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AGUASCALIENTES (MEXIQUE) INDULTO PAR “EL QUITOS”

Le franco méxicain El Quitos vient de frapper un grand coup dans le pays de son papa. Le nîmois de naissance est sorti triomphateur de la novillada d’Aguascalientes où il était remis après avoir récemment triomphé (avec une blessure à la clé). Il a indulté un novillo de Las Huertas et face à une forte concurrence (le local Bruno Aloi et le prodige Marco Perez) sort seul à hombros (même si comme c’est souvent le cas au Mexique on ne lui a pas concédé les trophées symboliques).

Aguascalientes. Novillos de Las Huertas pour

El Quitos saluts, vuelta après indulto

Bruno Aloi saluts, vuelta
Marco Pérez vuelta, saluts.

Dans les ruedos ce week-end

Puebla de Sancho Pérez, Badajoz – Festival avec picadors avec novillos de Talavante. Pour les rejoneadores : Fermín Bohórquez et Paco Ojeda, deux oreilles ; et les toreros Morante de la Puebla, deux oreilles et une queue ; Alejandro Talavante, deux oreilles et une queue ; et Miguel Ángel Silva, deux oreilles et une queue.

Montoro, Cordoue – Novillos de Ángel et Juan Antonio Sampedro pour Manolo Vázquez, silence et blessé ; Pablo Páez, oreille, oreille et deux oreilles à celui qu’il a tué pour Manolo Vázquez. Fuentes Bocanegra, deux oreilles et retour sur le ring avec une pétition d’oreille.

Arènes d’Almería – Festival. Taureau de Murube, pour le rejon, et de La Palmosilla pour le combat à pied. La rejoneadora Léa Vicens , ovation ; Les matadors El Fandi, deux oreilles ; Cajetan, deux oreilles ; Miguel Ángel Perera, deux oreilles ; Jorge Martínez, ovation ; et les novilleros Fran Lupión, ovation et Blas Márquez, deux oreilles.

Talamanca del Jarama demie-finale du circuit de Madrid. Novillos de Ángel Luis Peña Sánchez (1º, 5º, 6º) et Flor de jara (2º de vuelta,3º et 4º) para Juan Herrero ovation et ovation. JAROCHO 2 oreilles et vuelta. Cid de Maria oreille et silence.

Tomelloso, Ciudad Real. Corrida de toros. Toros de Martín Lorca para Andrés Palacios oreille après avis et oreille; José Fernando Molina; ovation et deux oreilles; Sergio Felipe, oreille et oreille.

El Molar. Madrid. Corrida de toros. Toros de Iñigo Garzón. Sánchez Vara; ovation et deux oreilles, Francisco Montero; silence après deux avis et oreille; José Antonio Valencia, ovation et ovation

Aaron Palacio, triomphateur de la novillada de Garlin

Garlin. Très belle entrée, arènes quasi combles, température chaude, deux heures trente cinq de spectacle. Six novillos de Pedraza de Yeltes, bien présentés, honorablement armés, tous deux piques sérieuses à l’exception du troisième, un châtiment. Cinquième et dernier, les meilleurs sous la pique. Souvent compliqués à la muleta.

Sergio Sanchez (lilas et or), au premier, une entière, avis, silence ; au quatrième quatre pinchazos, deux avis, six descabellos, silence.

Christiano Torres (rouge et or), au deuxième, une entière, silence ; au cinquième, deux pinchazos, un quart de lame, une entière, salut.

Aaron Palacio (bleu ciel et or), au troisième, un pinchazo, une entière, une oreille ; au dernier, un pinchazo, une demie-lame, deux avis, onze descabellos, salut.

Aaron Palacio a été, hier soir, dimanche 14 avril, déclaré triomphateur de la novillada de Garlin, emportant le prix Jean Ducos. Il avait coupé une oreille au troisième toro de la course, « Holandero », novillo de Pedraza de Yeltes. C’est un peu un vainqueur inattendu car on aurait préféré miser sur Christiano Torres ou Sergio Sanchez qui nous avait fortement impressionné le matin lors des qualifiations.

Il est vrai qu’à ce moment il affrontait un novillo d’Alma Serena, le Pedraza prévu étant blessé. Ce novillo lourd, applaudi à l’entrée lui permit de livrer d’excellentes chicuelinas et une faena très douce et très déliée, le tout terminé sur une bonne épée. Son concurrent à cette place en novillada, Juan Herrero, fut très moyen dans tous les temps de la lidia.

