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Istres : final en apothéose. Ponce gracie son dernier toro et les trois toreros en triomphe

Istres. Dimanche 16, après-midi, quatrième et dernière corrida de feria , arènes combles, temps ensoleillé, température agréable, deux heures quarante-cinq de spectacle. Six toros de Juan Pedro Domecq, bien présentés, de 480 à 528 kilos chez l’éleveur, tous une pique prise avec une honnête bravoure, de grande noblesse à la muleta, le quatrième gracié.

Enrique Ponce à reçu son portrait offert par la mairie d’Istres et Bernard Carbuccia.

Présidence Louis Colin, assesseur Gille Raoux . Musique Chicuelo II, Cavalerie Alain Bonijol.

Enrique Ponce (blanc et azabache), au premier, deux pinchazos, une entière, avis, salut ; au quatrième, une queue symbolique, toro indulté (grâcié).

David Galvan (bleu marine et or), au deuxième, une entière, deux oreilles ; au cinquième, une entière, avis, une oreille

Clemente (bleu roi et or) au troisième, une entière, avis deux oreilles ; au dernier, une entière, avis, une oreille.

Comme un ange qui passait… l’arène devenait silencieuse, comme retenant son souffle, au centre du ruedo, le torero vêtu de blanc et de noir continuait d’aligner des passes. Mais ce n’étaient plus des passes, des signes portés par un « drapelet » qui se contorsionnait sur le sable et attirait inlassablement ce toro de Juan Pedro Domecq. Près de cinq cents kilos de muscle, des cornes pour tuer, mais celui qui fut le prince, aujourd’hui le roi d’Istres, le grand Enrique Ponce poursuivait avec cette indolence qui fait que la muleta est toujours très basse et caresse le sable. Un art inimitable de la tauromachie. Dans le public on entendit les premiers cris « indulto… indulto ». Le torero se tourna vers la présidence et poursuivit quelques minutes encore. Le grondement s’amplifiait « Indulto… Indulto ». Ne tuez pas ce toro de tant de noblesse ! Et soudainement le mouchoir orange jaillit sur la table de la présidence.

Enrique Ponce qui faisait ses adieux à l’aficion d’Istres, venait de gagner son pari et de lui offrir ce qui lui tenait le plus à cœur… Lui qui avait toréé en smoking sur ce sable se retirait en empereur. Entre Ponce et Istres il y avait comme une passion fusionnelle. On l’a parfaitement, ressenti pour cette dernière corrida de la feria. Derniers gestes d’un très grand Monsieur, Enrique Ponce continuant d’enchaîner des passes conduisait le Juan Pedro Domec jusqu’à l’entrée du toril et d’un geste lui indiqua le chemin que suivit l’animal qui disparut sous les arènes. La queue symbolique en main Ponce entame un énorme tour d’honneur, passant devant les areneros au garde à vous, puis devant les hommes de chevaux et les monosabios, le maître de ces hommes, Alain Bonijol retirant sa casquette. Un baiser au sable de l’arène, Ponce avait rempli son contrat et les arènes d’Istres offert un des plus beaux hommage à ce maître la tauromachie pour sa dernière sortie.

Ce respect, cette amitié mutuelle allait se poursuivre après la sortie en triomphe des trois acteurs car cette corrida fut celle d’une réussite totale.

Revenons quelques instants sur cette course… Enrique Ponce accueilli par des applaudissements à l’issue du paseo, se montrait séduisant à la cape à la fin de son tercio brindant au public il offrait ses longues séries de derachazos et de naturelle, dans un style dépouillé et très lent quelques rond coimplet. De quoi triompher mais l’échec à la mort remettait tout en question.

Venait ensuite David Galvan avec un tercio de cape illustré de quelques chicuelinas et après avoir brindé à Ponce signait de grandes séries sur la main gauche. Avec son second adversaire il ouvrait par une séquence de châtiments prélude à une immense séries de naturelles. Un belle réussite qu’il essayait de poursuivre sur le même style mais en séduisant un peu moins la présidence.

