis et ovation.

• MANUEL ROMÁN -qui prenait l’alternative’, oreille et palmas.

Il y a des jours comme ça… Les difficultés à la mort des trois derniers toros privent Cordoue d’un final en apothéose de sa feria de la salud.

Tout avait pourtant magnifiquement commencé.

Une corrida homogène de Domingo Hernandez et trois toreros de personnalités différentes et complémentaires. Et une arène quasiment pleine.

Les banderilleros de Roca Rey ont salués à chacun de ses toros.

Commençons par le récipiendaire de l’alternative, Manuel Roman. Je l’avais vu pour sa première novillada piquée dans la Maestranza de Séville en juin 2023. Il m’avait impressionné par la profondeur de son toreros. Il n’a rien perdu de son talent. 

Aujourd’hui il a hérité du lot offrant le moins de possibilités. Dans un costume sang de toro et or, il démarre par une série de derechazos templés qui déclenchent la musique. Le toro montre rapidement sa faiblesse. Final dans les terrains de proximité avec deux circulaires inversées. Oreille malgré un pinchazo. Avec le sixième, le toro proteste dès la deuxième série. À gauche, il parvient à le faire se livrer et se détache une deuxième série de face. Échec à l’épée qui le prive de sortir par la grande porte avec ses compagnons de cartel.

Juan Ortega a été inspiré tout l’après midi. Il montre son temple à la cape avec le second. Un toro mais qui bénéficie d’un recorrido plus long à gauche. On détache une série démarrée par la passe des fleurs, changement de main et des naturelles templées. S’en suit un final par des allers retours sur la main droite en rien trémendistes car marqués du sceau de l’élégance. Entière bien portée, deux oreilles.

Avec le quatrième, on retiendra une réception à la cape genou flèchi, un quite par tafalleras et un final par quatre molinetes et le pecho. Du Juan Ortega des grands jours. Échecs à l’épée, salut.

Roca Rey est dominateur dès les premières passes de cape. Il bénéficie du troisième toro avec le plus de fond. Le toro accroche la cape à la quatrième véronique, il la rattrape au vol et enchaîne deux chicuelinas serrées. Il reprend de la distance et en enchaîne quatre. Brindisi à José Luis Moreno, début à genou avec une demie douzaine de derechazos avec un cambio por la espalda, un changement de main et un pécho. Du grand Roca Rey. La suite est du même niveau avec des séries de derechazos généralement commencés par une trinchera qui place l’adversaire à la bonne distance. Vient à la fin une série à droite avec changement de main dans le dos et des naturelles des deux mains après avoir lâché l’épée factice. Des bernardinas serrées et deux oreilles malgré un pinchazo.

Le cinquième a moins de fond. Début par doblones en gagnant le centre. Série à droite main basse au ralenti. Idem à gauche. Le toro est vite essoré et finit par fuir le combat. Le mauvais usage du descabello réduit la récompense à un chaleureux salut.

Une grande après midi de toros qui ne se reflète pas dans les chiffres.

Michel Naudy

Madrid: Grande confirmation de Diego San Roman et oreille pour Roman. 

Las Ventas, Madrid le 25 Mai 2025. Corrida de Fuente Ymbro pour:

Curro Diaz, espagnol de Linares,vêtu de rose pâle et or. 

                                                                   Roman, franco-espagnol de Valencia vêtu de sangre de toros et or. 

                                                                   Diego San Roman, mexicain de Querétaro, (confirmation à Madrid). Vêtu de pervenche et or 

Toros sérieux et très armés d’un poids moyen de 566kg. Le premier toro, celui de la confirmation d’alternative, est le plus lourd du lot, 590kg. Décastés et mansos les 2, 3,4 Intéressant le 1er , racés et forts les 5 et 6.

Résultat: San Roman: Salut au tiers,et ovation. 

                  Curro Diaz: silence et silence 

                  Roman: Silence et une oreille (unanime) 

Une fois de plus un quasi plein, public composé de quelques centaines de mexicains venus s’ajouter assister à la confirmation d’alternative de Diego San Roman à Madrid.  Grade supérieur que beaucoup de bons toreros n’ont jamais pu atteindre, souvenez- vous, le grand Pana n’a jamais confirmé à Madrid et à soixante ans il avait au fond de lui ce regret. 

Diego, lui, a démontré face à des toros très durs qu’il était prêt à mourir pour réussir ce rite de passage.  D’un courage sec, d’une vigilance sereine face aux cornes il a été magistral et tant sur le premier que sur le sixième on a vu ce qu’est un torero qui ne croule pas sous les millions de dollars. Merci maestro pour cette “forma de ser “comme disent les hispaniques, une façon d’être aussi évidente que la” forma de torear” . 

