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Madrid, Borja Jimenez première Puerta Grande de la féria

Plaza de toros de Las Ventas. 25ª corrida de la Feria de San Isidro. Corrida de la Cultura. Lleno de ‘no hay billetes’.

Toros de Victoriano del Río, 5ème bis de Torrealta

EMILIO DE JUSTO, palmas après avis et silence après avis.

BORJA JIMÉNEZoreille et deux vueltas al ruedo après une forte pétition de la seconde et bronca au palco et oreille. Puerta Grande.

ROCA REY, palmas après avis et silence.

Une fois encore le scandale vint du placo d’une injustice crasse avec Borja Jimenez qui avait bien gagné sa deuxième oreille et avec le ganadero dont le toro aurait du faire une vuelta. La veille nous avions vu une pétition majoritaire en faveur de Manuel Escribano sans récompense. Ça commence à faire… L’incompétence comme la suffisance de ces messieurs du palco est insupportable, leur manque d’aficion les disqualifie. Elle ne peut s’expliquer que par un protagonisme puéril qui nuit au spectacle. Il y a en Andalousie des présidents sanctionnés financièrement en cas de manquement au règlement -lors d’un indulto en place portative par exemple. Les présidents ne devraient plus se prévaloir d’une impunité qui les conduit à se comporter de manière partiale, inique ou erratique.

Ceci dit revenons à une corrida qui a permis à Borja Jimenez d’inscrire son nom dans la légende isidril. Il le doit à un grand toro « Dulce » sorti en second, le meilleur d’un lot de Victoriano varié dans son coportement comme dans sa présentation, le quatrième protesté, le cinquième changé pour sa faiblesse par un Torrealta qui fit preuve de classe sans durer. Le sixième manso perdido partit aux planches. Le reste fit preuve de mobilité, manquant de force pour la plupart, partant de loin avec alegria au cheval sans s’employer véritablement, nobles mais manquant souvent de transmission et de continuité par la suite.

Belle entame d’Emilio de Justo par doblones qui préjugeait de grands moments, le toro s’étant employé au capote. Mais il ne dura pas et la faena malgré la volonté du torero Cacereño lassa les tendidos. Il tua d’une demie estocade en place. Par la suite Emilio subit le préjudice du scandale présidentiel et personne ne fit cas de ses bonnes manières face à un toro qui s’éteignit vite mais qui avait ses quartiers de noblesse. Une entière desprendida.

C’était le jour de Borja Jimenez, sa dernière cartouche lui qui avait eu le privilège d’être invité trois fois à la plus grande féria du monde. Le torero d’Espartinas s’est justifié ô combien ! Il eut le geste d’aller trois fois à puerta gayola (avec le sobrero), il toréa superbement au capote, de manière variée: chicuelinas apprêtées, véroniques, de frente por detras participant à tous les quites. Ses deux faenas, la première surtout, furent des modèles d’entrega, de dominio, ornées de beaux détails comme de magnifiques trincherillas, des kirikikis, des changements de mains inattendus et même des naturelles de face données pieds joints. Tout cela est allègre, bien construit, exécuté avec aisance. Il a très bien tué le premier, au second il pincha une premier fois mais posa une entière en se mouillant les doigts qui lui valut cette sortie triomphale tant désirée.

Beaucoup d’iniquité envers Roca Rey de la part d’un certain secteur du public qui le proteste quelque soient les circonstances. Il en est ainsi de tous les numéros uns c’est vrai ; faut-il s’en réjouir ?  Le péruvien tomba sur un lot impossible. Personne ne fit cas de son premier passage tant l’amertume des malheurs de Borja dominait l’arène Il fit peut piquer son second, manso perdido, le conduisit avec son autorité habituelle dans une première série prometteuse mais ce n’était qu’illusion : le toro partit aux planches. Il tua ses deux adversaires comme un canon de deux estoconazos.

Ainsi la Puerta Grande de cette San Isidro 2024 n’est plus vierge. Un jeune homme encore assujetti au banquillo il y a peu l’aura franchie en triomphe après bien des difficultés. Tous les espoirs sont donc permis. Belle leçon que celle de Borja !

