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Morenito de Aranda à Madrid après Aire

La cartel de la corrida du 23 juin à Madrid est désormais connu Morenito de ArandaFrancisco José Espada et Juan de Castilla face aux toros de Valdefresno. Rappelons que Morenito sera dimanche à Aire-sur-l’Adour où il est très attendu après son triomphe vicois (3 oreilles). Il sera confronté aux toros de Peñajara avec Dorian Canton et Enrique Colombo. Un très beau cartel sur lequel nous reviendrons.

Après San Isidro

Le marathon madrilène de la San Isidro est derrière nous. Son bilan est contrasté. Du point de vue commercial, économique disons populaire, c’est un succès avec 565 400 spectateurs et 13 llenos de no hay billetes malgré une nette augmentation du prix des entrées et la présence des caméras de télévision de Onetorotv et Télémadrid. Il a eu de nombreux “people”, singulièrement du monde du football mais aussi des hommes politiques de tous les bords, des artistes, chanteurs ou autres qui se sont parfois exhibés au callejon ou plus discrètement assis dans les gradins. La Ventas the place to be.

Ce succès dans la première arène du monde est remarquable. Il marque l’enracinement de la tauromachie dans son propre pays, il en fait, malgré sa singularité, un spectacle de masse qu il devient difficile à attaquer et qui est une sorte de phare pour la corrida dans le monde et notamment pour l’Amérique Latine où sa survie s’avère précaire. De ce point de vue la présence d’Isaac Fonseca au palmarès comme meilleure estocade est non seulement méritée mais aussi porteuse d’avenir.

Sur le plan artistique on a plus connu hélas! de bas que de hauts et les tardes ont été souvent ennuyeuses, sans émotions. Le fameux « toro de Madrid » y est pour beaucoup. Sous la pression d’un secteur du public contestataire par essence, la présentation devient une sorte d’obsession exagérée ; parfois hors du type au détriment exemple de corridas comme celles de Victorino Martin et d’Adolfo atacada de kilos qui n’ont pas donné le jeu attendu. Il y a eu aussi des choix de ganaderias celui de Roman Sorando, pour le jour des « artistes » s’est transformé en pétard sonore. Il est assez symptomatique qu’il ait fallu chercher une novillada pour la coller au palmarès du meilleur ensemble; celle de Fuente Ymbro réellement encastée, pour le coup.

Borja Jimenez est déclaré triomphateur de la féria c’est certain sa Puerta Grande a plus de poids que celle de Fernando Adrian qui, même s’il nous a plu n’a pas atteint les sommets du torero d’Espartinas. Celui-ci n’est pas une révélation véritable mais son toreo viril, dominateur ainsi qu’esthétique parfois est justement récompensé. Deux autres toreros auraient mérité le tableau d’honneur Roman au courage de lion comme Manuel Escribano le torero de Gerena durement méprisé par une présidence inique. Il ne faut pas oublier les prestations de toreros consacrés comme Miguel Angel Perera dont les mérites ne sont jamais assez célébrés, de Talavante qui renaît de ses cendres, de Castella impavide dans la malchance, de Tomas Rufo aussi une véritable promesse. Il y a d’autres noms qui auront plu, plus ou moins, selon le goût de chacun. Nous ne nous voulons pas exhaustifs… mais nous ne saurions oublier la grande révélation du torero gaditano David Galvan.

Les présidences qui se sont succédées au placo ont multiplié les impairs : le plus gros fut le refus d’accorder la seconde oreille à Borja Jimenez et le mouchoir bleu à « Dulce » toro de Victoriano exceptionnel. Mais ce n’est pas la seule, il y eut des pétitions majoritaires non honorées -Escribano par exemple-, des remplacements de toros injustifiés et des changements de tiers intempestifs.  L’immense pouvoir dont jouissent les présidences qui font ou défont les dures carrières des toreros devrait être mieux calibré, leurs jugements devrait s’appuyer sur des critères objectifs et s’accorder entre ceux qui se succèdent à cette lourde responsabilité.

Grace à Antonio Arévalo, Exir, Jean François Nevière, Charles Figini, Jean Dupin et moi-même vous avez pu suivre dans nos colonnes TOUS les spectacles de cette importante féria et vous avez été très nombreux à le faire consolidant ainsi notre site.

Merci à tous.

Pierre Vidal

Madrid, Puerta Grande pour Fernando Adrian

Madrid le 9 juin. Corrida placée sous le haut patronage de l’Infante Elena.

