Mois : novembre 2023 Page 10 sur 12

Acho: El Fandi Ă  l’infirmerie et trois avis pour GinĂ©s Marin

Plaza de toros de Acho Lima (PĂ©rou). DeuxiĂšme festejo de la Feria del Señor de los Milagros. 1/2 arĂšne. Toros de San Pedro (1Âș) et Santa Rosa de Lima, .

 ANTONIO FERRERA, palmas, silence et silence pour El Fandi

EL FANDI, blessé.

 GINÉS MARÍN, silence aprĂšs deux avis silence aprĂšs trois avis Ă  celui tuĂ© pour El Fandi et silence

Le banderilleros Dennis Castillo a saluĂ© au quatriĂšme. 

El fandi est passĂ© Ă  l’infirmerie pour douleurs lombaires avant mĂȘme le dĂ©but de la lidia. La corrida s’est donc dĂ©roulĂ©e sans lui -il a Ă©tĂ© transportĂ© Ă  la clinique- et GinĂ©s Marin qui a hĂ©ritĂ© de son toro a entendu les trois avis en raison de ses Ă©checs Ă  l’Ă©pĂ©e. AprĂšs avoir changĂ© l’ordre au troisiĂšme toro, El Fandi sortit de l’infirmerie mais ne put rester en piste aprĂšs avoir posĂ© la premiĂšre paire de banderilles. Le toro fut donc tuĂ© par Antonio Ferrera qui avait subi une dure voltereta en tuant le prĂ©cĂ©dent et Ă©tait passĂ© lui aussi par l’infirmerie.

Gamarde sur l’agenda

Rupture entre Angel Tellez et Simon Casas

Angel Tellez et Simon Casas ont mis fin Ă  leur relation d’apoderamiento qui aura durĂ© la temporada 2023. Une rupture “d’un commun accord”. Angel Tellez n,’a pas annoncĂ© qui prendrait en charge sa carriĂšre dĂ©sormais.

Tlaxcala (Mexique) nouveau triomphe d’Isaac Fonseca.

Tlaxcala : Corrida de JosĂ© Julian LLaguno pour Ernesto Javier Calita, Sergio Flores et Isaac Fonseca.

La petite arĂšne de Tlaxcala nichĂ©e sous le clocher de son Ă©glise reprĂ©sente pour nous, Â«  Mexico Aztecas y Toro Â» un souvenir Ă©mouvant.  C’est lĂ  que nous avons vu torĂ©er le Grand Pana en compagnie de Maripaz Vega et de Lupita Lopez.

Voulant nous brinder la mort d’un de ses deux toros le maestro d’Apizaco avait demandĂ© Ă  la prĂ©sidence le changement du toro, changement accordĂ©, public stupĂ©fait qu’un groupe d’aficionados français obtienne ce genre de faveur. Quelques temps aprĂšs, nous passions une journĂ©e merveilleuse avec Rodolfo Rodriguez El Pana, au campo.

 Nostalgie


Ce soir c’est LE torero d’Apizaco, figura del toreo mexicano actuel, Sergio Flores, qui va torĂ©er dans cette plaza El Ranchero de Tlaxcala avec deux compañeros, l’un de Mexico, El Calita, l’autre de Morelia, Isaac Fonseca dont les triomphes espagnols de cette annĂ©e ne demanderont qu’à ĂȘtre confirmĂ©s en terre Tlaxcalteca.

Plaza de toros Aguilar el Ranchero TLAXCALA. Chaleur et ciel bleu avec Marinche et Popocatepetl à l’horizon. Lleno ou presque.

Nous avons une estime et une admiration particuliĂšres pour le grand torero qu’est Sergio Flores, doublĂ©es d’une amitiĂ© rĂ©ciproque.  Il sera difficile ce soir de n’avoir pas un regard qui avantage Sergio Flores que nous avons vu « Ă©norme Â» Ă  Bayonne, Ă  Orthez avec de terribles toros de Victorino Martin voici deux ans (fer de Monteviejo) et des DolorĂšs Aguirre de grand respect et d’une grande violence qui faillirent bien ĂŽter la vie Ă  Francisco Montero.

Toros de J J LLAGUNO (Zacatecas) .Origine Jandilla/Torrestrella/Juan Pedro Domecq. AnciennetĂ© 1956.

Ernesto Javier Calita, bleu roi et or :silence et Oreille.

Sergio Flores :Bleu roi et or :silence et Deux oreilles.

Isaac Fonseca : Framboise et oreille et deux oreilles et la queue.