C’est donc Sergio Sanchez qui ouvrait la novillada. Il fut au début excellent à la cape par de longues séries de véroniques, lentes et amples. A la muleta il ne domina jamais son sujet même s’il y eut quelques séries de derechazos séduisantes. Avec son second adversaire il hérita du toro manso de ce lot, fuyant le cheval tentant de s’échapper par le callejon à plusieurs reprises. Il put lui offrir quelques passes isolées, sans jamais pouvoir construire un ensemble cohérent.

Christiano Torres est apparu comme le novillero le plus mur, le plus sur de lui. Trois grandes véroniques pour ouvrir sa sortie. Puis en quelques passes appuyées il amènera son adversaire au centre pour des séries complètes sur les deux mains… d’où surpassaient des naturelles longues, très dépouillées et nonchalantes. Il rejoua un peu la même scène à son retour et toujours au centre il termina ses séries par des pechos de très bon goût. Malgré une mis à mort chaotique il parvint à arracher un salut à un public peu enthousiaste.

Aaron Palacio est donc le triomphateur du jour. Concédons lui de grandes qualités à la cape. Son grand mérite fut de savoir se mettre au rythme de son novillo, un peu faible qui additionna quelques chutes. Sa faena fut complète et sa mise à mort rapide lui permit de couper la seule oreille de l’après-midi. Mais cet éclair réjouissant ne brilla plus avec le dernier toro. Malgré beaucoup de douceur et de multiples changement de mains et quelques naturelles où il se fit plaisir, l’ensemble manqua de tenu et d’attraits. Sa conclusion à l’épée catastrophique était difficile à pardonner. Mais il était le seul a avoir coupé un trophée.

Que dire de ce lot de Pedraza de Yeltes. Des novillos dont on attendait beaucoup plus, surtout une vraie présence contre le cheval. Seuls les cinquième et le dernier furent dignes de l’élevage. Un lot manquant parfois de relief. Les Pedraza nous laissaient espérer… mais n’ont pas tenu toutes leurs promesses. Tout de même avec des novilleros plus aguerris la face de la course pouvait en être changée.

Jean-Michel Dussol

Photos Roland Costedoat

Madrid, peu de choses pour la novillada

Mario Navas

Arènes de Las Ventas, Madrid. Deuxième novillada de la saison. Moins d’une quart.

Novillos de Sanchez Herrero mansos et avec peu de caste

  • BORJA XIMELIS, silence après avis et sifflets après trois avis
  • EDUARDO NEYRA, silence et silence.
  • MARIO NAVAS, applaudissements et ovation.

Diego Ventura domine la corrida de rejon de Seville

Diego Ventura sur Guadania Ph. JY Blouin

La Real Maestranza de Caballeros de SEVILLA était quasi comble pour cette unique corrida de rejon du cycle sévillan La course à cheval perd un peu de son prestige en raison de l’épointement souvent outrancier des toros, c’était le cas aujourd’hui, et du grand nombre de chevaux utilisés par les cavaliers, chevaux sortant bien frais et remarquablement dressés devant un toro qui n’en peut guère. Je me souvient d’une réflexion d’Alvaro DOMECQ, grand rejoneador s’il en fut, expliquant qu’aujourd’hui il n’éprouverait aucun intérêt à toréer lui qui a toujours combattu des toros en pointe,

Les six exemplaires de CAPEA – SAN PELAYO, biens présentés à part les cornes, furent noble en général mais vite arrêtés sauf le cinquième au dessus du lot pour :

Sergio GALAN silence et salut

Diego VENTURA salut et deux oreilles

Guillermo HERMOSO DE MENDOZA silence et ovation

Sergio Galan sur Caprichio Photo JY Blouin

Sergio GALAN est passé à côté de ses deux toros qui auraient certainement mérité mieux. Certes, les deux se sont arrêtés très vite, mais si il était allé les chercher de plus prés il aurait peut être pu les toréer au lieu de cela il se contenta de numéros de dressage pour le public à l’autre bout de l’arène. J’ai parfois eu l’impression d’assister à une représentation de l’École de Jerez plus qu’à une corrida de rejon. Et comme en plus il tua mal…

Diego Ventura sur “Fabuloso”

Diego VENTURA est certainement le meilleur rejonéador du moment, et une fois de plus il fit preuve ce soir de sa maîtrise. Les poses de banderilles sont claires et précise et surtout il tore. Sa conduite du toro avec ses chevaux utilisés comme une muleta ou un capote sont particulièrement efficaces. Certes son premier adversaire s’éteignit assez vite mais il réussit à en tirer le meilleur et une mise à mort de meilleure qualité, au troisième essai, lui aurait certainement permis de couper un pavillon il se contenta de saluer.

