Mois : juin 2024 Page 7 sur 16

Paco Ureña: trois heures d’opĂ©ration…

Paco Ureña a subi trois heures d’intervention chirurgicale pour reconstruire de maniĂšre satisfaisante la fracture avec dĂ©placement de la clavicule gauche, littĂ©ralement cassĂ©e dimanche dernier Ă  Madrid. L’intervention a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  la clinique CEMTRO de la capitale espagnole par l’Ă©quipe dirigĂ©e par le Dr AraĂșz. L’intervention s’est dĂ©roulĂ©e comme prĂ©vue. Reconstruction de la fracture et suture Ă  l’aide d’une plaque et de vis. DĂ©sormais, six jours minimum d’immobilisation et dĂ©but de rééducation pour raccourcir les dĂ©lais.

« Nous allons mettre tous les moyens Ă  notre disposition pour qu’il soit prĂȘt le 1er juillet, c’est le focus et l’objectif. Ce n’est pas un dĂ©lai logique, mais avec un programme et un travail de physiothĂ©rapie adĂ©quats, nous pouvons le respecter« , explique son apoderado Juan Diego dans des dĂ©clarations Ă  Mundotoro. Paco Ureña est dans l’unitĂ© de rĂ©animation.

Les mĂ©decins ont expliquĂ© Ă  l’apoderado et Ă  la famille le dĂ©roulement de l’intervention. « Ça s’est bien passĂ©, c’est le plus important. Il doit ĂȘtre immobilisĂ© pendant six jours et Ă  partir de ce moment-lĂ , nous commencerons le travail de rééducation et de mise au point avec les physiothĂ©rapeutes », admet Juan Diego qui est clair : « Paco Ureña a une fois de plus montrĂ© qui il est, son expĂ©rience et l’amour de son mĂ©tier avant tout. Il est un exemple pour tous par son intĂ©gritĂ© et sa force ».

Arzacq avec Dorian

Le cartel de Plaisance

AVEC JEAN YVES BLOUIN: GANADERIA DONA MARIA ANTONIA DE LA SERNA

Petite ganaderia de la rĂ©gion de Colmenar Viejo, la ganaderia Dona Maria Antonia de la Serna appartient Ă  la « Associacion Â» et ne fait pratiquement jamais lidier de corridas ou de novilladas. C’est une de ces ganaderias qui, selon Thomas Thuries, ( l’auteur du site Terre de toros) permet de conserver vivants des encastes qui n’auraient plus leur place dans la tauromachie car nĂ©gligĂ©s par les empresas et les figuras.

A la mort du ganadero Ignacio en juillet dernier, la ganaderia est passĂ©e au nom de sa veuve mais elle est gĂ©rĂ©e par son fils Jacopo qui a essayĂ© des mayorals professionnels, mais avec trop de dĂ©boires et a donc choisi un jeune pour le former afin qu’il devienne le titulaire de l’élevage.

Veaux de la ganaderia MA de la Serna. ©JYB

Le sang d’origine est du Santa Coloma par Dionisio Rodriguez, auquel s’est rajoutĂ© du Vega Villar d’oĂč la prĂ©sence au sein du cheptel de taureaux blancs Ă  bouche noire et de berrendos en cardenos.

V.eau de la ganaderia MA de la Serna. ©JYB

Ces robes sont propices aux attaques de loups, fréquentes car les loups prennent les veaux pour des moutons !

Vache d’encaste Vega Villar et son veau Ă  la ganaderia MA de la Serna. ©JYB

La ganaderia possĂšde 75 vaches de ventre et 25 vaches Ă  tienter, car mĂȘme si les toros ne vont pas aux arĂšnes, la bravoure des mĂšres est un Ă©lĂ©ment fondamental de toute tauromachie. Les produits sont conservĂ©s jusqu’à 4 ans pour ĂȘtre vendus Ă  la rue. Les robes blanches font quasiment l’objet de ventes aux enchĂšres tellement les organisateurs de courses se les disputent!