Calita’ va devoir s’accrocher en torĂ©ant comme chef de lidia , pourvu que les toros de LLaguno soient Ă  la hauteur.  Car c’est bien ce que l’on redoute ces derniers temps devant des ganaderias mexicaines sans caste ni force.

Eh bien une fois de plus ce que je redoutais s’est produit.

Des toros faibles, dĂ©castĂ©s, arrĂȘtĂ©s, qui trĂ©buchent ou passent tĂȘte relevĂ©e dans la muleta
.triste spectacle si l’on s’en Ă©tait tenu lĂ .

Pas mal prĂ©sentĂ©s , commodes de tĂȘte, morrillo joliment proĂ©minent, tournant autour de 500kgs de moyenne, on s’ennuya ferme du premier au quatriĂšme  malgrĂ© quelques courts instants . mais de bravoure point, les efforts trop visibles de Calita Ă  son premier sentaient l’application mais ne transmirent rien.

A son second, face Ă  un quatriĂšme negro meano pas vilain nommĂ© Fotografo, le torero de Mexico embarque son animal au capote jusqu’au centre et on se met Ă  espĂ©rer.

Preuve du peu de bravoure de ce fotografo, le picador va le chercher au-delĂ  de la deuxiĂšme ligne pour lui administrer une seule pique peu appuyĂ©e, subie sans bravoure. Les deux banderilleros s’acquittent fort bien de leur travail et sont appĂ©lĂ©s Ă  saluer.

Le brindis a quelque chose de 
 paradoxal, ironique presque
 la ganadera de Piedras Negras prĂ©sente en barrera avec son mari reçoit l’hommage de Calita tout sourire. Traduction de ma part (imaginaire, bien entendu) : Madame je vous dĂ©die la mort de ce toro qui  n’a rien Ă  voir avec les vĂŽtres, si forts si braves et si redoutables.

Calita compose la figure, mais rien Ă  tirer de cet animal.

Et pourtant la musique joue, mal, mais joue mĂȘme quand le toro s’entrave et tombe


Pinchazo et une entiÚre tombée, petite pétition, et une oreille.

Sergio Flores entre en scĂšne au second nommĂ© Tradicion, negro lui aussi, 490kg, qu’il conduit doucement au cheval oĂč il prend une petite puya et le maestro lui administre une belle revolera Ă  la sortie de la pique, unique bien entendu.

Brindis au public mais qu’attendre de ce toro tardo qui serre un peu Ă  gauche et auquel le torero d’Apizaco lie une jolie sĂ©rie rĂ©matĂ©e par un desplante original : front du matador contre frontal du toro.

Pinchazo hondo,puis une entiĂšre sur l’animal arrĂȘtĂ© qui n’aide en rien le matador.

Verduguillo trois fois et l’animal tombe. Silence.

A son deuxiĂšme adversaire, Sergio hĂ©rite du premier toro intĂ©ressant pour le matador et le public.Il s’appelle lui aussi Tradicion, pĂšse un bon quintal, il est vif, joliment fait et remplit bien l’espace de cette petite et gracieuse arĂšne de la plus belle rĂ©gion ganadera du Mexique.

VĂ©ronicaspour conduire le bicho au centre oĂč il attend le cheval.

On patiente, le toro finit par dĂ©marrer, trĂšs violemment et il renverse tout l Â»Ă©quipage, le picador face contre terre , le cheval relevĂ© par les areneros et les banderilleros tandis que Sergio occupe le toro aux planches, tout s’arrange.

Bon dĂ©but sur la corne droite  aprĂšs un brindis au public . Bien centrĂ©, templĂ©, compas ouvert le matador donne une belle sĂ©rie Ă  gauche et aprĂšs des cites de loin, rapproche l’animal et se le garde , il danse et tourne devant le toro pour dĂ©clencher sa charge, dominio et style fleuri trĂšs ‘mexicain’.

ça bouge, ça vit, ça intĂ©resse, enfin !

Une entiĂšre basse qui malgrĂ© sa mauvaise localisation vaudra deux oreilles  Ă  Sergio Flores radieux ;On ne pourra pas , de toute maniĂšre lui enlever ses qualitĂ©s de volontĂ© courage, aguante,et l’alegria cela se transmet, Le torero de la tierrarecueille les bravos unanimes lors de sa vuelta al  ruedo triomphale.

Jsaac Fonseca a reçu son premier par largas de rodillas rematĂ©es par trois chicuelinas  elles mĂȘmes termnĂ©es avec un lachĂ© de pointe de capote d’une main de trĂšs bon goĂ»t.

