Après une journée de vendredi passionnante, la biennale de RONDA a repris son cours samedi toujours avec la même hauteur. Les débats ont commencé par une prise de parole de Francisco GALLARDO ancien capitaine d’infanterie qui lors de sa campagne en Bosnie a fondé le club taurin de Medjugorge en Bosnie Herzegovine, et actuellement s’occupe de plusieurs entités taurines sur MALAGA. Le thème de son intervention : l’armée et les toros leur univers commun, lui a permis tout d’abord de remonter aux origines militaires de la tauromachie, l’entrainement à la guerre de la noblesse, puis démontrer les nombreux points communs entre les deux activités. Il a en particulier rappelé toutes les valeurs qu’ont en commun militaires et toreros, discipline, rigueur, entrainement, puis la solidarité entre toreros comme entre combattants, le don de soi et l’abnégation pour sauver un camarade. Il s’agit là de vertus qui ont tendance à disparaitre dans notre monde moderne. Une fois encore les auditeurs ont pu toucher du doigt le haut niveau humain de nos toreros qui comme les militaires ne peuvent exercer leur profession que par vocation.
Ces valeurs nous les avons retrouvés au cours de la table ronde suivante entre trois jeunes toreros David GALAN, David de MIRANDA et Rafa SERNA débâtirent du difficile chemin jusqu’au triomphe Ce triomphe qui est certes important pour eux mais pas un aboutissement en soi, ayant toujours à apprendre et à s’améliorer. Venus d’horizons différents fils de torero pour l’un neveu de ganadero pour l’autre et petit-fils d’aficionado pour le troisièmes leurs trajectoire sont différentes mais ont en commun la même abnégation et le perpétuel dépassement de soi.
Si la trajectoire est compliquée pour les hommes, que dire pour une femme, c’était là le thème de la conférence de Muriel FAINER, américaine d’origine, photographe taurine et autrice entre autre d’une somme volumineuse sur la femme dans le monde du toro. Elle nous parla tout d’abord des débuts souvent méconnus de l’entrée des femmes dans le ruedo dès le 18ème siècle où une femme torea à cheval au 19ème elles furent un certain nombre à combattre à pied avec un succès certain. Toutes fois bien sûr à l’époque il n’était pas question qu’une femme puisse tuer un toro un sobresaliente étant là pour la suerte suprême. Il faudra attendre le vingtième siècle et Conchita CINTRON pour secouer le monde masculin du toreo européen, l’Amérique du sud étant plus laxiste en la matière. Cristina SANCHEZ amie de la conférencière fut la première matadora à prendre son alternative, mais en France, même si elle confirma parla suite à MADRID. Il faudra attendre encore un peu pour les premières alternatives espagnoles. A l’heure actuelle il y a plusieurs toreras en novilladas et les écoles taurines comptent de plus en plus d’élèves féminines.
Ce cycle de conférence se termina par l’intervention de Guillermo BOTO, afficionado réputé tant au toro qu’au flamenco dans sa province de CADIX et bien au-delà. Son intervention portait sur l’origine du flamenco qui pour lui ne peut être que taurine. La thèse est contestée mais la démonstration fut brillante, textes à l’appui le Docteur BOTO a démontré que lors des débuts du flamenco on retrouvait toujours des toreros comme acteur des prestations et l’inspiration taurine ne fait pour lui aucun doute.
C’est par cette brillante intervention que se clôturèrent les travaux en amphithéâtre de cette cinquième biennale. A la suite lors d’un succulent diner de gala furent récompensés de nombreux acteurs du monde taurin parmi eux citons pour l’ensemble de leur carrière Jose Luis GALLOSO et RUIZ MIGUEL. Pour ses deux dernières temporadas MORANTE DE LA PUEBLA, révélation de la temporada Juan ORTEGA et Tomas RUFO, meilleure faena Emilio de JUSTO, les rejoneadors Guillermo HERMOSO DE MENDOZA et Diego VENTURA.

Il n’est pas question qu’un tel évènement ne se termine pas sur l’albero. L’acte final de cette biennale fut donné dans la coquète placita de CORTES DE LA FRONTERA par un tentadero de bétail de la ganaderia de ALBERREAL. Cinq vaches d’origine MARQUES DE DOMACQ furent torées par David GALAN, Rafa SERNA, Javier OROZCO et CALERITO. L’ambiance fut presque celle d’un festival avec musique timbales et clarines. L’environnement pourrait paraître compliqué pour un tentadero mais permit aussi d’apprécier le sérieux du bétail. On put en particulier noter la bravoure de la troisième qui s’élança au galop pour la troisième pique depuis la porte des torils.
Suite à cette tienta les congressistes se sont quittés après un excellent repas dans l’auberge du village.
Un regret toutefois celui de ne ne pas avoir rencontré plus de compatriotes pour profiter d’une manifestation aussi dense et d’un niveau aussi élevé.
Jean Dupin