 Plusieurs fois la corne a frôlé le visage, le gilet, plusieurs fois beaucoup auraient coupé là, changé de terrain, Diego san Roman avait décidé que le 6eme, par exemple, cèderait à son” mandon” sur la corne gauche et il y est parvenu, le toro a cédé, obéi, quelle merveille face à ces cornes en gratte- ciel, et le garçon ne bronche pas,  ni forfanterie ni moue de déception, il a accompli  ce pourquoi il était venu: combattre avec art deux toros et mourir s’il le fallait.Aucun desplante vulgaire. 

Roman est un formidable bonhomme, osant citer  depuis le centre le 5eme excellent toro du señor Ricardo Gallardo, lui donnant tout l’espace et la confiance nécessaires pour le rapprocher et le soumettre enfin après avoir subi sur des naturelles nombreuses et autoritaires une volterta à faire frémir.  Diego san Roman a volé , a cuerpo limpio, à son secours, Roman a terminé l’ouvrage et triomphé, une oreille qui en valait bien deux dans certaines plazas moins regardantes. 

Ce n’était pas le jour de Curro Diaz dont on a pu cependant admirer le sens profond d’une tauromachie presque “à l’ancienne”. Il a toréé dans les planches comme San Roman a lui aussi tué aux tablas parce que les toros dont il a hérité avaient élu querencia aux barrières, cherchant la sortie en tentant le saut dans le couloir… On a aimé sa capacité à juger des qualités ou des défauts de ses toros, mais cela ne lui a pas fait prendre le pouvoir sur eux.  une fois de plus les toreros qu’il nous a été donné de voir ont été parfaitement à la hauteur pour résoudre les problèmes que posaient les toros. Mais certains problèmes, le manque de caste, la mansedumbre, la faiblesse, la soseria  , tout cela est hors de la portée du meilleur.   

Physiquement les toros de Madrid sont toujours impeccables, mais moralement…. 

J’oubliais les quites par gaoneras  ou tafalleras, le capote arraché des mains de Curro Diaz qui ne veut pas lâcher et manque se faire prendre, et les débuts de faenas à genoux de Roman et … et… 

Et quelques belles paires de banderilles de David Blazquez ou de Gomez Escorial. Voilà aussi pourquoi, messieurs on vous aime et vous respecte.  La corrida est un univers étrange  ou  règne le courage et la beauté disait a peu près je crois Garcia Lorca, en ajoutant que la haine en etait toujours absente. Viva la fiesta brava! 

Jean François Nevière 

Fiesta Campera de Montsoué

La Peña Cap Afición convie les passionnés de tauromachie à sa traditionnelle Fiesta Campera, qui se tiendra le jeudi de l’Ascension dans les arènes de Montsoué.

Parmi les invités de marque, Juan de Castilla fera vibrer les aficionados avant ses prestations dans les arènes du Sud-Ouest cet été. À ses côtés, le talentueux Solal ainsi que les jeunes espoirs de l’école taurine Adour Afición et de l’école Oscence de Huesca.

Le bétail sera composé de deux erals de la Ganadería Roland Durand et de vaches de la Ganadería Buros, garantissant un spectacle rythmé et intense. Avec une programmation mettant en valeur la transmission du savoir et l’esprit de la tauromachie

Nicolas Couffignal

JEREZ: LE LION DE LIMA SAUVE LA VIE DE « LABRIEGO »

Jerez quatrième et dernière de la féria del Caballo. Lleno de no hay billetes.

6 toros de Jandilla,  le sixième, ‘Labriego’ nº141, 520 kilos, né en 01/21 sera gracié.

Photo M.B.

 MORANTE DE LA PUEBLA, silence et une oreille avec pétition de la seconde.

Photo M.B.

 ALEJANDRO TALAVANTE, deux oreilles et oreille.

• ANDRÉS ROCA REY, silence et deux oreilles symboliques.

Les banderilleros ‘Viruta’ et Paquito Algaba ont salué au troisième. Antonio Chacón au sixième.

Photo MB

Le soir tombait, les hirondelles plongeaient sur le coso, dessinant leurs arabesques. Nous n’en pouvions d’enthousiasme, de joie, d’admiration… se levèrent alors quelques mouchoirs et quelques cris d’indulto puis, bientôt, la plaza entière blanchit de pañuelos et ce fut un cri en faveur de la la grâce unanime. Alors du palco tomba le mouchoir orange et le brave « Labriego » sauva sa peau. Roca le mena tranquillement à la porte du toril qu’il franchit sans se faire prier pour rejoindre les verts pâturages de la dehesa et les vaches promises.