Son second toro fut certainement celui qui servit le plus et Diego en profita pour donner toute sa science et son art. Il nous fit vivre une faena pleine d’émotion utilisant au mieux ses monture en particulier avec Bronce dans une pose à deux mains en ayant ôté l’embouchure de son cheval. La mise à mort est efficace bien que le rejon soit en arrière et lui vaut de couper de couper deux oreilles,

Guillermo Hermoso de Mendoza sur “Fabuloso” Ph JY Blouin

Que dire de Guillermo HERMOSO DE MENDOZA, sinon qu’il fut à bonne école et qu’il dispose, avec la cavalerie paternelle, d’un outil rodé à point, Il me rappelle un peu le jeune Andy Cartagena qui triomphait avec les chevaux de son oncle Gines. Les chevaux sont excellents et il sait les utiliser et cela porte sur la galerie mais dans un jeu qui, pour mon compte, reste encore peu abouti. Il tue son premier d’un mete y saca suffisant mais long d’effet et la pétition d’oreille fut très minoritaire. A son second, il fut un peu gourmand, après une faena somme toutes fort correcte il demanda à l’a présidente de lui accorder une ultime paire de banderilles courtes à deux mains, la première était bien passée, la dernière retomba au sol de part et d’autre du toro, celui ci n’en pouvait plus : erreur d’appréciation. Quant à la mise à mort il s’élança rejon en main d’un bout à l’autre de la piste pour planter dans un toro totalement arrêté un rejon contraire très en arrière et mal orienté qui l’obligea à descabeller.

J.D

JOURNÉE AU CAMPO AVEC LE CTN

Samedi 13 avril, le Centre de Tauromachie de Nîmes a organisé une fiesta campera à la ganaderia du Scamandre. Pour l occasion nous avions convié nos partenaires ainsi que nos amis du CT Palmas y Pitos avec son dynamique président, CHRISTOPHE DUMOND.

Au programme, en matinée 2 becerras pour nos élèves et le Novillero Albin, nous soulignerons les énormes progrès d Elias et les premiers pas d’Imran devant du bétail avec les précieux conseils du Maestro SOLALITO.

Après un repas pris en commun, retour autour de la placita du mas de Madame, pour la lidia complète d un toro de 5 ans pour SOLALITO.
Nous avons pu admirer la technique et l entrega de Solal, les aficionados présents se sont regalés du travail sans faille du Maestro.

Ensuite 2 novillos aussi en lidia complète pour le Novillero TOMAS GONZALES de Teruel, en préparation de son futur passage en piquée. En somme une très bonne journée sous le signe du toro.

Nous remercions chaleureusement le Maestro Solalito, le ganadero Olivier Riboulet pour l excellence de son bétail.

(communiqué)

Les “vaillants”

Photo JY Blouin

L’héroïsme, la mise en avant de son courage, comme il en a été hier, avec Manuel Escribano dans le coso du Baratillo de manière magnifique, c’est la base de la tauromachie, sa justification ultime. Le sacrifice gratuit d’une vie humaine ou de son intégrité physique accompagne ainsi celui d’un animal. Il y a là une sorte d’équivalence. Cette juste réparation (potentielle) fonde ce rituel dramatique qui n’a rien à voir avec une sorte de jeu ou de démonstration d’habileté.

L’opposition entre une bête féroce et la froide détermination d’un individu voilà ce qui justifie la tauromachie : cet art millénaire. Il n’y a pas d’activité plus humaine si on la considère du point de vue de l’Histoire de l’Humanité que cette confrontation.

Hier le sympathique torero de Gerena qui a eu tant de mal à s’imposer a fait une démonstration éclatante de cette vérité : la qualité première, essentielle, fondamentale du combattant c’est le courage. Arrive ce qui arrive faits ce que doits : c’est le Nec Plus Ultra. Les jeunes gens qui de plus en plus nombreux se lancent dans la carrière taurine ont-ils bien mesuré cette devise ultime ? Savent-ils ce qu’ils portent, ce qu’ils risquent ? Le formatage de ces écoles incline-t-il à cette acceptation du sacrifice ? Il y a une inclinaison dans le toreo moderne à l’esthétisme, au bon goût qui va à l’encontre de cette vérité et quand un homme comme Ecribano remet les pendules à l’heure le spectacle prend alors une dimension quasi mystique.

