Mon cher, très cher Maestro,

Nous sommes quelques- uns à nous réjouir mille fois d’être tes contemporains et de t’avoir vu depuis plus de 20 ans dans toutes les arènes du monde.
Comment fais- tu pour nous avoir gardés sous ta coupe aussi longtemps sans que jamais un mot de rancune ne s’exprime à ton sujet ? Et pourtant, ce jour terrible de ton encerrona madrilène où tu t’es « crucifié » comme titrait El Pais aurait pu nous désunir, nous faire nourrir à ton égard une rancœur amère, et toutes ces faenas tronquées  que tu n’as pas jugées dignes de ton génie , et ce dédain
pour les mauvais toros….Mais non, on te suit depuis toujours, sans rancune parce que l’on sait que tu peux tout, sauf travailler comme un ouvrier à la tâche.ds le moindre de tes gestes, et de grands moments tu nous en as offerts ! ! Seuls les borgnes ou ceux qui en veulent pour leur argent (
comme ils disent) répètent à l’envi que tu ne torées bien qu’une fois sur dix.

Faux Faux ! tu torées toujours bien même quand ta faena se limite à 10 passes et que le toro ne mérite pas mieux. On t’attend toujours, on sait que tu n’aimes rien tant que démontrer, prouver qui tu es, c’est-à-dire le plus grand , le plus légendaire ( tu as 43 ans maintenant) et hier soir , à Séville , après la plus vibrante, savante et émouvante des faenas, tu as été porté sur les épaules de toute l’aficion jusqu’à l’hôtel Colon, suivi par deux mille aficionados criant torero ! torero ! ou Olé ! Olé ! y Olé !.

Tu venais de couper les trophées maximum de LIGERITO beau toro noir de Garcigrande à qui le président venait d’offrir , sans avoir totalement raison, une vuelta posthume. C’est un peu la mode désormais de sortir le mouchoir bleu pour des toros peu combatifs au cheval, mais hier tout avait pris un ton bleu, bleu le costume du maestro identique à celui du Gallito, que tu arborais avec une classe hors du commun. Qui ? en dehors de toi pourrait porter les costumes baroques que tu fais virevolter devant des toros éberlués de tant d’audace, de de courage, de variété,et de science profonde ?
J A MCMDLPDRG José Antonio Camacho Morante De La Puebla Del Rio Guadalquivir ! tu es le plus grand ,comme ton nom peut devenir le plus long, le plus important de notre époque et depuis 53 ans personne n’avait remporté dans la Maestranza un triomphe pareil.
Heureux ceux qui t’ ont vu de leurs yeux vus, plus souvent debout qu’assis sur les gradins de la plus belle plaza del mundo, tant ton talent, ton génie, ton entrega incroyable les faisait bondir comme des ressorts, mugir des ohhh d’admiration des Ooooolé d’émerveillement.
Sache le ! maestro, personne ne se trompe sur le courage que cache ton apparente facilité.
Un dernier mot José Antonio, vous êtes , dans l’histoire récente de la tauromachie deux immenses matadors, de style et d’opinions politiques opposées, eh bien , qu’il s’agisse de José Tomas à Gauche
Gauche ou de toi à Droite Droite, on s’en fiche totalement, pensez à votre guise et donnez- nous toujours joie et émotion quand vous êtes devant l’animal roi.
En aficion, simplement,

Jean François Neviere.