Mano a Mano entre  Sébastien Castella, lilas et or. Ovation, silence et silence et  Fernando Adrian, blanc et argent. Oreille,silence, oreille, Puerta Grande

lleno de no hay billetes ( 13ème édition de cette San Isidro).

Beau temps, sans vent, 25°.

Toros de Garcigrande les 1,2,4,5,6 et de El Pilar le 3.

Poids moyen de 545 kg à l’exception notable du sixième, 597 kgs et 5ans et demi.

Comment aborder cette chronique autrement qu’en dénonçant une fois de plus la faiblesse , le manque de force et de race des toros et tout particulièrement les fragilités des antérieurs (les mains des toros) pratiquement à chaque animal.  Le pire ayant été le toro de chez Fraile, d’El Pilar, qui cumulait tous les défauts, mansedumbre, décasté, faible, derrotant, fuyard etc..

Et si au lieu de se répéter à propos des lacunes des 3,4 et 5 on disait deux mots agréables sur le 1 qui échut à Castella?

Pas bien joli ce colorado claro mais le maestro qui l’a tout de suite jaugé a demandé à son picador de ne pas forcer la dose de fer. Castella est un très grand capotero et distribue avec suavité et rythme des natuelles  bien conclues par une larga magnifique.

Adrian vient au quite et montre que lui aussi, par chicuelinas et tafalleras il sait parler “toro”.

La faena de muleta est très élégante, initiée à gauche avec changement de main.

Cité de loin et de face les muletazos de Sébastien castella sont très doux, mais autoritaires démontrent à quel point le matador français est poderoso. Avis, echec à l’épée, c’est rare mais ça arrive aux meilleurs.

Le second, pour Fernando Adrian est reçu à genoux, largas afaroladas six fois de suite et le public, étrangement ne bronche et n’applaudit que lorsque le matador se relève. Le toro se couche sur le flanc tout seul, Adrian insiste et torée de verdad, faisant plusieurs fois passer l’animal dans son dos et termine, imitant Castella à son premier par un desplante dans les cornes, les outilsjetés loi derrière lui. Final par Bernadinas, le toro va a mas, on se sent mieux , on espère pour la suite, grande épée et OREILLE.

les trois suivants seront des invalides, le troisième dont hérite le malheureux Sébastien est bien banderillé par José Chacon deux fois et il doit saluer, très justement. Pour le reste, soseria. Le bicho derrote, donne des hachazos à hauteur d’homme…Faena impossible charge brouillonne, Pinchazo, entière et descabello.

Sifflé à l’arrastre. Le suivant un Garcigrande tout noir et pas vilain mais invalide qui tombe plusieurs fois, bien que peu piqué.

Le 5ème, pour Castella, un joli noir de 4 ans nommé Pistolero va t il nous enchanter ?

D’une noblesse infinie, mais si décasté et faible que Castella doit lui laisser de longues poses entre les passes. Le toro avait la bouche ouverte dès son entrée en piste, le final laisse des regrets, avec un poil de hardiesse c’aurait  pu être  un toro intéressant. Mais rien, non, rien de rien, trois muletazos, une pose de 2 minutes, trois muletazos, et une épée en se mouillant les doigts, le toro plonge sur le sable , lamentablement.

Vint le 6 ème, LE  toro de la tarde, un grand Garcigrande de 597 kgs et presque 6ans, fort, charpenté, qui dura , lui, bien fait, hechuras parfaites.  Adrian devait triompher avec lui et joua le tout pour le tout, ce qui lui réussit puisque , coupant une belle oreille parfaitement méritée il obtint la sortie par la Puerta Grande.

J’aimerais savoir au cours de cette San Isidro sur les 125 toros combattus, combien ont mérité de rester dans nos mémoires de 2024, un Santiago Domecq, un Victoriano del Rio, Dulce pour Borja Jimenez et deux ou trois autres, c’est peu, non?