Jean Yves Blouin in https://facealacorne.fr/

Dorian Canton: 45 points de suture de l’oreille au cou

Photo Roland Costedoat

Dorian Canton a Ă©tĂ© opĂ©rĂ© avec succĂšs Ă  l’hĂŽpital de Mont de Marsan hier aprĂšs deux heures de soins pour une coup de corne au visage qu’il a subi dans les arĂšnes d’Aire-sur l’Adour, plus prĂ©cisĂ©ment entre la partie infĂ©rieure de son oreille droite et son cou, lorsqu’il est entrĂ© pour tuer le troisiĂšme taureau de l’aprĂšs-midi de Peñajara. Une blessure qui l’a fait saigner abondamment au niveau du cou, et il a Ă©tĂ© rapidement transfĂ©rĂ© Ă  l’infirmerie pour une intervention chirurgicale avant d’ĂȘtre conduit Ă  l’hĂŽpital. Le torero d’Asson a subi une longue opĂ©ration chirurgicale qui va de l’oreille au cou qui a nĂ©cessitĂ© 45 points de suture suppurĂ©s.

« La corne est passĂ©et Ă  moins d’un millimĂštre du nerf facial et trĂšs prĂšs de la carotide. Cela aurait put ressembler Ă  un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Il a eu beaucoup de chance. » Ce sont les mots d’Olivier Mageste, l’apoderado de Dorian Canton, qui a expliquĂ© Ă  Aplausos que son torero a nĂ©cessitĂ© 50 points de suture dont le trajet va du bas de l’oreille jusqu’au menton lors de l’intervention Ă  laquelle il a Ă©tĂ© soumis hier soir.

Canton « a passĂ© la nuit Ă  peine capable de dormir et sous antibiotiques », selon ce que Mageste raconte Ă  Aplausos, c’est un « vĂ©ritable miracle », puisque le coup final, heureusement, s’est avĂ©rĂ© superficiel: « La corne est passĂ©e Ă  moins d’un millimĂštre du nerf facial, (..). Ensuite, on a Ă©galement constatĂ© qu’elle passait Ă  proximitĂ© de la carotide. Il a eu beaucoup de chance. Mais rien n’est touchĂ©, le visage bien sĂ»r, avec de nombreux points de suture (…) Il a fallu deux heures, une pour nettoyer et voir et une autre pour fermer. Mais ça va. Il y avait plus de peur et d’effroi parce que le visage est l’expression de l’ñme ».

Olivier raconte les moments d’incertitude qu’ils ont vĂ©cus et qui se sont dĂ©roulĂ©s sur les lieux mĂȘmes oĂč IvĂĄn Fandiño a Ă©tĂ© mortellement blessĂ© : « Je ne suis pas habituĂ© Ă  cela et il y a eu des moments de peur et de nervositĂ©, (…) finalement ils l’ont emmenĂ© Ă  Mont de Marsan, ils l’ont opĂ©rĂ© immĂ©diatement et ils ont pu reconstruire son visage ». Concernant le rĂ©tablissement de Dorian Canton, Mageste assure que : « Nous supposons qu’il sortira aujourd’hui, car il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© opĂ©rĂ©, avec un traitement antibiotique (…). Il veut combattre samedi Ă  La BrĂšde. Il n’y aura qu’un problĂšme avec les points de suture au visage mais comme il n’a qu’un point Ă  la jambe, il veut ĂȘtre Ă  La BrĂšde samedi ».

Les vidĂ©os du grand final d’Istres

Enrique Ponce

David Galvan

Clemente

Istres : final en apothéose. Ponce gracie son dernier toro et les trois toreros en triomphe

Istres. Dimanche 16, aprĂšs-midi, quatriĂšme et derniĂšre corrida de feria , arĂšnes combles, temps ensoleillĂ©, tempĂ©rature agrĂ©able, deux heures quarante-cinq de spectacle. Six toros de Juan Pedro Domecq, bien prĂ©sentĂ©s, de 480 Ă  528 kilos chez l’éleveur, tous une pique prise avec une honnĂȘte bravoure, de grande noblesse Ă  la muleta, le quatriĂšme graciĂ©.