Le toro, 488kg nommĂ© Rebocero me semble boiter un peu de l’antĂ©rieur droit, il campe aux planches, s’entrave, est lui aussi tardo comme les premiers avec en plus un dĂ©faut infiniment dĂ©sagrĂ©able : il n’humilie absolument pas et entre tĂȘte droite dans la muleta, l’air de dire : Â» ok j’arrive mais je ne fais que passer , et je ne vais pas en plus charger en baissant la tĂȘte ! Â»

Et malgrĂ© cela, grĂące Ă  une estocade de grande qualitĂ© le torero du Michoacan reçoit une oreille, on imagine que c’est simplement l’estocade qui la lui mĂ©rite.

Le meilleur pour la fin , un bon sixiĂšme, negro lui aussi, de 540 kg bien fait bien armĂ© ouvert que Fonseca va recevoir Ă  Porta Gayola.Il continue au capote par des largas Ă  genoux et trois chicuelinas rapides et d’une proximitĂ© impressionnante vu la vitesse du toro.  Tout dĂ©sormais, aprĂšs le brindis au public, se dĂ©roule bien : tout est clair chez l’homme, prĂ©cis, engagĂ©, et , je dirai heureusement , un peu moins chez le toro qui derrote de façon Ă  augmenter l’intĂ©rĂȘt de la faena. Final par des molinetes ,aprĂšs de passes dans le dos qui font frĂ©mir, enfin un peu d’émotion dans cette course .

Isaac torĂ©e dans les cornes, estoque  d’une coup fulminant.

Le jeffe de plaza sort les deux mouchoirs, l’ovation continue et le jeffe cĂšde et donne la queue( au Mexique c’est un mouchoir vert( !) qui la symbolise.

TrĂšs bon final, juste un peu pueblerino mais nous en avions bien besoin ce soir.

Jean François NEVIERE

Au Mexique hier

Aguascalientes, Ags.- Plaza Monumental. Corrida de Calaveras. Trois quarts.

Toros de Villa Carmela (1o. y 4o., rejones), 4o. et 6o. arrastre lent.

Le rejoneador Pablo Hermoso de Mendoza: Silence et deux oreilles. 

Leo Valadez (obispo y oro): Oreille et oreille. 

Diego San RomĂĄn (nazareno y oro): Oreille et ovation.

LeĂłn, Gto.- Plaza “La Luz”. Corrida extraordinaire en l’honneur de JosĂ© Alfredo JimĂ©nez. Trois quarts. Toros de Villa Carmela, 5o. arrastre lento et 6o. vuelta al ruedo.

Diego Silveti (azul y oro): Ovation, oreille et deux oreilles.

AndrĂ©s Roca Rey (pizarra y oro): Ovation, oreille et deux oreilles te la queue.

Niebla: pellizco d’Oliva Soto

Niebla (Huelva) Corrida du 30Ăšme anniversaire. Un quart.

Toros y novillos de Murube (2Âș et 6Âș), Buenavista (1Âș et 5Âș) et Virgen MarĂ­a (3Âș bis et 4Âș). 

Oliva Soto, deux oreilles et oreille; 

José Ruiz Muñoz, deux oreilles et ovation

Le novillero Alfonso Alonso, qui dĂ©butait avec les chevaux oreille et oreille.

MalgrĂ© le vent qui soufflait en tornade et le froid qui sĂ©vit, la clĂŽture de la temporada dans la citĂ© de la muraille avait ses avantages. D’abord les toros: l’ensemble de prĂ©sentation modeste eut un comportement noble qui lui permit de faire briller les coletudos malgrĂ© les intempĂ©ries. De ce point de vue les trois premiers dans des styles diffĂ©rends sont Ă  crĂ©ditĂ©s d’une bonne note malgrĂ© leur modestie sous le cheval -ce n’est pas ce qu’on leur demandait non plus.

Pourquoi Oliva Soto, le torero de Camas, qui a pris une alternative de gala Ă  la Maestranza en 2008 n’a-t’il jamais percĂ© ? C’est pour moi un mystĂšre du sans doute une certaine nonchalance ou peut-ĂȘtre un accompagnement dĂ©fectueux, bref il vaut mieux que son classement Ă  l’ATP des toreros. DĂ©cidĂ© hier malgrĂ© le vent et devant deux bons toros il a montrĂ© qu’il avait en plus de ce pellizco de ces toreros gitans, de l’autoritĂ© et du recours lui permettant d’offrir deux travaux trĂšs complets malgrĂ© le plus grand ennemi du torero c’est Ă  dire le vent. Il aurait pu couper un appendice supplĂ©mentaire Ă  son second passage s’il n’avait eu ces difficultĂ©s avec le verduguillo.