Jean François Nevière

Madrid: RIEN A CHRONIQUER…


MADRID – 8/06/2024
Corrida hommage à la police nationale pour son 200° anniversaire (!), minute de silence et hymne national à l’issue du paseo.
21°, vent, Arène pleine pour la 13° fois en cette San Isidro.
Toros de ROMAN SORANDO 572,564,593,578,554,541Kg, robe variée, de 4 ans, les 3 et 5, à quasi 6 ans, les 2,4 et 6 en passant par 5 ans, le 1. Carrure et cornes conformes aux exigences madrilènes. Du Domecq pur, noblesse mais faiblesse, parfois extrême. Pas de race. Mansos.
 Mouchoir vert au 3° d’une faiblesse insigne, remplacé par un sobrero de José Vasquez de 6 ans. José Vasquez, la plus vieille ancienneté d’Espagne, 1788, mais encore du Domecq depuis quelques années, faible et sifflé lui aussi à son départ.
Mouchoir vert au 6° aussi faible, remplacé par un sobrero de MONTALVO de 5 ans et 586 kg, intoréable lui, visiblement avisé, sans doute ayant séjourné trop longtemps dans les corales.
 Pour :


DIEGO URDIALES, saumon clair et noir, silence et silence.


JUAN ORTEGA, vert printanier et or, silence et silence.


PABLO AGUADO, noir et argent, gilet or, silence
Tous les toros sifflés à leur départ.
Bronca et jets de coussins de dépit à l’issue de la corrida.  
 
Cet après-midi Madrid a touché le fond du fond avec ces toros de Roman Sorando infumables.
Ce n’était pas la peine de faire venir trois toreros classés « artistes » pour ne pas leur offrir du bétail leur permettant de s’exprimer. Trois toreros si brillants à la feria de Séville.
Pas une passe de cape, pas un quite artistique, cinq ou six passes de muleta conformes en tout pour l’ensemble de la corrida.
Nous avons rarement vu un tel désastre ganadero. En général il y a toujours un toro, pas forcément le cinquième, qui sauve l’après-midi. Mais là, aucun.
Le public n’en pouvait plus, réclamant des toros, et nous avec.
Et comme en plus les deux toros remplaçants ne voulurent pas faire d’ombre à leurs congénères, l’ennui fut total.
Il va donc falloir que la police, à laquelle les organisateurs avaient voulu offrir un hommage, ouvre une enquête sur cette après-midi désastreuse et trouve le ou les coupables.

Exir

Madrid, Borja Jimenez première Puerta Grande de la féria

Plaza de toros de Las Ventas. 25ª corrida de la Feria de San Isidro. Corrida de la Cultura. Lleno de ‘no hay billetes’.

Toros de Victoriano del Río, 5ème bis de Torrealta

EMILIO DE JUSTO, palmas après avis et silence après avis.

BORJA JIMÉNEZoreille et deux vueltas al ruedo après une forte pétition de la seconde et bronca au palco et oreille. Puerta Grande.

ROCA REY, palmas après avis et silence.

Une fois encore le scandale vint du placo d’une injustice crasse avec Borja Jimenez qui avait bien gagné sa deuxième oreille et avec le ganadero dont le toro aurait du faire une vuelta. La veille nous avions vu une pétition majoritaire en faveur de Manuel Escribano sans récompense. Ça commence à faire… L’incompétence comme la suffisance de ces messieurs du palco est insupportable, leur manque d’aficion les disqualifie. Elle ne peut s’expliquer que par un protagonisme puéril qui nuit au spectacle. Il y a en Andalousie des présidents sanctionnés financièrement en cas de manquement au règlement -lors d’un indulto en place portative par exemple. Les présidents ne devraient plus se prévaloir d’une impunité qui les conduit à se comporter de manière partiale, inique ou erratique.

Ceci dit revenons à une corrida qui a permis à Borja Jimenez d’inscrire son nom dans la légende isidril. Il le doit à un grand toro « Dulce » sorti en second, le meilleur d’un lot de Victoriano varié dans son coportement comme dans sa présentation, le quatrième protesté, le cinquième changé pour sa faiblesse par un Torrealta qui fit preuve de classe sans durer. Le sixième manso perdido partit aux planches. Le reste fit preuve de mobilité, manquant de force pour la plupart, partant de loin avec alegria au cheval sans s’employer véritablement, nobles mais manquant souvent de transmission et de continuité par la suite.

Belle entame d’Emilio de Justo par doblones qui préjugeait de grands moments, le toro s’étant employé au capote. Mais il ne dura pas et la faena malgré la volonté du torero Cacereño lassa les tendidos. Il tua d’une demie estocade en place. Par la suite Emilio subit le préjudice du scandale présidentiel et personne ne fit cas de ses bonnes manières face à un toro qui s’éteignit vite mais qui avait ses quartiers de noblesse. Une entière desprendida.

