Las Ventas, Madrid. Samedi. Cinquième de la Feria de Otoño. 21.436 spectateurs, casi lleno. Toros de El Pilar, 

DAMIÁN CASTAÑO, silence et silence

JUAN ORTEGA, palmas et silence

PABLO AGUADO, silence après avis et silence ;

Tous les toros de la tarde ont été protestés à leur sortie ; le sixième à l’origine d’une véritable bronca. Il y avait dès le départ de la suspicion populaire envers un lot pourtant dans le type de la maison, lourd mais sans doute passez armé -car souvent playero- pour une partie du respectable. Deux d’entre eux avaient cinq ans. Le médiocre comportement des Pilar encouragea cette défiance : absents sous le cheval (sauf le sixième), justes de force, nobles mais sosos, ils ne permirent pas aux toreros de s’exprimer ; seul le premier avait plus de transmission. Bref cela manquait de race.

C’était un jour de fête car on attendait beaucoup de la venue à Madrid de ces toreros du sud réputés artistes mais, comme le dit le dicton : “corrida de expectacion corrida de decepcion”. L’absence de Daniel Luque était prévisible mais son remplacement par Damian Castaño surprenant. Que venait faire le modeste salmantino dans ce qui devait être un trio andalou? Castaño discret ne gêna personne. Il abrégea sa première faena alors que le toro semblait en avoir gardé sous la semelle et sa seconde fut, elle aussi, marquée par la brièveté et son côté superficiel. A son crédit: ses premières lances de capote à la réception de ses deux opposants et ses deux estocades bien exécutées. Peut-il plus ? Il n’aura pas, en tout cas, profité de l’opportunité offerte.

Juan Ortega débuta par un quite sensationnel sur le toro de Castaño. Trois véroniques et une demie de cartel. Il était donc décidé mais l’opposition manquait de cette chispa qui est nécessaire à l’épanouissement de son toreo précieux, ambitieux aussi qui demande un toro qui se livre avec franchise et caractère. On se contenta donc de muletazos éparpillés et de détails luxueux ; ces passes del desprecio notamment qu’il exécute à la perfection. A son second passage il choisit d’allonger la faena montrant sa détermination mais il se fit siffler par un public fatigué de l’inanité de cette opposition. Il tua brièvement.

photo JY Blouin

Même scenario pour Pablo Aguado qui montra lui aussi sa capacité à proposer un toreo différend à la cape notamment avec laquelle il arrête le temps. Mais il ne s’accordera avec aucun de ses adversaires mous du genou et ces belles promesses tournèrent vite en « eau de boudin ». Pablo face à un lot sans classe ni race ne put rien prouver de tangible et le public se contentera de quelques détails : les miettes d’un festin annoncé qui tourna court.

Pierre Vidal