Plus rĂ©cent dans la profession, durement chĂątiĂ©, JosĂ© Ruiz Muñoz aura sĂ©duit lui aussi Ă  son premier passage par son entrega d’abord mais surtout par son aisance Ă  construire une faena complĂšte dans la tempĂȘte. Il prit la gauche sans se dĂ©gonfler malgrĂ© le vent violent et dessina quelques belles naturelles. Estoconazo et deux oreilles qui marque un retour remarquĂ©.

Alfonso Alonzo dĂ©butait avec les chevaux trĂšs prĂ©parĂ© puisqu’il avait derriĂšre lui une quarantaine de novilladas sans picadors. Cette expĂ©rience lui fut utile dans ce contexte mĂ©tĂ©orologique et sa prestation ne dĂ©para pas sans pour autant convaincre vĂ©ritablement.

Cette belle prestation va-t-elle servir Ă  Oliva Soto pour rebondir et tenir ses promesses ou est-il trop tard ? C’est la question de Niebla.

PV

Au Mexique vendredi

Aguascalientes, Ags.- Plaza Monumental. Festival moins d’un quart.

Novillos-toros de La Punta, le troisiĂšme arrastre lent

Le rejoneador Guillermo Hermoso de Mendoza: Ovation.

Juan Pablo SĂĄnchez: Oreille;

Luis David: Deux oreilles.

JosĂ© MarĂ­a Hermosillo: Ovation.

Alejandro Adame: Oreille.

Le novillero Marco PĂ©rez: Ovation.

Tlaxcala. Tlax.- . Plaza Jorge Aguilar “El Ranchero”. Lleno. Corrida de Todos los Santos. Nocturnae.

Toros de Rancho Seco,

 Diego Ventura: Palmas et oreille. 

Uriel Moreno “El Zapata” (gris y plata): Oreille et oreille. 

Diego San RomĂĄn (salmĂłn y oro) : Palmas et Palmas.

San Luis PotosĂ­, S.L.P.- Plaza “El Paseo-FermĂ­n Rivera”. Corrida extraordinaria. Lleno.

Toros de Bernaldo de QuirĂłs,

Le rejoneador Pablo Hermoso de Mendoza: Palmas et oreille

Diego San RomĂĄn: Ovation et deux oreilles.

Arturo Gilio: Ovation et ovation.

 

NĂźmes : 3 000 Ɠuvres intĂšgrent les collections du MusĂ©e des Cultures Taurines

Photo France Bleue

In Le RĂ©veil du Midi : https://www.lereveildumidi.fr/index.php

“Jeudi 26 octobre, la collection des Ɠuvres de tauromachie de l’Association des Amis du MusĂ©e des Cultures Taurines a dĂ©finitivement intĂ©grĂ© les collections du musĂ©e.

Par ce don exceptionnel, qui jusqu’alors faisait l’objet d’un dĂ©pĂŽt, ce sont prĂšs de 3 000 piĂšces dĂ©diĂ©es Ă  l’univers taurin qui viennent enrichir le fonds, dĂ©jĂ  trĂšs important, du MusĂ©e des Cultures Taurines – Henriette et Claude Viallat.

« La Ville de NĂźmes, en tant que haut-lieu des cultures taurines et promoteur de toutes les tauromachies, ne peut que se rĂ©jouir de cette donation, qui s’inscrit dans le prolongement d’un partenariat de prĂšs de 40 ans avec l’association des Amis du MusĂ©e des Cultures taurines, assurant Ă  ces Ɠuvres une protection renforcĂ©e, en tant que collection de musĂ©e de France », se fĂ©licite Jean-Paul Fournier, maire de NĂźmes.

« Ce nouveau don de prĂšs de 3 000 piĂšces, soit 1 100 numĂ©ros d’inventaire, assure la transmission de notre patrimoine culturel et de nos traditions locales aux gĂ©nĂ©rations futures », ajoute Sophie Roulle, adjointe dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la culture.

La dĂ©cision de cette donation a Ă©tĂ© formulĂ©e par courrier au Maire de NĂźmes, puis validĂ©e par la Commission scientifique rĂ©gionale des collections des musĂ©es de France – RĂ©gion Occitanie en novembre 2022. Jean-Paul Fournier, maire de NĂźmes, et Michel Domergue, prĂ©sident de l’association, ont scellĂ©, jeudi 26 octobre Ă  l’HĂŽtel de Ville, la donation de ce fonds qui constitue dĂ©sormais un Ă©lĂ©ment Ă  part entiĂšre des collections publiques de la ville.

