Madrid : Juan de Castilla, la grandeur de l’humilité… c’est le titre d’un beau texte sur ce jeune torero Colombien qui sera dimanche dans le ruedo des arènes du Courant à Mimizan en compagnie de Morenito de Aranda et de Samuel Navalon face à des toros de Pagés Mailhan. Un très beau texte donc, publié sur le site torofiesta.com de notre ami Paul Hermé et signé Patrice Quiot chroniqueur averti et savant, homme de culture et conteur précis autant que lyrique. Patrice Quiot dans ce brillant et émouvant poème en prose décrit parfaitement ce qu’est la « geste » de ce jeune homme venu des lointaines Amériques pour conquérir la gloire: une graine de héros en réalité.
Patrice Quiot évoque ici sa brillante prestation devant les terribles Dolorés Aguirre madrilènes. On l’écoute:
Le critique Antonio Lorca du journal « El Pais », journal de centre gauche, peu favorable à la corrida par ailleurs, est sans aucun doute la meilleure plume du moment. Il n’est guère aimé de ses collègues car c’est le meilleur -c’est humain- ni du milieu taurin car sa probité est rare. On ne l’achète pas. Il dit ce qu’il pense et il le dit bien. C’est un journaliste professionnel qui se distingue aussi dans d’autres matières, un esprit libre, respecté malgré tout car honnête, lucide et exigeant -parfois excessivement.
Lorca a eu des mots très élogieux à l’égard Samuel Navalon qui va faire sa présentation en France comme matador samedi à Mimizan. Il revient ici sur la prestation de ce grand espoir le 6 juin dernier à Madrid face aux toros de Fuente Ymbro :
Dans le chapelet de rendez-vous traditionnels, Mimizan qui a changé de date depuis l’an dernier, a une place à part. C’est une date qui concerne tous les aficionados car il faut se souvenir combien les antis ont été virulents lors de sa création avec manifestions violentes, prises à partie d’élus, blocages de rue, grèves de la faim bidons, déchaînements de médias parisiens, etc., etc. Les plus anciens membres du club, toujours fidèles au poste, s’en souviennent.
On craignait Waterloo ce fut Austerlitz avec dès le premier jour, une magnifique entrée qui justifiait tout à fait l’effort réalisé et les prises de risques des membres du club. Il faut se rappeler que la réalisation de la corrida dans ce que l’on nomme la « perle de la Côte d’Argent » reste un exploit et sera cette année encore observée comme un test par nos adversaires et regardée avec un certain étonnement par le Milieu Taurin plutôt dubitatif au départ.
Il y a donc disons-le une véritable responsabilité de tous les aficionados dans le succès populaire de la corrida. On mesurera leur solidarité samedi : ils ne doivent pas oublier la récente mésaventure de Vieux Boucau et se manifester une fois encore contre l’ignorance, le sectarisme et le populisme ; la digue est fragile, même si par ailleurs il semble que nous vivions dans le meilleur des mondes.
Le Comité d’Animations Culturelles de Millas vous présente le cartel complet de sa traditionnelle novillada qui aura lieu le Dimanche 10 août 2025 à 18h.
Plaza de toros de Las Ventas, Madrid. Corrida de toros. 7.248 spectateurs.
Toros de Valdefresno
• LUIS DAVID ADAME, silence et ovation. Luis David, soigné à l’infirmerie pour un « point de suture sur la face antérieure de l’hémithorax droit »
• MOLINA, silence après avis et ovation après deux avis. José Fernando Molina, « encorné dans la région inguinale gauche de 10 centimètres » (rapport médical)
Peu à dire sur cette après-midi très attendue et qui aura fait à nouveau le plein à Morlanne. La présentation inégale et le jeu sans saveur des Zacharias Moreno ont gâché la fête. L’ensemble juste de force, inexistant sous la mono pique a fait preuve par la suite d’une noblesse mièvre ne permettant pas aux coletudos de montrer l’étendue de leur talent. On sauvera le quatrième, noble avec plus de transmission que ses frères.
Face à cette inanité, Castella ne put montrer le meilleur de son art fait de maîtrise et de pouvoir sur l’animal. Il lui faut un adversaire plus agressif pour qu’il exprime au mieux ses qualités de battant. Sébastien eut des difficultés à l’épée à son premier passage -médiocre dans l’ensemble-, ne cachant pas un désarroi inquiétant: Avait-il perdu le sitio avec l’acier -grave carence- ? La veille, à Grenade, il avait gâché ainsi une grande faena face à un solide Victorino…
« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » disait Lamartine. Et cette vérité du poète se vérifie cette saison pour les aficionados français. Pas une seule de nos grandes arènes ne programmera celui qui révolutionne la tauromachie mondiale rameutant derrière lui toutes les générations et secouant le cocotier en déclenchant un tsunami partout où il passe, j’ai nommé Morante de la Puebla.
Après ses deux triomphes successifs de Jerez ce fut Madrid pour une soirée délirante avec blocage de la calle Alcala, les fans obligeant le cigarrero à sortir sur le balcon de l’antique Wellington. Puis le miracle, se répéta à Avila, Tolède, Salamanque et, hier encore à Grenade. Salle comble à tous les coups avec en pensée intime, ce que l’on disait pour Manolete : « pressez vous de le voir cela ne durera pas… ». Souhaitons au torero de La Puebla une issue moins amère que le martyre du Cordouan.
Même le pointilleux critique du « Pais », journal de centre-gauche, Antonio Lorca, a pris fait et cause pour l’andalou passant ses engagements pour « Vox » par pertes et profits. Morante c’est Jésus ressuscité, la renaissance du toreo éternel qui fait la nique aux prétentions guerrières d’un Peruvien car, un Péruvien numéro un, c’était le monde à l’envers, l’inversion des valeurs et plus encore de l’histoire taurine ontologiquement espagnole. M’est avis quand même qu’Andrés n’a pas dit son dernier mot…
Mais bon, l’icône ne franchira pas les Pyrénées car comme Saint Thomas il nous faut ici voir pour croire… Le pays de la Raison, de Descartes, ne fait pas bon ménage avec celui du duende, de Lorca. Nous devrons donc, en pénitence, nous rendre à Azpeitia, Santander, Bilbao (?), Saint Sébastien (?) et sans doute Saragosse (?).
» Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ? Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé «