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Prix du Meilleur Lot
Le premier prix, distinguant le meilleur lot de la temporada, a été attribué à la Ganaderia Santiago Domecq. Ce lot a su séduire les passionnés lors de cette corrida, et l’indulto « Delicado » par Clemente, ainsi que la présentation parfaite de ses toros, ont renforcé la réputation d’excellence de cette ganaderia.
Puerta Grande lors de la corrida de Santiago Domecq lors de la feria de Dax 2025
Accessit
Un accessit a également été décerné à la Ganaderia Margé pour son engagement et la qualité remarquable de ses toros. Cette récompense souligne à quel point la présentation du lot a captivé les esprits, tout en évoquant l’émotion débordante ressentie lors de cette mémorable corrida de septembre.
Toro de la Ganaderia de Margé Toros Y Salsa 2024
Ce double couronnement marque une étape importante dans la promotion des traditions taurines et reflète l’engagement continu de la Peña Alegria de Dax à soutenir et célébrer l’excellence dans le monde de la tauromachie.
C’est avec enthousiasme que la commission taurine de Dax a annoncé récemment le retour des deux ganaderias, Santiago Domecq et Margé, pour la saison 2025. Une nouvelle réjouissante pour les amateurs de spectacles taurins ! . En esperant une nouvelle année de corridas mémorables.
Photo et Texte Nicolas Couffignal
Les Jeunes Aficionados du Sud-Ouest ont représenté la jeunesse taurine française aujourd’hui à Las Ventas, à l’occasion de la première édition du Premio Internacional al Joven por la Tauromaquia « José Gómez Ortega ».
Nous sommes honorés de recevoir ce prix et de porter la voix d’une jeunesse qui aspire à renforcer les liens avec les associations et organismes espagnols engagés dans la défense du toro et de l’intégrité de la culture taurine.
L’avenir de cette culture ne se limite pas à nos frontières. Sa solidité et son union doivent également se construire avec le peuple taurin espagnol.
Un grand merci à l’ACT Chenel y Oro pour leur accueil et pour nous avoir remis ce prix, qui récompense tous les jeunes Français passionnés et animés par cet art que nous chérissons tant.
L’avenir est devant nous ! Viva el arte!
Le 107è Congrès de la Fédération des Sociétés taurines de France s’est tenu ce samedi 14 Décembre sous la halle de Rieumes. Monsieur Thierry Chantran, 1er adjoint de la mairie de Rieumes nous a souhaité la bienvenue. 60 personnes venues du sud-est et du sud-ouest étaient présentes pour la dernière de Dominique Valmary en tant que Président. Après avoir exposé son bilan moral, Bernard Desvignes a déroulé sur le bilan financier.
Le prix Tio Pepe de la fédération a été attribué à Michel Volle . Pour le prix Popelin, le Fédération a sélectionné Clemente.
Le bureau démissionnant , un nouveau a été élu avec Benoit PINCE comme président avec 16 membres composant son conseil d’administration. A noter une entrée de nombreux jeunes auprès de Benoit.
Après le repas servi sous la halle, le colloque s’est poursuivi avec pour thème: « Autour du toro, acteur majeur de la corrida »avec un animateur de qualité Fabrice Torrito, ancien mayoral des Albaserradas de la finca de la Mirandilla. Débat enrichi par les échanges entre le public et l’homme de coeur qu’est Fabrice. A la fin du congrès, Dominique Valmary lui a remis le maillot du Stade Toulousain, Car Fabrice aime les toros et aussi le rugby.
Suerte à Benoit Pince et à son équipe
JJ Joaniquet
Mardi dernier, la Peña El Quite a reçu Christophe Andiné, Président de la Commission Taurine Montoise à l’hôtel Richelieu. Christophe a présenté les ganaderías de la feria de la Madeleine 2025. Auparavant, il avait très clairement fait le bilan de 2024, sans fausses excuses. Il a répondu aux questions des nombreux
socios présents qui ont apprécié ses explications.
La soirée s’est poursuivie par un apéritif-tapas et un délicieux repas préparé par le Chef Thierry Pantel.