Enrique Ponce à reçu son portrait offert par la mairie d’Istres et Bernard Carbuccia.

Présidence Louis Colin, assesseur Gille Raoux . Musique Chicuelo II, Cavalerie Alain Bonijol.

Enrique Ponce (blanc et azabache), au premier, deux pinchazos, une entiÚre, avis, salut ; au quatriÚme, une queue symbolique, toro indulté (grùcié).

David Galvan (bleu marine et or), au deuxiĂšme, une entiĂšre, deux oreilles ; au cinquiĂšme, une entiĂšre, avis, une oreille

Clemente (bleu roi et or) au troisiĂšme, une entiĂšre, avis deux oreilles ; au dernier, une entiĂšre, avis, une oreille.

Comme un ange qui passait
 l’arĂšne devenait silencieuse, comme retenant son souffle, au centre du ruedo, le torero vĂȘtu de blanc et de noir continuait d’aligner des passes. Mais ce n’étaient plus des passes, des signes portĂ©s par un « drapelet » qui se contorsionnait sur le sable et attirait inlassablement ce toro de Juan Pedro Domecq. PrĂšs de cinq cents kilos de muscle, des cornes pour tuer, mais celui qui fut le prince, aujourd’hui le roi d’Istres, le grand Enrique Ponce poursuivait avec cette indolence qui fait que la muleta est toujours trĂšs basse et caresse le sable. Un art inimitable de la tauromachie. Dans le public on entendit les premiers cris « indulto
 indulto ». Le torero se tourna vers la prĂ©sidence et poursuivit quelques minutes encore. Le grondement s’amplifiait « Indulto
 Indulto ». Ne tuez pas ce toro de tant de noblesse ! Et soudainement le mouchoir orange jaillit sur la table de la prĂ©sidence.

Enrique Ponce qui faisait ses adieux Ă  l’aficion d’Istres, venait de gagner son pari et de lui offrir ce qui lui tenait le plus Ă  cƓur
 Lui qui avait toréé en smoking sur ce sable se retirait en empereur. Entre Ponce et Istres il y avait comme une passion fusionnelle. On l’a parfaitement, ressenti pour cette derniĂšre corrida de la feria. Derniers gestes d’un trĂšs grand Monsieur, Enrique Ponce continuant d’enchaĂźner des passes conduisait le Juan Pedro Domec jusqu’à l’entrĂ©e du toril et d’un geste lui indiqua le chemin que suivit l’animal qui disparut sous les arĂšnes. La queue symbolique en main Ponce entame un Ă©norme tour d’honneur, passant devant les areneros au garde Ă  vous, puis devant les hommes de chevaux et les monosabios, le maĂźtre de ces hommes, Alain Bonijol retirant sa casquette. Un baiser au sable de l’arĂšne, Ponce avait rempli son contrat et les arĂšnes d’Istres offert un des plus beaux hommage Ă  ce maĂźtre la tauromachie pour sa derniĂšre sortie.

Ce respect, cette amitiĂ© mutuelle allait se poursuivre aprĂšs la sortie en triomphe des trois acteurs car cette corrida fut celle d’une rĂ©ussite totale.

Revenons quelques instants sur cette course
 Enrique Ponce accueilli par des applaudissements Ă  l’issue du paseo, se montrait sĂ©duisant Ă  la cape Ă  la fin de son tercio brindant au public il offrait ses longues sĂ©ries de derachazos et de naturelle, dans un style dĂ©pouillĂ© et trĂšs lent quelques rond coimplet. De quoi triompher mais l’échec Ă  la mort remettait tout en question.