On les appelle les vaillants ; Escribano est en tête de cette cohorte de toreros, qui portent ces valeurs tous les dimanches parfois dans des arènes portatives, modestes, devant un public souvent festif et peu au fait des dangers qu’ils encourent. Je pense à Padilla, à Pepin Liria, à Lopez Chavez pour évoquer un passé récent. Les vaillants (ou vaillantasses) ce terme dépréciatif, inique est à bannir désormais du vocabulaire taurin, car les vaillants sont les courageux.

Pierre Vidal

Seville : héroïque Escribano

Photo J.Y Blouin

Je sors à l’instant de la real Maestranza de Séville et suis encore dans un état étrange de confusion et de peur mêlées.

Je ne sais plus trop que penser de ce que j’ai vu et vécu durant trois heures d’une tauromachie dirigée à la pointe des cornes des pupilles de  Victorino Martin. Le vieux sorcier de Galapagar a bien transmis ses sorcelleries taurines à son fils. Je vais essayer de te raconter cela sans trop entrer dans les détails  qui ne te feront aucun effet.  Qu’aurais tu à faire d’apprendre qua’u troisième toro il y a eu deux ou trois choses sur la corne droite et autant sur la gauche, alors que dès le départ l’atmosphère fut plombée par la blessure du chef de lidia, Manuel Escribano , magnifiquement vêtu de brun très sombre et or.  Ce torero habitué aux Miura et aux Victorino n’allait pas manquer à ses bonnes et courageuses manières : il est allé à la porte du toril recevoir son premier toro.

Photo J.Y Blouin

Sortie hésitante , passage sur le côté, deux , trois quatre lances et le bicho attrape le torero au cinquième passage de Sainte Véronique ! on peut craindre le pire, le maestro se relève , boitille, une cornada dans la jambe droite qui le conduit à l’infirmerie pour , pense t on un long moment.

Photo J.Y Blouin

Borja Jimenez  second de la terna de ce soir prend les outils, s’attaque au toro malfaisant et en tire un assez bon parti. Il salue.

En troisième la figura numero un va devoir affronter toute la soirée la froideur et les sifflets de quelques imbéciles incapables de voir la faena complète que le péruvien a offerte au quatrième, qui méritait une oreille et ne connut même pas une pétition. 

Au toro précédent Borja Jimenez  avait coupé, lui un pavillon bien gagné par deux grandes séries de naturelles lentes et dominatrices  enchainées par des droitières plus rapides sur la course du toro. Ne l’oublions pas, grand toro, grande faena, Borja Jimenez a la trempe d’une lidiador de grande valeur, une envie sans limite, et du courage à revendre.

Photo J.Y Blouin

L’ennui, vois tu, avec ce genre de corrida, c’est la peur qui nous étreint en permanence et le vice de la “mirada” de ces toros gris qui feraient peur aux plus braves.  Décidé à ne pas se laisser impressionner , alors même qu’il torée des Victorinos pour la première fois, Andrès ROCA REY va se taper (pardonne la trivialité du terme) le quatrième qui galope comme un fou, va planter ses pitons dans les planches, 535 kgs et 5ans de force brute.  Roca l’emmène au centre, aux pique  le toro met les reins.  Roca nous offre un quite superbe par chicuelinas ajustées et conclu par une demie de grand style.  Borja répond par un autre quite mais le bicho a vite compris et se retourne plus vite que prévu, danger..Brindis à J A Campuzano, et début d’une belle belle belle ( trois fois exprès! ) faena surtout par doblones très élégants et passes par le bas qui obligent le toro à humilier.  Exercice de dominio parfait  et grande épée. Une ovation sans suite, pas de pétition, et même quatre ou cinq imbéciles sifflent. Sont ils de Gerena? Quel motif les guident t ils ?  

Figure toi que le bruit  a couru , puis l’annonce en a été faite au micro : Escribano va sortir de l’infirmerie avec sa cornada de 10 cm dans la jambe , pour toreer le sixième.

Ambience, tumulte et applaudissements. Manuel revient, en chemise et gilet et demi pantalon coupé aux genoux. Devine ce qu’il fait le bougre ?  Il fait signe au torilero qu’il va aller attendre le fauve à la porte des chiqueros, comme au premier!