Pierre Vidal

Isaac Fonseca à la maison

Le torero mexicain Isaac Fonseca a reçu son congé médical et a quitté l’hôpital, où il est resté hospitalisé pendant quatre jours, à la suite des choquantes blessures subies dimanche dernier dans les arènes de Las Ventas à Madrid. Isaac Fonseca

Photos : Place 1, Réseaux sociaux Fonseca

Morante interrompt sa temporada

Morante de la Puebla a annoncé qu’il interrompait la saison indéfiniment mais pas définitivement. C’est ce que son apoderdao, Pedro J. Marques, a fait savoir au journaliste Vicente Zabala de la Serna et qui a été publié par le journal El Mundo. « Il ne répond pas aux antidépresseurs et ces derniers jours nous avons fait toutes sortes de tests sur lui. Ses jambes lui faisaient défaut et il semblait n’avoir aucune force», explique-t-il au média. Morante écourte la saison, mais cette pause est indéfinie mais « pas définitive », comme le souligne Marques.

Pour l’instant, « El de La Puebla del Río » avait des engagements devant lui à Marbella ce samedi, et à la Beneficencia à Madrid dimanche. Plus tard, il s’était déjà engagé dans des ferias comme celles de Burgos, Torrejón de Ardoz, Pampelune ou Santander. L’apoderado lui-même a également déclaré : « Nous sommes vraiment désolés pour tout ce désordre. Nous avons dit aux hommes d’affaires de ne pas nous faire de publicité même si nous avions accepté mais sans envoyer les contrats. L’interruption est sans date, et dépendra de l’état du torero ».

Madrid: Des éclairs sous la pluie


Madrid, 6 juin. Plus de trois quarts d’arènes. Pluie intense à partir du quatrième.
6 toros d’Adolfo Martín, très armés, certains trop grands, les trois premiers avisés et sans charges, sifflés à l’arrastre, les trois derniers plus nobles mais faibles.
Antonio Ferrera silence et salut après avis.
Manuel Escribano salut et vuelta après forte pétition. Bronca à la présidence.
José Garrido silence et salut.


Il aura fallu attendre le quatrième et la pluie pour qu’on puisse voir des éclairs et beaucoup d’engagement. On n’avait rien vu jusqu’alors, à l’exception d’une très bonne estocade de Manuel Escribano, car les toros d’Adolfo Martín, vite avisés, coupaient leurs charges, et même si le danger était là, le public s’ennuyait. Mais sous la pluie, après une chaleur torride, des éclairs dans l’arène. Comme avec Antonio Ferrera, face à un Adolfo avec une certaine noblesse mais qui s’écroula à plusieurs reprises. Devant un public clairsemé (les gens étaient partis se réfugier à l’intérieur des arènes ou dans
les places vides des « gradas » et « andanadas » ) et avec un tendido 7 moins omniprésent, Antonio parvint à mettre en confiance le toro. Vinrent quelques passes droitières enchaînées de très bon goût et surtout une série de naturelles d’un relâchement absolu, non forcé et naturel. Superbes ! S’il l’avait tué, il aurait peut-être coupé une oreille. Le toro, comme les trois précédents, fut sifflé à l’arrastre.


Manuel Escribano accueillit ses deux toros à genoux, « a porta gayola ». Chapeau pour le risque encouru, d’aurant plus au cinquième vues les conditions de la piste et ce qui l’attendait dans les torils : un toro extrêmement armé mais qui lui aussi cachait une certaine noblesse. Manuel le banderilla, comme à son premier, avec assurance et éclat. Sous l’orage, le toro s’affala en tout début de faena mais son matador sut très bien calculer les distances et trouver les hauteurs. Après une très belle naturelle où Escribano s’était senti « a gusto », le toro, inopinément, l’attrapa. Sans l’encorner. Des instants dramatiques, surtout quand il se retrouva à terre et le toro le cherchait. Un miracle qu’il en soit sorti sans la moindre égratignure. La faena fut vécue dès lors avec beaucoup d’émotion et Manuel instrumenta des passes de belle facture et surtout il remata sa prestation d’une très bonne estocade. De manière incompréhensible, le président ne lui accorda pas l’oreille alors que la pétition était largement majoritaire. Un manque de sensibilité de sa part et probablement d’aficion.


