MADRID le 30 septembre 2023, première corrida de la feria d’automne, beau temps d’été,31°, arènes pleines jusqu’aux drapeaux, présence de la présidente de la Communauté de
Madrid dans la ruelle, ovation à EL JULI à l’issue du paseillo.


4 toros de PUERTO DE SAN LORENZO et 2 de LA VENTANA DEL PUERTO, les 2° et 3°.
Tous bien présentés, de 510 à 560 kg, d’âges variés de 4 ans à presque 6 ans, armés comme
il se doit à Madrid, de jeu varié également, du manso au bravo, une vraie corrida de toros en
quelque sorte.


UCEDA LEAL : Une épée tombée, ovation. Une épée tombée, un descabello, silence.
EL JULI : Un Julapie concluant, pétition jugée minoritaire par le Président, salut aux tercios.
Un énorme Julapie, deux oreilles.
TOMAS RUFO : Une épée, sept descabellos, silence. Une épée concluante, une oreille.
Salut des banderilleros Sergi BLASCO et Gregorio SANCHEZ au troisième toro.

Quel plaisir de revoir toréer UCEDA LEAL à Madrid, sa classe naturelle, son élégance, ses derechazos et ses naturelles profondes. Dommage que son premier toro, brindé au JULI ait manqué de fond, obligeant le maestro à abréger son travail rapidement. Dommage également que son second toro ait été un manso avec sentido, impossible à toréer.


Mais c’était l’après-midi du JULI pour ses adieux à Madrid, et quels adieux !


Tout l’art du JULI a été passé en revue lors de ses deux toros, du capeo initial par véroniques puis chicuelinas marchées pour amener le toro au cheval, un quite par chicuelinas et gaoneras enchainées. Tout le monde connait son art de toréer les toros quel que soit la condition de ceux-ci, leur réserve à charger, tout le monde connait sa science du placement et de lier les passes, même à des toros réticents, en leur allongeant progressivement le voyage. Tout le monde connait les changements de main du JULI lui permettant d’embarquer à la fois le toro et le public. Et bien il a fait tout ça cet après-mdi car dans tous les cas le patron, c’est le JULI !


Son art de toréer son second opposant, un « tio » de presque 6 ans qui n’était pas venu pour faire de la figuration a été un sommet. Ce fut la rencontre d’un homme de 25 ans d’alternative avec un toro âgé qui ne demandait rien à personne. Une première série à mi-hauteur précédent une seconde série à main basse pour impacter le toro, une série de naturelles très douces, un derechazo précédant un changement de main pour une naturelle templée interminable. La messe était dite et le public debout. Ce qui suivit fut une démonstration de « ligazon » par une naturelle, une passe de poitrine et un remate por la cara sensationnel. Un volapie énorme conclusif et d’effet rapide assura le triomphe du matador, le Président ne pouvant refuser la deuxième oreille réclamée par le public.

Cet après-midi EL JULI a toréé comme Madrid aime, un travail court et dominateur, et Madrid lui a bien rendu son affection, lui l’ancien élève de l’école de toromachie de la cité.


TOMAS RUFO n’était pas encore né lorsque EL JULI prit l’alternative à Nimes en 1998. Cet après-midi c’était aussi le grand écart des alternatives, UCEDA LEAL en 1996 et TOMAS RUFO en 2020…
Mais le gamin ne s’est pas démonté. Un peu décentré lors de sa première faena, ce qui indisposa une partie du public l’obligeant à se croiser, ce qu’il fit pour montrer ses bonnes intentions, il offrit un travail sérieux lors de son second toro par des séries commencées à genoux, prolongées par des passes droitières puis gauchères de qualité avant de terminer par des manoletinas très ajustées. Grande estocade. Une oreille méritée.


Inutile de préciser que tant UCEDA LEAL que TOMAS RUFO ont brindé un toro au patron. C’était l’après-midi du JULI dont la seule ombre au tableau, pour lui qui maîtrise tout et tout le monde, a été de ne pas avoir bien choisi ses porteurs pour passer la grande porte sur leurs épaules, ce qui provoqua trois chutes du torero, heureusement sans gravité…Il eut été dommage qu’une si belle après midi se termine par la blessure du futur retraité, lui qui a tant et tant triomphé de tant et tant de toros…


EXIR