Venait ensuite David Galvan avec un tercio de cape illustrĂ© de quelques chicuelinas et aprĂšs avoir brindĂ© Ă  Ponce signait de grandes sĂ©ries sur la main gauche. Avec son second adversaire il ouvrait par une sĂ©quence de chĂątiments prĂ©lude Ă  une immense sĂ©ries de naturelles. Un belle rĂ©ussite qu’il essayait de poursuivre sur le mĂȘme style mais en sĂ©duisant un peu moins la prĂ©sidence.

Le troisiĂšme homme Ă©tait un petit lutin Clemente
 qui avait peut ĂȘtre un vieux compte Ă  rĂ©gler avec Ponce mais sur l’art du fleuret mouchetĂ©. Le garçon bordelais d’origine ayant choisi le Sud-est n’a jamais oubliĂ© que quelques semaines aprĂšs son alternative il avait Ă©tĂ© au cartel avec le Maestro Ponce. ArĂšnes sulfureuses, celles de l’amiral Carrero Blanco, Ă©minent franquiste, que Santoña oĂč le sable disparaĂźt sous la mer qui monte avec la marĂ©e. Ce jour lĂ  le petit jeune, Clemente avait donnĂ© une leçon au Maestro mais avait Ă©tĂ© blessĂ© Ă  la mise Ă  mort. Dimanche Ă  Istres les deux oreilles coupĂ©es Ă  son premier toro lui permettaient de sortir en triomphe, aux cĂŽtĂ©s de Ponce ce qu’il aurait du faire une quinzaine d’annĂ©es auparavant. Clemente n’avait pas lĂ©sinĂ© sur les moyens. Une faena essentiellement sur la main gauche, un temple parfait et dans les moments de domination dansant devant les cornes du Juan Pedro Domecq. Il revenait avec autant de volontĂ© servant d’entrĂ©e deux faroles et une vĂ©ronique Ă  genoux. Ce toro brindĂ© Ă  Ponce il allait le « distiller » tout en douceur, muleta au bout des doigts et sachant tirer les derniers soupirs Ă  cet animal qui allait a menos. Du grand Clemente.

Un final de la feria d’Istres que personne n’imaginait, marquĂ© par l’émotion, la qualitĂ© tauromachique et une belle rĂ©ussite.

Jean-Michel Dussol

Photographies bruno Lasnier

Aire-sur l’Adour: Ă©motions en sĂ©rie

Plaza de toros de Aire Sur L’Adour. Corrida des fĂȘtes. PrĂšs de 2/3 d’entrĂ©e.

Toros de Peñajara.

MORENITO DE ARANDA, vuelta al ruedo, oreille et ovation.

JESÚS ENRIQUE COLOMBO, silence et oreille.

DORIAN CANTON, blessure. Le torero français a Ă©tĂ© blessĂ© griĂšvement au visage par le troisiĂšme toro de Peñajara. La blessure est intervenue alors qu’il avait portĂ© l’estocade. Le toro la pris Ă  terre et la ui a nfligĂ© un coup de corne sur la joue droite. Le toreo a beaucoup saignĂ© et il a reçu de premiers soins Ă  l’infirmerie des arĂšnes puis il a Ă©tĂ© transportĂ© Ă  l’hĂŽpital de Mont-de-Marsan. Il va bien et la blessure ne serait que d’une profondeur limitĂ©e malgrĂ© sa dimension importante de la plaie.

La corrida a du ĂȘtre interrompue pendant plusieures dizaines de minutes afin de mettrev un autre service mĂ©dical.

Paseo retardĂ© de 10 minutes en raison de l’affluence aux guichets.

On a jouĂ© le paso-doble d’Ivan Fandiño au quatriĂšme toro en souvenir du grand torero basquĂ© dĂ©cĂ©dĂ© sur cette mĂȘme piste.

Grande entrée aux arÚnes Maurice Lauche avec de nombreux jeunes sur les tendidos, cela réjouira tous les aficionados du sud-ouest que ce succÚs populaire. Beaucoup démotions aussi tout au long de cette tarde: dramatiques avec la blessure de Dorian mais aussi esthétiques avec le toreo de Morenito ou plus joyeuses avec les tiers de banderilles de Colombo.