Le dernier Adolfo, excessivement haut et pesant plus de six cents kilos, montra parfois, lui aussi, une certaine noblesse. Garrido le toréa avec toreria à la cape, lui endossant de superbes véroniques. Faena inégale à la muleta, surtout du fait que le toro n’humiliait pas vraiment, où le matador parvint à enchaîner des passes des deux côtés. Prestation de torero mûr, technique et sûr de lui, mais mal conclue à l’épée avec un bajonazo très laid.
Antonio Arévalo

Madrid: l’événement tourna en « eau de boudin »

Plaza de toros de Las Ventas. 23ème corrida de la Feria de San Isidro. Lleno de ‘no hay billetes’. 23 000 spectateurs. Corrida de la Prensa.

 Toros de Victorino Martín,

PACO UREÑAsilence après deux avis, vuelta al ruedo après avis et silence après avis.

BORJA JIMÉNEZ, silence après avis, silence et silence.

Le roi, Felipe VI présidait la corrida en compagnie de Francisco Rivera Ordóñez assesseur artistique.

L’incertitude est une des caractéristiques de la corrida en cela elle est radicalement différente des autres spectacles où se répète –plus ou moins bien- une trame écrite. La tauromachie dépend de l’animal et l’animal est imprévisible dans sa nature à moins de lui prêter des sentiments humains comme le fait Walt Disney. Ainsi un grand événement comme cette corrida de la presse animé par des toros au nom consacré et des hommes motivés peut tourner en… eau de boudin comme ce fut le cas hier soir.

Certes les Victorino avaient fières allures armés jusqu’aux dents de poignards étincelants dans le ruedo madrilène. Mais cette carrosserie de luxe masquait un  manque de race général et le manque d’appétence de l’ensemble pour les piques comme pour les capes et muletas. Le premier una alimaña, le second d’une noblesse limitée, le troisième sans rompre, le quatrième soso, le cinquième cherchant les planches, le dernier meilleur sous le peto mais vite éteint. Le bilan on le voit n’est pas terrible. Il y a de mauvaises corridas chez Victorino aussi. Je dis mauvais non pas parce qu’elle n’a pas « servie » mais parce qu’elle a manqué de race; défaut rédhibitoire.

Paco Ureña était décidé c’est un des chéris du 7 et de la capitale en général. Il a payé pour cela et on rend lui rend bien la monnaie de ses souffrances ici. Il s’est mis en danger dès l’entrée en matière face à un premier Victorino qui l’attendait immobile décochant ses coups au passage. Il se fit bousculer à plusieurs reprises et arracher les machos. L’engagement ne payant pas il partit chercher l’épée puis le verdugo qu’il mania laborieusement. Son second patapouf sans force ni race ne lui donna aucune opportunité de briller. Le « chevalier à la triste figure » comme dirait Cervantes accueillit le cinquième avec un capote qui donnait espoir. Il conduisit l’animal au centre mais jamais celui-ci ne se livra regardant les planches entre chaque passe. Paco coupa court à ces manières désobligeantes et connut de nouvelles difficultés à l’épée.

Belle opportunité pour Borja Jimenez un jeune homme plein d’ambition que cette corrida de la prensa. Il tomba sur le seul toro de la tarde que l’on puisse « sauver ». Il le fit peu piquer et l’animal se manifesta par des arrancadas violentes qu’il conduisit avec difficultés lors des premières séries ; mais l’affaire ne dura pas, le toro baissa rapidement et Borja le tua d’une entière desprendida. Le suivant avait moins de caste encore que ses prédécesseurs et Borja malgré ses désirs dut écourter. Le dernier donnait de l’espoir mais il fut durement châtié par El Espartaco (le picador), la lidia de Vicente Varela qui s’en suivit fut mal menée, les capotazos se multipliant, le tiers de banderilles escamoté. En conséquence (?) le toro arrêté, ne se livra jamais et Borja ne put s’accorder avec lui. Deux tiers de lame tombée eurent raison de son adversaire. Tout cela sous les sifflets de despedida et jets de coussins inoportuns.

Otro dia sera !

Pierre Vidal

Paul Hermé: rencontre avec Dorian Canton

Rencontre avec le matador de toros Dorian Canton venu tienter à La Paluna…

Lui, je l’ai connu encore tout petit, à l’époque où il était inscrit chez Richard Milian… Le temps a passé depuis et d’aspirant dans les becerradas du Sud-Ouest, il a franchi toutes les étapes jusqu’à son alternative du 6 août 2019 à Villeneuve de Marsan, suite à une annulation pour cause d’intempéries à Bayonne. 