Le troisième homme était un petit lutin Clemente… qui avait peut être un vieux compte à régler avec Ponce mais sur l’art du fleuret moucheté. Le garçon bordelais d’origine ayant choisi le Sud-est n’a jamais oublié que quelques semaines après son alternative il avait été au cartel avec le Maestro Ponce. Arènes sulfureuses, celles de l’amiral Carrero Blanco, éminent franquiste, que Santoña où le sable disparaît sous la mer qui monte avec la marée. Ce jour là le petit jeune, Clemente avait donné une leçon au Maestro mais avait été blessé à la mise à mort. Dimanche à Istres les deux oreilles coupées à son premier toro lui permettaient de sortir en triomphe, aux côtés de Ponce ce qu’il aurait du faire une quinzaine d’années auparavant. Clemente n’avait pas lésiné sur les moyens. Une faena essentiellement sur la main gauche, un temple parfait et dans les moments de domination dansant devant les cornes du Juan Pedro Domecq. Il revenait avec autant de volonté servant d’entrée deux faroles et une véronique à genoux. Ce toro brindé à Ponce il allait le « distiller » tout en douceur, muleta au bout des doigts et sachant tirer les derniers soupirs à cet animal qui allait a menos. Du grand Clemente.

Un final de la feria d’Istres que personne n’imaginait, marqué par l’émotion, la qualité tauromachique et une belle réussite.

Jean-Michel Dussol

Photographies bruno Lasnier

Aire-sur l’Adour: émotions en série

Plaza de toros de Aire Sur L’Adour. Corrida des fêtes. Près de 2/3 d’entrée.

Toros de Peñajara.

MORENITO DE ARANDA, vuelta al ruedo, oreille et ovation.

JESÚS ENRIQUE COLOMBO, silence et oreille.

DORIAN CANTON, blessure. Le torero français a été blessé grièvement au visage par le troisième toro de Peñajara. La blessure est intervenue alors qu’il avait porté l’estocade. Le toro la pris à terre et la ui a nfligé un coup de corne sur la joue droite. Le toreo a beaucoup saigné et il a reçu de premiers soins à l’infirmerie des arènes puis il a été transporté à l’hôpital de Mont-de-Marsan. Il va bien et la blessure ne serait que d’une profondeur limitée malgré sa dimension importante de la plaie.

La corrida a du être interrompue pendant plusieures dizaines de minutes afin de mettrev un autre service médical.

Paseo retardé de 10 minutes en raison de l’affluence aux guichets.

On a joué le paso-doble d’Ivan Fandiño au quatrième toro en souvenir du grand torero basqué décédé sur cette même piste.

Grande entrée aux arènes Maurice Lauche avec de nombreux jeunes sur les tendidos, cela réjouira tous les aficionados du sud-ouest que ce succès populaire. Beaucoup démotions aussi tout au long de cette tarde: dramatiques avec la blessure de Dorian mais aussi esthétiques avec le toreo de Morenito ou plus joyeuses avec les tiers de banderilles de Colombo.

Le lot de Peñajara était bien présenté avec des robes spectaculaires comme les premiers sardos et un dernier berrendo. Un lot cependant inégal, le sixième étant le plus sérieux. Ils ont donné un jeu varié, souvent nobles mais manquant un poil de force et de transmission. Le premier a pris trois piques n’était-ce pas trop ? Le second est allé à menos. Le troisième a rompu mais s’est défendu avec violence, Le cinquième s’est cassé une pâte avant, pendant la faena. Le sixième âpre.

Très décidé, soignant tous les détails de la lidia Morenito de Aranda a justifié son titre de triomphateur de la féria Vicoise. Engagé à la cape comme à la muleta, il possède cette faculté rare d’être à la fois un torero dominateur, capable, mais avec une note artistique qui donne une dimension supplémentaire à son toreo. C’est de plus un chef de lidia sur lequel on peut compter. Ce qui n’a pas fonctionné hier pour lui c’est l’épée qui l’a empêché de signer un succès plus net. Il y eut une ptéition minoritaire lors du toro d’ouverture qu’il tua en deux temps et au dernier après un effort remarquable, il eut une conclusion pénible multipliant les échecs à l’épée comme au descabello.