Et il y va, s’agenouille, ce beau spécimen fait son boulot de toro agressif et dnas sa petite tête de souris santa coloma brillent deux yeux à vous clouer sur place. Bonne réception au capote, deux paires de banderilles ( Manuel décline la troisième paire, douleur oblige) puis le brindis  à José Luis Moreno déclenche les larmes chez son ancien apoderado, du coup son voisin El Cid pleure aussi.. Tu vois , si la vie n’était pas réellement en jeu, cela tiendrait un peu du melo, mais non , l’heure est grave, pleine d’incertitude, le toro cherche les chevilles,  ce toro est collant se retourne en 1 seconde et Escribano ne peut pas courir.. La Faena sera courte, L’épée entière déclenche le tonnerre, fait perdre la raison a ce bon Fernandez Rey au palco qui sort les deux mouchoirs sans hésiter.

Olé, Roca rey?   qui est ce?  Borja Jimenez, ah oui  une oreille, Escribano : deux oreilles pour l’émotion et l’héroisme.

Tu vois Georges, ya des jours, je sais pas pourquoi, j’ai l’impressions de ne plus rien comprendre , ou alors de trop bien  comprendre.

Ton vieil ami,

Jean François Nevière

Pour mépoire : Escribano  brun soudanais et or, Borja Jimenez Pervenche et or, Roca Rey coq de roche et blanc nacré. 

Lleno de no hay billetes, grand beau temps.

Lanternes et vessies…

Il est toujours facile de dire: c’était mieux avant. Il y a quand même un fond de vérité dans ce regard nostalgique sur le passé. La Maestranza, temple adoré, référence mondiale du toreo, manque dans ce début de feria du sérieux qui l’honorait. Ce n’est pas Madrid mais tout de même nous sommes dans une arène de première catégorie et la présentation des corridas de Juan Pedro Domecq et Nuñez del Cuvillo, de jeudi et vendredi, lots pour vedettes, laissait à désirer. Sans doute va-t-on redresser la barre avec Victorino ce soir. A vaincre sans péril on triomphe sans gloire faut-il le rappeler.

L’absence de critères sérieux et surtout homogènes du palco laisse l’observateur perplexe. Ainsi cette seconde oreille avec par conséquent une Puerta del Principe à la clé; cédée à Luque après une fanea encimista et sans profondeur réelle. Je ne chicanerai pas les mérites du torero de Gerena, sa technique, son sens du spectacle et son aguante, mais ce triomphe valait-il celui de Perera durement acquis deux jours plus tôt ?

On me dira et c’est vrai, le public a fait une grosse pression pour cette double récompense. Justement le président décide de cette récompense suprême, il est là pour tempérer l’ardeur populaire. Il ne doit pas lui céder. Le public de la Maestranza a beaucoup changé. Il est composé de nombreux touristes et d’aficionados récents ; ce n’est le public savant et mesuré d’antan. C’est tant mieux d’un côté que l’arrivée de ces nouveaux venus. Qu’ils ne prennent pas cependant cependant les vessies pour des lanternes.

Pierre Vidal

Seville: Porte du Prince pour un Daniel Luque émouvant. 

Luque en triomphe (photo JY Blouin)

Real Maestranza de Sevilla, 6eme corrida d’abono. Temps beau et chaud, arènes pleines sauf une petite partie au soleil. Corrida de Nuñez del Cuvillo, moyennement présentée, de comportements variés. 

Mansos 3 sur 6 plus braves avec de la caste les  3,5 et 6ème. Poids moyen 520kgs, deux noirs, deux colorados, un melocoton et un jabonero. 

Diego Urdiales, de noir et or. Oreille et salut au tiers. 

Alejandro Talavante, de tabac et or. Oreille et salut au tiers. 

Daniel Luque de nazareno et or. Une oreille et deux oreilles, Puerta del Principe. 

Photo JY Blouin

Je vais encore me faire des amis en disant que l’oreille, au demeurant méritée du premier toro fade et sur la défensive qu’eut à lidier Urdiales, est une oreille sans grande catégorie, dûe à l’application du torero d’Arnedo et à sa grande estocade.  Public enchanté par la mécanique bien huilée , deux séries droitières identiques, une série de natuelles, et re série droitière en fin de faena. Sans beaucoup de variété, sans génie, mais c’était bien fait, sérieux, classique  et l’épée fut grande et en place, sin puntilla. OREILLE donc. 

Photo JY Blouin

A son second un colorado qui prend les deux piques règlementaires  il sera impossible au vétéran d’Arnedo de lier, ce fut passe après passe  une faena sans entrain, à toro presque parado. 