Par la suite, le Béarnais a connu des moments compliqués, surtout avec l’arrivée de la pandémie, mais depuis l’an dernier tout semble reprendre des couleurs malgré quelques contretemps et cette année, l’horizon se dégage puisque Dorian a déjà sept corridas inscrites sur son agenda, dont l’ouverture de la Madeleine avec Morante et Luque. Pas moins…

Rencontré lundi à la ganadería de La Paluna, chez la famille Fare, nous avons fait le point à l’issue du tentadero de deux vaches. On a évoqué la dernière temporada, son évolution et les challenges qui l’attendent, ainsi que ses objectifs pour cette temporada, tout ça étant intimement lié…

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2023

« Il est vrai que ma dernière temporada a été pas mal perturbée, surtout à cause d’une blessure à la main droite survenue au campo qui a nécessité une opération début juin. Résultat, j’ai perdu trois corridas. Je suis revenu à Mont de Marsan à la mi-juillet, cinquante jours après ma blessure, sans avoir pu trop m’entrainer avant. Aux côtés de Sébastien Castella et Daniel Luque, j’avais coupé une oreille à un toro du Pilar. La même année, j’avais été aussi blessé à Pâques à Aignan, un toro de Pagès-Mailhan m’infligeant une grosse contusion à un mollet qui avait aussi nécessité une période d’arrêt. 

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En fait, les quatre corridas auxquelles j’ai pu participer ont été celles d’Aignan, Mont de Marsan, Bayonne et Villeneuve. En définitive, j’ai éprouvé pas mal de frustration, surtout par le fait d’avoir perdu trois corridas.  J’étais surtout focalisé par le fait de reprendre pour la Madeleine avec un tel cartel, ainsi que Bayonne… Mais tout cela, c’est du passé et à présent, mon esprit est tourné sur ce qui m’attend tout au long de cette temporada.

2024

J’ai déjà participé au festival d’Arzacq et à la corrida pascale d’Aignan, et à ce jour, cinq rendez-vous m’attendent encore : Aire avec les Peñajara, La Brède avec les Margé, Eauze avec les Pagès-Mailhan, Mont de Marsan avec les Puerto de San Lorenzo et Villeneuve avec encore les Pagès-Mailhan… 

Il est évident que compte tenu du prestige de mes deux compañeros de cartel et de la catégorie de l’arène, la corrida de Mont de Marsan avec Morante et Luque revêt un caractère particulier. Elle fait partie de celles dont je rêve depuis longtemps ! Plus la date va approcher, plus il y aura de la responsabilité ! L’enjeu est très important pour moi dans la mesure où un gros triomphe au Moun devrait énormément m’aider pour le futur…

TOREO

Ce qui est perdu est perdu, c’est pourquoi j’essaie résolument de me tourner vers l’avenir en me préparant du mieux possible afin d’arriver puesto pour affronter mes prochains challenges. Je tiens avant tout à toréer comme je suis et surtout comme je cherche à toréer. En cela, je veux être aussi bien à Aire-sur-l’Adour qu’à Mont-de-Marsan ! Ce qui signifie que pour moi, toutes les arènes sont importantes et où que je sois, je compte bien donner le meilleur de moi-même !

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En ce qui concerne mon toreo, je crois que j’ai progressé, que je torée mieux qu’avant, d’une manière plus fluide, plus ajustée, avec plus de maturité. Tout cela se prépare au quotidien, essentiellement au campo. Je suis plus attiré et ému par des faenas classiques, dans le genre d’Antoñete, Paco Camino, Yiyo… Ce sont des cassettes que je regarde énormément, ça m’aide aussi à tirer vers ce que je cherche.

TOROS

Concernant les toros, oui, les élevages me plaisent et en tout cas, il n’y en a aucun que je redoute. J’irai à chaque fois avec un bon ressenti sur l’élevage, je veux bien toréer et triompher, c’est la seule chose en ce moment que je recherche !

Outre les courses déjà arrêtées, je pense que la suite dépendra des résultats obtenus. Nous sommes en pourparlers pour d’autres corridas, mais il est trop tôt pour en parler car rien n’est encore définitivement arrêté. Mais il est évident que des résultats positifs aideraient à faire pencher la balance.  Beaucoup de cartels ont été déjà annoncés, mais je dis ça pour ceux de fin d’année, ainsi que, sans souhaiter quoi que ce soit pour les compañeros, pour d’éventuelles substitutions comme il y en a toujours en cours de temporada. Pour cela, il est clair qu’il faut mettre toutes les chances de mon côté !