Les Arts graphiques y occupent une place importante avec prÚs de 80 référencements, sous forme de peintures, de dessins ou de gravures, réalisées par des artistes de renommée nationale, comme Auguste Chabaud et Christian Gaillard, régionale, comme Jean-Pierre Formica ou José PirÚs, ou de maßtres espagnols de la peinture taurine du XXe siÚcle.

En plus d’une base de donnĂ©es iconographique unique en son genre (photographies, cartes postales), la collection possĂšde un costume de novillero ayant appartenu au torero Nimeño II, actuellement exposĂ© au musĂ©e, ainsi qu’une importante collection d’affiches – trĂšs certainement une des plus importantes en France – dont les plus anciennes datent du dĂ©but du XIXe siĂšcle.

Le MusĂ©e des Cultures Taurines Henriette et Claude Viallat se doit de cĂ©lĂ©brer ce temps fort de son histoire. Aussi, l’exposition temporaire qui se tiendra dans ses murs, durant l’étĂ© 2024, entend mettre Ă  l’honneur les piĂšces les plus remarquables de cette collection. Son intĂ©rĂȘt historique, anthropologique et documentaire Ă©vident propulse le musĂ©e nĂźmois au rang des plus belles et des plus riches structures musĂ©ales, en France comme Ă  l’étranger, dĂ©diĂ©es aux tauromachies et au grand Ɠuvre taurin”

Le Mexique ce samedi sur One torotv Ă  23h. 30

Patrick Varin vu par Yves Lebas: “Ma vĂ©ritĂ©”

Durant cette respiration entre deux temporadas oĂč l’actualitĂ© est rare -nous ne l’oublierons pas- revenons sur le passĂ©. GrĂące Ă  leur directeur Jean Paul Laffont les Ă©ditions Gascogne dans la Collection La Verdad ont publiĂ© 15 livres sur les acteurs de la corrida depuis quelques annĂ©es. Ces livres rĂ©digĂ©s par de grands professionnels nous donnent de prĂ©cieuses indications sur la tauromachie moderne. Ils n’ont pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de la publicitĂ© qu’ils auraient mĂ©ritĂ©e.

AprĂšs un extrait de l’ouvrage consacrĂ© Ă  Curro Diaz le grand torero de Linares, voici que nous donnons la parole Ă  Patrick Varin un des toreros les plus brillants de sa gĂ©nĂ©ration et qui dirige notamment la carriĂšre d’El Rafi. Connu pour sa passion mais aussi sa fidĂ©litĂ© et la qualitĂ© de son jugement, Patrick a Ă©tĂ© longuement interrogĂ© par Yves Lebas prĂ©sident de l’Ă©cole taurine d’Arles, Ă©crivain et traducteur.

 Un ouvrage que l’on peut acheter sur tous les sites commerciaux en ligne ou commander dans toutes les bonnes librairies. Voici un large extrait du chapitre “Ma VĂ©ritĂ©”:

PV

R – « Si la solitude te fait peur ne cherche pas Ă  torĂ©er Â». Je me suis souvent fait cette rĂ©flexion
 et c’est l’une des plus difficiles Ă  appliquer ! Des plus douloureuses, aussi. MalgrĂ© le temps passĂ© ensemble, malgrĂ© les conseils des uns ou des autres, apoderado, cuadrilla, « professionnels Â», proches, 
 au final tu es tout seul devant le toro. C’est toi qui prends les dĂ©cisions, qui fais les choix, qui ressens ce que tu peux faire avec tes moyens et avec l’animal qui est face Ă  toi, animal vivant et toujours changeant. Tant que tu ne sais pas ou ne peux pas prendre tes dĂ©cisions ou faire ces choix tout seul, tu n’as pas trouvĂ© ta voie de torero.

Aller au bout de notre art c’est explorer les limites d’un engagement qui peut aller jusqu’à la mort. Devient-on alors un monstre qui souffre et fait souffrir sa famille, son entourage parce qu’il est au seul service de son art ?  Ou peut-on rester quelqu’un de bien, une « bonne personne Â» attentive aux autres, au dĂ©triment de son art ? C’est un dilemme que connaissent tous les artistes, mais il se charge chez les toreros d’une inquiĂ©tude dramatique puisque la mort possible est au cƓur mĂȘme de notre art.