C’était le jour de Borja Jimenez, sa dernière cartouche lui qui avait eu le privilège d’être invité trois fois à la plus grande féria du monde. Le torero d’Espartinas s’est justifié ô combien ! Il eut le geste d’aller trois fois à puerta gayola (avec le sobrero), il toréa superbement au capote, de manière variée: chicuelinas apprêtées, véroniques, de frente por detras participant à tous les quites. Ses deux faenas, la première surtout, furent des modèles d’entrega, de dominio, ornées de beaux détails comme de magnifiques trincherillas, des kirikikis, des changements de mains inattendus et même des naturelles de face données pieds joints. Tout cela est allègre, bien construit, exécuté avec aisance. Il a très bien tué le premier, au second il pincha une premier fois mais posa une entière en se mouillant les doigts qui lui valut cette sortie triomphale tant désirée.

Beaucoup d’iniquité envers Roca Rey de la part d’un certain secteur du public qui le proteste quelque soient les circonstances. Il en est ainsi de tous les numéros uns c’est vrai ; faut-il s’en réjouir ?  Le péruvien tomba sur un lot impossible. Personne ne fit cas de son premier passage tant l’amertume des malheurs de Borja dominait l’arène Il fit peut piquer son second, manso perdido, le conduisit avec son autorité habituelle dans une première série prometteuse mais ce n’était qu’illusion : le toro partit aux planches. Il tua ses deux adversaires comme un canon de deux estoconazos.

Ainsi la Puerta Grande de cette San Isidro 2024 n’est plus vierge. Un jeune homme encore assujetti au banquillo il y a peu l’aura franchie en triomphe après bien des difficultés. Tous les espoirs sont donc permis. Belle leçon que celle de Borja !

Pierre Vidal

Isaac Fonseca à la maison

Le torero mexicain Isaac Fonseca a reçu son congé médical et a quitté l’hôpital, où il est resté hospitalisé pendant quatre jours, à la suite des choquantes blessures subies dimanche dernier dans les arènes de Las Ventas à Madrid. Isaac Fonseca

Photos : Place 1, Réseaux sociaux Fonseca

Morante interrompt sa temporada

Morante de la Puebla a annoncé qu’il interrompait la saison indéfiniment mais pas définitivement. C’est ce que son apoderdao, Pedro J. Marques, a fait savoir au journaliste Vicente Zabala de la Serna et qui a été publié par le journal El Mundo. « Il ne répond pas aux antidépresseurs et ces derniers jours nous avons fait toutes sortes de tests sur lui. Ses jambes lui faisaient défaut et il semblait n’avoir aucune force», explique-t-il au média. Morante écourte la saison, mais cette pause est indéfinie mais « pas définitive », comme le souligne Marques.

Pour l’instant, “El de La Puebla del Río” avait des engagements devant lui à Marbella ce samedi, et à la Beneficencia à Madrid dimanche. Plus tard, il s’était déjà engagé dans des ferias comme celles de Burgos, Torrejón de Ardoz, Pampelune ou Santander. L’apoderado lui-même a également déclaré : « Nous sommes vraiment désolés pour tout ce désordre. Nous avons dit aux hommes d’affaires de ne pas nous faire de publicité même si nous avions accepté mais sans envoyer les contrats. L’interruption est sans date, et dépendra de l’état du torero”.

Madrid: Des éclairs sous la pluie


Madrid, 6 juin. Plus de trois quarts d’arènes. Pluie intense à partir du quatrième.
6 toros d’Adolfo Martín, très armés, certains trop grands, les trois premiers avisés et sans charges, sifflés à l’arrastre, les trois derniers plus nobles mais faibles.
Antonio Ferrera silence et salut après avis.
Manuel Escribano salut et vuelta après forte pétition. Bronca à la présidence.
José Garrido silence et salut.


Il aura fallu attendre le quatrième et la pluie pour qu’on puisse voir des éclairs et beaucoup d’engagement. On n’avait rien vu jusqu’alors, à l’exception d’une très bonne estocade de Manuel Escribano, car les toros d’Adolfo Martín, vite avisés, coupaient leurs charges, et même si le danger était là, le public s’ennuyait. Mais sous la pluie, après une chaleur torride, des éclairs dans l’arène. Comme avec Antonio Ferrera, face à un Adolfo avec une certaine noblesse mais qui s’écroula à plusieurs reprises. Devant un public clairsemé (les gens étaient partis se réfugier à l’intérieur des arènes ou dans
les places vides des « gradas » et « andanadas » ) et avec un tendido 7 moins omniprésent, Antonio parvint à mettre en confiance le toro. Vinrent quelques passes droitières enchaînées de très bon goût et surtout une série de naturelles d’un relâchement absolu, non forcé et naturel. Superbes ! S’il l’avait tué, il aurait peut-être coupé une oreille. Le toro, comme les trois précédents, fut sifflé à l’arrastre.