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TERRITOIRE

Effectivement, toutes les arènes que j’ai citées se trouvent dans le Sud-Ouest. A partir de cette évidence, mon but premier sera désormais d’élargir mon champ d’action avec le Sud-Est et l’Espagne ! Là aussi, ça va dépendre des résultats, mais avec mon apoderado Olivier Mageste, ça fait partie en bonne place sur la feuille de route. J’ai la chance que dans les arènes du Sud-Ouest, les organisateurs me fassent confiance et me mettent dans leurs cartels, mais je ne veux pas être considéré comme un torero régional, sans rien rejeter, et je pense que mon ambition est compréhensible. 

CUADRILLA

Concernant mon entourage professionnel, sur les courses que je vais toréer cette année, je ne peux pas exiger à quiconque de rester tout le temps avec moi. Dans la mesure du possible, je prends toutefois les mêmes, à commencer par Agustín Serrano, un banderillero avec qui je m’entraine quasiment tous les jours à Madrid où je vis. Manolo de los Reyes m’accompagnera aussi le plus souvent et les picadors seront Juan Manuel Sangüesa et Rafael Agudo qui m’accompagnent  depuis le début. Ça, c’est la base, avec comme mozo Jérôme Courtiade qui me suit depuis longtemps.

En outre, grâce à Olivier et Agustín, j’ai la chance d’avoir rencontré le maestro Uceda Leal avec qui je m’entraine assez souvent. On a le même concept et ça me sert énormément de m’entrainer à ses côtés car ses conseils me sont précieux. Quand il était jeune, il s’entrainait souvent avec Manzanares père et Ángel Teruel qui sont quand-même des références !

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OBJECTIF

L’objectif pour cette saison, je le répète, c’est avant tout laisser une bonne impression par mon envie et mon toreo car au final, bien toréer sans triompher ça ne sert à rien, et triompher sans bien toréer ça ne sert aussi à rien ! Donc, j’ai envie de triomphes qui me permettront d’étendre mon territoire, comme déjà évoqué, et comme je passe des fois devant Las Ventas, il est clair que j’y compte bien y confirmer un jour mon alternative ! »

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Dorian avec à gauche son apoderado Olivier Mageste et au centre le ganadero Vincent Fare.

On souhaite évidemment à Dorian d’être à la hauteur de ses rêves les plus fous, propres à favoriser l’accomplissement de ses objectifs. La motivation est là, les capacités aussi, alors on croise les doigts… Suerte, Maestro !!!

Paul Hermé http://torofiesta.com

Madrid : ternes Escolar

Plaza de Toros de Las Ventas, Madrid. 22e corrida de la Feria de San Isidro 2024. Environ trois quarts de plaza.

Les taureaux de José Escolar, bien présentés, sérieux, astifinos, bien qu’inégaux . Un ensemble terne . Les trois derniers très compliqués.

FERNANDO ROBLEÑO, palmas après deux avis et silence. 

DAMIÁN CASTAÑO, ovation et ovation. 

 GÓMEZ DEL PILAR, ovation après avis et silence. 

Le picador Alberto Sandoval a été ovationné au second toro.

Le banderillero Raúl Ruiz a salué au quatrième.

Madrid: DE L’ENNUI A LA TRAGEDIE



MADRID – 2/06/2024- 21° acte taurin de la San Isidro 2024.

25°, pas de vent. 2/3 d’arène.

Toros de PEDRAZA DE YELTES et TORRESTRELLA (6°)
545,540,531,560,580,573 Kg, tous de 4 ans et demi sauf le 6° de 5 ans et demi.

Le 2° juste de force et souffrant d’une vuelta de campana à la cape de réception remplacé par un sobrero de la ganaderia de CHAMACO (provenance Jp Domecq et Jantilla) de 590 kg, 5 ans et demi.

 Pour :

JUAN LEAL, rose bonbon et or, silence et silence.

FRANCISCO JOSE ESPADA, blanc et or, silence et blessure.

ISAAC FONSECA, vert olive et or, une oreille et blessure.