Le lot de Peñajara Ă©tait bien prĂ©sentĂ© avec des robes spectaculaires comme les premiers sardos et un dernier berrendo. Un lot cependant inĂ©gal, le sixiĂšme Ă©tant le plus sĂ©rieux. Ils ont donnĂ© un jeu variĂ©, souvent nobles mais manquant un poil de force et de transmission. Le premier a pris trois piques n’Ă©tait-ce pas trop ? Le second est allĂ© Ă  menos. Le troisiĂšme a rompu mais s’est dĂ©fendu avec violence, Le cinquiĂšme s’est cassĂ© une pĂąte avant, pendant la faena. Le sixiĂšme Ăąpre.

TrĂšs dĂ©cidĂ©, soignant tous les dĂ©tails de la lidia Morenito de Aranda a justifiĂ© son titre de triomphateur de la fĂ©ria Vicoise. EngagĂ© Ă  la cape comme Ă  la muleta, il possĂšde cette facultĂ© rare d’ĂȘtre Ă  la fois un torero dominateur, capable, mais avec une note artistique qui donne une dimension supplĂ©mentaire Ă  son toreo. C’est de plus un chef de lidia sur lequel on peut compter. Ce qui n’a pas fonctionnĂ© hier pour lui c’est l’Ă©pĂ©e qui l’a empĂȘchĂ© de signer un succĂšs plus net. Il y eut une ptĂ©ition minoritaire lors du toro d’ouverture qu’il tua en deux temps et au dernier aprĂšs un effort remarquable, il eut une conclusion pĂ©nible multipliant les Ă©checs Ă  l’Ă©pĂ©e comme au descabello.

On vit du Colombo tel qu’en lui-mĂȘme, c’est Ă  dire explosif aux banderilles, variĂ© Ă  la cape; ces premiĂšres impressions positives gommĂ©es en partie par une muleta brusque et trop hasardeuse. Il tua mal son premier et cet Ă©chec anĂ©antirent ses efforts. Au cinquiĂšme il fut l’auteur d’un tiers de banderilles qui alla Ă  mas; la derniĂšre paire mettant le public debout. La faena connut de bons moments. Il tua d’une entiĂšre trĂšs fĂȘtĂ©e et coupa logiquement un trophĂ©e qui fut trĂšs fĂȘtĂ©.

Dorian avant sa blessure avait Ă©tĂ© mis en difficultĂ© Ă  deux reprises. Le torero d’Asson Ă©tait bien revenu dans la faena malgrĂ© ces alertes. On a pu voir ses ambitions: la prise de risque, torĂ©ant au millimĂštre, sur le fil, avec le dĂ©sir de s’inscrire dans une voie classique. Ce concept est louable, il exige de s’exposer et demande une maturitĂ© que le jeune homme est capable d’atteindre. Bien qu’elle fut heurtĂ©e, parfois mouvementĂ©e, sa faena plut au public aturin et l’estocade en place qu’il porta aurait pu lui valoir un trophĂ©e s’il n’y avait eu le coup de corne Ă  terre. Ce sont les alĂ©as de cette dure vocation.

Pierre Vidal

Photos Roland Costedoat

MADRID : PACO UREÑA RESCAPÉ

MADRID le 16 juin 2024 – Corrida hommage Ă  Antonio Chenel « ANTOÑETE » ArĂšne pleine, 30°, soleil et vent .
A l’issue du paseo une minute de silence en hommage à ce grand torero de Madrid disparu il
y a 20 ans.
Toros de JANDILLA, le 3° de VEGAHERMOSA, les réserves de EL PILAR.
535,530,568,564,568,532 Kg. Présentation et cornes de Madrid.
JOSE MARIA MANZANARES, Ovation et Silence.
ALEJANDRO TALAVANTE, Silence et Sifflets.
PACO UREÑA, Silence et Une oreille.
Toros infumables en majorité comme cette année à Madrid.