On vit du Colombo tel qu’en lui-même, c’est à dire explosif aux banderilles, varié à la cape; ces premières impressions positives gommées en partie par une muleta brusque et trop hasardeuse. Il tua mal son premier et cet échec anéantirent ses efforts. Au cinquième il fut l’auteur d’un tiers de banderilles qui alla à mas; la dernière paire mettant le public debout. La faena connut de bons moments. Il tua d’une entière très fêtée et coupa logiquement un trophée qui fut très fêté.

Dorian avant sa blessure avait été mis en difficulté à deux reprises. Le torero d’Asson était bien revenu dans la faena malgré ces alertes. On a pu voir ses ambitions: la prise de risque, toréant au millimètre, sur le fil, avec le désir de s’inscrire dans une voie classique. Ce concept est louable, il exige de s’exposer et demande une maturité que le jeune homme est capable d’atteindre. Bien qu’elle fut heurtée, parfois mouvementée, sa faena plut au public aturin et l’estocade en place qu’il porta aurait pu lui valoir un trophée s’il n’y avait eu le coup de corne à terre. Ce sont les aléas de cette dure vocation.

Pierre Vidal

Photos Roland Costedoat

Albacete: Trois manières d’apprécier le toreo.

Albacete, corrida de bienfaisance d’Asprona( association pour les grands handicapées cérébraux).

Toros de las Ramblas( Daniel Martinez), petits les 4 premierss, légers, normalement armés, bien le 5èmz,  très interessant mais plus difficile le 6eme.  Cinqueños le 5 et le 6.

Poids moyen 460kg.

El Fandi, champagne rosé , or et noir: palmas et Oreille.

Ruben Pinar; Blanc et argent: Oreille et Palmas.Borja Jimenez: Bleu Natier  et or, Palmas et Oreille

Beau temps chaud, arènes pleines, présence nombreuse des beneficiaires d’Asprona, public bon enfant.

On va m’en vouloir une fois de plus , malgré tous mes efforts, je considère El Fandi comme un sportif beaucoup plus que comme un torero.  Il banderille, certes, à l’endroit à l’envers, plus ou moins justement, court beaucoup, à l’endroit à l’envers, n’oublie jamais l’insupportable paire de banderilles al violin, jamais de quiebro bien entendu…

Il défie les étagères en ouvrant une bouche d’où quelques instants plus tôt il a fait jaillir un crachat bien visible avant de prendre la muleta. Populiste si vous préférez, à vulgaire.. Il torée plié en deux devant des petits toros peu armés comme s’il s’agissait de faire passer d’immenses armures…

Cela peut plaire, la preuve , avec ce genre de gymnastique il a coupé une oreille.

Ruben Pinar lui au moins torée droit et même s’il n’est pas un maestro de grande classe il est honnête et cherche le sitio et le temple et le trouve aussi.  Pensez une chose: aujourd’hui, ce torero livrait sa première corrida de la saison, quel mérite quelle aficion!

Le final de sa faena au premier de son lot, un castaño de peu de poids mais pas ridicule, il a tout essayé pour développer sa tauromachie, chicuelinas, manoletinas finales et une grande épée. A qon second de loin le meilleur de la tarde, un negro meano bragado de 5ans  il livre une belle faena de muleta, autant sur la corne droite qu’en naturelles, bien templées.  Le toro certes manque de race mais tient le coup et si Ruben n’avait terminé par un mete y sacca avant  une demie bien placée et trois descabellos il aurait coupé une grande oreille.

Borja Jimenez  nous a montré les plus beaux gestes taurins de la soirée; son premier est un castaño de peu de trapio, pas mal fait pourtant, harmonieux, qui saute dans le capote du torero d’Espartinas.  Brindis au public, on sent l’envie de triompher mais sans vrai matériel … le toro n’humilie pas, Borja tente un recibir , pinche, met une quasi entière , avis, descabello, Palmas.

