Las Ventas, Madrid jeudi 12 octobre ;Toros de Garcigrande, Toros de Cortes, Victoriano del Rio. Tous grands, très armés, entre 541et 610 kg, 4 agés de 5ans révolus, deux de 4ans.

Pour Manuel Jésus « El Cid » bleu ciel d’Andalousie et or :Palmas et Silence après avis.

Alejandro Talavante, tabac brun et or,Silence et Salut au tiers après avis.

Isaac Fonseca, Champagne et or : Grande ovation après avis et Grande ovation après avis avec pétition..

Le Cid a toujours une bonne main gauche, son air entre sourire et sérieux  qui le fait parfois ressembler à un  chef de rang de bonne brasserie.  On a vu ce soir ce qu’il sait toujours faire devant des  toros  grands mais sans jamais nous enthousiasmer, à cause des toros dont il a hérité , peut-être, mais aussi à cause d’un manque d’engagement ou d’un excès de prudence.  Les deux toros qu’il a eu à combattre étaient pour le premier un énorme bestiau de 610 kg noir  de 5ans, sifflé dans le premier tercio parce qu’il s’agenouillait avant la pique, en manso.  A la muleta on eut droit à un molinete suivi de deux pechos élégants et templés. Puis à gauche deux séries impeccables dans le style de la maison  malheureusement suivies d’une  entière trasera . Pour le second,un Victoriano del Rio noir, fin et noble mais un brin distrait, Le Cid donne de jolies passes droitières  et plus belles  encore à gauche.   Le toro n’a pas grand-chose dans le coffre et très habilement Le Cid va terminer sa faena de muleta par trois passes à droite enchainées par trois passes à gauche.

Epée verticale qui tarde… Avis, deux descabellos, sifflets, SILENCE.

Le torero d’Extremadure   revient auréolé de son petit triomphe Valencien et semble décidé à amplifier le mouvement.

Premier toro, un Garcigrande de 595 kg, 5ans, fait celui qui ne voit pas le cheval, en vrai manso qu’il est.  D’ailleurs il s’emploie fort peu dans le capote de Talavante.  Isaac Fonseca va au quite  et donne trois chicuelinas excellentes à ce grand  cornu. Noble , ce toro l’est assurément, mais parado par moments, irrégulier, et Talavante sait en tirer parti par le bas sur la corne droite , mais à gauche c’est impossible.  Le public siffle, une épée basse, sifflets.

 Toro sifflé à l’arrastre  et pour le matador : SILENCE.

Le deuxième adversaire du torero de Badajoz est un Victoriano del Rio de 551 kgs, très sérieux, veleto astifino, cornes jusqu’ au ciel. Deux puyazos après un bon début  par veronicas.

Le vainqueur mexicain de la copa Chenel, Isaac Fonseca ne se fait pas prier pour aller délivrer un quite  très engagé par espaldinas.

Belles banderilles de Miguel Murillo.

Brindis au public, cite aux medios, le toro ne part pas le matador se rapproche et offre deux statuaires , deux doblones et deux trincheras en suivant, ça a de la gueule on se prend à espérer. Mais le toro manque de force et ne pourront s’ensuivre que trois courtes mais belles séries finales.

Un avis retentit, le toro est difficile à cadrer près des planches où l’épée de Talavante   est concluante.

Ovation et pétition minoritaire : Salut au tiers.

ISAAC FONSECA

Isaac Fonseca remplit totalement son rôle,et les deux vieux qui partagent l’affiche , malgré leur bonnes manières ne nous ont à aucun moment donné l’émotion du jeune mexicain.  A son premier un toro de Cortès bas  et arm » fonce sur le torero qui le reçoit à genoux, la cape s’envole, et relevé , Isaac nous montre une belle demie. Comme les deux « vieux » ne vont pas au quite( !!) c’est le jeune matador lui-même qui y va : Impressionnantes saltilleras( passe qui ressemble à la gaonera mais dont l’origine est née des mains d’Armillita, on reste au Mexique !Tête imposante, cornes très ouvertes et fines, on commence à se réveiller, reconnaissons que la fraicheur de ce trompe la mort ade quoi séduire. Un brindis de catégorie à l’Infante Elena en barrera et la corrida commence : cite de très loin, ligado templado  les gestes sont magnifiques .

A gauche Isaac est au meilleur niveau, acceptant tous les risques. Tout s’enchaine et le public vibre et crie des olé mêlés d’effroi. La fin  se fait par 6 Bernadinas provocantes, une épée entière mais basse qui lui fait perdre l’oreille, petite pétition et OVATION.

Le dernier toro, un gros colorado œil de perdrix de Victoriano del Rio est reçu à genoux puis à peine relevé le matador le cite pour trois chicuelinas.  Brindis au public , qui applaudit à tout rompre, mais la manière dont Fonseca enroule les passes tout près du corps me fait peur, on devine la volonté de triomphe dans toutes les attitudes de l’aztèque. J’avoue adorer l’entrega, courageuse au suprême, et l’inévitable finit par se produire : le torero est pris sous la cuisse gauche envoyé en l’air repris sous son gilet et traîné , la corne le cherche  on voit le visage ensanglanté du matador entre les cornes du toro , dont le sang recouvre une grande partie du costume de lumière.   Frayeur d’autant plus ancrée dans la mémoire que le jeune diestro sourit en se relevant pour reprendre la faena où il l’a laissée, à genoux et ça repart, sans peur sans remords sans erreur, aguantant comme un fou !

Epée, Avis, pétition pas tout à fait majoritaire, mais soyez certains que le souvenir qu’on gardera de cette corrida de la Hispanidad, c’est Isaac Fonseca  avec ses deux toros.

Jean François Nevière