Le premier manso, sans race et sans charge. MANZANARES s’engage et s’efforce, arrive Ă  torĂ©er de la main droite ce toro fuyard qui lui inflige une cogida sans gravitĂ©. Estocade habile, sifflets au toro et ovation au torero.


Le deuxiĂšme le meilleur, torĂ©able. TALAVANTE le reçoit Ă  la porte du toril par une larga cambiada trĂšs risquĂ©e Ă©tant donnĂ© que le toro ne charge pas Ă  sa sortie, le torĂ©e trĂšs bien de cape en suivant. AprĂšs les piques une sĂ©rie de gaoneras laisse voir la dĂ©termination du maestro et du toro . Mais pas d’inspiration ce jour, une faenita de la main gauche profilĂ©e et sans intĂ©rĂȘt suit les banderilles. Le toro qui faisait l’avion en dĂ©but de faena s’ennuie et dĂ©cide d’arrĂȘter son rĂŽle de collaborateur. Il fuit le combat. Pinchazo et estocade. Silence. Dommage.
Le troisiĂšme de VEGAHERMOSA faible et ne mettant pas la tĂȘte Ă  cause d’un problĂšme de vision dira le matador plus tard. Brindis du centre des arĂšnes Ă  ANTOÑETE. Rien Ă  la muleta. Estocade basse. Sifflets au toro et Silence au torero
Le quatriÚme de JANDILLA trop faible aux piques, remplacé.
Le quatriÚme bis de EL PILAR, trop faible également, remplacé.
Le quatriÚme ter de EL PILAR, faible également mais maintenu en piste. Tombe à chaque fin de série de la main droite de MANZANARES. Mete y saca et estocade. Sifflets au toro et silence au torero.
Le cinquiĂšme, de JANDILLA , un « tio » magnifique de presque 6 ans, n’a pas envie de charger aprĂšs deux piques applaudies, il coupe le terrain aux banderilleros et comme TALAVANTE n’est pas dans un bon jour, il abrĂšge son travail superficiel de la main gauche. Mete y saca, Ă©pĂ©e et descabello viendront Ă  bout de ce toro vĂ©tĂ©ran. Applaudissements au toro et sifflets au maestro.


Le sixiĂšme, de Jandilla, batailleur Ă  sa sortie et bien reçu de cape par le torero s’avĂšre un retord aprĂšs ses deux piques, aux banderilles et Ă  la muleta. PACO UREÑA, comme Ă  son habitude s’engage ( trop ) devant ce toro par des sĂ©ries de la main droite de plus en plus serrĂ©es et arrive ce qui est trop frĂ©quent pour ce maestro : Une voltereta qui aurait pu le laisser paralyser car retombant sur la tĂȘte en bas. AprĂšs avoir repris ses esprits dans la ruelle Paco revient en piste. L’émotion est Ă  son comble, Torero, Toreero scande le public. AprĂšs deux ou trois passes dominatrices le matador tue recta le toro par une Ă©pĂ©e entiĂšre. Une oreille amplement mĂ©ritĂ©e pour le courage. Curieux applaudissements au toro.
VoilĂ , une fois de plus, l’émotion créée par un torero chatiĂ© par son toro mais revenant en piste pour montrer Ă  celui-ci qui est le patron entre la bĂȘte fauve et l’homme, a sauvĂ© une aprĂšs-midi bien triste jusque-là .Et puisque cette corrida Ă©tait donnĂ©e en hommage Ă  ANTOÑETE permettez Ă  l’auteur de
cette chronique de saluer lui aussi la mĂ©moire de cette immense torero qui lui a donnĂ©, dans les annĂ©es 80, le bonheur d’assister Ă  Bayonne, avec un toro de Buendia, Ă  la faena la plus complĂšte et la plus pure auquel il a assistĂ© jusqu’à prĂ©sent, Ă  jamais dans sa mĂ©moire.
EXIR

Albacete: Trois maniĂšres d’apprĂ©cier le toreo.

Albacete, corrida de bienfaisance d’Asprona( association pour les grands handicapĂ©es cĂ©rĂ©braux).

Toros de las Ramblas( Daniel Martinez), petits les 4 premierss, lĂ©gers, normalement armĂ©s, bien le 5Ăšmz,  trĂšs interessant mais plus difficile le 6eme.  Cinqueños le 5 et le 6.

Poids moyen 460kg.

El Fandi, champagne rosé , or et noir: palmas et Oreille.

Ruben Pinar; Blanc et argent: Oreille et Palmas.Borja Jimenez: Bleu Natier  et or, Palmas et Oreille

Beau temps chaud, arĂšnes pleines, prĂ©sence nombreuse des beneficiaires d’Asprona, public bon enfant.

On va m’en vouloir une fois de plus , malgrĂ© tous mes efforts, je considĂšre El Fandi comme un sportif beaucoup plus que comme un torero.  Il banderille, certes, Ă  l’endroit Ă  l’envers, plus ou moins justement, court beaucoup, Ă  l’endroit Ă  l’envers, n’oublie jamais l’insupportable paire de banderilles al violin, jamais de quiebro bien entendu…

Il dĂ©fie les Ă©tagĂšres en ouvrant une bouche d’oĂč quelques instants plus tĂŽt il a fait jaillir un crachat bien visible avant de prendre la muleta. Populiste si vous prĂ©fĂ©rez, Ă  vulgaire.. Il torĂ©e pliĂ© en deux devant des petits toros peu armĂ©s comme s’il s’agissait de faire passer d’immenses armures…

Cela peut plaire, la preuve , avec ce genre de gymnastique il a coupé une oreille.

Ruben Pinar lui au moins torĂ©e droit et mĂȘme s’il n’est pas un maestro de grande classe il est honnĂȘte et cherche le sitio et le temple et le trouve aussi.  Pensez une chose: aujourd’hui, ce torero livrait sa premiĂšre corrida de la saison, quel mĂ©rite quelle aficion!

Le final de sa faena au premier de son lot, un castaño de peu de poids mais pas ridicule, il a tout essayĂ© pour dĂ©velopper sa tauromachie, chicuelinas, manoletinas finales et une grande Ă©pĂ©e. A qon second de loin le meilleur de la tarde, un negro meano bragado de 5ans  il livre une belle faena de muleta, autant sur la corne droite qu’en naturelles, bien templĂ©es.  Le toro certes manque de race mais tient le coup et si Ruben n’avait terminĂ© par un mete y sacca avant  une demie bien placĂ©e et trois descabellos il aurait coupĂ© une grande oreille.

Borja Jimenez  nous a montrĂ© les plus beaux gestes taurins de la soirĂ©e; son premier est un castaño de peu de trapio, pas mal fait pourtant, harmonieux, qui saute dans le capote du torero d’Espartinas.  Brindis au public, on sent l’envie de triompher mais sans vrai matĂ©riel … le toro n’humilie pas, Borja tente un recibir , pinche, met une quasi entiĂšre , avis, descabello, Palmas.

Au sixiĂšme, un noir de 5 ans bien  fichu, grand dĂ©but Ă  la vĂ©ronique, une seule pique comme tous les bichos de ce soir, mais bien administrĂ©e par Tito Sandoval. Brindis Ă  l’Asprona. Il faudra du poder Ă  Borja Jimenez pour  soumettre ce toro assez grand  qui saute et proteste. Avec gĂŽut la prĂ©sidence ne fera pas donner la musique et l’homme et le toro vont se confronter dans une grande faena, pour le coup ni populiste ni vulgaire: force, rythme, pouvoir, et pour finir une grande Ă©pĂ©e: oreille.

Souhaitons Ă  Ruben Pinar d’avoir quelques contrats,et Ă  Borja Jimenez  de pousuivre une grande carriĂšre.

Jean François NeviÚre

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