Un pinchazo et une entière fulminante, Salut au tiers. Rappelons que pour son premier toro, sur la défensive, le matador a su mettre en valeur les qualités qu’il avait au fond de lui et in fine, on vit  trois passes par le bas qui valaient un coup de chapeau. On entendit certains commentateurs parler de faenon… et puis quoi encore? 

Photo JY Blouin

Alejandro Talavante  est un très grand torero et quand il veut il le démontre! Ce qu’il fit ce soir avec son premier adversaire, un petit noir plus nerveux que le premier. 

Bonne réception par veronicas et un bon deuxième puyazo.  Il est à remarquer que les ordres avaient été donnés aux lanciers de ne pas épuiser les toros qui n’auraient pas supporté de piques appuyées. Daniel Luque alla au quite par chicuelinas très ajustées.  Javier Ambel posa une belle paire de banderilles sans pour autant  saluer… Ce deuxième toro sort seul de la pique et tombe, puis retombe aussitôt après la première paire de banderilles.  Faiblesse impardonnable dans une arène comme Séville, d’autant que les piques n’ont jamais été dures, plutôt des picotazos. 

Muleta en main Talavante montre qui il est , ce qu’il sait faire et surtout être, son toreo est ce qu’il cache dans son âme et non une copie de bon élève. Classe , inspiration, rythme, variété, la faena comme le toro vont a mas. Par-dessus le marché une superbe épée, OREILLE de grand poids. 

Photo JY Blouin

Au cinquième, noblesse oblige  Talavante reçoit ce toro melocoton par trois faroles  qui font monter le toro cornes très haut. Une telle réception au capote est assez rare pour être soulignée. Aux banderilles Alvaro Montes  est appelé à saluer. Et ce qui devait normalement se terminer par une récompense majeure commence: brindis au public, début aux medios à genoux, trois passes rematées par un pecho debout. Une grande partie de la faena se fera sur la corne gauche.

Photo J.Y Blouin

Hélas un pinchazo   remet tout en cause et l’épée entière mais trasera qui suit prive l’expremeño de l’oreille . Salut au tiers sous une grande ovation. 

Daniel LUQUE a fait se lever le public à de nombreuses reprises tant à son premier, un colorado assez vif et mobile. 

Urdiales va au quite  par chicuelinas approximatives, Luque lui répond par des  cordobinas affolantes, les gradins n’ont pas le temps de se refroidir tant que les derrières sont relevés. Grande paire d’Ivan Garcia qui doit saluer. 

Et le brindis de Daniel à son père malade absent des arènes où il l’a toujours accompagné:” papa, ce toro est pour toi puique que n’es pas là ce soir mais tu peux me voir…”. 

Photo JY Blouin

Le toro s’attarde un peu comme s’il avait envie de foncer mais se retenait pour plus tard.  Daniel Luque oblige cet animal à se livrer, et ici la musique démarre à juste titre, le chef  décide seul en grand aficionado! A Gauche les naturelles sont superbes mais le toro a de moins en moins de fond . Epée parfaitement placée, immédiate d’effet, sans puntilla, et OREILLE. 

Daniel Luque sait désormais qu’il aura le toro le plus clair , du moins par la couleur( jabonero) mais aussi par le caractère, trempé mais noble, qui dure et redemande du tissu sous son mufle baissé. 

Photo JY Blouin

Daniel  sait , pressent, sent que c’est maintenant ou jamais qu’il doit se jouer la vie. 

Ce toro s’appelle CONTENTO, feliz, heureux , comme nous tous qui avons vu jusqu’au bout une aventure risquée mais si belle. Il y a des desplante qui ont du sens. Et je vous assure que après des luquesinas impensables deux minutes avant l’épée jetée loin de lui, toréant dans 50 cm2, finir entre les cornes, une main empoigant la droite puis la lâchant et ouvrant la chaquetilla entre les deux pitons, si vous n’avez pas au choix, ou tout cela à la fois, admiration, chair de poule, frayeur ou contentement, c’est que vous ne devez pas vraiment aimer l’art de Cuchares. 

Photo J.Y Blouin

DEUX OREILLES, et son corollaire (total de trois) PORTE DU PRINCE  

Le brindis était pour nous tous : merci Daniel Luque, ce fut un grand soir ! 

Jean François NEVIERE 

PS: le président TERUEL qui avait refusé en se justifiant partiellement la vuelta au toro de Santiago Domecq avant hier a  su voir , même si l’épée du 6émé était un tantinet trasera, l’entrega totale du maestro de Gerena. ET en plus  la pétition de la deuxième n’était pas près de s’arrête 

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