Salut des banderilleros   JUAN CARLOS REY et JESUS ROBLEDO au 3° toro et de MARCO LEAL au 4°

A l’heure où nous écrivons ces lignes nous ne connaissons pas la gravité des blessures subies par Francisco José Espada au 5° toro, de Pedraza de Yeltes, et Isaac Fonseca au 6°, de Torrestrella, tous deux pris par leur toro respectif mais de façon différente.

Espada renversé par une patte du toro à l’issue d’une passe, pris au sol et envoyé deux fois en l’air dans le berceau des cornes de façon très effrayante, tombant inanimé au sol, mais apparemment sans coup de corne reçue. Il a été transféré dans une clinique pour une évaluation des traumatismes.

Au toro suivant, un Torrestralla doté d’un berceau de corne phénoménal, agé de cinq ans et demi, Fonseca, qui a coupé très justement une oreille à son premier toro, veut forcer le destin en coupant une seconde oreille, lui assurant ainsi une sortie des arènes par la grande porte.

Mais ce toro est (trop ?) âgé et est doté d’une corne droite assassine. A la sortie d’une passe de poitrine suivant une série de naturelles le taureau lui met cette corne dans le dos et le corps du torero monte en l’air d’une façon effrayante nous rappelant la tragédie du YIYO.

Heureusement, à notre vue, la corne est plutôt rentrée en bas du dos et n’a donc pas pénétrer la région du cœur. Après avoir été évacué très souffrant à l’infirmerie, c’est à nouveau à Juan Leal d’occire ce sixième toro, son quatrième toro donc à estoquer en son après-midi de chef de lidia dont il va se rappeler toute sa vie.

A noter que Juan Léal lui aussi avait été renversé par une patte de son premier toro mais s’était heureusement relevé sans dégât malgré la charge du toro voulant le prendre au sol.

Importance des cuadrillas venant au quite pour chacun des toreros, quite tardif car les deux blessés étaient en train de toréer au centre du ruedo de Las Ventas, très éloigné des burladeros, alors que Juan Léal était près de la barrière, permettant ainsi aux peones d’intervenir très rapidement pour mettre leur cape sous le muffle du toro.

Voilà, c’est comme cela que cette corrida débutée ennuyeuse la faute aux toros est devenue tragique la faute également aux toros.

Comment se fait-il que les Pedraza de Yeltes que nous avions vu si brillants à Azpeitia puis à Dax dans les années 2010 soient devenus à Madrid en 2024 fades, sans force, sans race, protestés, tous sauf le 3°, le plus léger, ne permettant pas aux toreros de toréer avec succès, et n’offrant aucun tercio de  pique sérieux, ce qui était leur point fort en terre française.

Que dire de plus ?

Que Juan Leal a été mal servi, c’est sûr, ainsi que Espada par le toro de remplacement, de la ganaderia de Chamaco, aussi mauvais si ce n’est plus que les Pedraza.

Qu’Isaac Fonseca a été très bon au troisième toro de l’après-midi, le seul vraiment acceptable, toréant de façon classique, ce qui est nouveau chez lui, par des séries authentiques de la droite et de la gauche précédant une grande estocade libérant une oreille réclamée ardemment par le public.

Que la sortie des trois cuadrillas groupées autour de Juan Léal, le seul matador rescapé, a été très émouvante.

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PS nous apprenons à l’instant que Fonseca souffre d’une cornada de 20cm dans le thorax et qu’Espada souffre d’un traumatisme crânien. Souhaitons-leur le meilleur et un prompt rétablissement.

Communiqué de presse à propos de la Colombie

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Communiqué de l’Observatoire National des Cultures Taurines à propos de la situation en Colombie…

Note de situation : L’interdiction colombienne…

Après avoir longuement conversé avec César Rincón et Luis Bolívar, voici ce que l’on peut dire

de la situation en Colombie.

1/ UNE INTERDICTION POLITIQUE

Comme ce fut le cas en Catalogne, l’interdiction des corridas fait partie d’un projet politique populiste ayant pour but de stigmatiser une partie de la population par pur opportunisme clientéliste.

En Catalogne, l’objectif des partis indépendantistes était de marquer la rupture avec la « Fiesta nationale » espagnole, et en Colombie, sous couvert d’animalisme également, il s’agit de distraire l’opinion des accusations de corruption qui pèsent sur le fils du président Petro qui a avoué devant les juges avoir reçu des fonds provenant du narco trafic pour financer la campagne présidentielle de son père.