Au sixième, un noir de 5 ans bien  fichu, grand début à la véronique, une seule pique comme tous les bichos de ce soir, mais bien administrée par Tito Sandoval. Brindis à l’Asprona. Il faudra du poder à Borja Jimenez pour  soumettre ce toro assez grand  qui saute et proteste. Avec gôut la présidence ne fera pas donner la musique et l’homme et le toro vont se confronter dans une grande faena, pour le coup ni populiste ni vulgaire: force, rythme, pouvoir, et pour finir une grande épée: oreille.

Souhaitons à Ruben Pinar d’avoir quelques contrats,et à Borja Jimenez  de pousuivre une grande carrière.

Jean François Nevière

Istres : Triomphe de Carlos Olsina

Istres. Dimanche 16 juin, matin, jolie petite entrée, temps ensoleillé, deux heures quinze de course. Six toros de Pages-Mailhan, bien présentés, sans excès de cornes, de 470 à 500 kilos, tous une pique, d’une très grande noblesse à la muleta. Un joli lot de toro pour triompher. Vuelta posthume au quatrième.

Président, M. Dagnan, assesseurs, C. Buttet et Gilles Raoux. Musique Chicuelo II. Cavalerie Bonijol.

Rafael Roucoule El Rafi (bleu marine et or), au premier, trois quarts de lame, une oreille ; au quatrième, une entière, vuelta.

Carlos Olsina (rioja et or), au deuxième, une entière, une oreille ; au cinquième, une entière deux oreilles, vuelta au toro.

Jorge Martinez (rouge et or), au troisième, une entière, un descabello, avis, salut ; au dernier, une demi lame, avis, silence.

Attendait-on véritablement Carlos Olsina, comme triomphateur de cette troisième corrida de Feria. Beaucoup misaient sur El Rafi. Mais la hiérarchie a été bousculée par le phénomène Olsina qui a croisé sur sa route un excellent toro de Pagés-Maihan, primé d’une vuelta posthume. Le torero avait le recours nécessaire pour ne pas laisser passer cet animal. Le garçon avait déjà coupé une oreille après une faena débordante de temple et marquée par de grande série à gauche. Très souvent il avait cité de loin et s’était imposé sur son adversaire. Pour lui tout se jouait avec ce cinquième. Comme un diable il se jeta dans la « bagarre » et commença, à la cape, par deux faroles à genoux, avant d’ouvrir sa faena par quatre statuaires et une longue série de naturelle. Son meilleur complice fut le toro qui répétait sans cesse et aussitôt dans la muleta. Carlos Olsina prenait confiance dans sa réussite, un peu trop même au point de le payer par une voltereta spectaculaire sans conséquence. Ayant retrouvé ses esprits il fut le maître d’une énorme estocade. Deux oreilles et vuelta au toro. Au cours de son tour d’honneur, Carlos Olsina, invita Pascal Mailhan et son fils Pierre à partager son succés. Le garçon s’est inscrit dimanche dans la liste des prétendant au titre de meilleur torero français.

Cette course de Pages-Mailhan s’était ouverte avec El Rafi. Toujours dans un style très épuré il nous avait offert d’impeccables véroniques. Puis à l’heure de la muleta se positionnant au centre du ruedo il citait de loin ses premières passes. Des séries à couper le souffle… surtout des naturelles que l’on peut qualifier comme celles du diable, le bon dieu ne pouvant approcher une telle perfection. Son épée un peu basse ne lui permit que d’empocher une oreille. On pensait le retrouver, débordant de désir de victoire à son second adversaire, mais El Rafi fut beaucoup moins à l’aise et malgré une nouvelle belle collection de naturelles et une belle épée il n’emporta pas l’adhésion de l’arène.

Jorge Martinez, n’a pas bien compris les toros de Pascal Mailhan. Ils venaient pourtant sans se faire prier. Aussi il fut rapidement inintéressant avec une faena sans queue ni tête. Il ne sera guère mieux avec le dernier toro du lot.