Manuel Escribano accueillit ses deux toros à genoux, « a porta gayola ». Chapeau pour le risque encouru, d’aurant plus au cinquième vues les conditions de la piste et ce qui l’attendait dans les torils : un toro extrêmement armé mais qui lui aussi cachait une certaine noblesse. Manuel le banderilla, comme à son premier, avec assurance et éclat. Sous l’orage, le toro s’affala en tout début de faena mais son matador sut très bien calculer les distances et trouver les hauteurs. Après une très belle naturelle où Escribano s’était senti « a gusto », le toro, inopinément, l’attrapa. Sans l’encorner. Des instants dramatiques, surtout quand il se retrouva à terre et le toro le cherchait. Un miracle qu’il en soit sorti sans la moindre égratignure. La faena fut vécue dès lors avec beaucoup d’émotion et Manuel instrumenta des passes de belle facture et surtout il remata sa prestation d’une très bonne estocade. De manière incompréhensible, le président ne lui accorda pas l’oreille alors que la pétition était largement majoritaire. Un manque de sensibilité de sa part et probablement d’aficion.


Le dernier Adolfo, excessivement haut et pesant plus de six cents kilos, montra parfois, lui aussi, une certaine noblesse. Garrido le toréa avec toreria à la cape, lui endossant de superbes véroniques. Faena inégale à la muleta, surtout du fait que le toro n’humiliait pas vraiment, où le matador parvint à enchaîner des passes des deux côtés. Prestation de torero mûr, technique et sûr de lui, mais mal conclue à l’épée avec un bajonazo très laid.
Antonio Arévalo

Madrid: l’événement tourna en “eau de boudin”

Plaza de toros de Las Ventas. 23ème corrida de la Feria de San Isidro. Lleno de ‘no hay billetes’. 23 000 spectateurs. Corrida de la Prensa.

 Toros de Victorino Martín,

PACO UREÑAsilence après deux avis, vuelta al ruedo après avis et silence après avis.

BORJA JIMÉNEZ, silence après avis, silence et silence.

Le roi, Felipe VI présidait la corrida en compagnie de Francisco Rivera Ordóñez assesseur artistique.

L’incertitude est une des caractéristiques de la corrida en cela elle est radicalement différente des autres spectacles où se répète –plus ou moins bien- une trame écrite. La tauromachie dépend de l’animal et l’animal est imprévisible dans sa nature à moins de lui prêter des sentiments humains comme le fait Walt Disney. Ainsi un grand événement comme cette corrida de la presse animé par des toros au nom consacré et des hommes motivés peut tourner en… eau de boudin comme ce fut le cas hier soir.

Certes les Victorino avaient fières allures armés jusqu’aux dents de poignards étincelants dans le ruedo madrilène. Mais cette carrosserie de luxe masquait un  manque de race général et le manque d’appétence de l’ensemble pour les piques comme pour les capes et muletas. Le premier una alimaña, le second d’une noblesse limitée, le troisième sans rompre, le quatrième soso, le cinquième cherchant les planches, le dernier meilleur sous le peto mais vite éteint. Le bilan on le voit n’est pas terrible. Il y a de mauvaises corridas chez Victorino aussi. Je dis mauvais non pas parce qu’elle n’a pas “servie” mais parce qu’elle a manqué de race; défaut rédhibitoire.

Paco Ureña était décidé c’est un des chéris du 7 et de la capitale en général. Il a payé pour cela et on rend lui rend bien la monnaie de ses souffrances ici. Il s’est mis en danger dès l’entrée en matière face à un premier Victorino qui l’attendait immobile décochant ses coups au passage. Il se fit bousculer à plusieurs reprises et arracher les machos. L’engagement ne payant pas il partit chercher l’épée puis le verdugo qu’il mania laborieusement. Son second patapouf sans force ni race ne lui donna aucune opportunité de briller. Le « chevalier à la triste figure » comme dirait Cervantes accueillit le cinquième avec un capote qui donnait espoir. Il conduisit l’animal au centre mais jamais celui-ci ne se livra regardant les planches entre chaque passe. Paco coupa court à ces manières désobligeantes et connut de nouvelles difficultés à l’épée.