Dans les deux cas, la corrida fut ciblée car elle ne disposait plus d’une base sociale suffisante pour être inattaquable : en Catalogne, seule la Monumental de Barcelone organisait des corridas, tandis qu’en Colombie, au terme de dix années de persécutions diverses, mais aussi en raison du désintérêt des figuras qui ne firent pas l’effort d’adapter leurs cachets à la réalité économique du pays, il n’y a plus que deux ferias : Cali et Manizales.

L’intention idéologique « marxiste bolivarienne » du président Petro est d’autant plus limpide qu’en interdisant les corridas sans toucher aux combats de coqs et aux corralejas (capeas où le taureau est souvent mis à mort), il stigmatise la classe aisée urbaine sans toucher aux classes populaires provinciales qui constituent une grande partie de son électorat.

2/ ORGANISATION DE LA RÉSISTANCE

Depuis de nombreuses années, César Rincón tenta de mobiliser les instances taurines européennes en les informant du projet d’interdiction mis en place méthodiquement dans une stratégie globale de conquête du pouvoir par l’ex-guerillero marxiste Gustavo Petro.

Malheureusement, après avoir longtemps profité du marché très porteur colombien, les grandes empresas et les figuras ne bougèrent pas.

Il a fallu attendre l’annonce du vote d’interdiction pour qu’ANOET, le patronat du mundillo, publie un communiqué dans lequel il se met à la disposition des forces vives colombiennes désireuses de faire abroger la loi. Ces forces sont aujourd’hui décimées dans la mesure où il ne reste plus que deux arènes en activité (Manizales et Cali), cinq ganaderías braves, et aucun torero de premier plan.

Voici quelques années déjà, quand Gustavo Petro, alors maire de Bogotá, y avait interdit les corridas, l’ONCT s’était rapproché de Luis Bolívar qui avait regroupé une petite équipe d’avocats pour faire casser cette interdiction devant le Tribunal Constitutionnel et ré-autoriser les corridas dans la capitale. Malheureusement, si la mairie fut contrainte de céder aux injonctions de la plus haute juridiction, elle imposa des conditions d’exploitation léonines interdisant de rentabiliser le moindre spectacle.

Aujourd’hui gérant des arènes de Cali, Luis Bolívar, appuyé par un groupe puissant, va, avec l’appui d’avocats colombiens soutenus par le barreau de Madrid et des confrères de l’ONCT, mener le combat juridique sur les deux fronts où il doit être porté : le Tribunal Constitutionnel et la Cour Ibéro américaine des Droits de l’Homme.

3 / CONSÉQUENCES INTERNATIONALES

La loi d’interdiction colombienne a naturellement eu un impact négatif important dans les sept autres pays taurins.

En France, tous les médias ont publié les dépêches de EFE ou AFP, mais peu d’entre eux se sont livrés à un travail d’analyse bien que tous aient reçu, dès le vote et avant ces dépêches, une note d’information de l’ONCT, préparée plusieurs semaines avant l’échéance qui paraissait inéluctable.

Les médias français qui ont souhaité s’informer ont évidemment posé la question de savoir si une même situation pouvait survenir en France.

La politique n’étant qu’affaire de circonstances, il est probable que si monsieur Mélenchon – admirateur de la révolution bolivarienne de Petro – devenait président de la République et disposait d’une majorité à l’Assemblée, les mêmes causes produiraient les mêmes effets.

En dehors de cette hypothèse, l’enracinement de la tauromachie dans une soixantaine de communes françaises, le cadre législatif consolidé par la jurisprudence et l’absence de volonté de nuire de la plupart des autres formations politiques, hormis quelques parlementaires isolés en leur sein, rendent improbable un « effet colombien » en France, en-dehors bien sûr de la propagande alimentée par les fondations et associations anti spécistes.

4 / CONCLUSION

La bonne santé de nos arènes à laquelle contribuent tous les organisateurs et spectateurs, l’existence d’une cinquantaine de ganaderías et de toreros importants, le travail de veille quotidien effectué par l’ONCT et la représentativité institutionnelle trans partisane de l’UVTF sont à ce jour des lignes de défense infiniment plus difficiles à renverser que ne l’étaient celles quasi inexistantes d’un secteur colombien déjà largement dévasté par son isolement dans un contexte économique délabré…

Sanlucar: bonheur sans mélange

Photo M Ruiz Berlanga

Plaza de toros de Sanlúcar de Barrameda, Cádiz. Corrida de Toros. Lleno.