Il était ainsi plus facile à Carlos Olsina de dominer cette course, sorte de corrida de l’opportunité pour ces jeunes.

Jean-Michel Dussol

Photographies Bruno Lasnier

Istres : Triomphe majeur de Christian Parejo, quatre oreilles.

Istres. Samedi 15 juin après-midi, deuxième corrida de feria, fort belle entrée aux arènes du Palio, temps, enfin, ensoleillé, deux heures trente cinq de spectacle. Six toros de Victoriano del Rio, bien présentés, de 510 à 545 kilos sur la balance de l’éleveur. Tous une pique, à l’exception du quatrième, deux châtiments. Ils ont tous poussé fort sous le fer. Le troisième récompensé d’une vuelta posthume. Tous toréables à la muleta.

Présidence, R. Abid, assesseurs, J. Collin et Gilles Raoux. Musique Chicuelo II. Cavalerie Bonijol.

Sébastien Castella (bleu nuit et azabache), au premier, une entière, avis, une oreille ; une demi lame, deux avis, salut.

Sébastien Castella

Leo Valadez (rouge vif et azabache) au deuxième, une entière, une oreille ; au dernier, un pinchazo, une entière, un descabello avis, salut.

Léo Valadez

Christian Parejo (rioja et or), au troisième, une entière, deux oreilles ; au dernier, une entière, deux oreilles.

Christian Parejo

Poursuivant sur sa confirmation d’alternative, plutôt réussie, il y a quinze jours à Madrid Christian Parejo, l’hispano-bitterois, a frappé un grand coup, pour cette deuxième course de la feria d’Istres. Une sortie en triomphe avec quatre oreilles en main. Pourtant tout n’avait pas très bien commencé et il s’était fait plusieurs fois accroché la cape par ce troisième Victorino qui revenait sans cesse sur les leurres et ne laissait que peu de temps au torero pour se replacer. Mais il renversait soudaiment la vapeur par une série de quite par chicuelinas. Il commençait par une série de derechazo très bas étant parfois obligé de reculer sous la pression constante du Victoriano mais jamais le garçon n’a renoncé se payant même le luxe de terminer par quelques ayudados sur les deux mains. L’estocade est sûrement à montrer dans les écoles taurines…Deux oreilles et vuelta pour le toro, un vrai combattant. A son retour Christian Parejo attaque dans le domaine de l’émotion en signant quelques passes changées dans le dos citées de très loin. Il va multiplier ces figures ajoutant une longue série de naturelles a faire rêver. Puis une nouvelle démonstration à l’épée pour s’offrir deux nouveau trophée. Certes à Istres, les présidences sont parfois généreuses mais samedi, personne n’a boudé son plaisir.

Leo Valadez, le jeune Mexicain qui nous revient avec des envies de victoire fut un instant le roi de cette fête. Un excellent tercio de cape et dans les quites qui suivirent ce fut une palette de figures enluminées, certes très mexicaines, mais séduisantes. Il poursuivra à la muleta par une séquence châtiments cherchant le sitio en citant de loin. Mais si par moment il était débordé il sut chaque fois rectifier la situation par des séries conclues par des pechos. Belle estocade pour un premier pavillon.

Même s’il aborda, lui aussi, le registre de l’émotion, il ne peut continuer sur sa lancée et malgré une passe changée dans le dos, à genoux au centre de la piste… il fut souvent obligé de rompre. Un petit cafouillage avec l’épée l’obligea à se retirer déçu.

Il y eut aussi dans cette course le cas Sébastien Castella. Avec cette corrida de Victoriano et ses dernières sorties à Madrid on a l’impression que le torero traverse un mauvais moment. Hier avec son premier adversaire, il fut parfait, mais pas extraordinaire. Des véroniques parfaites, des quites par chicuelinas à couper les souffle. Et par la suite, à la muleta on l’a vu plusieurs fois reculer, se replacer, chercher le sitio sans véritablement pouvoir dominer. Ce n’est pas son habitude. Une grande estocade sauvera ce premier passage. Il revient dans un style plus accrocheur, premières passes aux planches, des desplante, il touche la pointe des cornes de son adversaire, prend des airs et des statures de fakir. Il devra se contenter de saluer. On souhaite revoir très vite au mieux de sa forme le Sébastien Castella que nous aimons tous.