Des cadeaux de Navidad : traditionnel calendrier de la Peña, livret sur les ganaderías de la Madeleine 2025, marques pages espagnols et taurins, ont été offerts aux socios. La soirée a été animée par un sorteo gourmand et fleuri avec un gagnant à chaque table.
Feliz navidad a todos.
Emilio de Justo à son arrivée au Club Taurin de Paris le 11 décembre 2024. ©JYB
Ce 11 décembre, Emilio de Justo était l’invité du Club Taurin de Paris : accueilli avec chaleur, se mêlant à la cohorte des aficionados, il captait d’emblée l’attention et l’intérêt, après l’introduction du président Thierry Vignal.
Il évoque d’abord sa vie de torero : son enfance en Estrémadure, région taurine s’il en est, où il voit beaucoup de corridas à la télévision. Il est séduit surtout par l’émotion qui se dégage du spectacle et à 15 ans, il se lance dans la formation taurine : ses débuts sont simplement le toréo de salon avec Rafaël Canada et ce qu’on appelle en Espagne, le toreo de « tapia », où les jeunes apprentis attendent assis sur un mur lors des tientas que les toreros confirmés veuillent bien leur laisser la place. Puis il entrera à l’école taurine de Plasencia suivie par celle de Caceres.
En 2000, il revêt pour la première fois l’habit de lumière : une véritable fête et une grande émotion.
Il passe en novillada piquée en 2002, là où, dit-il, « les choses sérieuses commencent » et avec l’aide de son école taurine toréera 70 novilladas pendant les 5 années suivantes avec de nombreux succès dans les férias de novilladas (Arnedo, Arganda del Rey, etc.) et dans des grandes arènes. C’est là où il comprend l’exigence du toréo.
L’alternative survient en 2007 des mains de Talavante avec Cayetano pour témoin devant des toros de Jandilla. Après 2 saisons il subit en 2010 un fracasso monumental à Madrid où il entend les 3 avis. Sa carrière est suspendue pour 6 années très dures pendant lesquelles il ne perd pas courage. Pour continuer, avec l’aide du matador colombien Guerrita Chico, il se rend 4 années de suite en Colombie car il n’aura eu en Espagne qu’un seul cartel dans un pueblo d’Estrémadure. En 2013, il gracie un toro, ce qui lui vaut de nouvelles invitations et lui permet de retrouver le plaisir de toréer et de se rendre compte que Madrid n’avait été qu’un accident.
C’est Luisito, matador français retiré à San Lucar de Barrameda, qui le prend en mains et lui offre une opportunité à Orthez où il coupe 2 oreilles à une corrida de Hoyo de la Gitana. S’ensuivent des cartels dans tout le Sud-Ouest, notamment une rencontre avec les Victorino à Mont-de-Marsan où il coupe à nouveau 2 oreilles, puis l’année suivante avec les Adolfo Martin et le même résultat.
Ces succès attirent l’attention en Espagne et lui ouvrent des contrats (Valladolid, Azpeitia,..) et il revient à Madrid avec les Victorino et sort pour la première fois par la puerta Grande à la féria d’Automne.
L’année suivante, Bilbao et Pampelune lui ouvrent leurs portes, avec succès, mais la crise du COVID éclate bientôt et brise l’élan. Il a peur d’être oublié.
2021 est pour lui une année de consolidation avec des grandes portes à Madrid et à Séville pour la San Miguel, devant les Victorino.
En 2022, l’empresa de Madrid lui propose un geste avec une encerrona le dimanche des Rameaux. Les arènes sont pleines et après une faena intense au toro de Pallares, c’est l’accident à l’estocade : la voltereta lui brise les vertèbres cervicales, heureusement sans déplacement, mais les médecins prévoient 1 an ou 1 an et demi d’arrêt. Suivent 4 mois et demi d’immobilité complète dans un corset et surtout de douleurs intenses, mais il savait qu’il devait tout donner. Et il revient au toréo, 5 mois plus tard à Almeria, avant de toréer 10 corridas dans des plazas de secunda pour retrouver le sitio malgré la douleur (sous calmants) et la gêne qui n’ont pas disparu. Intérieurement, « il pleurait pendant le paseo ».
En 2023, il torée de nouveau dans les grandes plazas ; les séquelles sont toujours là, surtout dans le cou, qui lui donnent 60% de ses capacités. Mais il s’entraîne à fond pendant l’hiver car il est sûr de réussir et d’être prêt en 2024. Cette temporada sera des plus importantes avec de grands succès à Madrid, Séville, Pampelune, Malaga, etc. et son vœu de revenir au sommet s’accomplit grâce à un moral d’acier.
De chaleureux applaudissements saluent cette évocation de sa carrière et préparent certaines questions qui vont suivre.
Q : Il a une relation particulière avec Victorino Martin : peut-il en donner l’explication ? Et quels sont les toros de Victorino qui l’ont le plus marqué ?
Cela a commencé par hasard : il vivait dans un village non loin de la finca de Victorino et vers 16 ans il faisait du stop pour aller à une tienta. Victorino s’arrête : lui-même est très impressionné de cette rencontre, mais Victorino lui indique que la tienta dans son élevage c’est dans l’autre direction et qu’il se trompe. Réponse : « Non, non, je ne suis pas encore prêt pour aller chez vous, on verra plus tard ! ». Ceci explique assez bien la qualité de leurs rapports futurs..
Pour les toros : en 2016 le premier toro de Mont-de-Marsan auquel il coupe 2 oreilles. En 2021, le toro de Séville auquel il coupe là aussi 2 oreilles et le toro de Madrid auquel il donne une des faenas les plus intenses de sa carrière et enfin la corrida de Victorino à Cali, une de ses après-midi les plus complètes.
Q : En 2024, Ses triomphes lui ont valu 6 rabos coupés dont 2 indultos. Lesquels lui ont apporté le plus de plaisir ?
Il doit réfléchir : La saison a été tellement riche qu’il a du mal à détacher l’une ou l’autre de ses faenas. Peut-être celle à un toro de Vellosino dans un pueblo qui lui a donné beaucoup d’émotions.
Q : En parlant de force mentale, comment se remet-on après 2 toros rentrés vivants à Madrid puis après l’accident ?
C’est une question profonde et difficile. « je me pose la question : comment ai-je pu en être capable ? J’ai passé tant d’années sans toréer et comment ai-je pu faire tout ça ? Peut-être l’aficion et l’amour du toréo.
Le torero doit penser, faire ses choix et décider seul. La solitude et la réflexion sont absolument indispensables, car dans sa tête il se voit tout le temps en train de toréer ou se demande quel est le toro qu’il voudrait voir. »
Q : Dans le même ordre d’idées rêvez-vous de toros ?
Oui il y a un rêve dans sa vie. Et il rêve toujours de faenas. Mais de toute façon, la réalité est toujours meilleure que le rêve !
Surtout qu’il y a aussi des cauchemars.
En tout état de cause, il voit toujours le côté positif, même dans les moments désagréables : il voit le bon qui va arriver après.
Q : Quels sont les toreros avec lesquels il apprécie le plus de toréer ?
Tous. D’abord parce qu’ils l’ont admiré après l’accident de Madrid, lui-même les admire tous. Sur le concept du toréo, les grandes figuras l’ont impressionné Joselito, Ortega Cano, Manzanares. Il a pris beaucoup de plaisir à les voir toréer, mais cherche surtout son propre style.
Q : Que sera sa temporada 2025 ?
(sourire) Ce sera une temporada où faire un pas de plus et améliorer son toréo. Il ne faut pas être conformiste et avoir l’humilité de savoir qu’il y a encore des choses à faire.
(Bien entendu, aucun détail concret sur ses perspectives de cartels en 2025.)
Q : Quel est son toro idéal : facile, difficile ? Celui qu’il faut attendre ou celui qu’il faut aller chercher ?
Il ne sait pas. Car c’est au torero de s’adapter au toro. Il faut donc le laisser tel qu’il est mais bien connaître les élevages pour être capable d’anticiper toutes ses réactions.
Il préfère le toro qui vient avec caste et bravoure et qui embiste bien. Il aime la bravoure, mais la bravoure franche, le toro encasté, mais avec de la classe.
Q : Est-ce important d’être chef de lidia ?