Cet épilogue glorieux d’une féria historique fut scandée par les palmas por bulerias qui firent frissonner les murs de la vieille plaza et chavirer les cœurs les plus endurcis. Bientôt la jeunesse jerezana descendit des tendidos et se précipita sur le sable pour accompagner le héros venu du Pérou dans la vuelta du triomphe, partageant avec lui instant de sa gloire.

Le lot de Jandilla inégal dans sa présentation avait néanmoins plus d’allure que celui de la veille. Au moral il y eut trois excellents éléments les seconds, cinquièmes et sixièmes. Le premier s’arrêta après deux piques sévères (avec batacazo), le troisième noble mais soso, le quatrième avait du genio.

On ne pensait pas Morante capable d’un doublé après le sommet de la veille. Il l’a pourtant frôlé et s’il n’a pas obtenu une nouvelle grande porte, on le doit au manque de sensibilité du palco, trop économe cette fois. Car sa seconde faena fut un modèle du genre, bâtie d’une autre manière que le chef d’œuvre de la veille. L’opposant avait son quota de vices cachés que le cigarerro sut parfaitement dominer pour bâtir un ensemble fluide, luieux, à màs. Il s’appuya sur la corne droite de l’animal, la plus amène, le conduisant au centre où il effectua l’essentiel de labeur, terminant (mais oui !) par un recibir qui certes ne fut pas parfait (une demie lame) mais concluant. El de La Puebla est dans un grand moment: décidé, créatif, expérimenté, il incarne le toreo idéal comme il l’a largement montré à Jerez.

Tout autre chose avec les manières de Talavante qui chauffa la salle lui aussi lors de son premier passage. L’excellent opposant de Jandilla lui permit de montrer sa facette la plus agréable: son côté vif-argent, ce goût de l’improvisation, ses clins d’œil au public sans racolage, mais avec un sens du rythme, une désinvolture plaisante. C’est un séducteur patenté et on oublie dans ses bons jours (s’en fut un) les quelques facilités qu’il se donne. Il tua le cinquième en deux fois.

Andrés Roca Rey n’a pas manqué sa présentation jerezana et le public porta le Péruvien, sans ces acrimonies, ces réticences iniques qui pèsent sur les épaules du jeune péruvien. Dans ce climat de confiance, le jeune péruvien se donna au maximum à la cape par véroniques, saltilleras et gaoneras puis à la muleta face à l’ultime. Faena importante bâtie de manière lucide en citant de loin à genoux pour débuter puis raccourcissant le terrain et se plantant dans les cornes où il excelle là où personne ne va (sauf lui !). Le toro répondant avec classe à ses avances, Andrés enchaîna les circulaires inversées, les arrucinas hallucinantes, les improbables changements de mains. Toujours dans les cornes avec une absolue sincérité à laquelle le public se rendit.

Ainsi, le chercher à tout prix, par la force de son indomptable courage, le lion de Lima sauva la vie de « Labriego »…

Pierre Vidal

Cordoue: Perera par la porte des Califes

Plaza de toros de Córdoba, Andalucía. Deuxième de la Feria de la Salud 2025. 1/2 entrée.

 Toros de El Pilar

• MIGUEL ÁNGEL PERERA, ovation et deux oreilles.

• EMILIO DE JUSTO, ovation et ovation.

• BORJA JIMÉNEZ, vuelta al ruedo et ovation.

Seulement une demie arène pour Miguel Angel Perera, Emilio de Justo et Borja Jimenez avec une corrida de El Pilar homogène à tous points de vue. Qu’il s’agisse de présentation, 540-530kg les deux premiers et 500-510 les suivants. Du moral, bons pour les toreros même si le premier a avisé deux fois à gauche dès les premières passes de ce côté. Et de la faiblesse, parler d’un manque de force serait un euphémisme. La palme revient aux deux premiers sans carburant dans le moteur au bout de seulement deux séries… Dans ces conditions, inutile de dire que les deuxièmes piques ont été symboliquement réglementaires. Les premières des 4e et 5e ont été légères. Quant au 3e et 6e, simples picotazos avec le manche vite relevé. Il est à noter toutefois que les toros n’ont pas développé de genio défensif comme leurs frères, certes plus âgés, lidiés à Madrid il y a deux semaines.
Miguel Angel Perera est dans un grand moment de maturité qui lui permet de s’adapter aux conditions de ses adversaires avec justesse et sobriété. Il a eu le mérite à son premier de ne pas insister dès que son opposant a baissé de niveau. Une entière bien portée lui a permis de saluer au tiers. Le 4e ménagé à la pique lui a permis une faena complète terminée par des luquecinas serrées au ralenti. L’estoconazo à lui seul valait la deuxième oreille.

