Real Maestranza de Sevilla, 6eme corrida dâabono. Temps beau et chaud, arĂšnes pleines sauf une petite partie au soleil. Corrida de Nuñez del Cuvillo, moyennement prĂ©sentĂ©e, de comportements variĂ©s.Â
Mansos 3 sur 6 plus braves avec de la caste les 3,5 et 6Ăšme. Poids moyen 520kgs, deux noirs, deux colorados, un melocoton et un jabonero.Â
Diego Urdiales, de noir et or. Oreille et salut au tiers.Â
Alejandro Talavante, de tabac et or. Oreille et salut au tiers.Â
Daniel Luque de nazareno et or. Une oreille et deux oreilles, Puerta del Principe.Â
Je vais encore me faire des amis en disant que lâoreille, au demeurant mĂ©ritĂ©e du premier toro fade et sur la dĂ©fensive quâeut Ă lidier Urdiales, est une oreille sans grande catĂ©gorie, dĂ»e Ă lâapplication du torero dâArnedo et Ă sa grande estocade. Public enchantĂ© par la mĂ©canique bien huilĂ©e , deux sĂ©ries droitiĂšres identiques, une sĂ©rie de natuelles, et re sĂ©rie droitiĂšre en fin de faena. Sans beaucoup de variĂ©tĂ©, sans gĂ©nie, mais câĂ©tait bien fait, sĂ©rieux, classique et lâĂ©pĂ©e fut grande et en place, sin puntilla. OREILLE donc.Â
A son second un colorado qui prend les deux piques rĂšglementaires il sera impossible au vĂ©tĂ©ran dâArnedo de lier, ce fut passe aprĂšs passe une faena sans entrain, Ă toro presque parado.
Un pinchazo et une entiĂšre fulminante, Salut au tiers. Rappelons que pour son premier toro, sur la dĂ©fensive, le matador a su mettre en valeur les qualitĂ©s quâil avait au fond de lui et in fine, on vit trois passes par le bas qui valaient un coup de chapeau. On entendit certains commentateurs parler de faenon… et puis quoi encore?Â
Alejandro Talavante est un trĂšs grand torero et quand il veut il le dĂ©montre! Ce quâil fit ce soir avec son premier adversaire, un petit noir plus nerveux que le premier.Â
Bonne rĂ©ception par veronicas et un bon deuxiĂšme puyazo. Il est Ă remarquer que les ordres avaient Ă©tĂ© donnĂ©s aux lanciers de ne pas Ă©puiser les toros qui nâauraient pas supportĂ© de piques appuyĂ©es. Daniel Luque alla au quite par chicuelinas trĂšs ajustĂ©es. Javier Ambel posa une belle paire de banderilles sans pour autant saluer… Ce deuxiĂšme toro sort seul de la pique et tombe, puis retombe aussitĂŽt aprĂšs la premiĂšre paire de banderilles. Faiblesse impardonnable dans une arĂšne comme SĂ©ville, dâautant que les piques nâont jamais Ă©tĂ© dures, plutĂŽt des picotazos.
Muleta en main Talavante montre qui il est , ce quâil sait faire et surtout ĂȘtre, son toreo est ce quâil cache dans son Ăąme et non une copie de bon Ă©lĂšve. Classe , inspiration, rythme, variĂ©tĂ©, la faena comme le toro vont a mas. Par-dessus le marchĂ© une superbe Ă©pĂ©e, OREILLE de grand poids.
Au cinquiĂšme, noblesse oblige Talavante reçoit ce toro melocoton par trois faroles qui font monter le toro cornes trĂšs haut. Une telle rĂ©ception au capote est assez rare pour ĂȘtre soulignĂ©e. Aux banderilles Alvaro Montes est appelĂ© Ă saluer. Et ce qui devait normalement se terminer par une rĂ©compense majeure commence: brindis au public, dĂ©but aux medios Ă genoux, trois passes rematĂ©es par un pecho debout. Une grande partie de la faena se fera sur la corne gauche.
HĂ©las un pinchazo remet tout en cause et lâĂ©pĂ©e entiĂšre mais trasera qui suit prive lâexpremeño de lâoreille . Salut au tiers sous une grande ovation.
Daniel LUQUE a fait se lever le public Ă de nombreuses reprises tant Ă son premier, un colorado assez vif et mobile.Â
Urdiales va au quite par chicuelinas approximatives, Luque lui rĂ©pond par des cordobinas affolantes, les gradins n’ont pas le temps de se refroidir tant que les derriĂšres sont relevĂ©s. Grande paire dâIvan Garcia qui doit saluer.Â
Et le brindis de Daniel Ă son pĂšre malade absent des arĂšnes oĂč il lâa toujours accompagnĂ©:â papa, ce toro est pour toi puique que nâes pas lĂ ce soir mais tu peux me voir…â.
Le toro sâattarde un peu comme sâil avait envie de foncer mais se retenait pour plus tard. Daniel Luque oblige cet animal Ă se livrer, et ici la musique dĂ©marre Ă juste titre, le chef dĂ©cide seul en grand aficionado! A Gauche les naturelles sont superbes mais le toro a de moins en moins de fond . EpĂ©e parfaitement placĂ©e, immĂ©diate dâeffet, sans puntilla, et OREILLE.Â
Daniel Luque sait dĂ©sormais quâil aura le toro le plus clair , du moins par la couleur( jabonero) mais aussi par le caractĂšre, trempĂ© mais noble, qui dure et redemande du tissu sous son mufle baissĂ©.Â
Daniel sait , pressent, sent que câest maintenant ou jamais quâil doit se jouer la vie.Â
Ce toro sâappelle CONTENTO, feliz, heureux , comme nous tous qui avons vu jusquâau bout une aventure risquĂ©e mais si belle. Il y a des desplante qui ont du sens. Et je vous assure que aprĂšs des luquesinas impensables deux minutes avant l’Ă©pĂ©e jetĂ©e loin de lui, torĂ©ant dans 50 cm2, finir entre les cornes, une main empoigant la droite puis la lĂąchant et ouvrant la chaquetilla entre les deux pitons, si vous nâavez pas au choix, ou tout cela Ă la fois, admiration, chair de poule, frayeur ou contentement, câest que vous ne devez pas vraiment aimer lâart de Cuchares.Â
DEUX OREILLES, et son corollaire (total de trois) PORTE DU PRINCE
Le brindis Ă©tait pour nous tous : merci Daniel Luque, ce fut un grand soir !Â
Jean François NEVIERE
PS: le prĂ©sident TERUEL qui avait refusĂ© en se justifiant partiellement la vuelta au toro de Santiago Domecq avant hier a su voir , mĂȘme si l’Ă©pĂ©e du 6Ă©mĂ© Ă©tait un tantinet trasera, lâentrega totale du maestro de Gerena. ET en plus la pĂ©tition de la deuxiĂšme nâĂ©tait pas prĂšs de sâarrĂȘteÂ
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