Le chef de lidia doit être attentif, mais c’est quelque chose qui relève plus de l’étiquette aujourd’hui. Tous les toreros sont extrêmement attentifs à ce qui se passe en piste. En fait, le seul problème est qu’on doit tuer le premier toro alors que le public est froid et que le torero lui-même n’est pas échauffé ni au plus haut de ses capacités. Mais il faut assumer son expérience.
Q : Comment abordez vous la peur après tout ce que vous avez subi ?
La peur est toujours là ; mais la peur de ne pas toréer est la plus dure !
On a envie de la ressentir quand on ne peut plus se retrouver devant les toros.
En outre, quand on dépasse sa peur, cela use terriblement.
Q : Emilio De Justo est reconnu comme un grand estoqueador. Quelles sont ses références ? Peut-il citer des estocades dont il se souvient ?
L’estocade est personnelle ; c’est une question de synchronisation des mouvements. La coordination est donc très importante et pour cela l’entraînement au carreton est fondamental. Il faut se sentir à l’aise au moment où on se profile, d’où le carreton car c’est le moyen de créer son propre style à partir d’une base technique.
L’estocade pour le souvenir celle donnée au toro du Puerto de San Lorenzo qui lui a permis d’ouvrir sa première grande porte de Madrid.
Cette question conclut la soirée et Emilio de Justo peut saluer une nouvelle ovation avant de recevoir en cadeau le dernier livre de l’UBTF Toreros dans la ville lumière, car à son arrivée il n’avait pas manqué de poser la question : Y a-t-il eu des toros à Paris ?
Après signature du livre d’or du Club et dédicace de quelques photos, la soirée se poursuivra autour d’un bon repas avant que les aficionados parisiens ne se retirent enchantés de cette soirée.
Jean Yves Bloin https://facealacorne.fr/
Les novillos de la ganaderia Condessa de Sobral fouleront le sable des Arenes du Plumacon de Mont de Marsan lors de la traditionnelle novillada de Saint-Perdon organisée par la Peña La Muleta. À cette
occasion, la ganadería portugaise fera sa présentation dans le Sud Ouest. La novillada se déroulera le samedi 5 avril 2025
Au cours de la récente soirée qu’il a passée au Club taurin de Paris, Ruben Amon a montré beaucoup plus d’optimisme que ne l’aurait laissé penser le titre de son livre : la fin de la fête. Voici le compte-rendu de cette très intéressante soirée rédigé par Martine Bourand membre très inspirée du CTP.
« Pour sa deuxième soirée de la temporada 2024-2025 le CTP a eu le plaisir de recevoir Rubén Amon pour son essai El fin de la fiesta parue en 2021 en version espagnole et traduit en français en 2022 par Adrien Gérard aux éditions le Diable Vauvert sous le titre : la fin de la fête .
Pour introduire la soirée, Aracelli Guillaume nous présente l’auteur : Rubén Amon, né en 1969 à Madrid est un homme qui a plusieurs cordes à son arc, polyglotte, journaliste politique et géopolitique, spécialiste de l’opéra et de la tauromachie, chroniqueur taurin et même critique taurin à une époque. Il publie ou publia dans El mundo, El Confidential, El Pais et dans des journaux étrangers. Egalement homme de télévision, il dirige entre autres sur Onda Cero l’émission la cultureta.
Les échanges se feront en français sous la conduite de Jean Davoigneau qui ouvre les débats par cette question:
Ce livre a été écrit en 2021, en 2024 l’écririez vous à l’identique ?
Avant toute réponse, Rubén Amon s’amuse du fait que le lieu où se déroule la soirée évoque la clandestinité !
Concernant la question, il se dit bien plus optimiste quant à la corrida et à son avenir qu’en 2021, période très difficile pour le milieu avec la période COVID, où l’interrogation : que faire des toros bravos ? se posait, sachant que les éleveurs n’ont pas bénéficié d’aide du gouvernement ?