Belle opportunité pour Borja Jimenez un jeune homme plein d’ambition que cette corrida de la prensa. Il tomba sur le seul toro de la tarde que l’on puisse « sauver ». Il le fit peu piquer et l’animal se manifesta par des arrancadas violentes qu’il conduisit avec difficultés lors des premières séries ; mais l’affaire ne dura pas, le toro baissa rapidement et Borja le tua d’une entière desprendida. Le suivant avait moins de caste encore que ses prédécesseurs et Borja malgré ses désirs dut écourter. Le dernier donnait de l’espoir mais il fut durement châtié par El Espartaco (le picador), la lidia de Vicente Varela qui s’en suivit fut mal menée, les capotazos se multipliant, le tiers de banderilles escamoté. En conséquence (?) le toro arrêté, ne se livra jamais et Borja ne put s’accorder avec lui. Deux tiers de lame tombée eurent raison de son adversaire. Tout cela sous les sifflets de despedida et jets de coussins inoportuns.

Otro dia sera !

Pierre Vidal

Paul Hermé: rencontre avec Dorian Canton

Rencontre avec le matador de toros Dorian Canton venu tienter à La Paluna…

Lui, je l’ai connu encore tout petit, à l’époque où il était inscrit chez Richard Milian… Le temps a passé depuis et d’aspirant dans les becerradas du Sud-Ouest, il a franchi toutes les étapes jusqu’à son alternative du 6 août 2019 à Villeneuve de Marsan, suite à une annulation pour cause d’intempéries à Bayonne. 

Par la suite, le Béarnais a connu des moments compliqués, surtout avec l’arrivée de la pandémie, mais depuis l’an dernier tout semble reprendre des couleurs malgré quelques contretemps et cette année, l’horizon se dégage puisque Dorian a déjà sept corridas inscrites sur son agenda, dont l’ouverture de la Madeleine avec Morante et Luque. Pas moins…

Rencontré lundi à la ganadería de La Paluna, chez la famille Fare, nous avons fait le point à l’issue du tentadero de deux vaches. On a évoqué la dernière temporada, son évolution et les challenges qui l’attendent, ainsi que ses objectifs pour cette temporada, tout ça étant intimement lié…

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2023

« Il est vrai que ma dernière temporada a été pas mal perturbée, surtout à cause d’une blessure à la main droite survenue au campo qui a nécessité une opération début juin. Résultat, j’ai perdu trois corridas. Je suis revenu à Mont de Marsan à la mi-juillet, cinquante jours après ma blessure, sans avoir pu trop m’entrainer avant. Aux côtés de Sébastien Castella et Daniel Luque, j’avais coupé une oreille à un toro du Pilar. La même année, j’avais été aussi blessé à Pâques à Aignan, un toro de Pagès-Mailhan m’infligeant une grosse contusion à un mollet qui avait aussi nécessité une période d’arrêt. 

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En fait, les quatre corridas auxquelles j’ai pu participer ont été celles d’Aignan, Mont de Marsan, Bayonne et Villeneuve. En définitive, j’ai éprouvé pas mal de frustration, surtout par le fait d’avoir perdu trois corridas.  J’étais surtout focalisé par le fait de reprendre pour la Madeleine avec un tel cartel, ainsi que Bayonne… Mais tout cela, c’est du passé et à présent, mon esprit est tourné sur ce qui m’attend tout au long de cette temporada.

2024

J’ai déjà participé au festival d’Arzacq et à la corrida pascale d’Aignan, et à ce jour, cinq rendez-vous m’attendent encore : Aire avec les Peñajara, La Brède avec les Margé, Eauze avec les Pagès-Mailhan, Mont de Marsan avec les Puerto de San Lorenzo et Villeneuve avec encore les Pagès-Mailhan… 

Il est évident que compte tenu du prestige de mes deux compañeros de cartel et de la catégorie de l’arène, la corrida de Mont de Marsan avec Morante et Luque revêt un caractère particulier. Elle fait partie de celles dont je rêve depuis longtemps ! Plus la date va approcher, plus il y aura de la responsabilité ! L’enjeu est très important pour moi dans la mesure où un gros triomphe au Moun devrait énormément m’aider pour le futur…

TOREO

Ce qui est perdu est perdu, c’est pourquoi j’essaie résolument de me tourner vers l’avenir en me préparant du mieux possible afin d’arriver puesto pour affronter mes prochains challenges. Je tiens avant tout à toréer comme je suis et surtout comme je cherche à toréer. En cela, je veux être aussi bien à Aire-sur-l’Adour qu’à Mont-de-Marsan ! Ce qui signifie que pour moi, toutes les arènes sont importantes et où que je sois, je compte bien donner le meilleur de moi-même !