Emilio de Justo est un torero puissant qui a besoin de toros avec un minimum de transmission pour que ses faenas prennent leur essor. Malgré la qualité de son toreo, ce n’était pas le cas aujourd’hui, avec en plus une mise à mort plus délicate au 5e.
Borja Jimenez, en plus de sa qualité artistique et de son courage, déborde d’envie. Ça se reconnaît et cela transmet. À noter au 3e une série de naturelles avec la muleta balayant le sable puis un enchaînement proche du tres en uno: passe des fleurs, trincherazo, changement de main pour une naturelle. Au 6e, début par des cambios por la espalda, et une grande série à droite conclue par un pecho de la tête à la queue. Des difficultés à la mort ne lui ont pas permis de triompher : vuelta et salut.

Pierre Vidal

Madrid, à Pablo le duel des artistes

Madrid. Mano a Mano : Juan Ortega/Pablo Aguado. Lleno de no hay billetes. Plaza de toros Las Ventas. Samedi 24 mai 2025. 

Toros de Juan Pedro Domecq et Torrealta (6º),

• JUAN ORTEGA, silence, silence et silence après avis.

• PABLO AGUADO, silence, ovation et oreille.

Une première réflexion s’impose, depuis le début de ce cycle isidril 2025 six fois sur treize on a enregistré des  llenos absolus,des No hay billetes qui font enrager les ennemis de la corrida et démentent le mensonge délibéré selon lequel les gens fuiraient les arènes ! Partout les gradins sont pleins ou presque, , Ce soir encore pour un mano a mano d’artistes les 22000 places de Las Ventas sont presque remplies . 

Toros de cinq ans (oct 19 à Jan 20) très également répartis en poids couleur de robe et armures entre les deux  maestros.Poids moyen :555kg, musculeux, longs, sérieux.Deux plus hauts et lourde, simplement la différence vient de ce que Juan Ortega hérite de 3 Juan Pedro Domecq et Pablo Aguado du sicième, un Torrealta. 

Alors faisons comme si  tout allait bien ou mal ,ou s’il était normal de voir défiler cinq premiers toros de poids correct, bien faits, armés finement   vers l’avant ou vers le haut, mais tous sans caste, mansitos, faisant croire une fois qu’ils allaient pousser au cheval mais non.. Qu’ls allaient embister dans les capotes mais non, et je fais le malin, le torero essaye, honnêtement il essaie, mais même les banderilleros qui tous les soirs jusqu’ici se donnaient du mal, à quelque cuadrilla qu’ils appartinssent , n’ont pas tenté grand-chose. Tout n’était pas leur faute, Ivan Garcia s’est méfié non sans raison de deux des toros d’Aguado, El Victor s’est fait.. toucher bousculer accrocher.. Enfin disons- le en dehors de quelques gestes élégants, de quelques quites  par chicuelinas ou delantales de l’un et l’autre de ce mano a mano, on ne vit pas grand-chose et on entendit rouspéter les gradins, et les gradins ne sont pas toujours des gredins. 

Je vous épargne les détails des faenas, un coup à droite deux coups à gauche, des épées dont on peut éviter de donner la description, en avant, sur le côté, mete y sacca, une demie, un tiers, deux pinchazos   bref, il a fallu attendre le toro de la tarde, Tabellino, 575 Kg, Noir cendré, superbe . 

Pablo Aguado  l’a tout de suite senti comme un allié futur, pour cela il fallait donner des consignes au piquero qui n’en a pas tenu compte et a carioqué de facon  à réduire  le port de tête de l’animal.Cela en douce appuyé aux tablas en faisant bien  tourner la pique. 

Tabellino avait heureusement des réserves de force et de noblesse teintée de bravoure et de danger. 

On vécut une faena sévillane douce limpide  templée donnée avec intelligence et science à un toro que les belluaires auraient combattu comme un ennemi, alors que , cela se voyait au sourire de Pablo Aguado, il voulait s’en faire un partenaire de jeu mortel, certes, mais un partenaire. 

Tous les autres toros avaient été plus ou moins sifflés à l’arrastre, les toreros avaient tous les deux écouté le silence assourdissant de Las Ventas.  Aguado fur très fêté,  reçut une oreille de Tabellino qui lui aussi fut acclamé ! C’est peut-être aussi pour Tabellino que nous supportons tant de Samourai, Montilillo Oxidudo . Et on ne sait jamais, jamais, ce qui va sortir des chiqueros.. 

Demain je vous retouve pour les Fuente Ymbro ,Curro Diaz,Roman, Diego San Roman. A demain ! 

Jean François Nevière

 

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