Depuis, les choses ont changé, les jeunes reviennent aux arènes, probablement parce qu’ils ont pris conscience que la corrida pouvait disparaître. Jamais autant de jeunes ne sont venus découvrir la corrida. Par ailleurs, deux autres facteurs ont contribué à ramener le public aux arènes : la contre réaction face aux menaces d’interdiction avec un changement de regard de la société plus sensible au fait de réfléchir par elle-même. Les publications des mouvements anti taurins moins nombreuses qu’il y a trois ans, sur les réseaux sociaux, en témoignent. Le second facteur est le phénomène Roca Rey, idole transatlantique, cosmopolite, qui amène beaucoup de monde aux arènes, figure héroïque comme le fût Dominguin, portant des valeurs de courage et de charisme. Aller voir Roca Rey c’est également aller voir des toreros tels que Morante, Pablo Aguado, Gines Marin, toreros d’art ainsi que des toros les plus intéressants de l’histoire de la tauromachie grâce à des éleveurs de plus en plus professionnels.
Pour autant les milieux artistiques espagnols véhiculent toujours des contre vérités à son encontre , pour exemple, le commissaire de l’exposition Goya au Prado qui présenta Goya comme un anti taurin alors qu’il avait à la fois, une passion pour la corrida et de solides amitiés avec des toreros. Son aficion totale transparaît toujours à travers ses dessins expressionnistes. Ou, encore, le ministre de la culture qui exclut la tauromachie et ses représentants de la remise des prix des beaux arts.
Il regrette la position de la gauche espagnole, pour qui la tauromachie représente le passé, une vision de l’ancien régime, opinion défendue par les nationalistes catalans. Ce qui amène à la situation paradoxale, où les aficionados catalans se retrouvent à chanter l’hymne catalan, aux arènes de Céret !
La tauromachie est une expression artistique liée à la Méditerranée, elle est cosmopolite. Les reproches qui lui sont faits, d’être liée à l’ancien régime, pourraient dans ce cas, tout autant s’adresser au Real Madrid avec la période franquiste. Le parti d’extrême droite VOX et Morante qui travaille pour lui, en prenant la défense de la tauromachie, risquent de lui faire du tort. Ainsi la tauromachie se trouve tiraillée entre la gauche et l’extrême droite.
Quel est l’impact du documentaire D’Albert Serra, Tardes de soledad, dont le personnage central est Roca Rey, primé au festival international du film à San Sébastian ?
Rubén Ramon a visionné le film à Madrid avec Roca Rey, lors d’une projection organisée par Serra avec un public averti, en avant première. Il rapporte que Roca Rey s’est senti trahi par rapport à ce que lui, voulait raconter en se livrant à Serra. Mais, grâce aux anti taurins qui ont voulu l’interdire en tant qu’apologie de la tauromachie, le film a rencontré un certain succès, déclenchant le réflexe : « Si les anti sont contre alors le film doit être intéressant ». Le film retient avant tout la violence et le sang, la guerre et, omet la part d’art de la tauromachie dont Serra n’a pas compris la dimension, ce qui explique la disparition d’Aguado du projet qui à l’origine, réunissait les deux toreros. Serra développe, selon lui, une vision de psychopathe de la corrida, l’absence de public visible mais toutefois présent crée une atmosphère oppressante.
Si la tauromachie est un scandale c’est parce qu’elle représente tout ce que craint la société, la mort qu’elle cache, la masculinité, valeur désormais négative, la liturgie dans une société sécularisée qui occulte la dimension religieuse ou même païenne des rites, la hiérarchie, l’héroïsme. Avec comme personnage central, le torero, héros, sur le chemin de la perfection face au héros occasionnel.
La tauromachie doit donc se protéger et pour cela respecter l’eucharistie, la mort et le sang et non pas négocier ses valeurs avec la société. Spectacle exceptionnel, elle doit pour survivre le demeurer.
La tauromachie est-elle conceptuellement discriminante ?
Si la démocratie est le meilleur système politique pour autant la tauromachie n’a rien à faire avec elle, elle fonctionne au mérite et de ce fait admet une hiérarchie.
La France est-elle le miroir de l’Espagne ou a-t-elle une autre vocation ?