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En ce qui concerne mon toreo, je crois que j’ai progressé, que je torée mieux qu’avant, d’une manière plus fluide, plus ajustée, avec plus de maturité. Tout cela se prépare au quotidien, essentiellement au campo. Je suis plus attiré et ému par des faenas classiques, dans le genre d’Antoñete, Paco Camino, Yiyo… Ce sont des cassettes que je regarde énormément, ça m’aide aussi à tirer vers ce que je cherche.

TOROS

Concernant les toros, oui, les élevages me plaisent et en tout cas, il n’y en a aucun que je redoute. J’irai à chaque fois avec un bon ressenti sur l’élevage, je veux bien toréer et triompher, c’est la seule chose en ce moment que je recherche !

Outre les courses déjà arrêtées, je pense que la suite dépendra des résultats obtenus. Nous sommes en pourparlers pour d’autres corridas, mais il est trop tôt pour en parler car rien n’est encore définitivement arrêté. Mais il est évident que des résultats positifs aideraient à faire pencher la balance.  Beaucoup de cartels ont été déjà annoncés, mais je dis ça pour ceux de fin d’année, ainsi que, sans souhaiter quoi que ce soit pour les compañeros, pour d’éventuelles substitutions comme il y en a toujours en cours de temporada. Pour cela, il est clair qu’il faut mettre toutes les chances de mon côté !

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TERRITOIRE

Effectivement, toutes les arènes que j’ai citées se trouvent dans le Sud-Ouest. A partir de cette évidence, mon but premier sera désormais d’élargir mon champ d’action avec le Sud-Est et l’Espagne ! Là aussi, ça va dépendre des résultats, mais avec mon apoderado Olivier Mageste, ça fait partie en bonne place sur la feuille de route. J’ai la chance que dans les arènes du Sud-Ouest, les organisateurs me fassent confiance et me mettent dans leurs cartels, mais je ne veux pas être considéré comme un torero régional, sans rien rejeter, et je pense que mon ambition est compréhensible. 

CUADRILLA

Concernant mon entourage professionnel, sur les courses que je vais toréer cette année, je ne peux pas exiger à quiconque de rester tout le temps avec moi. Dans la mesure du possible, je prends toutefois les mêmes, à commencer par Agustín Serrano, un banderillero avec qui je m’entraine quasiment tous les jours à Madrid où je vis. Manolo de los Reyes m’accompagnera aussi le plus souvent et les picadors seront Juan Manuel Sangüesa et Rafael Agudo qui m’accompagnent  depuis le début. Ça, c’est la base, avec comme mozo Jérôme Courtiade qui me suit depuis longtemps.

En outre, grâce à Olivier et Agustín, j’ai la chance d’avoir rencontré le maestro Uceda Leal avec qui je m’entraine assez souvent. On a le même concept et ça me sert énormément de m’entrainer à ses côtés car ses conseils me sont précieux. Quand il était jeune, il s’entrainait souvent avec Manzanares père et Ángel Teruel qui sont quand-même des références !

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OBJECTIF

L’objectif pour cette saison, je le répète, c’est avant tout laisser une bonne impression par mon envie et mon toreo car au final, bien toréer sans triompher ça ne sert à rien, et triompher sans bien toréer ça ne sert aussi à rien ! Donc, j’ai envie de triomphes qui me permettront d’étendre mon territoire, comme déjà évoqué, et comme je passe des fois devant Las Ventas, il est clair que j’y compte bien y confirmer un jour mon alternative ! »

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Dorian avec à gauche son apoderado Olivier Mageste et au centre le ganadero Vincent Fare.

On souhaite évidemment à Dorian d’être à la hauteur de ses rêves les plus fous, propres à favoriser l’accomplissement de ses objectifs. La motivation est là, les capacités aussi, alors on croise les doigts… Suerte, Maestro !!!

Paul Hermé http://torofiesta.com

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