Toros de Torrealta

ROCA REYdeux oreilles et oreille.

PABLO AGUADO, ovation et deux oreilles.

Photo M Ruiz Berlanga

GERMÁN VIDAL ‘EL MELLI’qui prenait l’alternative, ovation et deux oreilles.

Diego Ramón Jiménez au second et Francisco Javier Durán ‘Viruta’ au troisième

Le toro d’alternative s’appelait Brujito, n°45, 545 kilos né le 11/19.

La brise qui soufflait légère de la Marisma sur le coso du Pino plein comme une bonbonnière a inspiré les protagonistes du jour et le public subjugué a vibré sans couper les cheveux en quatre, dans sa simplicité populaire. Car ici nous sommes loin des ors de Séville ou du rigorisme de Madrid ; Sanlucar est une ville populaire et pauvre et son aficion est à son image : elle cherche la joie et la simplicité elle vit son aficion de génération en génération avec un enthousiasme bon enfant. De ce point de vue la corrida d’hier est une réussite de plus à mettre au crédit de Carmelo l’empresa de la plaza qui sait parfaitement ce qui plait à ses paisanos. Ne sommes-nous pas là pour donner du bonheur aux gens ?

Le lot de Torrealta bien présenté, lourd, trapu, bas de caisse et varié de capa –un beau jabonero sucio sorti en 4ème–  était commode de défenses. Il a été noble dans l’ensemble, parfois manquant de transmission et il a fait le job sous le cheval, le premier provoquant une chute de la pièce montée. Nous au pays de la mono pique rappelons-le. Le sixième fut le meilleur du lot : le plus allègre, humiliant et durant.

Photo M. Ruiz Berlanga

Très attendu, Roca Rey a marqué les esprits même les plus chagrins devront en convenir. Discret à la cape mise à part un quite spectaculaire, il attendit le premier Torrealta par muletazos por lo alto, donnés pieds joints. Dès la première charge le toro l’accrocha sèchement lui déchirant la taleguilla. Séché, se ressentant de ce coup violent le péruvien revint dans l’émotion générale pour construire un trasteo varié toujours engagé, donné avec lenteur et construit intelligemment de menos à màs. Une entier d’effet rapide et deux oreilles. A son second passage Andrés changea ses plans, toréant sur une ligne plus classique qui eut ses bons moments mais qui porta moins sur le public. Il tua comme un canon et obtint ainsi un nouveau trophée. Bonne journée du Péruvien à qui il faudra arrêter de chercher des poux sur la tête. Il plaît est-ce là un défaut ?

Pablo Aguado est chez lui dans ces arènes où il s’entraine tous les jours. On le vit peu à la cape qui est pourtant son point fort. Mais il se distingua dans ses deux faenas de muleta par son sens du temple avant toute chose, son bon goût, ses détails élégants. Son toreo est original en même temps il repose sur ce qu’il y a de meilleur dans la tauromachie andalouse : une recherche permanente de la fluidité, au détriment parfois de la construction d’un ensemble cohérent. Malheureux à la mort au premier il tua de 2/3 de lame en place le second et coupas deux oreilles (pour l’ensemble de son œuvre).

Alternative réussie pour German Vidal « El Melli » qui sans doute très tendu connut quelques désagréments avec le premier, le moins commode du lot. Du moins le jeune Sanluqueño aguanta les charges intempestives de l’opposant avec clame, montrant ainsi ses facultés. Il fut à la peine avec l’épée. On le retrouva totalement serein face au sixième excellent toro qu’il débuta genoux en terre avec brio. Faena marqué par un réel dominio du jeune matador qui conduisit bien les charges du meilleur de l’envoi de torrealta.

Une bonne entière d’effet rapide et deux oreilles accordées dans la ferveur du peuple de sanlucar qui après Paco Ojeda, Marismeño et Limeño et tant d’autres gloires possède désormais un nouveau matador de toros.

Pierre Vidal

PS Une pensée pour le banderillero Sanluqueño Eloy Hilario homme de confiance du Melli qui n’a pas pu toréer la corrida pour des raisons administratives.

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