La France représente un modèle de résistance dont Simon Casas fut un acteur. Avant, les empresas espagnols étaient en France en territoire de colonisation mais, elle a trouvé son propre chemin pour la défense de la corrida et est devenue un modèle auto suffisant désormais, à la fois, caution morale et modèle de résistance. Modèle de résistance face à la pression, à travers l’organisation de ses spectacles et ses aficionados. Elle offre un schéma à suivre. Il y a de la tauromachie dans le sud, Nîmes, Arles, Béziers, Dax … sans considérations politiques.
Que pense-t-il du torero Morante de la Puebla ?
Rubén Ramon le considère comme le plus grand torero de tous les temps, avis qu’il partage avec les anciens toreros qui ont vu Paco Camino et bien d’autres mais qui n’ont jamais rencontré un torero comme lui. Il rappelle comment à Cordoba, après s’être recueilli sur la tombe de Manolete, le soir dans l’arène, Morante exécute pour la première fois, une manoletina. C’est un torero qui fait le lien entre le passé et le futur, spectacle total, la tauromachie a besoin de lui.
La corrida s’apparente-t-elle à la religion, à la transcendance à un côté mystique ?
Si on vient à la corrida pour Roca Rey, on y reste pour les toreros d’art qui révèlent le mystère. La tauromachie est protégée par l’originalité de l’expérience qu’elle propose : barbarisme ou civilisation totale par la codification de la violence par la dramaturgie et l’esthétisme ? Rite pour faire de la mort un mystère avec une prise de risques totale pour le torero qui lui donne toute sa légitimité à l’opposé de la mort cachée des abattoirs. Il ne faut donc renoncer à rien.
La télévision est-elle une démystification de la corrida par la multiplication des spectacles ?
La télévision est indispensable à la corrida, sans télévision la connexion avec la société ne se fait pas. Du reste, une corrida non télévisée comme celle de Jose Tomas , attire beaucoup de monde aux arènes et autant de téléphones portables qui filment ! Canal plus est un exemple de vulgarisation réussie de la corrida. Malheureusement, la chaîne taurine One toro est dans une situation critique, faute de moyens.
Le mystère n’existe pas à la télévision, mais sans télévision plus de tauromachie.
La corrida, sujet tabou, lors des conversations privées, souffre de l’insuffisance de relais médiatiques. El Pais ne parle plus de toros face à la progression des anti taurins. La tauromachie traîne toujours une mauvaise réputation, alors que la période de l’afeitado a fait place à une exigence d’intégrité du toro. Des rumeurs circulent comme au sujet de Roca Rey pour tuer la crédibilité du spectacle (caleçon blindé, cornes protégées …). Seuls les journaux conservateurs parlent de la corrida, les médias de gauche l’ignorent. Alors que toutes les valeurs peuvent s’y retrouver : de gauche, de droite, le passé, le futur, la religion…
Le mundillo n’est-il pas son premier ennemi ?
Il y a des erreurs de gestion dans certaines arènes même, si beaucoup d’arènes attirent du monde et que de nouvelles s’ouvrent, mais des arènes de première catégorie comme Bilbao sont vides, à la fin du mois d’août depuis l’abandon de l’ancien empresa.
Le nombre de novilladas organisées est insuffisant pour les nombreux élèves des écoles taurines alors qu’elles sont le passage obligé pour devenir torero. Cependant la dernière temporada a révélé des novilleros intéressants. En Amérique règne une tendance lourde à l’érosion de la corrida : au Mexique, en Colombie, au Pérou, en Equateur. Cette situation difficile s’est construite, encore une fois sur un malentendu politique, la corrida comme symbole culturel de l’Espagne colonisatrice face aux nationalismes. Ironie de la situation, en Colombie alors que la violence gangrène le pays que de nombreux hommes sont tués, la cause animaliste fait son chemin !
Que pensez-vous de l’indulto ?
Rubén Ramon y est opposé, sauf circonstances exceptionnelles, il y voit un mécanisme du mundillo pour négocier avec la société.
Il est persuadé que pour défendre la corrida, il faut invoquer l’héroïsme, l’érotisme, le mystère, la mort qui sont ses seules justifications et non pas l’écologie.
Elle est art, inutile, éphémère, gaspillage autrement dit la part maudite qu’elle se doit d’assumer. »
Texte Martine Bourand