Q – Mais peut-ĂȘtre, comme tout choix impossible, est-ce une question avec laquelle il faut vivre mais qu’on ne saurait trancher dĂ©finitivement. Et parce qu’elle est lĂ , elle pousse au dĂ©passement, Ă  la poursuite d’un idĂ©al qui existe puisqu’on le rĂȘve mais qu’on n’atteint jamais, puisqu’il est inatteignable ?

R – Je garde au fond de moi ce rĂȘve de torĂ©er doucement
, toujours plus doucement, encore plus doucement ! Je sais que lĂ  est la vĂ©ritĂ© du toreo. Une vĂ©ritĂ© esthĂ©tique, bien sĂ»r. C’est la lenteur douce que donne Ă  entendre le toreo. La fameuse « mĂșsica callada del toreo », cette « solitude sonore Â» qu’illustrait Belmonte.

Q – TorĂ©er avec lenteur c’est aussi torĂ©er avec courage ?

R – Ceux qui se mettent devant un toro comprennent ce que signifie l’affirmation « torear despacito es la demonstraciĂłn mĂĄs pura del valor Â»[1]. La dĂ©monstration et la vĂ©ritĂ©. En effet, plus la passe est lente, plus longtemps il faut maĂźtriser la charge du toro, le garder fixĂ© dans le capote ou la muleta, et plus longtemps on reste exposĂ© au danger de la corne


Pour torĂ©er doucement il faut dominer rĂ©ellement le toro. Tu freines sa charge et l’obliges Ă  suivre ton rythme, en baissant la main. C’est cela torĂ©er « vraiment Â» en t’imposant au toro mais en t’offrant le plus Ă  son danger.

Q – On confond souvent lenteur et « temple Â»

R – TorĂ©er avec temple c’est harmoniser la passe, le mouvement de la cape, Ă  la charge du toro au point que toujours il poursuit le leurre sans jamais l’atteindre.

 C’est comme quand tu dĂ©places un clou avec un aimant sans qu’il ne le rejoigne jamais. Tu dois maintenir la bonne distance. Tu vas trop vite ? Le clou s’arrĂȘte. Tu avances trop lentement ? Le clou rattrape l’aimant
 dans les deux cas, c’est ratĂ©. C’est pareil pour les cornes du toro suivant les plis du capote ou la muleta. Le temple, permet la profondeur. Il lui est nĂ©cessaire.

Q – Tout compte pour torĂ©er comme on le sent. Comment choisit-on les capotes et muletas avec lesquelles on va torĂ©er ?

R – L’attention au choix des trastos, ça ne m’est pas venu tout de suite. Au dĂ©but, comme novillero, l’important Ă©tait de me mettre devant un toro et de le torĂ©er. Je ne regardais pas trop les outils que j’utilisais. Ou alors c’étaient des raisons « romantiques Â». Je me souviens que lors de ma prĂ©sentation Ă  Madrid, j’ai affrontĂ© mes novillos avec une vieille muleta offerte par Curro Vazquez. La rĂ©fĂ©rence Ă  Curro Ă©tait pour moi le plus important


Ce n’est qu’une fois l’alternative passĂ©e que j’ai commencĂ© Ă  y prĂȘter une attention de plus en plus pointilleuse, un soin de plus en plus mĂ©ticuleux. La taille, le poids, la coupe, les tissus, les couleurs mĂȘme, tout compte, tout importe. Si je prĂ©fĂšre des capotes au rose lumineux plutĂŽt que violets, c’est surtout la taille – je choisis toujours un capote de 116 cm[2] – et la texture qui m’importent. Je recherche des trastos « flojitos Â» (souples). Ils doivent accompagner et donner du « vuelo Â» (envol) Ă  la passe. Alors je n’aime pas trop ces capotes dont le tissu contient trop de fils de nylon, rigides et difficiles Ă  casser. MĂȘme en les usant artificiellement comme on fait avec les jeans


Q – Mais s’ils sont trop souples, est-ce qu’il n’y a pas de risque d’envol involontaire Ă  cause du vent, cette « troisiĂšme corne Â» qu’on connait bien dans le sud-est avec le mistral ou la tramontane ?

R – Ou Ă  Madrid ! Curro Vazquez, encore lui, expliquait que, quand il torĂ©ait Ă  Madrid, il choisissait une chambre d’hĂŽtel d’oĂč on ne voyait pas d’arbres qui puissent lui indiquer s’il y avait du vent quand il se levait 
 il prĂ©fĂ©rait le dĂ©couvrir le plus tard possible ! Le vent est un mauvais lutin qui donne un coup de pied dans la cape ou la muleta au mauvais endroit et au mauvais moment.

