Plaza de toros de Las Ventas, Madrid. Corrida de toros. 7.248 spectateurs.
Toros de Valdefresno
• LUIS DAVID ADAME, silence et ovation. Luis David, soigné à l’infirmerie pour un « point de suture sur la face antérieure de l’hémithorax droit »
• MOLINA, silence après avis et ovation après deux avis. José Fernando Molina, « encorné dans la région inguinale gauche de 10 centimètres » (rapport médical)
Plaza de toros de Las Ventas (Madrid). Corrida In Memoriam 2025 en hommage a Victorino Martín Andrés. Lleno de ‘No hay billetes’.
Toros de Victorino Martín,
• PACO UREÑA, ovation et silence.
• EMILIO DE JUSTO, palmas et oreille après avis.
• BORJA JIMÉNEZ, silence et deux oreilles après avis.
On a gardé un minuto de silence en memoire de Victorino Martín Andrés.
Remplis d’espoirs et de joies à venir, les spectateurs se sont rendus en masse dans le chaleureux ( 35 degrés à l’ombre ) cirque madrilène pour rendre hommage à feu Victorino Martin Andrès, le magicien de Galapagar. Le choix des encastes, Albaserrada, Santa Coloma etc…, le travail de Victorino Martin Garcia, le fils, ont permis d’offrir des toros comme le Vieux les aimait : Musclés, racés, fiers, sauvages et rebelles. Si Paco Ureña nous a paru hors jeu, Emilio de Justo et Borja Jimenez ont été formidables. L’homme de Caceres et le blond andalou ont montré une volonté et un courage sans faille. Mention spéciale à Milhijas, (vuelta ), et à Borja Jimenez qui coupa deux oreilles. L’insistance du public obligea l’éleveur à une sortie a hombros en compagnie du torero. Tandis que se fermait la porte du paradis, la puerta grande s’ouvrait aux deux hommes.
Paco Ureña, averti à la cape par le rusé Portero qui affola quelque peu la cuadrilla, toréa de très ( trop?) près, passes très basses sans trouver le rythme adéquat.Une demi-épée conclut ce moment un peu chaotique. Son second, Muchachero, mal piqué, les sifflets durent s’entendre jusqu’au Prado, banderillé à la va comme je peux, ralentissait la charge sous la muleta. Le murciano, débordé, ne put trouver la solution malgré un essai, non transformé… Une demi-épée à gauche, deux descabellos réglèrent le problème.
Emilio de Justo, brillant à la cape, avec un Gardeño, imprévisible, aux uppercuts de catégorie, entama un vrai combat, pas une de ces faenas avec brimborions, ornements et fariboles, non, un combat de vérité et de classicisme exigeant.Une épée magistrale envoya l’animal ad patres. Milhebras, les yeux d’Argos, les cornes du Minotaure, la ruse d’Ulysse ne laissa aucun répit à Emilio de Justo, qui, comme un meurt de faim, donna toute son énergie, toute sa science dans une faena gauchère. Il dompta un fauve, toujours aux aguets, et nous avec. Moment extraordinaire. Un trophée, celui du courage et de l’émotion.
Borja Jimenez, le jeune de l’après-midi, montra sa détermination devant Bohonero, excellent dans la sournoiserie, et qui avait semé la panique chez les banderilleros. Avec calme, le torero géra au mieux ce toro qui tardait parfois à charger, se retournait comme une crêpe ou fléchissait des antérieurs. Après avoir reçu une épée basse, assez moche, le toro s’affala comme un soufflé sorti trop tôt du four. Et là, arriva Milhijas : près de 600 kilos, tout en muscles, le plus brave au cheval. Déjà à la cape, Borja Jimenez nous avait époustouflés. C’est qu’on trouve chez ce torero toute la rondeur andalouse, une certaine fantaisie dans ses enroulés et une grâce rafraîchissante. Le toro, noble sans être idiot, encasté sans genio, permit une fin mémorable de cette faena artistique malgré le danger qui planait en permanence, (toute l’après-midi d’ailleurs). Une grande épée, un grand toro, une grande faena. Presque, on pleurait.
Madrid, Beau temps, 25° à 19h, Présence de l’Infante Elena en barrière, Hymne national à l’issue du Paseillo. 6 toros de JUAN PEDRO DOMECQ du genre à ce qui se fait de mieux pour l’expression des toreros, des toros « artistes » braves à la pique et nobles à la muleta, pour :
MORANTE DE LA PUEBLA : Oreille et Oreille, sortie apothéotique par la grande porte.
FERNANDO ADRIAN : Oreille et Silence.
BORJA JIMENEZ : Silence et Silence.
Le public était venu pour Morante, les aficionados étaient venus pour Morante, l’Infante était venue pour Morante, le Président était venu pour Morante, les toros étaient venus pour Morante. Ils voulaient tous venger la négation d’oreille infligée par le président de sa prestation précédente lors de la corrida de la Presse.
Morante, obligé à saluer avant la sortie de son premier toro, ne les a pas déçu. Il leur a tout donné de son art incomparable depuis les véroniques de réception de son premier toro jusqu’aux naturelles de face à son second opposant, en passant bien entendu par les demi véroniques « de la maison », les chicuelinas serrées, les passes de la droite liées dans un mouchoir, les naturelles à muleta plate, sublimes, les pechos, les trincherillas, les inégalables Kirikiki, les desplantes sévillans, tout, tout, il a tout donné, le sourire aux lèvres. Bien sûr les puristes, du moins ceux qui ne sont pas encore ensorcelés, diront qu’à part les dernières naturelles de face les passes de muleta furent données les pieds de profil, et que la seconde estocade était moins bien placée que celle qui avait motivé le refus d’oreille à la corrida de la Presse du 27 mai, mais il y a des jours où il faut savoir ne pas être puriste, même le tendido 7 l’a compris aujourd’hui en n’envoyant pas le moindre sifflet.
Passé après un tel monstre de tauromachie n’est pas chose facile, Fernando Adrian a relevé le défi et à su couper lui aussi une oreille après une faena complète depuis les doblones initiaux donnés genoux en terre jusqu’aux Bernadinas finales précédent une belle estocade.
Borja Jimenez n’a pas démérité avec le lot de toros le moins bon, mais ses multiples pinchazos le privèrent de toute récompense. Et puis ce n’est pas, à notre avis, un torero pour toros « artistes » comme les appelait le fondateur de cette ganaderia trois étoiles pour les grandes occasions.
Et puis, et puis, depuis ce jour le Morantisme n’est plus une secte, c’est une religion, la capitale s’étant rendu, après Séville et tant d’autres villes, au culte du Cigarero. Alcaraz, la Roja, Morante, l’Espagne est décidemment bien servie cette année.
Madrid, San Isidro 26°, Beau temps, 25° à 19h, 14° plein du cycle.
6 toros d’ADOLFO MARTIN, majoritairement bien dans le type, sauf le 1°, au jeu conforme à cette ganaderia, c’est-à-dire intoréables avec la muleta, et un sobrero de MARTIN LORCA, également intoréable. Mauvais point pour cette ganaderia: Pas de piques intéressantes, ce qui était le point fort attendu, donc pas de bravoure, et une mauvaise caste.
ANTONIO FERRERA, Ovation et Silence.
FERNANDO ROBLEÑO, Silence et Vuelta.
MANUEL ESCRIBANO, Silence et Ovation.
Ovation du public à ROBLEÑO avant la sortie de son second toro. Brindis au centre de l’arène de FERRERA à ROBLEÑO à son premier toro.
Les organisateurs avaient bien monté le cartel en opposant trois matadors vétérans expérimentés ( respectivement 28, 25 et 22 ans d’alternative) à ces toros d’un autre âge, un âge où l’homme cherchait surtout à sauver sa peau face à des fauves par une taureaumachie mobile, un âge où tuer les toros efficacement et loyalement était ce qui comptait.
Mettre au cartel de jeunes toreros assoifés de triomphe pour lancer leur carrière comme nous en avons vu beaucoup cette année à Madrid aurait été une faute car trop risqué.
Et c’est bien ce que nous avons vu cet après-midi, pas une passe de muleta artistique donnée à des toros qui ne pensaient qu’à prendre l’homme, mais six mises à mort données avec sincérité et sans recours au descabello, la première corrida aussi efficace depuis le début du cycle, ce qui explique les ovations et la vuelta données aux trois toreros pour récompenser leur effort. Bravo l’aficion de Madrid.
La vuelta après légère pétition donnée à Fernando ROBLEÑO pour l’ensemble de son œuvre madrilène depuis 25 années et son entrega de l’après-midi, les ovations pour FERRERA et ESCRIBANO pour ne pas s’être échappés devant les fauves et avoir bien tué. Bonus offert par ESCRIBANO par une puerta gayola risquée et des paires de banderilles spectaculaires à ses eux opposants.
Lorsque l’on assiste à ces corridas d’Adolfo on comprend mieux pourquoi Victorino a fait quelques croisements pour rendre ces Albasserada toréables dans les formes modernes, l’homme immobile et le toro tournant autour, et non l’homme mobile pour échapper aux retours brusques, au genio, au derrote, au hachazo, bref à tous ces mots espagnols qui enchantent l’aficionado français, mais sont des maux pour le torero quelque soit sa nationalité.
La Plaza de Toros de Las Ventas a déjà défini l’affiche de la corrida qui aura lieu le 22 juin, après la Feria de San Isidro et la Corrida In Memoriam de Victorino Martin prévue pour le 15 juin. Un encierro de Valdefresno estoqué par Luis David Adame, José Fernando Molina y Christian Parejo (19:00h.).
Plaza de Toros de las Ventas (Madrid). 25ème de la Feria de San Isidro. 2/3.
Toros de Conde de Mayalde 1er bis. Le toro de confirmation: N° 29, DESCREÍDO, CASTAÑO, 543, 09/2020
El Fandi, Silence et Silence;
Samuel Navalón, qui confirmait l’alternative Saluts et Saluts;
Ismael Martín, Palmas et Silence;
On a touché le fond du désastre ganaderil cet après-midi avec l’envoi du Comte de Mayalde.
Six , enfin sept toros même, le premier renvoyé au corral pour indigence, bien charpentés, certes, mais c’est tout, de un peu manso à très mansos certains avec un petit soupçon de noblesse. Pour affronter cette moruchade : David Fandilla El Fandi silence et silence, Ismaël Martin : silence et silence, Samuel Navalon : ovation saluée et silence
El Fandi à bien vite compris à qui il s’adressait et à tout fait pour sortir sans peine ni gloire de ce mauvais pas. Même au banderilles il opta pour le service minimum.
Les deux jeunes eux ont essayé. Les deux sont venus à puerta gayola pour recevoir leurs opposants. Ils ont laissés quelques bons détails mais peut-on demander à un pilote de formule un de gagner un grand prix avec un S.U .V. affublé d’un moteur de 2 cv ? Comble du scandale, le cinquième c’est couché avant l’estocade et devant l’impossibilité de le relever le président se résolut à le faire puntiller. Au passage on notera que le « siete » qui sortait régulièrement ses mouchoirs verts est tombé dans un mutisme désespéré.
J’ai bien peur que cette triste corrida ne justifie pas que je m’étende davantage espérant que les Adolfo Martin de demain relèveront le niveau.
Plaza de toros de Las Ventas (Madrid). 24 ème de la Feria de San Isidro 2025. Lleno de ‘No hay billetes’.
Toros de Jandilla, (5ème bis)
• SEBASTIÁN CASTELLA, silence après avis et vuelta al ruedo après avis.
• JOSÉ MARÍA MANZANARES, silence et silence.
• BORJA JIMÉNEZ, oreille avec pétition de la seconde et palmas.
Ce fut la tarde des occasions perdues. Occasion de sortir en triomphe pour Borja Jimenez, de signer un nouveau succès pour Sébastien Castella et ainsi de justifier sa place. Sans doute y a-t-il eu de la frustration dans le public qui a vibré au cours de deux faenas et de l’amertume chez les deux espadas car à la fin finale seul compte le résultat… Le reste est (trop) vite oublié.
Espadas ! Le public madrilène, excessif parfois, ne transige pas sur la mise à mort de même que les présidents, tatillons inutilement à d’autres occasions. Et ils ont raison sur ce point ! Une entière tombée, celle de Borja à son premier passage, ne peut valoir deux oreilles, un tiers de lame trasero comme celui de Castella à son second ne déclenche pas une pétition, pas plus qu’un bajonozo comme celui de Borja au dernier. Les succès d’estime passent seuls restent les résultats concrets… Il y a de quoi se mordre les doigts…
Pourtant il y avait à faire car le lot de Jandilla armé sévèrement mais de trapio raisonnable (pour Madrid) a donné dans son ensemble un jeu positif. L’envoi est allé au cheval avec une certaine générosité et par la suite les troisièmes et quatrièmes ont offert des options intéressantes par leur noblesse de bon aloi; le sixième plus âpre, les premiers et seconds nobles manquaient un poil de transmission, le sobrero (5ème ) juste de force.
Castella a réalisé une faena importante à son second passage. Dominateur, toujours posté dans les cornes, de face, il tira des séries prenantes par leur vérité et leur profondeur. La faena débutée par une série d’ayudados donnés par le haut immobile, ira à màs et captivera le public. Le français partait pour un nouveau triomphe, hélas il y eut l’épée (cf. paragraphe précédent.
Deux grands moments aussi signés Borja Jimenez. Le sévillan séduisit d’abord par son entrega, sa volonté et sa joie de venir dans ce qui est en réalité en enfer… Pour Borja c’est un bonheur et il brilla dans tous les moments de la lidia à la cape d’abord, en véroniques mais aussi en chicuelinas ajustées en prenant son tour de quites. A la muleta avec un toreo inédit qui repose sur un mélange enthousiasmant de domination -de technique donc- et d’attitudes artistiques, avec une capacité rare -et prometteuse- de connecter avec des tendidos qui l’ont soutenu de bout en bout. Hélas l’épée (bis)…
Peu à dire de Manzanares qui tomba sur le mauvais lot aux abonnés absents mais habile avec l’acier ce qui lui évita les sifflets et mit fin aux sarcasmes du 7 à son égard.
Plaza de toros de Las Ventas (Madrid). Feria de San Isidro. 17.783 spectateurs.
Toros de Lagunajanda,
• MANUEL ESCRIBANO, silence après avis et silence.
• JOSELITO ADAME, silence et silence après avis.
• ALEJANDRO PEÑARANDA, qui confirmait l’alternative, silence après avis et vuelta al ruedo.
Ni les banderilles ou la puerta gayola de Manuel Escribano, ni les jeux de cape de Joselito Adame ni la confirmation d alternative d’Alejandro Peñaranda purent nous tirer de l’ennui qui s’abattait sur nous en cette après midi. Non, pas un ennui profond, mais une sorte de morosité à voir ces braves toreros batailler sans réussir à provoquer émotion, passion ou bouleversement.
Cependant, honneur au jeune impétrant, on retiendra de Peñaranda, voyageur sans bagage ou presque (une seule corrida à son actif) des qualités appréciables : calme, précision, volonté et courage. S’il lui manque un brin de fantaisie et le goût du baroque, il montra devant ses adversaires une sacrée maîtrise qui, à l’ultime de la tarde, lui valut un nuage de mouchoirs blancs et un tour de piste fêté.
Escribano, en vieux routard, se dépêtra sans gloire d’un toro, Triguero, aux coups de tête rageurs, un animal rétif qu’il tua bien mal. Malgré ses efforts, et avec un vent contraire, il ne put réduire à sa botte son deuxième larron, un manso sans race.
On espérait avec la charge franche de Papelero et le rythme que lui imposa Joselito Adame qu’on verrait jaillir des étincelles dans l’arène et des lumières dans nos yeux. Foin de tout cela ! Une demie épée après deux tentatives avortées calma tout le monde.
Quant à son deuxième toro dénommé Sifuera, (« si c’était »), ce fut peut-être le plus compliqué de l’après-midi. Malgré les efforts du natif d’Aguascalientes, douche froide et déception.
Madrid 21e corrida de San Isidro. lleno de no hay billetes
6 toros d’El Parralejo
Miguel Angel Perera, silence et silence.
Fernando Adrian ovation et silence
Tomas Rufo silence et ovation après pétition.
Toros de El Parralejo. Un élevage issu de Jandilla et Fuente Ymbro installé près d’Aracena dans l’ancienne finca de Manolo Gonzalez, une des plus belle d’Espagne. Un peu de géographie taurine ne peut pas faire de mal vu le peu de choses à dire en raison du résultat de l’envoi… Un lot homogène entre 570 et 600kg sauf le 2e de 526kg ; 3 cinqueños (1, 2 et 6) et 3 quatreños (3, 4 et 5). Une corrida marquée par la faiblesse et le manque de caste, à l’exception des 2e et 6e.
Perera est dans un grand moment de maturité. Le 1er n’offre pas d’option en raison de ses manques de force et de race. Le 4e a une charge brusque. Sa muleta puissante canalise la charge avec la main droite. La gauche lui impose discipline. Mais le manque de fond ne permet pas à la faena de décoller…
Adrian a fait preuve de son engagement mais aussi de beaucoup plus. Avec le 2e, tout en restant dans son style à base de cambios por la espalda, de statuaires, etc., il a fait preuve d’une grande douceur qui a permit au toro de se livrer et a réussi en en extraire tout son jus, jusqu’à ce que son adversaire chute au sol, marquant ainsi la fin de la faena. Le 5e chargeait plus fortement mais son manque de caste le poussait à développer un genio marqué par de mauvaises manières en fin de passe qui ont provoqué cependant un peu d’émotion. Sa bonne main gauche assoit sa domination. Mais cela reste insuffisant pour pouvoir triompher vu la baisse de régime de l’animal.
Rufo a lui aussi montré toute son envie. Avec le 3e, il démarre à droite en s’enroulant très vite le toro autour de la ceinture. Un début peut-être trop exigeant pour un adversaire qui manque de fond. Le 6e a une charge pleine de classe dont il profite immédiatement après un début à genoux gâché par un écart du toro sur une banderille tombée à terre. Le toro est plus violent à gauche mais continue de se livrer. Les séries à droite sont de meilleure facture. Las, un pinchazo hondo suivi d’une entière limitent le résultat à une pétition minoritaire.
Cela reste sommaire mais que dire de plus… C’est comme la confiture… ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas beaucoup qu’il faut l’étaler…