Jean Michel Dussol

Photographies Bruno Lasnier

https://feria.tv/video/4409/istres-grand-triomphe-de-christian-parejo/

PREMIERE DEMI-FINALE DE LA COPA CHENEL : UNE OREILLE PARTOUT


Cette première demi-finale se vécut sous le signe de la faiblesse et du manque de caste. Les six toros provenant de Concha y Sierra (1,3 et 5) et Anna Roméro (2,4 et 6) ont brillé par leur peu de caste voire pour l’un ou l’autre une noblesse décastée parfois avec du genio mais surtout une faiblesse désarmante, pour :

Luis David Adame : ovation et une oreille
Christian Perez : ovation après avis et oreille
Victor Hernandez : silence et oreille après avis



D’entrée le premier Anna Romero fait montre de faiblesse et durant toute la faena il sera impossible à Luis David de baisser la main sans provoquer la chute du toro il réussira toutes fois à tirer quelques séries intéressantes sur les deux bords avec de bons détails. Le meilleur sera certainement la série de fin de faena, quatre manoletinas de face pieds joints rivés au sol conclue d’un immense pecho. La mise à mort se fait en deux temps, la pétition est insuffisante et le mexicain reçoit une belle ovation. Son second sort des chiqueros tel un missile, à la première passe de capote Luis David est jeté au sol la corne droite frôle la jaquetilla et pulvérise le burladero, le toro se précipite sur le premier banderillero à sa portée qui vole aux étoiles s’en suit une panique indescriptible avant que le toro qui semble-t-il a tout donné ne s’arrête de lui-même. Après ce moment d’incertitude et alors que tout le monde se remet sans mal on pense que l’on va de nouveau avoir une faena morne. Le toro est lui aussi faible décasté et doté de très mauvaises intentions. C’est compter sans le jeune Adame qui sous les yeux de son grand frère Joselito, va s’employer à dompter le fauve. Il y parvient, après quelques muletazos compliqués, il tire de bonnes séries à droite comme à gauche et termine par trois circulaires inversées immenses et totalement improbables quelques minutes auparavant. L’entière tombée est efficace et lui vaut une oreille après s’être réellement joué la vie.

Le premier Ana Romero de Christian Perez est imprésentable de cornes totalement escobillées à la sortie d’une mini pique sans pousser. L’animal est faible la faena sera toute à mi-hauteur, sur le voyage, sans aucune transmission et pour tout arranger d’une longueur désespérante qui lui vaudra d’écouter un avis avant de tuer en deux temps de deux vilaines épées.



Il attend son deuxième adversaire à puerta gayola mais le toro l’ignore et se montre d’entrée plus que distrait et faible. La première série à la muleta se fait à genoux au centre, esthétiquement rien à dire sinon que le toro se couche en fin de série. Perez se relève donc est relève la main, toute la faena se fera à mi-hauteur et sur le voyage pour ne pas affaiblir l’animal. Le toro tient un fond de noblesse bien exploitée pour un toreo trémendiste et populiste qui porte sur le public. Une anecdote lors du dernier desplante il jette sa muleta est se trouve obligé de sauter au callejon pour récupérer l’estoc, ce fut certainement considéré comme un geste héroïque puisque le « respectable » réclama avec force l’oreille après une épée légèrement en arrière, Perez fit même une deuxième vuelta, le président ayant refusé la seconde oreille



Le premier de Victor Hernandez, un Concha y Sierra d’à peine quatre ans (mai 2020) ressemble plus à un novillo qu’à un toro. Il est lui aussi très faible et Victor le torée à mi-hauteur sans forcer le toro est arrête dans la passe et ne transmet rien du tout il faut rajouter un peu de trémendisme pour réchauffer les tendidos la mise à mort est vilaine et en trois temps. Le dernier Ana Romero est un beau cinqueño, Victor Hernandez lui sert trois larga de rodillas et un beau quite par tafalleras. Malheureusement ici encore le manque de force domine et le président se fâche exigeant une deuxième rencontre au cheval après un simulacre de pique la deuxième ne sera pas plus appuyée. Certes l’animal est noble mais tellement faible. Hernandez fait illusion en construisant quelques belles séries esthétiques à droite et surtout à gauche le meilleur côté de l’animal. Trois quart de lame mal orientée et un descabello après avis, le public réclame son oreille.

Pas de jaloux pour les trophées et bon courage au jury pour déterminer le triomphateur qui est qualifié d’office pour la finale.

Jean Dupin

Feria d’Istres : novillada. Le baroque et le classique Marco Perez triomphe.

Istres. Samedi matin, 15 juin, demie entrée, temps couvert mais température agréable, une heure quarante de spectacle. Quatre novillos de Juan Pedro Domecq, bien présentés, tous une pique prise avec bravoure et nobles à la muleta.

Nino Julian (violet et azabache), au premier, trois pinchazos, une entière et deux descabellos, un avis, salut ; au troisième, un pinchazo, une demi lame, une entière, cinq descabellos, avis, silence.

Marco Perez (rose et or souligné de noir), au deuxième, une entière, deux oreilles ; au dernier, trois pinchazos, une entière, avis silence.

Animation musicale, Chicuelo II, Gilles Raoux parmi les assesseurs.

Nino Julian

Marco Perez

La rencontre du baroque et du classique… on pourrait par cette phrase résumer la novillada de la feria d’Istres. Elle s’est jouée avec quatre merveilleux novillos de Juan Pedro Domecq, certains relativement lourds. Nino Julian ouvrait les hostilités… Le baroque depuis ses premiers pas en novillada sans picadors, ce garçon a compensé son manque de technique taurine par le courage et la volonté. Mais un jour, a-t-il pensé que la corrida est aussi une affaire de style et de bon goût. Son courage lui a fait poser les banderilles, mais il revenait en marchant comme un soldat tapant les pieds. Il a pourtant signé quelques belles véroniques et vinrent comme par hasard deux ou trois jolies trincheras. Le reste n’était que chaos et brouillon ajoutons à cela deux mises à mort calamiteuses et l’on a retrouvé le Nino des débuts qui pourtant avait fait de très gros progrès. Le poids de la course était sûrement trop lourd, car Marco Perez est l’étoile montante chez les novilleros.

Avec lui on a trouvé un garçon très classique toréant avec calme et précision. Après être entré pour une grande série de véroniques, on le retrouve dans des derechazos après une folle passe changée dans le dos. Il y aura même un moment où il semble arrêter le temps avec d’interminables naturelles très lentes et basses comme caressant le sable. Ajoutons un coup d’épée et tout cela lui vaudra sans conteste les deux oreilles. Il fut encore très classique lors de sa deuxième sortie, malheureusement elle se termina par un échec à la mort.

En plus de ces deux trophées, Marco Perez remporta le prix de la ville d’Istres. Alors que Nino Julian effondré quittait les arènes au bord des larmes. Il savait qu’en cette matinée il avait perdu beaucoup. Marco, en triomphe, visage barré par un large sourire avait gagné une nouvelle étape dans sa suprématie de jeune torero.

Jean-Michel Dussol

Photographies Bruno Lasnier.

https://feria.tv/video/4408/istres-marco-perez-simpose-dans-son-mano-a-mano-avec-nino-julian/

Istres : Triomphe de Luque et Jimenez, Thomas Joubert coupe une oreille

Photo Bruno Lasnier

Istres. Première corrida de feria, plus de trois-quarts d’arène, temps nuageux et par moment frais, un peu de vent, deux heures trente de spectacle. Trois toros de Jandilla, premier, deuxième et sixième et trois Vegahermosa. Tous une pique, prise avec une honnête bravoure, certains compliqués à la muleta mais jamais intoréables.