Si les trastos souples donnent du mouvement, le mouvement initial, ce « toque Â» si important qui attire l’attention du toro et engage sa charge, doit ĂȘtre donnĂ© au bon moment, au bon endroit, et n’obĂ©ir qu’au seul geste du torero. Comment combiner souplesse pour permettre le « vuelo Â» et rigiditĂ© pour rĂ©sister aux sautes malicieuses du vent ? Bernardo Valencia m’en a donnĂ© l’idĂ©e au VĂ©nĂ©zuĂ©la oĂč il arrive que le vent souffle assez fort. Il mettait des poids dans certaines parties de son capote.

Partant d’un tissu assez souple, ou que j’avais assoupli, cassĂ©, vieilli, je durcissais certaines zones avec une espĂšce de colle Ă  bois de mon invention pour rigidifier certaines parties du capote ou de la muleta.

L’importance du choix de bons outils que, nous, nous avons appris au fur et Ă  mesure de nos expĂ©riences pratiques, les Ă©lĂšves toreros d’aujourd’hui le savent trĂšs vite. Et c’est une trĂšs bonne chose.

Q – Comme tu l’as dit, plus la passe est longue, plus la proximitĂ© entre toro et torero se prolonge. Est-ce cela que l’on appelle la profondeur ? Et n’est-ce pas la mise en scĂšne de la torerĂ­a ? 

R – Je disais tout Ă  l’heure l’impact qu’avait eu sur le gamin que j’étais la photo de Pepe Luis VĂĄzquez torĂ©ant Ă  la vĂ©ronique, photo que j’avais trouvĂ©e dans La Tauromachie de Popelin. En tĂąchant de comprendre ce qui me fascinait je me suis demandĂ© si ce n’est pas la sensation de durĂ©e que donne l’absolu naturel du geste, immobilitĂ© en mouvement. Il n’y a lĂ  rien qui paraisse forcĂ©, qui donne le sentiment de l’effort. Dans le mĂȘme temps toro et torero donnent chacun l’impression d’ĂȘtre complĂštement absorbĂ©s dans leur geste, le toro poursuivant la cape, le torero la dĂ©ployant devant son mufle pour le caresser et l’entraĂźner. Et l’on comprend la rĂ©fĂ©rence Ă  Sainte VĂ©ronique nettoyant la face de JĂ©sus. Je crois que c’est cela que l’on appelle la profondeur, expression indĂ©finissable, comme le duende.  

Q – MĂȘme si le rapprochement avec les anges et le ciel peut paraĂźtre paradoxal, c’est comme cela, en allant au fond de lui-mĂȘme, que le torero atteint la profondeur du toreo ?

R – La profondeur touche Ă  l’infini. Ce qui donne de la profondeur Ă  un muletazo c’est quand, au moment mĂȘme oĂč toi-mĂȘme, et ceux qui te regardent aussi, tu crois qu’il se termine, tu le prolonges avec un jeu de ceinture et de poignet. Alors le toro poursuit le leurre comme Ă  l’infini et « les horloges s’arrĂȘtent Â». En fait on donne une sensation que le toro rentre dans le muletazo et tombe dans un puits profond, le fond du puits Ă©tant la fin du muletazo. Regarde Curro Romero[3], il est l’exemple de comment, mĂȘme avec la muleta Ă  mi-hauteur et malgrĂ© le poids des ans, on peut torĂ©er avec profondeur.

Ce n’est pas qu’une question esthĂ©tique. Un muletazo linĂ©aire peut ĂȘtre esthĂ©tique, joli Ă  regarder. Mais il n’est pas profond. Quand tu donnes des passes en ligne droite tu ne peux pas ĂȘtre profond, tu n’es que linĂ©aire !

Par contre quand tu te croises au maximum et que tu sors media muleta, totalement “encajado” sur les reins et abandonnĂ© sur les talons, que tu oublies le danger ou plutĂŽt tu acceptes de dĂ©passer la ligne rouge, tu te donnes entiĂšrement et tu torĂ©es vraiment. Curro Romero le dit parfaitement, et je fais mienne son observation : ” c’est quand tu as les pieds enracinĂ©s dans le sol que tu atteins le ciel”.

Q – Le torero « atteint le ciel Â» ou dĂ©montre, comme l’affirme Sanchez MejĂ­as, pourquoi il est un ange
 Ne pourrait-on parler alors de puretĂ© du toreo ?

