Photo mundotoro.com

                                                        
JEREZ DE LA FRONTERA  a retrouvé cette après-midi ses galons de capitale du cheval torero. Il y a plus de cinquante ans Alvaro DOMECQ et les frères PERALTA inventaient à JEREZ la corrida de rejon six toros pour trois cavaliers cela ne s’était jamais fait avant. Aujourd’hui DIEGO VENTURA a repris la formule à sa façon: six toros d’élevages différents pour un seul cavalier. Certes le rejoneador de la PUEBLA DEL RIO est au sommet de son art mais on pouvait craindre la lassitude, il n’en fut rien un spectacle époustouflant où tauromachie et art équestre sont mêlés pour le plus grand bonheur des aficionados qui remplissaient les quatre cinquième de la plaza de la calle Circo.

Photo mundotoro.com

Le bilan comptable tout d’abord toro par toro :
toro de : LAGUANAJANDA : silence 
              
              NUNEZ DEl CUVILLO : une oreille

               FUENTE YMBRO : une oreille avec pétition de la deuxième 

              TORRESTRELLA : ovation

              LOS ESPARTALES : deux oreilles

               FIRMIN BOHORQUEZ  : deux oreilles et la queue

Photo Diario de Jerez




   Les sobresalientes DUARTE FERNANDEZ  et  MARTIN FERRER ont banderillé de concert avec le titulaire le toro de TORRESTRELLA et les forcados de ALCOCHETE  ont arrêté le troisième toro.


 La corrida a commencé par un paseo unique, en effet après que la musiquait joué l’hymne national, Diego VENTURA  a fait défiler les vingt chevaux qu’il allait  monter dans l’après-midi, un défilé somptueux, feria del caballo oblige.

 Les six toros dont le poids allait de 450 kg pour celui de Torrestrella à 540 pour le Bohorquez, épointés comme il est de mise en course de rejon présentaient bien et donnaient du jeu le meilleur le dernier ovationné à l’arrastre le moins bon le cinquième sifflé à l’arrastre.


Le toro de LAGUNAJANDA a une charge courte il ne subira qu’un seul rejon de châtiment  par la suite à chaque banderille, Ventura arrive à rallonger la charge. Les banderilles sont posées avec une précision chirurgicale et chacune permet de voir une tauromachie pure au plus près des cornes. Un pinchazo et deux tiers contraires obligent Ventura à mettre pied à terre pour descabeller dans le silence.


Le toro de NUNEZ DEL CUVILLO présente les mêmes défauts que son prédécesseur une charge courte au rejon de châtiment  mais Ventura l’amène en deux banderilles à se déclencher. A la première il poursuit sur un quart d’arène à la seconde sur la moitié et par la suite il montre toute sa noblesse. Ventura posera par la suite deux paires à deux mains absolument époustouflantes suivies de trois bandérilles courtes. C’en était un peu trop et le toro est arrêté rendant la mise à mort compliquée un seul réjon en arrière sera toutefois suffisant . La pétition est forte et trés bruyante le président finit par céder alors que le toro est déjà au désoladero. 

Photo JD


 Diego Ventura attend l’exemplaire de FUNTE YMBRO à la porte du toril garrocha à l’épaule. C’est certainement la suerte la plus campera du rejoneo et probablement celle que je préfère. Elle rappelle le travail des cavaliers au campo et les accosos y deribo. Diego Ventura fait une superbe démonstration de son art de diriges les toros. C’est alors que s’élève le premier fandango des tribunes cette manifestation si particulière à JEREZ de glorifier par un chant flamenco le torero. Le toro est noble, part de loin et les poses de banderilles sont magnifiques toujours de face bien sûr. La fena a un rythme extraordinaire. Pour terminer Ventura pose trois courtes al violin. C’est alors qu’entre en jeu les forcados. Ici le toro n’est pas emboulé et les 500 kilos du Fuente Ymbro s’élancent de lin sur l’homme de tête qui subit le choc et se cramponne mais le toro a encore beaucoup de forces et les jeunes portugais se font éjecter, pourtant avec courage ils reviennent et au deuxième essai parviennent à arrêter l’animal dans les règles de l’art. Il ne reste plus à Ventura qu’ à porter le point final par un rejon de mort en arrière et de traves mais d’une efficacité redoutable. La présidence octroie la première oreille sans trop de difficulté mais se refuse à concéder la seconde pourtant fortement demandée.

Photo Diario de Jerez


 Le toro de TORESTRELLA  est le plus léger mais il a du punch et il supportera deux rejon de châtiment l’équivalent de deux piques pour un toro à pied. Aux banderilles Martin FERRER  et le portugais Duarte FERNANDEZ prêteront main forte à Diego VENTURA et c’est une actuation inédite à trois rejoneadors qui nous est offerte, posant en mettant seul en suerte ou al relance le spectacle est des plus agréables d’autant plus le  toro se prête bien au jeu. En final Ventura exécute un magnifique violin. L’exercice a cependant été dur pour le toro qui baisse un peu de régime. Avant de tuer Ventura pose une rose. Le rejon de mort est en place mais nécessite l’emploi du descabello suerte que le cavalier maîtrise fort bien. En traversant la place pour aller chercher son cheval suivant il écoute une forte ovation


 Le toro de los ESPARTALES sorti en cinquième est certainement le moins bon de tous mais Ventura va faire montre de ses qualités de torero et lui inventer une faena. Le public proteste l’animal distrait et mansote mais le cavalier va l’intéresser au jeu et faire preuve d’un poder impressionnant. Il va clouer ses banderilles dans des terrains impossibles provoquant la charge de l’animal il s’approche au plus près des cornes et pose en reculant il faut le voir pour le croire les trois dernières banderilles courtes sont posées au vol Le rejon de mort est fulgurant et les deux oreilles sont accordées dans l’allégresse générale.

ON pensait avoir tout vu, la grande porte était assurée, mais il n’en était rien, et le toro de FIRMIN BOHORQUEZ allait permettre d’atteindre des sommets. Les mots manquent pour décrire le combat entre le centaure et le toro. Ne faisant qu’un avec son animal, l’un la tête l’autre les jambes on est parfois à la limite du recortador le cheval est un capote majestueux qui vient templer la charge de l’animal les poses de banderilles ne sont qu’une décoration dans le ballet entre l’homme-cheval et le toro. C’est certainement l’un des plus beaux exemples de tauromachie équestre qu’il m’ait été donné de voir Depuis le premier rejon posé à la sortie du toril au rejon de mort qui fait rouler le toro au sol sans puntilla tout n’est qu’enchantement. Deux oreilles et la queue indiscutables. Décidément la puebla del Rio a deux génies l’un à pied MORANTE, l’autre à cheval VENTURA.

JEREZ DE LA FRONTERA a superbement commencé sa féria espérons que la corrida concours qui revient après vingt-cinq ans d’absence atteindra les mêmes sommets vendredi prochain.

Jean Dupin