Daniel Luque (orange et or), au premier, une entière, une oreille ; au quatrième, une entière, un descabello, avis, deux oreilles.

Daniel Luque

Thomas Joubert (bleu et or), au deuxième, deux pinchazos, une entière, un avis, salut ; au cinquième, une entière, une oreille.

Thomas Joubert

Borja Jimenez (vert et or), au troisième, une entière, avis, deux oreilles ; au dernier, trois pinchazos, une entière, avis, silence.

Borja Jiménez

Présidence. C. Buttet, assesseur, L. Floret et Gilles Raoux. Cavalerie Bonijol. Musique Peña Chicuelo II

La sortie en triomphe des deux toreros les plus en vue de l’escalafon Espagnol prouve tout l’intérêt de cette première corrida de la feria d’Istres. Pour Daniel Luque et Borja Jimenez un succès de plus… Mais dans cette corrida où les Jandilla (un deux et six) et les Vegahermosa se partageaient les sorties du toril on aurait pu espérer un éclat de plus. Un peu plus de présence des élevages aurait apporté beaucoup à cette course.

Mais ne renions pas notre plaisir ce fut un agréable moment de tauromachie, dans lequel Thomas Joubert après nous avoir fait passer un grand frisson retrouvait toute sa personnalité et sa technique avec son second adversaire. Après un tercio de cape trop classique et sans invention on trouvait à la muleta un garçon calme, posé et serein qui rapidement trouvait un temple parfait. Mais cette tauromachie qui aurait pu paraître superficielle témoignait d’une belle domination. Il donnait le maximum avant de conclure d’un splendide coup d’épée. Une oreille, parfaite récompense, d’une tauromachie sans prétention mais particulièrement séduisante. A son premier adversaire, il avait salué après une mise à mort difficile.

Daniel Luque reste le grand maître. Mais avec son premier Jandilla il avait présenté un service minimum. Certes de splendides statuaires d’ouverture pour déclencher la musique avant de s’attarder sur quelque naturelles volées à un toro s’épuisant. On le retrouvera dans des quites séduisant avec le deuxième Vegahermosa avant d’ouvrir une faena en mode lent sur des derechazos prémices à de somptueux changements de mains. Soudainement il active sa faena avant de donner une excellente leçon de dominio. Une entière et un descabello pour faire tomber deux oreilles du palco.

Mais en ce vendredi d’ouverture, Borja Jimenez n’était-il pas la vrai vedette du Palio ? encore auréolé de son titre de triomphateur de la San Isidro, on retrouvait le torero d’école, parfait dans ses véroniques de début. Il signait une belle faena sur les deux mains et plusieurs fois venait danser sur les cornes du toro. Toréant parfois de manière superficielle il savait faire plaisir à son public. Certes une belle épée, mais cela valait-il les deux oreilles immédiatement décernées ? L’avenir prouvera le bien fondé de la décision. Tout d’abord obliger Luque à se battre et surtout ne pas avoir à prendre une décision avec le dernier bicho… difficilement mis à mort. Et pourtant, cette dernière faena était largement supérieure à la première, diversifié, ornée de trincheras, toujours dans le bon sitio. Oui Borja Jimenez méritait de sortir en triomphe avec Luque… Mais on était nombreux à regretter que Thomas Joubert n’ait pas rencontré un peu plus de réussite.

Jean Michel Dussol. Photographies Bruno Lasnier

Galerie photo Bruno Lasnier

Suspension en El Tiemblo

Séville, le novillos de Chamaco déçoivent

Plaza de toros de La Real Maestranza de Caballería de Sevilla. 26ème de abono de temporada.

Demie entrée.

Novillos de Chamaco, bien presentés mais de peu de jeu.

NEK ROMERO, ovation après avis et silence.

TOMÁS BASTOS, vuelta al ruedo et ovation.

MARTÍN MORILLA, ovation et oreille.

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