R – Ça me semble moins grave ! Je crois que la puretĂ© dans le toreo c’est essentiellement une question de bon goĂ»t, le contraire de la vulgaritĂ©.

Je reconnais que la vulgaritĂ© est une chose que je dĂ©teste. Je tiens sĂ»rement cela de mon pĂšre. Il m’a appris le plaisir du travail bien fait et le souci du bon goĂ»t, que cela concerne les paroles, les gestes, les vĂȘtements, les attitudes. On retrouve tout cela dans la tauromachie. Et parce que la corrida est quelque chose de grave il faut la traiter avec respect. Je crois que la puretĂ© dans le toreo n’est qu’une question de bon goĂ»t.   

Q – C’est cela la maniĂšre de transmettre, de surmonter le dilemme entre « porter sur le public Â» et « bien torĂ©er Â» ?

R – Au terme de toutes ces annĂ©es d’interrogations et de doutes sur ce que je croyais ĂȘtre un choix entre plaire au public ou accĂ©der Ă  l’art, la nĂ©cessitĂ© impĂ©rative de transmettre au public tout en poursuivant un rĂȘve d’artiste, il m’arrive de dire Ă  ceux qui m’interrogent : « c’est simple, il suffit de se poser sur les talons sans bouger, de mettre les reins et se passer le toro tout prĂšs ».

Atteindre l’économie de gestes suppose souvent, toujours en fait, plus de travail et de maĂźtrise de soi que des figures souvent spectaculaires mais pas toujours fondamentales. Il ne faut pas confondre ce « naturel Â», ce relĂąchement du corps mais pas de l’esprit, façonnĂ© par des heures et des heures de travail, avec le savoir-faire technique. Je crois plutĂŽt que c’est ce qui permet de l’occulter, le dĂ©passer, et accĂ©der Ă  l’expression de sa libertĂ©, voire sa folie, crĂ©atrice. En lui ouvrant la porte, le torero ouvre la porte au duende.

Bien sĂ»r c’est plus facile Ă  dire qu’à faire, et il m’a fallu des annĂ©es et bien des angoisses pour le comprendre. Mais je suis de plus en plus convaincu que la simplicitĂ© et le naturel sont la clĂ©, y compris, surtout, vis Ă  vis du public. C’est en tous cas ma vĂ©ritĂ©. Non pas LA VĂ©ritĂ©, vĂ©ritĂ© unique avec un V majuscule. Chaque torero a sa vĂ©ritĂ© comme il a son mystĂšre. D’ailleurs j’adore Ă©couter d’autres personnes, toreros ou non, parler de leur maniĂšre de comprendre et interprĂ©ter la tauromachie. Ça provoque ma rĂ©flexion et ça m’enrichit.

Q – En parles-tu avec Rafi,

R – Je me suis toujours gardĂ© d’imposer mon toreo Ă  mes Ă©lĂšves, ou mĂȘme de le donner en rĂ©fĂ©rence. Mais aujourd’hui, j’ai le sentiment que Rafi a suffisamment avancĂ© pour que je puisse lui faire valoir la dimension esthĂ©tique et artistique du toreo qui m’a toujours animĂ©. Nous parlons plus d’égal Ă  Ă©gal, je suis moins un modĂšle qu’il faudrait imiter qu’une rĂ©fĂ©rence dont il peut se nourrir pour donner plus de sens, de profondeur Ă  sa tauromachie. Alors je n’hĂ©site plus Ă  lui faire part de mes goĂ»ts !

Q – N’y a-t-il pas une fausse symĂ©trie entre toro et torero par rapport Ă  la blessure et la mort. Elle est pratiquement certaine pour l’un, le toro. Elle doit demeurer incertaine et exceptionnelle pour l’autre, le torero. Est-ce que cela peut justifier la mort du toro ?

R – La mort probable du toro et celle, possible, du torero sont liĂ©es. Je me souviens que, Ă  mes dĂ©buts, j’allais aux abattoirs de NĂźmes pour m’entraĂźner au descabello. Je n’y arrivais pas. Ça m’était impossible
 en face le toro n’avait jamais eu l’opportunitĂ© de se dĂ©fendre, il n’avait pas pu exprimer sa bravoure, nous n’avions pas cĂ©lĂ©brĂ© ensemble sa noblesse.

Comme le dit Francis Wolff « ce qui fait la valeur de cette mort, c’est le prix que l’on attache Ă  ce vivant Â». Le vivant n’avait eu aucun prix, sa mort ne valait rien !… C’Ă©tait insupportable, et moi je me sentais malheureux et incapable.

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